vendredi 31 juillet 2020

Ma vie avec vous, de Henri Caffart et Marie Compagne

Mon mari et moi avons rencontré Henri Caffart, prêtre à la retraite du Nord de la France, il y a quelques années, lors d’un de ses séjours chez un de nos voisins, retraité lui aussi, avec qui nous avons quelques liens puisqu’il est né dans la maison que nous avons achetée. Le monde est petit, donc. Encore une fois !

Henri Caffart est né en 1931, dans une petite ville du Nord et il a très tôt eu le profond désir de devenir prêtre. Peu doué à l’école et avec un parcours difficile, tant lié aux événements familiaux (son père meurt en 1938) qu’à la grande histoire (le contexte de la Seconde Guerre Mondiale n’a rien arrangé, bien sûr), il prend des chemins détournés et est finalement ordonné prêtre quelques années avant le Concile Vatican II, à une période dans la vie de l’Église où commence à souffler un vent de « modernité » qui va vite remettre beaucoup de choses en question. Du port de la soutane à la question du mariage des prêtres, le Père Henri Caffart va observer tous ces bouleversements et les traverser avec une seule ligne de conduite : aimer Jésus à travers les personnes qu’il est amené à rencontrer, en particulier les plus pauvres. Il est donc prêtre, engagé dans l’esprit du Prado, devient prêtre-ouvrier, s’engage aussi dans le mouvement Vie Libre en tant qu’abstinent volontaire durant quarante ans, devient délégué du personnel puis conseiller aux Prud’hommes, et enfin prêtre exorciste.

J’ai été très touchée par son témoignage. Il fait partie de ceux, âgés aujourd’hui, qui ont connu l’avant-Concile, le Concile et tout ce qu’il a entraîné, les expérimentations plus ou moins heureuses dans l’Église, le départ de beaucoup de ses confrères… Et ce qui m’a vraiment touchée, c’est sa bienveillance, son amitié sincère, son ouverture à tous, sa capacité à voir le meilleur en chacun et à ne pas lâcher quelqu’un qui appelait à l’aide.

Oui, un très beau témoignage, qui laisse une impression de paix, de joie, d’un regard sans complaisance sur le mal, mais doux envers les personnes...

Marie Compagne est la biographe à qui ont doit cet ouvrage, très bien écrit au demeurant !

Paru aux éditions Votre Biographie Éditions, 2020.


lundi 27 juillet 2020

Tokyo Express, de Seichô Matsumoto

Un roman policier qui, apparemment est très célèbre. Et je viens seulement de le découvrir dans la bibliothèque de mes parents (c’est à ça que servent les vacances, après tout!)

Autant le dire tout de suite : j’ai dévoré ce livre ! Tout y est bien : l’intrigue, les personnages (même si tout tourne quasi-uniquement autour de l’inspecteur Mihara et, dans une moindre mesure, de l’inspecteur Torigai)…

Mais reprenons au début.

Dans l’île de Kyushu, au sud du Japon, un homme et une femme sont retrouvés, enlacés, morts, au bord de la mer. Tout indique un suicide d’amoureux et l’enquête semble superflue. Mais l’inspecteur Torigai tique sur un détail, un ticket de wagon-restaurant du train où des témoins ont vu l’homme et la femme monter ensemble, à Tokyo, qui porte la mention « une personne ». Étrange, pour un couple d’amoureux… Ce ticket est donc le point de départ d’une enquête qui va durer plusieurs mois et conduire l’inspecteur Mihara, de Tokyo, de l’île de Kyushu à celle d’Hokkaïdo, dans une quête de la vérité où les apparences sont trompeuses… Cet inspecteur Mihara est mis sur l’enquête parce que, de son côté, l’homme qui s’est apparemment suicidé est un témoin clé dans une affaire de corruption qui touche le ministère X, affaire sur laquelle enquêtent les policiers de Tokyo…

Ce roman m’a surprise (dans le bon sens), parce que la narration est assez différente des romans européens et américains dont j’ai l’habitude. Ici, on est plus dans la réflexion que dans l’action. Le lecteur est en permanence dans la tête des inspecteurs. Il n’y a quasiment aucune action, et pourtant les rebondissements sont incessants, au gré des aléas de l’enquête. Des portes s’ouvrent, se referment, parfois aussi vite qu’elles se sont ouvertes. Il semble ne pas y avoir la plus petite ouverture, le moindre début de solution… jusqu’à la dernière lettre, où tout est expliqué, d’un bloc. Et ce qui semblait totalement impossible devient non seulement vraisemblable, mais aussi évident et lumineux. Si vous ne connaissez pas ce roman, il gagne à être découvert !

Paru aux éditions Philippe Picquier, 1997. ISBN : 2-87730-188.5


mercredi 22 juillet 2020

Alix, tome 3 : L’Île maudite, de Jacques Martin


Pour mon anniversaire, ma fille a décidé de m’offrir un cadeau. Et elle a demandé conseil à son père. Voilà pourquoi j’hérite de cette bande dessinée de la série « Alix », de Jacques Martin.

J’aime bien cette série, parce que, même si elle est plutôt ancienne (ce tome 3 est sorti plusieurs années avant ma naissance!) et que les codes ont pas mal changé depuis, elle reste parmi les séries de référence dans le monde de la BD. Et puis, Alix, c’est toute mon enfance !

Cette histoire commence à Carthage, port africain de la Méditerranée et rivale de Rome. La ville prospère à nouveau après sa défaite durant les « guerres puniques », mais des événements troubles s’y déroulent, entraînant une enquête par un envoyé extraordinaire de Rome, qui n’est autre qu’Alix.

Son jeune âge ne plaide pas en sa faveur auprès des Carthaginois qui parvient, malgré tout, à asseoir son autorité avec l’appui, au moins temporaire, de Ségabal, qui exerce une grande influence sur ses pairs.

Protégé par Flavius, le gouverneur roman de Carthage, Alix commence rapidement son enquête qui le mène très vite sur la piste d’un savant qui a été enlevé quelques temps plus tôt. À la suite de cet événement, les Carthaginois sont témoins de phénomènes étranges venant d’un bateau étranger qui émet des rayons lumineux brûlant tout ce qui se trouve à leur portée.

Dans cette aventure, Alix retrouve Enak, dont le protecteur vient de mourir, mais aussi Arbacès, qu’il avait déjà rencontré dans les deux premiers tomes. Sa quête de la vérité va le conduire au-delà des Colonnes d’Hercule, sorte de frontière du monde connu à l’époque, vers des îles où il va en savoir plus sur ce mystérieux rayon lumineux et ceux qui le manipulent.

Comme le suggère la couverture de l’album, l’histoire se termine mal pour certains habitants de l’île mais (Attention ! Spoiler!) Alix et Enak parviennent à s’en sortir (si, si).

Chez Jacques Martin, les intrigues sont souvent complexes, dans les trois séries que je connais du moins. L’aventure y est au rendez-vous, bien sûr, avec nombre d’événements, de rebondissements, de coups tordus et de trahisons. Cet album ne fait pas exception, la force de l’histoire étant de faire se rencontrer plusieurs peuples qui ne se connaissaient pas trop à cette époque, et surtout à cet endroit. Les « gentils » ne faisant qu’essayer de survivre face aux « méchants » belliqueux et avides de pouvoir… et d’esclaves !

Dans cette série, l’histoire se mêle à l’Histoire, bien sûr, mais l’auteur n’hésite pas à emprunter aussi aux codes du fantastiques et/ou de l’étrange, ce qui lui confère une place particulière dans le monde de la BD...

Paru aux éditions Casterman, 1969. ISBN : 978-2-203-31206-7.


lundi 13 juillet 2020

À l'Hôtel Bertram, d'Agatha Christie


J’ai acheté le roman au début du mois de juin et j’ai du attendre d’avoir terminé La Jeune fille à la perle avant de lire celui-ci. Et je n’ai pas été déçue.

Jane Marple passe deux semaines à Londres, à l’hôtel Bertram, où elle avait déjà passé quelques jours durant son enfance. Et si elle a décidé d’y aller, c’est parce qu’elle voulait savoir si l’endroit avait changé. Il faut dire que Jane Marple est maintenant une femme plutôt âgée !

Étrangement, l’hôtel est resté fidèle à ses souvenirs. Rien ne semble y avoir changé, un peu comme si l’établissement était hors du temps.

Fidèle à son habitude, la vieille femme observe ce qui se passe autour d’elle et remarque un certain nombre de petites choses, tant à l’hôtel qu’à Londres, où elle passe beaucoup de temps pour ses achats de linge de maison et autres objets de vaisselle.

L’hôtel Bertram n’est pourtant pas aussi tranquille qu’il en a l’air. Tout d’abord, il y a cette jeune fille, Elvira Blake, que Miss Marple rencontre par hasard assise à une terrasse en compagnie d’un homme qui ne semble pas être fait pour elle. Et puis le chanoine Pennyfather disparaît, pour réapparaître quelques jours plus tard dans un endroit où il ne se souvient pas du tout être allé. Pourtant, Jane Marple est certaine de l’avoir vu quitter sa chambre à trois heures du matin, alors même qu’il n’y était pas rentré…Enfin, Mike Gorman, le portier de l’hôtel, est tué en voulant protéger Elvira qui est victime, en plein brouillard, d’une tentative d’assassinat.

L’inspecteur-chef Davy aura fort à faire pour dénouer les fils de cette enquête compliquée et il comprend rapidement l’intérêt d’écouter les dires de Jane Marple, qui n’a pas ses yeux dans sa poche et qui connaît, à force de l’observer, les différents visages du Mal.

De ce roman, que je n’avais jamais lu, je connaissais la version téléfilm, de 1984, avec Joan Hickson, dans la série de la BBC « Miss Marple ». Contrairement à la version suivante (2007), où l'intrigue de l’épisode est plus complexe encore que ne l’est le roman, avec des personnages supplémentaires et des intrigues secondaires ajoutées à l’histoire originelle, celle de 1984 est très fidèle au roman d’Agatha Christie et tout y est, notamment cette ambiance délicieusement surannée qui fait, justement, le charme de l’hôtel Bertram... et l'un des ressorts même de l'intrigue !

Paru aux éditions LGF, 2013 (Le Livre de Poche). ISBN : 978-2-253-05904-2.


lundi 6 juillet 2020

La Jeune fille à la perle, de Tracy Chevalier

J'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis une éternité... Il a suivi le déménagement de 2012 sans avoir été ouvert, et je viens de le découvrir. Et je n'ai pas du tout été déçue du voyage !

Griet a seize ans quand son père, céramiste, est victime d'un accident qui le prive de la vue... et de revenus. Pour survivre à Delft, en plein milieu du dix-septième siècle, sa mère la place comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Griet va vite se retrouver un peu femme à tout faire, depuis la lessive et l'aide aux cuisines jusqu'à la surveillance des six enfants du couple, sans parler du ménage dans l'atelier de peinture du maître. C'est d'ailleurs expressément pour cette tâche très particulière qu'elle a été embauchée en plus de Taneke, la gouvernante. Le maître tient absolument à ce que, quand le ménage est fait dans l'atelier, rien, absolument rien, ne soit déplacé.

Griet va donc déployer des trésors d'ingéniosité pour s'acquitter de sa tâche et contenter le maître de maison. Et, peu à peu, s'intéresser à la peinture et aux œuvres de Vermeer, elle qui vient d'une famille où la céramique, les tons bleus en particulier, font partie du quotidien.

Le peintre, de son côté, est souvent surpris par les paroles de la jeune fille, son sens de la lumière, sa sensibilité artistique... au point de la laisser petit à petit entrer dans son univers...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. C'est simple : j'ai eu beaucoup de mal à le lâcher !

C’est beau, remarquablement bien écrit sans rallonger les descriptions. Les relations entre les personnages, tant entre Griet et sa famille qu’avec ses employeurs sont très joliment esquissées, avec une sorte de délicatesse subtile qui dévoile sans trop en dire, laissant le reste à l’imagination du lecteur.

L’histoire est assez terrible, et magnifique !

Paru aux éditions Folio, 2004. ISBN : 2-07-041794-8.


mercredi 1 juillet 2020

Les Tuniques Bleues, tome 9 : La Grande Patrouille, de Louis Salvérius et Raoul Cauvin

Mon mari a parfois des idées bizarres en matière de cadeaux. Mais là, pour le coup, il est étonnamment bien tombé. C’est la deuxième fois qu’il m’offre un album de la série « Les Tuniques Bleues », alors que je ne suis pas forcément très fan de cette série, sans doute parce que je ne la lisais pas quand j’étais petite et que, devenue adulte, je lis moins de bandes dessinées destinées aux enfants (à l’exception notable de Yoko Tsuno, mais là, c’est une toute autre histoire. Allez juste voir dans les archives de ce blog, et vous verrez que je suis « accro » à Yoko, et pas qu’un peu!). Bref, « Les Tuniques Bleues » n’ont jamais vraiment fait partie de mon éducation en matière de bande dessinée… Peut-être qu’inconsciemment, c’est pour lui qu’il les achète ? Ou pour nos enfants ?

Peu importe, en fait. Parce que pour le coup, il est plutôt bien tombé cette fois.

Cet album est un peu particulier, parce qu’il regroupe des histoires courtes de Cauvin, illustrées par Salvérius. Ce n’est pas un album récent : j’avais un an quand il est paru. Et Salvérius était mort depuis quatre ans… C’est justement ce qui, à mes yeux, fait son intérêt. Il s’agit en fait d’un album qui reprend post-mortem des histoires écrites par Salvérius avant même que « Les Tuniques Bleues » ne deviennent la série qu’on connaît aujourd’hui qui, si je ne m’abuse, compte maintenant plus de soixante albums. On est donc là au tout début de la série, dans ce qui fait son essence. Et mon côté documentaliste y trouve largement son compte !

Ce sont des histoires courtes, de moins d’une page pour la première à quelques pages pour la plus longue, avec un scénario et une chute. Et là, on voit tout le talent de ces deux hommes qui parviennent, en quelques cases, à faire naître une situation (burlesque la plupart du temps) et à peindre des personnalités, des atmosphères… C’est cocasse, drôle, bien vu et bourré de jeux de mots (rien que le titre de l’album est un magistral clin d’oeil au film de Gérard Oury, avec Bourvil et De Funès). Il y a là-dedans des références, de la culture, des pieds-de-nez… et ça fait vraiment du bien, cette légèreté, tout en sachant que les auteurs ne prennent pas les enfants (et les adultes qui lisent aussi ces albums) pour des imbéciles heureux. En lisant cet album, j’ai bien ri, et malgré les apparences un peu « gros sabots », j’y ai perçu une certaine finesse. Oui, vraiment, je ne saurais pas trop dire pourquoi, mais j’aime bien cet album ! Je verrai à l’avenir si mon cher et tendre me déniche d’autres pépites du genre !

Paru aux éditions Dupuis, 1976. ISBN : 978-2-8001-0866-7