Mes
collègues m'ont offert ce roman à la fin du mois de juin.
D'habitude, quand on m'offre un livre, j'ai du mal à l'ouvrir si je
n'en ai pas entendu parler ou si je ne l'ai pas repéré auparavant.
Là, par curiosité, j'ai lu la première page... et je n'ai plus
lâché le livre. Avec quatre enfants à la maison à temps plein
(vacances obligent !), autant dire que c'est une performance et que
j'ai beaucoup aimé. Parce qu'il y a plus de 600 pages quand même !
Alors
cette histoire se passe vraisemblablement dans le futur.
Vraisemblablement, parce qu'on n'a aucune indication de date dans
tout le roman. Seulement des faisceaux d'indices permettant de situer
l'intrigue plusieurs centaines d'années après un événement
cataclysmique qui a obligé les survivants à vivre sous terre, dans
un silo, afin de se protéger de l'atmosphère terrestre, devenue
mortelle pour les êtres humains.
Cette
communauté vit à la manière d'une fourmilière, chacun ayant sa
tâche, son travail, et son « ombre », adolescent(e)
chargé(e) d'observer son aîné(e) afin d'apprendre auprès de lui
ou d'elle son futur travail. Ainsi, le silo peut continuer à
fonctionner indéfiniment. La population est volontairement contrôlée
drastiquement, pour éviter toute surpopulation, les candidats à la
parentalité devant s'inscrire à la loterie. Le couple gagnant a un
an pour avoir un enfant…
Toute une
mythologie s'est également développée à l'intérieur du silo,
avec en particulier un souci important de ce que devient la personne
après sa mort. Et puis, il y a les lois mises en place, très
sévères pour qui les enfreint. La plus lourde peine étant le
« nettoyage », véritable condamnation à mort pour qui
est pris à parler de l'extérieur ou à émettre des doutes quant
aux décisions prises par les dirigeants du silo.
Seulement
voilà, l'attrait de certains pour ce « dehors » est si
fort que cela commence à provoquer des événements troublants,
depuis le « suicide » d'une informaticienne jusqu'à
celui de son shérif de mari, qui va d'ailleurs déclencher, à la
manière d'une réaction en chaîne, une somme d'événements
susceptibles de renvoyer le silo aux heures les plus sombres de son
histoire, celles de la mythique Insurrection.
On est
donc ici dans un vrai et bon roman de science fiction, qui dit
énormément de choses sur la nature humaine, depuis la soif de
liberté jusqu'à la volonté de comprendre, de vivre, de donner
simplement un sens et du sacré à sa vie… Les personnages sont
très bien campés, nuancés, attachants, et c'est toute une galerie
de portraits que le lecteur rencontre, certains faisant froid dans le
dos (le méchant est bien méchant, un vrai de vrai, même si, lui
aussi, est décrit de manière humaine et nuancée), d'autres étant
tellement sympathiques que l'on voudrait les suivre et les retrouver.
Le silo lui-même est d'ailleurs un véritable personnage à part
entière, avec ses mystères, ses secrets, ses zones lumineuses et
sombres, son histoire mouvementée…
L'auteur
sait manier le suspense et a construit ici une intrigue haletante,
dans un monde horrible mais extrêmement cohérent. Le silo dévoile
certains traits de l'humanité que nous connaissons tous, exacerbés
par le huis-clos où ces hommes et ces femmes sont obligés de
vivre : recherche et quête du pouvoir à tout prix, corruption,
interrogations sur le sens de la vie, sur le pourquoi des lois qui
régissent cette société en forme de microcosme, sur la
transgression…
J'ai
regretté d'être arrivée à la fin. Mais la bonne nouvelle, c'est
que deux autres tomes sont parus : un « avant » et
un « après » !
Paru
aux éditions Actes Sud (Babel), 2014. ISBN : 978-2-330-03737-6
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