mardi 24 mars 2020

Trilogie New-yorkaise, de Paul Auster




Je ne connaissais pas Paul Auster. Je ne sais plus quand et comment ce livre (ou plutôt ces livres, puisque l’ouvrage regroupe trois romans) est arrivé dans ma bibliothèque, mais peu importe. Il fait partie de ces ouvrages qu’on a du mal à lâcher, alors même qu’on ne sait pas trop pourquoi.

Le premier roman, intitulé « Cité de Verre », raconte l’histoire de Quinn, un écrivain qui utilise un pseudonyme dans son métier, qui se voit confier une mission de détective privé par téléphone, par quelqu’un qui le prend pour un certain Paul Auster. Quinn a beau tenter de refuser la mission, de rétablir la vérité et de montrer que le commanditaire ne s’adresse pas à la bonne personne, rien n’y fait : le voilà embarqué dans une histoire pour le moins étrange où il doit surveiller un homme qui arpente les rues de New York en y dénichant des objets abimés, cassés… Quinn essaie de rendre compte de ses recherches, tombe sur Paul Auster, qui n’est pas plus informé que lui de l’affaire… et perd la trace de son employeur.

Dans le deuxième roman, « Revenants », les personnages ont des noms de couleurs (Bleu, Brun, Noir…) qui font penser à des pseudonymes que l’auteur leur aurait donné pour brouiller les pistes. Là, un des personnages est chargé par un autre d’en surveiller un troisième et d’envoyer chaque semaine un compte-rendu. Là encore, le personnage va changer la règle du jeu en cours de route et faire des découvertes qui vont radicalement changer sa vision des choses.

Enfin, dans « La Chambre dérobée », le narrateur est chargé par une jeune femme de retrouver Fanshawe, un homme qui s’avère être un de ses amis d’enfance, après l’échec d’un détective privé du nom de Quinn (est-ce le même que dans la « Cité de Verre » ?) sur cette même mission. Cette recherche va l’amener à se replonger dans leur passé commun et à explorer et tenter de comprendre la vie de son ami qu’il n’a plus vu depuis bon nombre d’années.

Ces trois romans me laissent un sentiment étrange, où la perplexité le dispute à la frustration et à l’enthousiasme.
J’ai l’impression qu’il y a des liens entre les trois romans (ce qui semble évident, sinon, ils ne seraient pas regroupés en un seul volume sous le nom de « Trilogie New-yorkaise »), mais j’ai du mal à les trouver, exception faite de certains points communs qui semblent plutôt accessoires : la présence de Quinn (1 et 3), d’écrivains (Quinn dans 1, Fanshawe et le narrateur dans 3), la surveillance d’une personne (1 et 2), de détectives (dans les trois romans), le dépouillement, la rue, la perte, la descente aux enfers, le déclassement… et New York.
Il y a aussi des passages étranges où l’on a l’impression, dans « La Chambre Dérobée », que Fanshawe raconte quelque chose qui s’est passé dans « Revenants »… Des liens existent effectivement, donnant l’impression que ces trois récits se complètent, alors que, pris séparément, ils racontent trois histoires distinctes, avec certains points communs, donc. Si j’osais une interprétation, je dirais que le premier roman est la quête, malgré lui, de Fanshawe par Quinn, que le deuxième est le jeu du chat et de la souris de Fanshawe vis-à-vis de Quinn et du narrateur du troisième roman, tandis que le troisième roman serait le récit « complet », mais selon le point de vue du narrateur, de toute cette histoire… Ce serait donc le même récit, vu sous trois angles différents, sans qu’aucun des personnages des deux premiers romans ne comprenne rien de ce qui se passe en réalité, de ce qu’ils font, de l’identité de celui qu’ils surveillent et des raisons de cette surveillance. Un peu tordu, mais ça pourrait quand même se tenir.

En tout cas, aussi étrange que soit cette Trilogie, j’ai beaucoup aimé m’y plonger, même si je m’y suis parfois perdue. C’est tout simplement très bien écrit ! Paul Auster (l’auteur, cette fois!) a un sens de la narration que je lui envie...

Paru aux éditions Actes Sud, 2002 (Babel). - ISBN : 978-2-7427-3791-8.

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