Conseillée par mon
libraire préféré, j'ai mis beaucoup de temps à lire ce roman. Non
pas par manque d'intérêt, mais par manque de temps essentiellement
: trop de choses à faire, de lectures en retard... C'est que ce
roman est un fourmillement, une plongée dans l'histoire qui
nécessite un peu plus que trois minutes consécutives d'attention.
J'ai donc pris le temps.
Le récit s'ouvre sur
la vie quotidienne d'un enfant dont on ne sait ni le nom, ni celui du
pays où il habite. On découvre peu à peu que ce garçon ne parle
pas, que personne ne le connaît, qu'il vit totalement isolé depuis
la mort de sa mère et qu'il n'a donc aucun nom, aucune histoire
connue et aucune société, communauté à laquelle il peut se
rattacher. Entièrement libre de ses mouvements, il se débrouille
très vite seul et avance dans la vie au gré des rencontres plus ou
moins bienveillantes qu'il va faire durant sa vie de pérégrinations.
Marginal, c'est souvent parmi les marginaux, les exclus, qu'il va
trouver la chaleur humaine dont il a besoin, comme tout être humain,
pour vivre. Et ces expériences lui permettent de survivre, puis de
s'adapter au monde dans lequel il vit et qui change très vite autour
de lui.
La qualité d'écriture
est au rendez-vous, le récit est prenant, haletant, intrigant,
aussi. Le lecteur se laisse mener sur les routes en compagnie de cet
étrange garçon, à la fois hors de la société, coupé du monde,
et totalement acteur de ce monde qui lui est étranger et dans
lequel, pourtant, il semble évoluer avec ce qui ressemble presque à
de l'aisance. Le mystère qui l'entoure ne sera jamais réellement
levé, mais, finalement, cela importe peu. Ce garçon, c'est un peu
tous ces hommes anonymes qui, parce qu'ils étaient là, à cet
endroit précis et à ce moment particulier, ont fait l'histoire,
celle qui porte un grand « H » et celle, plus modeste,
qui fut la leur.
Un roman exigeant,
parfois cru, dérangeant, mais magnifique.
Paru aux éditions Zulma, 2016. ISBN
: 978-2-84304-760-2.
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