samedi 13 février 2021

L'Anomalie, de Hervé Le Tellier



J’ai repéré ce livre lors des prix de la Rentrée. Je ne suis pas vraiment l’actualité littéraire, mais allez savoir pourquoi, cette année, j’y ai succombé. Est-ce que le Goncourt est mérité, ici ? Sans doute, je n’en sais rien, en fait, n’étant pas familière des prix. Ce que je sais, et c’est le principal, c’est que ce roman m’a scotchée. Je l’ai lu assez vite, malgré un emploi du temps chargé et un manque cruel moments dédiés à la lecture, ce qui est quand même un signe !

Alors, ce roman ?

Il raconte une histoire comme je les aime, avec un événement bizarre, improbable, même, à savoir ici l’atterrissage d’un avion pour la seconde fois. Même vol, même équipage, mêmes passagers… mais trois mois après son arrivée, la première. Et le narrateur nous invite alors à suivre certaines personnes présentes sur ce vol, ainsi que leur proches. Il y a donc une intrigue principale (l’atterrissage de l’avion en « double ») et plusieurs autres intrigues plus ou moins imbriquées les unes dans les autres, avec que deviennent ces personnages « dédoublés » (le « double » qui a atterri en juin et « l’original » qui a atterri, lui, en mars 2021). C’est complexe, et heureusement, l’auteur met en place des artifices pour ne pas perdre ses lecteurs, notamment en ce qui concerne les personnages en double.

A la fin de ma lecture, j’ai eu l’impression d’avoir comme « raté un épisode ». Comme si je n’avais pas tout compris, ou qu’il me manquait des informations. Et puis, le lendemain, les choses se sont éclaircies, comme s’il m’avait fallu quelques heures de sommeil après avoir refermé ce livre pour mieux saisir certaines choses. Je ne vais bien sûr rien dévoiler de l’histoire, parce que ce livre est très récent et je veux laisser la surprise à ceux qui ne l’ont pas encore lu. Mais j’ai trouvé beaucoup de bonnes choses et de belles idées dans ce roman, même si je suis, par certains côtés, restée quelque peu sur ma faim.

Pourtant, le livre fait déjà 325 pages. Il raconte les histoires d’une dizaine de personnes (et de leurs doubles)… ce qui donne un roman où j’ai eu l’impression qu’il était très fourni, tout en ayant l’impression de ne faire qu’effleurer les vies des différents protagonistes… assez contradictoire, non ?

En tout cas, si vous aimez l’étrange, le fantastique, mais aussi les rapports humains, ce livre est fait pour vous ! C’est bien écrit et on n’a pas envie de le refermer avant d’être arrivé à la fin. Qui réserve d’ailleurs quelques surprises !

Bonne lecture !

Paru aux éditions Gallimard, 2020. ISBN : 978-2-07-0289509-8.

samedi 6 février 2021

Quarante mots pour la neige, de Giles Blunt


J'ai retrouvé ce livre dans mes étagères, avec d'autres hérités d'une grand-tante. Elle était à la page, avait des goûts éclectiques et aimait beaucoup la lecture, si j'en juge par la qualité de ce qu'elle m'a laissé.

Ce livre-ci est un roman policier dont l'intrigue se passe au Canada, dans la baie d'Algonquin. John Cardinal, policier de son état, vit seul avec sa fille Kelly, quand celle-ci n'est pas aux États-Unis pour ses études, depuis l'internement de sa femme dans un hôpital psychiatrique. Il a enquêté plusieurs mois durant sur la disparition d'une fillette d'un peu plus de douze ans, Katie Pine, et avait du se rendre à l'évidence : Elle ne réapparaîtrait sans doute jamais.

Au moment où l’histoire commence, Cardinal est appelé sur une scène de crime avec Lise Delorme, ex-enquêtrice aux Enquêtes Internes et chargée de le seconder sur cette enquête en même temps qu’elle recherche une « taupe » à la brigade criminelle. Et Cardinal, bien entendu, en tant qu’ex-officier de la Criminelle, fait partie des suspects potentiels. Arrivés sur les lieux, ils ne peuvent que constater l’horreur du crime qui a été commis : un adolescent (ou une adolescente?), atrocement mutilé(e), est emprisonné(e) sous la glace, sans doute depuis plusieurs semaines. Il est possible qu’il s’agisse de la jeune Katie Pine, mais seule l’autopsie permettra de confirmer son identité.

Une double enquête commence donc : pour Cardinal, il s’agit de retrouver le ou les meurtriers de l’adolescente (et peut-être d’un autre adolescent disparu, lui aussi, à Algonquin), ce qui l’oblige à réintégrer la Criminelle. Et pour Lise Delorme, de confondre la fameuse « taupe » qui renseigne un gros bonnet de la drogue reconverti dans la contrefaçon et les cartes de crédit. Pour elle, Cardinal est autant un partenaire dans l’enquête sur la mort de Katie Pine qu’un suspect dans l’affaire Corbett…

Les recherches vont conduire Cardinal et ses collègues sur la piste d’un tueur en série que l’on pourrait sans problème qualifier de monstrueux, tant les mutilations qu’il inflige à ses victimes sont atroces. Et les enquêteurs vont avoir bien du fil à retordre avec lui : il est précautionneux, professionnel, et ne laisse rien au hasard.

J’ai beaucoup aimé ce livre, dont la narration est efficace et enlevée. J’ai parfois eu du mal avec la multiplication des policiers, en particulier au début, qui sont sur l’enquête, mais le tableau s’éclaircit rapidement pour devenir plus simple à suivre. En fait, je me rends compte que cela me fait cet effet à chaque fois que je découvre un nouveau roman policier : il me faut toujours quelques pages pour « entrer » dans l’univers de l’auteur…

Un bon polar, donc, qui m’a tenue éveillée plusieurs soirs de suite !

Paru aux éditions France Loisirs, 2003. ISBN : 2-7441-6118-7.