jeudi 25 avril 2013

Mort sur le Nil, d'Agatha Christie


Il est des livres qui ont comme un goût d'enfance, une sorte de Madeleine de Proust. Pour moi, c'est celui-là, indéniablement. Et pourtant, je crois bien que c'est la première fois que je lis ce roman. Étonnant, non ?
Je connais l'intrigue par cœur, pour avoir vu maintes fois les adaptations dont celle de ITV (la série) et, surtout, le film de 1978 avec Peter Ustinov dans le rôle d'Hercule Poirot. J'étais à l'école primaire quand le film a été diffusé à la télévision, j'avais 8 ou 9 ans je crois, et c'était l'un des premiers films de « grands » que je voyais à l'époque. Il m'a profondément marquée et a surtout beaucoup influencé mes lectures, avec une grande prédilection, à partir de ce moment-là, pour les romans et nouvelles d'Agatha Christie. D'où le côté « madeleine », je suppose, et mon affection particulière pour ce roman-ci.

Alors, bien sûr, quand je suis « tombée » sur ce livre chez mes parents pendant nos vacances, la semaine dernière, je n'ai pas pu résister bien longtemps... C'est du bon, du vrai Hercule Poirot !

Alors pour ceux qui n'auraient jamais lu Agatha Christie et Mort sur le Nil (d'autres comme moi, ça existe ???), l'intrigue démarre en Angleterre où Jacqueline de Bellefort, jeune femme volontaire mais désargentée, présente son fiancé, Simon Doyle, à Linett Ridgeway, très riche héritière, en espérant qu'elle l'embauchera comme régisseur de son domaine.
On retrouve Linett en Égypte quelques temps après. Elle y passe sa lune de miel avec Simon, mais le jeune couple est la proie de la surveillance, de la traque, même, de Jacqueline qui assiste sans rien pouvoir faire à la fin de ses espoirs de bonheur avec Simon.
La suite, vous la connaissez sûrement : une croisière, une dispute, un coup de feu, un meurtre que personne ne semble avoir pu commettre, un petit revolver en nacre, une étole en velours vert, un collier de perles qui disparaît... J'y ai retrouvé aussi l'ambiance des années 1930 dépeinte avec talent par l'auteur, l'intrigue sans temps mort et son déroulement implacable vers un dénouement sans faille, logique et imparable.
Tels sont quelques-uns des ingrédients de ce roman policier qui fait partie, avec Le Crime de l'Orient Express, des plus connus d'Agatha Christie.

Alors effectivement, je connaissais l'intrigue. Aucune surprise, donc. Effectivement, je ne l'avais jamais lu.  Découverte malgré tout, donc. Et quelques heures de grand bonheur de lecture, ça n'a pas de prix !

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1986. ISBN : 2-253-02934-3.

mercredi 24 avril 2013

Home, de Toni Morrison


Ce court roman (153 pages) m'a envoûtée. Je venais de finir « Wilderness », beaucoup plus long, plus descriptif et dont l'un tes thèmes majeurs – la guerre de Sécession – m'avait laissée un peu chamboulée tant les horreurs décrites sont marquantes. Là, je me retrouvais de nouveau plongée au cœur des États-Unis, dans les années 1950. Juste après la la Seconde Guerre Mondiale, au beau milieu d'une autre guerre, celle de Corée.
Et pourtant, il ne s'agit pas ici de guerre, en tout cas pas au sens militaire du terme. Ce livre raconte l'histoire de Franck, soldat américain, jeune homme noir dans l'Amérique de la Ségrégation, et de sa sœur Ycidra, « Cee », aimée et protégée par son grand frère.

La 4e de couverture parle, à propos de cet ouvrage, de « concision ». J'avais plutôt à l'esprit le mot « densité ». Il est question ici de l'enfance, de la guerre, du racisme, de l'exploitation, de la pauvreté, et de tant de choses encore.
On suit en parallèle l'enfance et l'histoire de Franck et Cee, mais aussi leur vie présente, leur évolution et, finalement, leur maturation, comme si le lecteur assistait en réalité à leur entrée à tous deux dans l'âge adulte.
Vingt-quatre heures après la fin de ma lecture, j'ai du mal à trouver les mots pour écrire ce que j'ai ressenti en refermant ce livre. Je me suis sentie envoûtée, envahie par des sentiments très forts, évoquant la rage de vivre, la force d'avancer malgré le mal, les difficultés, les pièges, les traîtres mais aussi la haine de soi ou la honte...
Oui, un roman court mais dense, intense, porteur. Point ici de misérabilisme. Au contraire, ce roman dégage une force de vie et une énergie positive incroyables ! Du bon. Du très bon, même.

Paru aux éditions Christian Bourgeois, 2012. ISBN : 978-2-267-02383-1

samedi 6 avril 2013

Wilderness, de Lance Weller


Le roman s'ouvre sur un prologue où le lecteur rencontre, en 1965, une femme appelée Jane Dao-ming Poole. Elle vit dans un studio d'une maison de retraite, elle est veuve et aveugle. Et elle se remémore des bribes de sa vie, notamment à propos de son histoire familiale tourmentée.

Ce n'est que plus tard, à partir du premier chapitre, que le lecteur fait la connaissance d'Abel Truman, deuxième "père" de Jane, en 1899 et en 1864, pendant la guerre de Sécession. Il vit dans une cabane au bord du Pacifique Nord Ouest, avec pour seul compagnon son chien. Il a survécu à la bataille de la Wilderness, trente ans plus tôt, en 1864, et il vit hanté par son passé douloureux. La violence le rattrape le jour où il est attaqué par deux hommes qui lui volent son chien après l'avoir blessé et laissé pour mort. Il part à leur recherche et c'est tout son périple, avec les rencontres qu'il fait que l'on suit, en parallèle de cette année 1864 où on le retrouve dans la Wilderness.

J'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'ai au départ été quelque peu interloquée par la structure du texte et des phrases de l'auteur. Si Lance Weller est un auteur contemporain, il est loin des standards de l'écriture actuelle, qui use et abuse des phrases courtes, incisives, directes. Ici, ce qui m'a marquée, c'est justement cette écriture presque à contre-courant, poétique, descriptive, usant de phrases longues, voire des phrases nominales... J'avoue que cela faisait longtemps que je n'avais plus lu ce type de texte. J'ai même eu quelques difficultés du fait de la langue, justement, parce que je me laissais porter par la sonorité des mots, leur poésie, et que les images qui naissaient dans ma tête me perdaient dans le récit, au point de m'obliger à relire certaines phrases pour comprendre le texte. Est-ce ma fatigue actuelle ? En tout cas, il m'a fallu, du coup, un certain temps pour entrer dans le texte et l'histoire, mais avec quel plaisir !
Mention spéciale, donc, au traducteur, François Happe, qui a su retranscrire la poésie de l'écriture de Lance Weller !

Paru aux éditions Gallmeister, 2013 (Nature Writing). ISBN : 978-2-35178-059-6