mercredi 19 novembre 2025

Les Piliers de la terre : tome 1 : Le Rêveur de cathédrales, de Didier Alcante et Steven Dupré


J'ai lu « Les Piliers de la Terre » durant l'année 1999. J'étais tombée sur ce roman de Ken Follett dans une librairie, à une époque où je ne connaissais pas du tout cet auteur. Avant ce blog, avant même que j'aie accès à internet depuis chez moi. Depuis, j'ai lu beaucoup de livres de cet auteur, et je suis vraiment fan, même si parfois, le langage est assez « cru », si vous voyez ce que je veux dire.

Quand cet été, au Mont Saint-Michel où nous passions nos vacances avec ma famille, je suis tombée sur cette bande dessinée, j'ai un peu halluciné, parce que je ne savais pas qu'une adaptation de ce roman avait été faite. Un peu comme pour « Le Nom de la Rose » d'Umberto Eco, j'ai directement acheté les deux tomes disponibles et j'ai enfin pris le temps de lire le premier.

Et je ne suis pas déçue.

L'adaptation de Didier Alcante et Steven Dupré est magnifique, visuellement. Les dessins sont somptueux, alliant les classique cases de bande dessinée et des illustrations en pleine page faisant la part belle à l'architecture, aux décors, à la cathédrale en particulier. Il faut dire que cette cathédrale, même si ce n'est pas encore le cas dans le premier tome, est le personnage principal du roman. Et que, tout comme le roman a nécessité pour Follett d'amples recherches historiques, la bande dessinée a aussi nécessité, pour les auteurs, des recherches approfondies pour restituer l'ambiance et les décors possibles de l'Angleterre du début du XIIe siècle.


L'histoire commence en mer, par un naufrage, où l'on apprend que l'héritier du roi d'Angleterre a péri. Puis, focus sur une ville où un homme est pendu. Une jeune femme enceinte s'approche et maudit tous ceux qui ont ordonné l'exécution. Sur la double page suivante, on découvre Earlscastel, le fief du comte de Shiring, où Aliéna, la fille du Comte Bartholomew, refuse d'épouser William Hamleigh qui espère de ce mariage la possibilité de monter dans l'échelle sociale, la jeune Aliéna étant d'un rang supérieur au sien dans la noblesse anglaise. Enfin, le lecteur découvre Tom, avec sa famille, sa femme Agnès, enceinte, et leurs enfants Alfred et Martha. Tom est bâtisseur, et il a un rêve : bâtir une cathédrale. Il a déjà travaillé sur un tel chantier, mais celui-ci a été arrêté faute d'argent. Depuis dix ans, Tom parcourt le pays et vit pauvrement, en offrant ses bras d'un petit chantier à un autre, avec toute sa famille. Le chantier actuel est celui de la future maison de William Hamleigh. Sauf que ce dernier vient brutalement y mettre fin, son mariage étant tombé à l'eau.

Voici le point de départ de cette histoire monumentale, comme l'est un chantier de cathédrale. Les choses sont en place : un chantier à trouver, une famille en difficulté, une malédiction, une crise de succession et un bébé qui doit venir au monde. On est au cœur du comté de Shiring et très bientôt, les choses vont se gâter pour Tom et sa famille, pris dans des enjeux de pouvoir où plusieurs groupes s'affrontent et défendent leurs intérêts, depuis les plus « nobles » jusqu'aux plus faibles, en passant par tous ceux qui, tels les moines de l'histoire dont nous n'avons pas encore parlé, dépendent tous d'un plus « grand » qu'eux-mêmes. Les moines de la communauté de Kingsbridge, justement, viennent de perdre leur prieur. Le responsable d'une petite communauté qui est rattachée à Kingsbridge, le frère Philip, est envoyé par son frère auprès de l'évêque pour lui porter un message. Ce message est important, car il est à même de modifier substantiellement la vie du prieuré et de l’Église du sud du Comté de Shiring. Encore une histoire de pouvoir et d'enjeux politiques...

Encore une fois, l'adaptation est brillante, magnifique. Même l'objet lui-même est beau : le récit s'étale sur 96 pages de beau papier épais, sans compter la préface et la postface. Le format est un peu plus grand que celui d'une bande dessinée classique, permettant au lecteur de savourer les images. Si vous ne connaissez pas encore cette adaptation du roman phare de Ken Follett, foncez, le premier tome vaut vraiment le détour. Et, petite cerise sur le gâteau, sans trahir l'esprit du livre, il s'agit de la vision personnelle d'Alcante, ce qui fait de cette bande dessinée une œuvre à part entière, et non pas une simple mise en image du roman de Follett. Et c'est réjouissant.


Paru aux éditions Glénat et Robert Laffont, 2023. - ISBN : 978-2-344-04327-1/006.


lundi 17 novembre 2025

Journal de la fin de vie de Claire Fourcade


J'ai acheté ce livre il y a quelques mois, en mars, un peu après sa sortie. J'avais entendu parler de Claire Fourcade dans le cadre de mon travail d'aumônier à l'hôpital psychiatrique. Même si je ne suis pas directement concernée par la fin de vie, c'est une question qui habite tous les soignants ces dernières années, et dans le cadre de ma formation continue à la pastorale de la santé, nous avons été sensibilisés à cette question, aux enjeux qui se trouvent derrière, aux questions qui se posent, tant pour les patients, les premiers concernés bien sûr, que pour leurs familles et bien entendu, pour les soignants, qui sont d'ores et déjà confrontés à ces questions.

Ce que j'ignorais, parce qu'on n'en parle pas, bien sûr, c'est que l'euthanasie était une pratique qui existait en France, même si elle était interdite. Et c'est la loi Kouchner de 1999, si j'ai bien compris, qui a mis un terme à ces pratiques délictueuses et qui a promu les soins palliatifs. En relisant l'historique de cette question, je suis frappée de voir combien la proposition de loi actuelle est finalement non pas un progrès, mais un véritable retour en arrière et, finalement, un constat d'échec sociétal, puisque la question de l'euthanasie revient sur le tapis parce que les soins palliatifs ne sont pas assez développés en France, et que de ce fait, des situations inacceptables pour des patients en fin de vie qui n'y ont pas accès perdurent. Il est donc important de faire quelque chose, mais pas n'importe quoi non plus. Si l'euthanasie a été interdite, ce n'est pas par cruauté envers les plus faibles, les plus fragiles, mais par souci d'humanité. Il n'est même pas explicitement question ici de la morale chrétienne et du « Tu ne tueras pas » biblique, même si c'est cette règle-là qui sous-tend notre modus vivendi et les lois de notre société, qui permettent justement un vivre ensemble possible. Le message porté par Claire Fourcade, c'est finalement de faire attention à ne pas nous tromper de cible. L'euthanasie n'est pas une question de soin. Le soin, c'est l'attention portée au patient, à sa parole, à sa souffrance et à celle de sa famille. Il faut écouter le patient, sa fatigue, sa peur de la mort, bien légitimes. Et y apporter non seulement l'attention mais la réponse que cette parole mérite. Que peut-on faire face à cette souffrance, à ces angoisses ? Comment les accompagner jusqu'au bout, pour que la vie de cette personne soit vécue pleinement jusqu'à la fin ?

La loi Léonetti, de 2005 et la loi Clays-Léonetti de 2016 ont été des réponses adaptées à ces douloureuses questions de la fin de vie. Et si l'euthanasie et le suicide assistés reviennent sur le devant de la scène, c'est parce que ces deux dernières lois, dans leur volet « soins palliatifs », n'ont pas été suffisamment dotées de moyens, financiers et humains. Les soins palliatifs sont malheureusement le parent pauvre de notre système de santé, déjà bien mal en point en général.

Dans ce livre, Claire Fourcade fait le récit des événements concernant le projet de loi actuel sur la fin de vie, et qui comprend deux volets : soins palliatifs et euthanasie/suicide assisté. Mois après mois, quasiment jour après jour de septembre 2020 à la dissolution de l'Assemblée Nationale en juillet 2024, elle relate les différentes étapes, les rencontres avec les politiques, le groupe de travail, les désillusions. Elle raconte aussi le quotidien dans le service de soins palliatifs de Narbonne où elle exerce, les situations rencontrées, les difficultés rencontrées avec les patients, notamment quand, faute d'accès aux soins palliatifs, ceux-ci sont pris en charge trop tard pour que la confiance s'installe entre les équipes et les patients...

Finalement, le message qui est distillé derrière, c'est « nous serons là ». Nous ne laissons pas tomber les patients, ni maintenant, ni plus tard. Et parce que les soignants ne laissent pas tomber leurs patients, ils ne peuvent pas être ceux qui donneront la mort, et qui choisiront « qui doit vivre et qui peut mourir ». Même si les députés décident que c'est maintenant possible. Pas parce que la demande du patient n'a pas trouvé d'oreille pour être écoutée, mais parce qu'il est inconcevable pour un soignant d'être d'un côté celui qui « panse », qui « soigne », qui « recoud », et de l'autre celui qui administre un produit létal pour faire mourir. Euthanasier un patient, ce n'est pas le soigner. Administrer la mort n'est pas un soin. Et ne le sera jamais.


Paru aux éditions Fayard (Choses vues), 2025. ISBN : 978-2-213-73173-5.


mercredi 12 novembre 2025

Les Cités Obscures : Souvenirs de l’Éternel Présent : Variation sur Taxandria de Raoul Servais, de François Schuiten et Benoît Peeters


Aimé, le dernier enfant de Taxandria, se réveille pour commencer sa journée, la même journée que la précédente et que la suivante. La même journée que tous les jours, en réalité. Il est le dernier enfant de Taxandria, ville dévastée où le temps ne passe plus, où il n'y a plus de futur, plus de passé. Uniquement le présent.

Cependant, ce matin-là n'est pas tout à fait comme les autres matin. Ce jour-là, Aimé tombe par hasard sur un livre illustré qu'il prend le temps de lire avant d'aller à l'école, où l'attend, inquiet, M. Bozon, l'instituteur. Aimé est en retard, mais il est le seul élève... alors son retard n'a que peu d'importance. Ce qui est important, pour Aimé, ce matin, c'est uniquement le livre qu'il vient de trouver. Car ce livre raconte l'origine du cataclysme qui a dévasté Taxandria. Et cette histoire ouvre l'avenir et l'horizon de l'enfant, avec les questions qu'il commence à se poser. Où est sa mère ? Où sont les femmes de Taxandria ? Pourquoi le temps qui passe est-il devenu tabou ?

L'enfant part en quête, et son voyage n'aura pas de retour.

On retourne aux Cités Obscures, et c'est toujours un enchantement et une grande surprise. Les œuvres de Schuiten et Peeters sont de véritables œuvres d'art. Et un peu aussi des OVNIs dans le monde de la BD... Tout d'abord du point de vue graphique : les cases de cette bande dessinée ressemblent davantage à des aquarelles et à des œuvres d'art indépendantes qu'à des cases classiques de bande dessinée. Les images sont grandes, larges, avec parfois seulement une ou deux cases par page, ce qui permet de pouvoir admirer le dessin, sa beauté et sa précision. Et puis, ces scènes sont loin du style graphique de la BD belge traditionnelle : ici, il s'agit de dessins quasi monochromes, où on voit presque le coup de crayon de papier, et où le grain du papier « Canson » fait partie intégrante du rendu final de l'image. On a envie de toucher la page, de la « sentir » avec le bout des doigts... D'autant plus que l'édition que j'ai dans les mains est faite avec un beau papier très épais, sans le grain du papier à dessin de notre enfance, mais avec la même épaisseur, ou presque... Cela donne un bel objet, un ouvrage qui s'apparente plus aux beaux-livres qu'à une bande dessinée...

Du côté du récit, son histoire est elle aussi très intéressante. Et elle est révélée à la fin de l'album, après la bande dessinée elle-même, dans un dossier écrit qui en révèle la genèse. Peeters et Schuiten ont repris ici « Taxandria », un long métrage d'animation du réalisateur Raoul Servais, entamé en 1987 et sorti en 1994, avec de multiples modifications de scénario, des reprises et changements dans le tournage, avec la particularité d'utiliser un appareil inventé par Servais lui-même permettant d'allier les décors d'un film d'animation et les prises de vue réelles pour l'action des personnages, le tout complété par les effets spéciaux, débutants à l'époque, réalisés par informatique. Il s'agissait aussi d'un projet européen, les différentes étapes de la réalisation de l'oeuvre utilisant des technologies et des lieux de tournages présents dans plusieurs pays. Un projet complexe, qui n'a pas rencontré de succès à sa sortie, y compris pour son propre réalisateur. Il semble que Servais n'ait pas « reconnu » son œuvre, après tous les bouleversements, modifications de scénario et réécritures successives qu'elle a rencontré durant sa production.

La bande dessinée qui a finalement été tirée de ce projet reprend une partie des images créées par Schuiten durant l'élaboration du projet initial, mais également de nouveaux décors, pour environ la moitié d'entre eux. La reprise de ces images vieilles de 40 ans, ou presque, pour certaines, fait penser à une sorte de « bouclage » du projet, une manière de le mener à bien et de le sortir de la confidentialité dans laquelle « Taxandria » est restée depuis sa sortie. Il s'agit également de reprendre l'idée originale, il me semble, purifiée de tous les ajouts scénaristiques et épurée des modifications pour revenir à l'idée originale (ou presque) de Servais. Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je découvre l'existence de ce projet en lisant cette bande dessinée... L'histoire de ce livre est donc tout à fait singulière, et m'interpelle, à une heure où la création va plutôt dans l'autre sens : en général, les films qui sortent en salle en ce moment sont souvent des biopics ou des films tirés de romans. L'inverse existe, bien sûr, avec nombre de bandes dessinées tirées de romans, comme par exemple l'adaptation des « Piliers de la Terre », de Ken Follet, dont nous parlerons bientôt, ou encore celle du roman d'Umberto Eco, « Le Nom de la Rose », que j'ai chroniquée ici. Mais là, le projet semble assez différent : il ne s'agit pas d'adapter en bande dessinée un roman qui a connu un succès phénoménal en librairie, comme les deux que je viens de citer, mais d'exhumer un long métrage d'animation plutôt expérimental qui a été, en plus, un échec à sa sortie, et en tirer la substantifique moelle pour en faire une magnifique bande dessinée. Il fallait bien le talent des auteurs des Cités Obscures pour y parvenir. Décidément, cette série recèle bien des surprises et des trésors...


Paru aux éditions Casterman, 2025. ISBN : 978-2-203-29612-1


mardi 11 novembre 2025

Lefranc, tome 6 : Opération Thor, de Jacques Martin et Gilles Chaillet


Lefranc et Jeanjean (quel nom!!!) sont sur une route de Norvège. Ils ont un rendez-vous, mais ratent le bac qui doit les conduire de l'autre côté du fjord. Contraints d'attendre le prochain, le lendemain, les deux jeunes hommes cherchent un hébergement et trouvent une auberge où ils prennent un dîner avant de se préparer à passer la nuit sur place.

Mais bien sûr, tout ne va pas être aussi simple que prévu. Durant la nuit, un « commando » les drogue afin de les endormir, puis les enlève, avec leurs bagages, afin de les embarquer dans un mystérieux sous-marin qui a une « mission » à remplir. Lefranc retrouve à bord un ennemi bien connu : Axel Borg...

Alors évidemment, c'est une aventure de Lefranc, signée Jacques Martin. C'est donc une histoire où le héros est un vrai héros, et le méchant un vrai méchant... mais qui donne du fil à retordre au gentil héros. Ici, le périple du sous-marin et du cargo qui le soutient (au sens propre comme au sens figuré d'ailleurs) emmène toute la troupe jusqu'aux USA, où Borg a une mission à remplir, l'Opération Thor. Que je ne vous dévoilerai pas ici pour ne pas spoiler les quelques personnes qui ne connaissent pas encore cette bande dessinée ou qui, comme moi, la redécouvrent.

Jacques Martin, en BD, c'est un peu une valeur sûre. Comme Hergé ou Leloup, quoi. Et ça fait du bien de revenir de temps en temps à des fondamentaux.

J'ai passé un bon moment, avec cette BD !


Paru aux éditions Casterman, 1979. ISBN : 978-2-203-31406-1


lundi 10 novembre 2025

Les Secrets de la Femme de ménage, de Freida McFadden


Nous retrouvons Millie, quelques années après le premier récit. Elle est embauchée chez Amber et se fait virer parce qu'Olive, la fille d'Amber, appelle Millie « Mama »... sa mère n'étant pas vraiment présente pour la petite fille de moins d'un an. Millie, une fois de plus, se retrouve sans emploi, et finit par être embauchée par Douglas Garrick, un richissime entrepreneur, pour faire le ménage et la cuisine chez lui. Tout semble parfait, l'appartement, un penthouse au cœur de New York, est magnifique et le salaire très élevé.

Oui mais.

Wendy, la femme de Douglas, reste enfermée dans sa chambre et Douglas interdit à Millie de la déranger. Serait-elle malade ? Bien sûr, Millie est tentée d'en savoir plus. Et sa curiosité, une fois de plus, va lui jouer un bien vilain tour...

Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler, d'autant plus que, pour une fois, il s'agit d'un livre récent. Donc un certain nombre de lecteurs ne l'ont peut-être pas encore lu (sait-on jamais?). Alors si j'ai dévoré ce livre, j'avoue être un peu déçue parce qu'il reprend presque à l'identique la trame du premier opus. Du coup, je n'ai pas forcément envie de lire les autres romans de la série. Je viens de faire une petite recherche sur Internet, et « Les Secrets de la Femme de ménage » est le deuxième livre, après « La Femme de ménage ». Le troisième, c'est  « La Femme de ménage voit tout » et le 2,5 (oui je sais c'est bizarre !) « La Femme de ménage se marie », paru en 2025 (et pas encore en poche, si j'ai bien tout compris, peut-être même pas encore traduit en français non plus d'ailleurs). 

Donc petite déception parce que j'ai l'impression que Freida McFadden a repris exactement les mêmes ressorts que pour le premier, qui avaient, il est vrai, parfaitement bien fonctionné. Au final, l'histoire se tient bien, elle est conforme à ce qu'en attend le lecteur. Il est toutefois nécessaire d'avoir lu le premier pour s'y retrouver, sinon on ne comprend pas bien qui est qui et d'où ça sort, tout ça...

L'histoire est bien ficelée et la toute fin (l'épilogue) réserve quand même une surprise à demi-mot, qui change un tant soit peu la perception de l'intrigue, donc je sors de cette lecture très contente quand même. J'aime bien aussi quand il y a des non-dits, des suggestions, qui permettent au lecteur de se faire sa propre idée et de compléter l'histoire comme c'est possible ici. Si vous n'avez pas encore dévoré cette série et que vous aimez les romans à suspense, foncez !


Paru aux éditions J'ai Lu, 2025. ISBN : 978-2-290-39119-8


samedi 8 novembre 2025

Les Mondes de Thorgal : La jeunesse, tome 3 : Runa, de Roman Surzhenko et Yann


Nous retrouvons Thorgal, désormais jeune homme, en train de s'entraîner au maniement des armes. Au village viking, l'année a été bonne et clémente, et les récoltes abondantes. Les Vikings préparent la fête du Sumarblöt, le sacrifice d'été, pour remercier les dieux de leur clémence. Aaricia, la jeune fille du chef Gandalf-le-Fou, est amoureuse de Thorgal et vient le voir pour lui montrer la nouvelle robe brodée que son père a ramenée lors de sa dernière expédition. Thorgal lui fait brusquement prendre conscience de sa naïveté et que les intentions de son père ne sont peut-être pas aussi pures que ce que croit la jeune fille...

Les faits donnent raison à Thorgal : Aaricia découvre assez vite les projets de son père. La fête va commencer et les seigneurs du coin ont tous été invités. L'enjeu, c'est de trouver un mari à Aaricia, mari qui, bien sûr, devra donner à son père des biens, des terres, des cadeaux prestigieux qui feront de lui un roi encore plus puissant. Aaricia découvre qu'elle est une marchandise, simplement...

Sauf que les choses vont se passer un peu différemment du plan de Gandalf-le-Fou, par l'intervention d'une certaine Runa, Vierge-guerrière qui va donner bien des soucis au roi des Vikings du Nord...

Les deux héros de cette histoire, Thorgal et Aaricia, ont grandi et sont maintenant des jeunes gens amoureux, mais soumis aux règles de leur état : fille de roi, pour Aaricia, et bâtard sans biens ni fortune, sans famille, pour Thorgal. Tout s'oppose à leur union et il est clair qu'ils vont devoir se battre pour gagner le droit de s'aimer et de vivre ensemble. Ici encore, le scénariste a fait appel aux légendes et aux traditions scandinaves pour construire son intrigue. C'est vraiment intéressant et instructif, parce que, peu à peu, on pénètre ainsi plus avant dans la « mentalité » de ce peuple malgré tout plutôt méconnu et sujet de beaucoup de fantasmes.

Il existe sur Youtube des chaînes pour tout, et depuis quelques années, j'en suis une particulièrement, où le vidéaste est plutôt fan de cette civilisation viking. Il a même écrit plusieurs ouvrages, sous forme de bande dessinée d'ailleurs, pour rétablir certaines vérités et séparer les mythes de la réalité. Par ailleurs, Arte a sorti il y a quelques années aussi une série de vidéos sous forme de série d'animation sur les mythes et légendes vikings, qui permettent de mieux connaître cette mythologie très riche. Les différents supports à notre disposition permettent donc d'élargir les horizons et d'approfondir, pour ceux qui le souhaitent, les connaissances dans ces domaines. Et pour qui s'intéresse à l'histoire et à la mythologie, c'est passionnant ! Le même type de série existe d'ailleurs pour la mythologie grecque.


Paru aux éditions Le Lombard, . ISBN : 978-2-.


vendredi 7 novembre 2025

Les Mondes de Thorgal : La jeunesse, tome 2 : L'oeil d'Odin, de Roman Surzhenko et Yann


Nous retrouvons le jeune Thorgal dans les neiges du Nordland. Il recherche l'Enclume de Thor, afin de trouver un antidote pour libérer les trois sœurs Minkelsönn de la malédiction de Frigg. Mais, perdu dans la neige, il ne sait plus où il doit aller. Il croise alors un cygne qu'il tue pour pouvoir manger... Sauf que ce cygne est en réalité une Walkyrie. Cette Walkyrie donne à Thorgal une autre solution : inciter Frigg à lever elle-même la malédiction, en lui donnant une « piste » sur ce qui pourrait la convaincre : « l’œil ». L’œil de quoi ? De qui ?

La suite va mettre Thorgal sur la voie et le jeune homme remplit tout à fait la mission... et au passage, il prend une bonne leçon : celle de l'humilité.

Une bande dessinée qui, comme la précédente, nous ramène aux légendes scandinaves. Et je suis, pour ma part, séduite par cette orientation : les auteurs parviennent à intégrer les légendes traditionnelles à l'histoire d'un garçon issu d'un « peuple des étoiles » qui s'avère, dans d'autres albums, être le peuple Atlante... On passe du fantastique au légendaire, et les auteurs ont eu la bonne idée de ne pas trop mélanger les genres, tout en ayant une toile de fond utilisant de multiples références. Ici, on retrouve la légende de l’œil d'Odin et de la fontaine de Mimir. La légende raconte qu'Odin voulait avoir un regard sur les neuf mondes, mais ne pouvait voir aussi loin. Il a donc sacrifié un de ses yeux à Mimir, afin d'obtenir ce don. C'est cet œil que Thorgal va devoir récupérer pour faire plaisir à Frigg, qui a du mal à regarder le visage borgne de son mari... C'est bien trouvé, c'est bien mené, et j'aime le fait de se servir de la mythologie pour construire une histoire dans un autre genre. Il ne s'agit pas, ici, de raconter les mythes scandinaves, mais de les utiliser pour créer de nouvelles histoires...


Paru aux éditions Le Lombard, 2014. ISBN : 978-2-8036-3206-0