Un grand, grand merci aux éditions Robert Laffont et à Blog-o-book pour ce partenariat !
Traduit de l'anglais par Viviane Mikhalkov.
Paru aux éditions Robert Laffont, 2010. ISBN : 978-2-221-11035-5
A travers le roman écrit par son père maniaco-dépressif, qu’elle découvre après sa mort, l’auteur tente de mettre de l’ordre dans le désordre. A ce titre, le choix de l’abécédaire est tout à fait pertinent en ce qu’il reflète à la fois la tentative et l’impossibilité qui’ y a à la mener à bien. La construction par « lettre » empêche toute chronologie, et donne un roman éclaté, où l’histoire est décousue, telles les pièces d’un puzzle qui ne parviennent pas à reconstituer le décor. Il est donc impossible de reconstituer l’histoire en elle-même, mais l’important semble être ailleurs.
Au niveau de l’écriture elle-même, ce roman est assez perturbant, dans la mesure où l’auteur utilise des phrases très longues, avec de nombreuses énumérations, des apartés, qui donnent parfois l’impression de fouillis et entravent la compréhension du texte. Mais là encore, ce parti-pris permet d’entrer dans la confusion des sentiments de cette femme pour son père. Elle a souffert par lui, à cause de lui, de sa maladie. Elle l’a aimé infiniment aussi. Les choix du processus d’écriture et de la construction du récit illustrent donc ici tout autant que les mots la confusion du père et les efforts que fait sa fille pour le comprendre, pour réapprendre qui il était.
C’est en définitive ce que je retiendrai de ce récit : il s’agit d’un cri d’amour d’une fille pour son père, malgré la déchéance, malgré la maladie, la souffrance et la mort. Reste la douleur et l’avenir, la reconstruction.
Paru aux éditions Mercure de France, 2009 (Bleue). ISBN : 978-2-7152-2929-7
J’avais déjà lu, du même auteur, « La Petite fille de monsieur Linh », que j’avais beaucoup, beaucoup aimé. Ici, j’ai retrouvé le style de Claudel, à la fois poétique et sensible, même si le récit est totalement différent. Parler de « récit », d’ailleurs, semble inapproprié, puisqu’il s’agit plutôt là d’une sorte de liste, de catalogue sans classement, sans ordre apparent. L’auteur témoigne ici de ses onze années en tant que professeur en prison. Onze années durant lesquelles il a dispensé ses cours aux détenus, mineurs comme majeurs. Il y parle des cours, ou plus exactement des conditions dans lesquelles il donnait ses cours, des détenus, de la prison, des gardiens, de la vie quotidienne, des mots de la prison… il la décrit de l’intérieur, avec un œil extérieur. D’ailleurs, il le dit lui-même, il s’agit ici d’un « faux témoignage » : « Il me manque quelque chose d’essentiel pour parler de la prison, c’est d’y avoir passé une nuit. » Comme si son témoignage était incomplet, qu’il n’avait pas pu, malgré onze années passées à y donner des cours, à y rencontrer les détenus et à échanger avec eux, saisir l’essence même de ce qu’est la prison, l’incarcération ; comme si son témoignage n’était pas, et ne serait jamais assez complet pour décrire la réalité de la prison.
Un beau récit malgré tout : si effectivement le lecteur ne peut percevoir à travers ces lignes qu’un pâle reflet de la vie derrière les barreaux, le texte a au moins l’immense mérite de tracer une sorte de portrait très nuancé, peut-être un peu flou mais malgré tout sans doute ressemblant de cette vie enfermée. Et en tout cas, Claudel y raconte son expérience, et uniquement celle-ci, sans prétendre à autre chose. Et ce n’est déjà pas si mal.
Paru aux éditions LGF, 2008 (Le Livre de Poche). ISBN : 978-2-253-07297-3