samedi 12 février 2022

Ouf ! Maman part au couvent, de Stéphanie Combe



Clémentine, mère de trois enfants et salariée, est à bout. Entre la vie de famille et les tâches ménagères et éducatives qui lui incombent et son travail avec une collègue plutôt acariâtre, elle se rend compte qu’elle ne peut plus continuer de la sorte. Elle a besoin d’une pause, et, comme elle est croyante, elle choisit comme lieu de ressourcement un couvent. Une semaine de retraite spirituelle avec enseignements, accompagnement spirituel et rencontres variées avec les autres retraitantes.

J’ai bien aimé ce roman, plutôt réaliste en ce qui concerne le vécu de Clémentine et ses questions, tant du point de vue familial que du point de vue spirituel. Je me suis plutôt bien retrouvée en cette héroïne qui cherche avant tout à bien faire, à faire au mieux, et qui se fracasse un jour contre le mur de la réalité…

L’auteur, elle aussi, est un peu « Clémentine », puisqu’elle est elle-même mère de trois enfants et journaliste à l’hebdomadaire catholique « La Vie ». Spécialiste des questions familiales, elle sait de quoi elle parle !

J’ai eu néanmoins quelques difficultés avec ce roman, même si je trouve l’histoire plutôt sympa. L’auteur termine chacun de ses chapitres (un par jour) avec une liste de « pistes » pour aller plus loin. Ce parti-pris a bien sûr un côté sympa, car il permet de récapituler les éléments distillés tout au long de l’histoire, tels des débuts de solutions pour faire face aux problèmes et questions de Clémentine. Mais, répété chapitre après chapitre, il donne au roman un côté « catalogue des choses à faire pour aller mieux », avec le risque de faire, en plus, culpabiliser celle qui ne mettrait pas en place ces « solutions », et ce au détriment du côté « évasion » propre à la littérature romanesque.

Il y a donc dans la forme de ce roman (plus que dans l’histoire elle-même), un petit côté « pratico-pratique », où le roman semble construit autour de ces petites choses et grandes décisions que la mère de famille au bord du burn-out devrait faire pour s’en sortir. Et cela m’a gênée, parce que ce n’était pas vraiment ce que j’attendais de ce roman. Pour moi, un roman est essentiellement un espace d’évasion, de détente, et surtout pas un recueil de recettes pour changer de vie ou aller mieux. Même si je reconnais, par ailleurs, l’intérêt de ces « recettes ». Il aurait peut-être été plus judicieux de les regrouper à la fin, dans une sorte d’appendice, comme l’auteur l’a fait pour la bibliographie (très fournie et vraiment très intéressante d’ailleurs).

J’ai en fait été déçue par le livre parce que, connaissant et ayant lu plusieurs livres de cet éditeur, je m’attendais à quelque chose de léger, de drôle… ce qui est bien le cas dans l’histoire elle-même, mais est alourdi par le côté quasi-obsessionnel de distiller des conseils dans l’histoire. J’aurais sans doute préféré un livre où l’on voit aussi les autres mamans/retraitantes se planter, être un peu déjantées, avoir des réactions peu orthodoxes… bref, un peu plus de fantaisie dans ce livre, surtout que le sujet, quand on connaît la vie de famille « en vrai », peut regorger de ces situations de pétage de plomb et de n’importe quoi pour détendre l’atmosphère.

Avis mitigé, donc, même si le fond est plutôt bon et les conseils fort judicieux !

Paru aux éditions Quasar, 2019. ISBN : 978-2-36969-066-5.

samedi 5 février 2022

Cavale d'un curé de campagne et autres bonnes nouvelles, de Olivier Mathonat

 



Huit nouvelles dans ce recueil, toutes centrées sur les Évangiles et ceux qui essaient d’en vivre. l’auteur nous fait rencontrer des prêtres, dont l’un se fait littéralement la malle et l’autre reste dans l’ombre malgré sa proximité avec le Pape. Le lecteur rencontre aussi des personnages assez déjantés, comme cet homme d’affaires désabusé qui se prend de passion pour les arbres, une journaliste qui cherche un sens à sa vie, deux étudiantes de Sciences Po que tout oppose ou presque, et spécialement leur rapport à Dieu, un homme décidé à restaurer l’une des frontières de l’État Pontifical et, du même coup, la mémoire de son aïeul, un homme qui doit recevoir la légion d’honneur ou encore une religieuse, Mère Supérieure d’un couvent en perdition.

Tous ces personnages sont campés à merveille par l’auteur, dont on sent qu’il a une fine connaissance des travers des êtres humains, mais aussi des rouages et de l’enseignement de l’Église et du message des Évangiles.

C’est bien écrit, drôle, piquant parfois sans jamais devenir méchant et… bien trop court ! Personnellement, j’en redemande.

C’est aussi une lecture plus profonde qu’elle en a l’air de prime abord, parce que les personnages ainsi décrits sont porteurs de beaucoup de défauts, tares, orgueil, questionnements auquel tout-un-chacun est amené, un jour ou l’autre, à faire face. Depuis le dévoiement d’une bonne intention (et le retour en force de vieux démons) à la plus grande humilité en passant par la peur, le manque de confiance en Dieu, en soi, jusqu’à l’abandon à la volonté du Père, tout, ou presque, y passe. De plus, l’auteur dépeint aussi plutôt bien notre société actuelle, ce qui empêche le lecteur de chercher dans cette peinture de l’Église le côté suranné, passéiste et quelque peu réconfortant de l’Église, telle qu’on peut encore l’imaginer, sur le mode « c’était mieux avant ». Ici, le lecteur est au contraire confronté à l’Église d’aujourd’hui, avec une vision plutôt légère qui fait du bien, à une période de grands troubles et d’attaques (fondées, d’ailleurs, et à ne pas passer sous silence, bien sûr).

Pas de récits glauques, d’attaques frontales concernant les récents scandales (pédophilie, démission de Monseigneur Aupetit…), mais plutôt les petits travers des catholiques bon ton qui cherchent à faire au mieux coïncider leur foi et leur vie… avec plus ou moins de succès et de belles crises de rire et d’autodérision au passage !

J’ai donc particulièrement apprécié ce recueil de nouvelles, qui m’a permis de bien m’évader à un moment où j’étais surchargée de travail. Et il n’y a pas de doute, ça fait du bien au moral !

Paru aux éditions Quasar, 2021. ISBN : 9-782-36969-087-0.