Je
ne connaissais pas Paul Auster. Je ne sais plus quand et comment ce
livre (ou plutôt ces livres, puisque l’ouvrage regroupe trois
romans) est arrivé dans ma bibliothèque, mais peu importe. Il fait
partie de ces ouvrages qu’on a du mal à lâcher, alors même qu’on
ne sait pas trop pourquoi.
Le
premier roman, intitulé « Cité de Verre », raconte
l’histoire de Quinn, un écrivain qui utilise un pseudonyme dans
son métier, qui se voit confier une mission de détective privé par
téléphone, par quelqu’un qui le prend pour un certain Paul
Auster. Quinn a beau tenter de refuser la mission, de rétablir la
vérité et de montrer que le commanditaire ne s’adresse pas à la
bonne personne, rien n’y fait : le voilà embarqué dans une
histoire pour le moins étrange où il doit surveiller un homme qui
arpente les rues de New York en y dénichant des objets abimés,
cassés… Quinn essaie de rendre compte de ses recherches, tombe sur
Paul Auster, qui n’est pas plus informé que lui de l’affaire…
et perd la trace de son employeur.
Dans
le deuxième roman, « Revenants », les personnages ont
des noms de couleurs (Bleu, Brun, Noir…) qui font penser à des
pseudonymes que l’auteur leur aurait donné pour brouiller les
pistes. Là, un des personnages est chargé par un autre d’en
surveiller un troisième et d’envoyer chaque semaine un
compte-rendu. Là encore, le personnage va changer la règle du jeu
en cours de route et faire des découvertes qui vont radicalement
changer sa vision des choses.
Enfin,
dans « La Chambre dérobée », le narrateur est chargé
par une jeune femme de retrouver Fanshawe, un homme qui s’avère
être un de ses amis d’enfance, après l’échec d’un détective
privé du nom de Quinn (est-ce le même que dans la « Cité de
Verre » ?) sur cette même mission. Cette recherche va
l’amener à se replonger dans leur passé commun et à explorer et
tenter de comprendre la vie de son ami qu’il n’a plus vu depuis
bon nombre d’années.
Ces
trois romans me laissent un sentiment étrange, où la perplexité le
dispute à la frustration et à l’enthousiasme.
J’ai
l’impression qu’il y a des liens entre les trois romans (ce qui
semble évident, sinon, ils ne seraient pas regroupés en un seul
volume sous le nom de « Trilogie New-yorkaise »), mais
j’ai du mal à les trouver, exception faite de certains points
communs qui semblent plutôt accessoires : la présence de Quinn
(1 et 3), d’écrivains (Quinn dans 1, Fanshawe et le narrateur dans
3), la surveillance d’une personne (1 et 2), de détectives (dans
les trois romans), le dépouillement, la rue, la perte, la descente
aux enfers, le déclassement… et New York.
Il
y a aussi des passages étranges où l’on a l’impression, dans
« La Chambre Dérobée », que Fanshawe raconte quelque
chose qui s’est passé dans « Revenants »… Des liens
existent effectivement, donnant l’impression que ces trois récits
se complètent, alors que, pris séparément, ils racontent trois
histoires distinctes, avec certains points communs, donc. Si j’osais
une interprétation, je dirais que le premier roman est la quête,
malgré lui, de Fanshawe par Quinn, que le deuxième est le jeu du
chat et de la souris de Fanshawe vis-à-vis de Quinn et du narrateur
du troisième roman, tandis que le troisième roman serait le récit
« complet », mais selon le point de vue du narrateur, de
toute cette histoire… Ce serait donc le même récit, vu sous trois
angles différents, sans qu’aucun des personnages des deux premiers
romans ne comprenne rien de ce qui se passe en réalité, de ce
qu’ils font, de l’identité de celui qu’ils surveillent et des
raisons de cette surveillance. Un peu tordu, mais ça pourrait quand
même se tenir.
En
tout cas, aussi étrange que soit cette Trilogie, j’ai beaucoup
aimé m’y plonger, même si je m’y suis parfois perdue. C’est
tout simplement très bien écrit ! Paul Auster (l’auteur,
cette fois!) a un sens de la narration que je lui envie...
Paru
aux éditions Actes Sud, 2002 (Babel). - ISBN :
978-2-7427-3791-8.
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