mercredi 26 juin 2024

Le Rayon "U", de Edgar P. Jacobs

 


J’ai quasiment tous les albums de la série « Blake et Mortimer », depuis que mon cher mari a décidé de me les offrir les uns après les autres. Il ne me manque que les derniers. Et il me manquait aussi celui-là. Mais pardon. « Le Rayon ‘U’ » n’est pas un album de la série. Il s’agit d’une bande dessinée de 1943, publiée d’abord en feuilleton dans « Bravo ! » en 1944 puis sous forme d’album en 1974 aux éditions Le Lombard. Trente ans avant de paraître sous forme d’album, c’est dire que cette bande dessinée n’avait pas vraiment retenu l’attention des lecteurs au moment de la guerre. C’est peut-être pour ça, d’ailleurs. L’histoire est parue en pleine guerre et n’a sans doute été redécouverte que plus tard, l’Europe ayant été inondée de littérature, cinéma et culture américains immédiatement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale…

Ici, on sent très bien les prémisses de ce qui deviendra la série phare de Jacobs : c’est un peu comme un galop d’essai avant la création de Francis Blake, du Professeur Mortimer, d’Olrik et de Septimus, entre autres.

La première page de l’album que j’ai sous les yeux est à cet égard éloquente : elle présente les personnages principaux : le Major Walton, officier blond du camp du « bien » (sans doute le personnage à l’origine de celui de Blake plus tard), le Sergent Mac Duff, son supérieur, l’explorateur Lord Calder et le Professeur Marduk (sans doute deux personnages qui sont à l’origine du Professeur Mortimer) et l’indien Adji, (qui fait vraiment penser à Nasir!), mais aussi le capitaine Dagon, véritable traitre et précurseur d’Olrik…

Tout ce petit monde est en prise avec une situation difficile : un agent austradien, infiltré en Norlandie, doit empêcher une expédition norlande de rapporter sur son territoire l’uradium nécessaire à l’utilisation du « Rayon U ». Voilà le point de départ de cette histoire « un poil » tirée par les cheveux et qui prête pas mal à sourire aujourd’hui, quand elle est lue 80 après avoir été écrite. Ceci dit, on se prend au jeu, ou plutôt à l’histoire, parce que c’est du Jacobs, et que Jacobs écrit bien. Les ingrédients de la série qui le fera connaître par la suite sont bien présents, même s’ils ne vont faire que s’étoffer et se développer par la suite : le mystère, l’aventure, y compris dans des territoires étranges et lointains, les recherches scientifiques, les services secrets, l’entraide, la rencontre avec d’autres peuples, d’autres cultures, les engins volants…

J’ai très vite « accroché », contrairement à ce que je m’étais imaginé en ouvrant le livre et en lisant le texte de Greg qui ouvre le livre. Du « space opera », ça n’a jamais été mon « truc ». Et pourtant, je me suis laissée emporter. Ce n’est, de loin, pas la meilleure bande dessinée de Jacobs, mais elle augurait déjà ce que l’auteur allait devenir : un maître du genre !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2024 (Première édition : Le Lombard, 1974). ISBN : 978-2-8709-7302-8.

samedi 22 juin 2024

Harry Potter et l'Ordre du Phénix, de J. K. Rowling



Harry Potter va commencer, avec Ron et Hermione, sa cinquième année à Poudlard. La rentrée s’annonce compliquée : Voldemort est de retour, Harry est en danger (et surveillé de très près pour cette raison, tant par ceux qui veulent son bien que par ceux qui lui veulent du mal d’ailleurs). Ron et Hermione ont appris qu’ils se verraient confier la mission de préfet de leur maison de Gryffondor. Mais dès avant d’arriver à l’école, les choses se gâtent : durant les vacances d’été, Harry et Dudley, son cousin, sont attaqués par des détraqueurs et Harry est contraint d’utiliser la magie pour les faire reculer et ainsi sauver la vie de son cousin. Cet acte de bravoure a des conséquences importantes pour Harry, qui connaît les règles concernant l’utilisation de la magie dans le monde des Moldus : un rappel à la loi pour la première utilisation et ensuite, l’expulsion pure et simple de Poudlard…

J’ai poursuivi avec beaucoup de plaisir la lecture de cette saga qui a déjà plus de vingt ans ! J’avoue qu’avoir vu les films, il y a quelques mois maintenant, m’a incitée à lire les romans : je m’étais arrêtée aux deux premiers volumes. D’habitude, c’est plutôt l’inverse qui se produit : je découvre au cinéma l’adaptation d’un livre que j’ai bien aimé… C’était déjà le cas pour « Le Seigneur des Anneaux », par exemple, ou pour les séries et films dérivés des écrits d’Agatha Christie ou de Sir Arthur Conan Doyle.

Globalement, ce livre-ci est plus long que les précédents, plus « noir » aussi, tant dans son intrigue que dans l’ambiance qui règne à Poudlard. L’auteur développe les relations entre les personnages, et l’on en apprend davantage en particulier sur Rogue et ses relations avec les parents d’Harry, James Potter et Lily Evans. On ignore toujours le rôle exact que joue Rogue dans la lutte entre le camp du bien (celui de Dumbledore, en fait) et celui du mal (Voldemort, Lucius Malefoy et la « petite nouvelle » de cette nouvelle année : Dolores Ombrage, professeur de lutte contre les forces du mal et Grande Inquisitrice, une nouvelle fonction à Poudlard, créée spécialement pour elle d’ailleurs). D’autres personnages se révèlent être plus drôles et caustiques que ce qu’ils laissaient paraître dans les précédents volumes, et à ce titre, on retrouve avec joie les professeurs McGonagall et Flitwick.

En définitive, ce roman jeunesse est fidèle à sa réputation : bien écrit, avec une intrigue très bien construite et différents niveaux de lecture qui en font un livre – comme les autres de la série d’ailleurs – que l’on peut lire à tout âge.


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2003. ISBN : 2-07-055685-9.

mercredi 12 juin 2024

Yoko Tsuno, tome 30 : Les Gémeaux de Saturne, de Roger Leloup

 




J’ai découvert cet album il y a quelques jours seulement : contrairement à d’habitude, j’étais totalement passée à côté. C’est mon fils qui m’a signalé la parution du suivant (« L’Aigle des Highlands ») et c’est en le recherchant que j’ai découvert celui-ci. J’ai donc immédiatement investi et n’ai pas pu m’empêcher de me « jeter dessu ». Un nouveau « Yoko », ça n’attend pas…

Nous retrouvons les héros de la saga (parce qu'au bout de 30 épisodes, on peut parler de saga, je pense), au large de l'Écosse, devenue maintenant le lieu de vie de Yoko et de ses amis. Plus précisément dans une navette vinéenne qui sort de l'eau, au moment où le récit débute. Khany, l'amie vinéenne de Yoko depuis le début de la série, est en effet venue les chercher afin de les emmener dans la « banlieue » de Saturne afin d’y effectuer des vérifications techniques. C’est en tout cas la raison donnée par Khany, mais Yoko découvre vite que son amie lui cache quelque chose. Le véritable but du voyage est rapidement dévoilé : aller vérifier une comète morte qui, pourtant, a émis un message de détresse.

Sauver un être en danger, qu’il soit humain, « biologique », dans le langage yokotsunien, ou artificiel (robot, androïde), a toujours été un moteur suffisamment puissant pour lancer Yoko dans ses aventures terrestres ou extra-terrestres. Celle-ci ne fait pas exception, et voilà notre héroïne repartie dans l’espace pour en apprendre plus sur celui – ou celle – qui a besoin d’aide. Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue, pour ne pas spoiler...

L’histoire prend du temps à s’installer. Comme si Roger Leloup avait eu besoin de temps, de place pour contextualiser l’aventure, en dévoiler davantage sur le monde Vinéen et sur les relations entre les deux amies. Depuis quelques épisodes (et en particulier depuis le tome 27, « Le Secret de Khany »), Roger Leloup développe bien davantage qu’avant l’histoire des Vinéens sous le sol terrien. Et notamment ce qui s’est passé « avant », en particulier depuis l’arrivée du vaisseau qui transportait, à l’origine, Khany et sa sœur Poky, alors enfants, sur Terre pour les sauver de la destruction imminente de Vinéa (voir pour cela les albums 1, 3 et 6 de la série).

Ici, la situation entre Yoko et Khany est plutôt tendue, parce que Khany est porteuse d’un secret (encore, mais il est en partie lié à celui qui a été révélé dans le 27e opus) qu’elle peine à dévoiler à Yoko. Elle a, en effet, des raisons de ne pas être très fière de ce qu’elle et ses congénères ont fait par le passé.

Si j’ai plus de mal à « accrocher » dans les derniers albums, je dois reconnaître qu’il y a quelque chose qui me plaît toujours énormément dans cette série : la complexité et la cohérence de l’univers créé par Roger. Il semble tirer les conséquences, jusqu’au bout, de ce que les récits successifs l’ont amené à créer – et à raconter. Je ne sais pas trop si cette série est toujours pour enfants, compte-tenu de la complexité des questions qui y sont abordées. Reste que l’aventure a toujours de quoi faire rêver les plus jeunes. Les personnages sont attachants, et plusieurs tranches d’âge sont représentées, en particulier avec Poky et Rosée, qui apportent une touche enfantine et naïve au récit. Pour autant, la série n’a rien de naïf ou d’enfantin, et ce depuis le début. Roger Leloup ne se moque pas de ses lecteurs, petits ou grands, et continue de leur donner des lectures plutôt exigeantes et bien en prise avec les réalités et possibilités technologiques actuelles. Par la bande dessinée, il continue de poser des questions pertinentes sur les technologies à notre disposition et, surtout, aux usages que nous en faisons. Et ça donne à réfléchir...

 

Paru aux éditions Dupuis, 2022. Format classique : ISBN : 979-1-0347-5428-1. Grand format : ISBN : 979-1-0347-5728-2.