Voici
un roman réjouissant ! Il met en scène cathos et athées, pour
mieux cibler les travers des uns et les incohérences des autres…
Étant
catholique moi-même, j'avais un peu peur. Mais comme le livre m'a
été conseillé par une amie, catho elle aussi, je me suis dit que
ça devait être sans danger. Et j'ai bien fait !
Reginald
Le Vaillant est notaire. Marié à Blandine, fille du comte
d’Époisses, il appartient à la frange catholique traditionnelle
version « vieille France » de l’Église. Reginald et
Blandine ont trois enfants, dont une fille, Athénaïs, qui est
quelque peu au centre du roman (en fait, on n'entend tout bonnement
jamais parler de ses deux frères). Athénaïs est étudiante aux
Beaux-Arts et quasiment fiancée avec Elton Moulard, avocat et,
surtout, représentant inénarrable de la gauche caviar la plus
absolument anticléricale. Autant dire que la rencontre de ces deux
mondes va faire des étincelles.
Mais
voilà, on n'est pas dans le film « Qu'est-ce qu'on a fait au
Bon Dieu » !
L'intrigue
principale n'est pas là (quoique!). En fait, Reginald doit assurer
la succession d'une comtesse, et s'assurer, selon les vœux de la
défunte, que l'héritier qu'elle a désigné, Jean-Arthur
Chambourcy, fils de sa filleule, est bien catholique pratiquant. Si
tel est le cas, la fortune de sa bienfaitrice lui reviendra. Dans le
cas contraire, elle ira à l’Église. Pour s'assurer de la foi du
jeune héritier, la Comtesse a désigné le Père Magnifis, curé de
la paroisse et potentiel héritier si le filleul ne fait pas
l'affaire.
Face
à l'évident conflit d'intérêt qui s'annonce, Reginald Le Vaillant
se présente comme garant de la bonne marche de la succession. Et
tout irait très bien… s'il ne s'était trouvé que l'héritier
potentiel est peintre et… ami d'Athénaïs.
Reginald
se retrouve donc en position de force et de faiblesse. À condition
d'influer correctement sur le cours des événements, il pourrait
bien régler d'un coup ses problèmes : celui du mariage de sa
fille avec un prétendant qui ne lui plaît pas… et celui de la
succession de la Comtesse. Seulement voilà : le jeune
Chambourcy semble ne pas être prêt à coopérer, d'autant qu'il ne
doit rien savoir de la succession sous peine de l'invalider
totalement !
On
est là dans le burlesque, la parodie, la farce. C'est parfois
énorme, trop gros pour être crédible, mais on se laisse finalement
prendre au jeu et ça fait du bien. Les personnages sont drôles et
attachants, plutôt imprévisibles tout en correspondant parfaitement
aux archétypes qu'ils représentent. Tous les petits travers des
cathos, mais aussi des autres, sont mis en exergue et ça fait, là
aussi, du bien de se voir avec ce regard affûté et pourtant tendre
de l'auteur. J'ai particulièrement apprécié la description de
l'assemblée de prière : c'est exactement ça !
J'ai
aussi beaucoup accroché au style. Les incursions des réflexions
personnelles de l'auteur sur la situation qu'il a lui-même créée
rendent à mon sens le récit encore plus drôle, sans l'alourdir,
parce qu'il met le tout en perspective, donc à distance. En bref, si
vous avez aimé « Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? »,
que vous soyez catholique ou non, vous devriez passer un bon moment
avec ce livre. Parce que ce que j'ai aimé, c'est qu'à aucun moment,
les personnages ne sont l'objet de moqueries de la part de l'auteur.
Il y a un respect pour les diverses opinions présentées ici qui
transparaît dans tout le récit, respect que l'on aimerait retrouver
plus souvent dans la « vraie vie » d'ailleurs...
Paru
aux éditions Quasar, 2014. ISBN : 978-2-36969-023-8.
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