lundi 2 octobre 2023

Dialogues des Carmélites, de Georges Bernanos

Pour une raison que j'ignore, je suis attirée par les écrits de Bernanos, tout en ayant comme une certaine appréhension à les lire, non pas parce que j'aurais peur du contenu, mais parce que j'ai l'impression de ne pas être assez « douée » pour comprendre cet auteur. Un peu comme si je n’osais pas m’attaquer à ce monument littéraire, de peur de ne pas être digne de l’auteur ou de ne pas être capable d’en saisir le sens, la saveur ou la beauté. C'est très bizarre, vous en conviendrez. Cet ouvrage ne fait pas exception à la règle : je l’ai acheté durant l’été et j’ai mis plus d’un mois (alors que je le cherchais depuis longtemps et que j’avais hâte de le lire!) avant de l’ouvrir… Bref.

En 1774, la Marquise de la Force donne naissance à une petite fille, Blanche, mais meurt en couches. Quinze ans plus tard, en avril 1789, la jeune Blanche de la Force entre au Carmel de Compiègne où elle pense trouver sécurité et bonheur dans un monde en plein bouleversement. Paris est à feu et à sang : la Révolution Française vient de commencer.

Par la suite, les révolutionnaires édictent des lois interdisant aux prêtres de célébrer la messe et confisquant les biens des congrégations religieuses, allant même, plus tard, jusqu’à mettre à mort les religieux et religieuses qui refusent d’abjurer leur foi en Christ et d’embrasser la nouvelle religion.

Quand les religieuses de Compiègne sont arrêtées, Blanche parvient à s’enfuir. La peur revient maintenant que le calme et la paix du couvent lui sont retirés. Blanche craint pour sa vie, bien sûr, mais elle sait également que ses sœurs, elles, depuis leur prison, ont peu de chance d’en réchapper…

Cet ouvrage est construit pour un scénario cinématographique. Georges Bernanos y a écrit les indications de cadrage, de décors… et le tout est présenté comme une pièce de théâtre, avec tableaux et scènes où les décors changent, les personnages évoluent, le temps passe.

D’une lecture très aisée, cet ouvrage, économe en descriptions du fait de sa construction, va à l’essentiel : ce que se disent les carmélites durant cette période bouleversée de la Révolution. Et c’est tout simplement magnifique. Magnifiquement écrit, tout d’abord, bien sûr (l’auteur est vraiment, vraiment un grand écrivain), magnifique aussi dans le contenu (c’est d’une très grande profondeur spirituelle) et dans la concision (le livre se lit très, très vite) et il est très court (154 petites pages).

C’est une lecture époustouflante, vraiment, qui parle de renoncement, de sacrifice, de la peur, bien sûr, de la mort et du courage d’y faire face. Pour le croyant, tout est là : ce à quoi nous amène la foi, c’est ça : le dépouillement, le renoncement à mener sa vie soi-même, l’acceptation d’un plus grand dessein que le mien, l’acceptation aussi de renoncer à faire ma volonté pour que celle d’Un Autre se fasse en moi et à travers moi. Jusqu’au don total, le don de sa vie, si les circonstances l’exigent.

C’est tout simplement bouleversant.


Paru aux éditions du Seuil (Points), 1996. ISBN : 978-2-02-028542-1.

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