lundi 14 août 2023

Le Combat d'hiver, de Jean-Claude Mourlevat

 


J'ai trouvé ce livre un jour dans ma bibliothèque et il m'a fallu un certain temps pour comprendre comment il était arrivé là. C'est ma fille de 16 ans qui m'a donné la solution à cet épineux problème : il s'agit d'un livre qu'elle devait lire au collège... et qui donc avait du être acheté il y a quelques années, puisqu’elle entre en terminale en septembre...

Souvent, je suis assez méfiante avec la littérature jeunesse, le meilleur côtoyant parfois le pire. J'ai donc ouvert de roman avec quelques doutes, avant de me retrouver prise dans l'intrigue au point de ne pas pouvoir lâcher ce roman. À bien des égards, il m'a fait penser à un autre roman dystopique, « La Servante Écarlate », chroniqué ici. Pas au regard de l'intrigue, non, mais pour le monde désespéré dans lequel se déroule l'histoire et les rôles assignés à certaines catégories de personnes.

L'histoire commence à l'internat où une jeune fille, Helen, demande à voir sa « consoleuse ». On s’aperçoit très vite que l’internat est plus une prison qu’autre chose et que sans les « consoleuses », les enfants et jeunes qui s’y trouvent désespéreraient totalement. Les « consoleuses » sont des femmes qui habitent la colline surplombant le village où se trouve l’internat et ont pour rôle, trois fois par an, maximum, d’accueillir les enfants et les jeunes qui le demandent afin de les réconforter, leur offrir un vrai et bon repas… et jouer le rôle de la maman de l’enfant qui n’en a plus. Une véritable affection se développe donc entre le jeune et sa « consoleuse », et c’est cette soupape de sécurité et d’affection qui permet aux jeunes de supporter les dures conditions de vie à l’internat.

Dans ce monde froid, tout est organisé pour obliger le jeune à revenir à l’internat : l’enfant ne sort jamais seul, toujours accompagné d’un autre élève de son âge. Et pour décourager toute tentative de fuite, un autre élève est désigné pour être envoyé au cachot si l’un des deux élèves ne rentre pas dans un délai de trois heures après sa sortie. C’est un monde violent, dur, où la solidarité entre élèves prime, avec ses règles tacites qui font que tout se passe comme le souhaitent les responsables de l’internat.

Seulement voilà, cette fois-ci, rien ne se passe comme prévu et cette sortie est le point de départ d’une véritable épopée qui va entraîner Helen et Milena, son accompagnatrice, sur les routes et dans une aventure où elles vont devoir faire face à la cruauté de la Phalange, le parti qui a pris le pouvoir dans ce pays imaginaire. Ces deux jeunes ne seront pas seules et feront des rencontres plus ou moins importantes et fugitives, mais toujours décisives : le médecin Josef, Bartolomeo, Milos, les « hommes-chevaux », les « hommes-chiens », Basile, Paula… et bien sûr les hommes lancés à leurs trousses afin de les ramener à l’internat. Ce sera aussi l’occasion pour Milena de renouer avec un passé douloureux et d’envisager autrement l’avenir.

Si j’ai littéralement plongé dans ce roman et l’ai dévoré d’un bout à l’autre, j’ai malgré tout été quelque peu déçue par certains de ses aspects, notamment un certain manque de réalisme qui en fait un récit un peu pâle au regard d’autres dystopies. Est-ce la multiplicité des personnages, des lieux, des situations ? Le roman perd en partie de sa force, d’autant plus qu’il laisse un certain nombre de questions en suspens, en allant un peu vite sur la résolution des pistes lancées par l’auteur. L’univers est foisonnant, riche et très bien construit, mais je suis restée sur ma faim quant à son exploitation par l’auteur. Une petite déception, donc, qui conforte mon impression première concernant certains livres de littérature jeunesse. Dommage. Toutefois, je redis une chose : j’ai malgré tout été happée par cette histoire et n’ai pas pu la lâcher. On ne s’ennuie pas à la lecture de ce livre, mais ce n’est clairement pas le meilleur du genre que j’aie eu entre les mains.


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2010. ISBN : 978-2-07-069576-8.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire