vendredi 10 octobre 2025

Thorgal, tome 28 : Kriss de Valnor, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


 

Cet album renoue avec la veine héroïque des premiers albums, et heureusement ! L'histoire commence avec Aaricia, Jolan et Louve qui tente de s'enfuir de l'empire romain d'orient, où ils se trouvent maintenant, après avoir été offerts en cadeau au prince héritier de l'empire. Mais ce dernier les rattrape et les fait condamner à un an de travaux forcés dans les mines d'argent.

Là, ils ont la surprise de retrouver une vieille ennemie, Kriss de Valnor, elle aussi esclave, mais du bon côté du fouet : elle est gardienne d'esclaves, mais compte bien sur les pouvoirs de Jolan, qu'elle connaît bien, pour se sortir de cette situation peu envieuse malgré tout. Elle propose donc à Aaricia et à ses enfants une alliance quasiment contre nature, afin qu'ils arrivent à sortir de là sans encombre. Et le plan fonctionne, même si ce n'est pas sans mal.

De son côté, Thorgal a survécu à l'empoisonnement dont il a été victime par Héraclius et, alors que tout le monde le croyait mort et enterré et que les pères des jeunes hommes que Thorgal a tués lors de la « chasse aux fugitifs » veulent récupérer sa dépouille, il parvient à quitter l'île de Syrenia... Mais il n'est pas sauvé pour autant.


Un bon cru, cet album, ce qui fait du bien parce que la série prenait quelque peu l'eau depuis « Le Mal bleu »... En tout cas, l'intrigue avance et la roue tourne, réservant encore quelques surprises...


Paru aux éditions Le Lombard, 2004. ISBN : 2-80362-003-0

jeudi 9 octobre 2025

Thorgal, tome 27 : Le Barbare, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Toujours quelque part en Afrique du nord, Thorgal, sa famille ainsi que Tiago et Ileniya (rencontrés dans l'album précédent), ont été fait prisonniers par un marchand d'esclaves, qui les vend Thorgal et Tiago à un seigneur local en vue d'en faire ses esclaves. Mais comme ils sont des « barbares », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas citoyens grecs ou romains, ils ne pourront pas travailler directement pour leur futur maître, gouverneur de la province du Ponant, une province éloignée de l'empire romain d'orient. Peu importe : les deux hommes feront des candidats parfaits pour la « chasse des fugitifs » qui doit avoir lieu deux jours plus tard : un « jeu » cruel, auquel participent les jeunes nobles de la cour qui ont atteint dix-huit ans passant leurs examens d'officier. Cette chasse en constitue l'une des épreuves, afin d'évaluer leur habileté au maniement de l'arc.

Les « fugitifs » se battent donc pour leur vie, et Thorgal et Tiago s'en sortent, gagnant ainsi leur liberté. Mais ils se mettent malgré tout au service du gouverneur, afin de ne pas être séparés d'Aaricia, Louve, Jolan et Ileniya, qui restent, elles, des esclaves.

Impressionné par l'habileté au tir à l'arc de Thorgal, le gouverneur et père d'Héraclius, le jeune homme à qui Thorgal a laissé la vie durant la « chasse », fait de Thorgal le maître d'armes de son palais, avec Tiago pour assistant. Et il enrôle par la suite Thorgal comme coéquipier de son fils pour le tournoi des armes, avec quatre disciplines, entre les dix provinces de l'empire, chaque province déléguant deux athlètes par discipline.

J'ai eu l'impression que les auteurs nous faisaient un remake de l'album « Les Archers », mais en beaucoup plus noir et glauque. Sauf que là, les choses ne se terminent pas du tout comme la première fois (mais non, je ne spoilerai pas!). En tout cas, ce cycle d'aventures en Afrique du nord, apparemment, dans l'univers gréco-romain, n'est toujours pas mon préféré, loin de là. Seulement, il semble bien qu'on arrive à la fin, avec cette histoire (pas la fin de la série, non, puisqu'il y a d'autres albums ensuite, mais la fin du cycle).


Paru aux éditions Le Lombard, 2002. ISBN : 2-80361-775-7


mercredi 8 octobre 2025

Thorgal, tome 26 : Le Royaume sous le Sable, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans ce cycle commencé avec « Arachnéa », poursuivi avec « Le Mal bleu », « Le Royaume sous le sable », troisième épisode, nous entraîne dans des terres lointaines, sans doute les côtes africaines. La famille Aegirsson a fait escale en barque, et Aaricia commence à avoir le mal du pays, deux ans après avoir quitté l'île des mers grises où ils habitaient. Jolan penche du côté de sa mère : les raisons qu'avaient Thorgal et Aaricia de quitter les terres du Northland n'existent plus, puisque Gunnar, le chef des vikings du nord, a annulé le bannissement d'Aaricia et de ses enfants et qu'il connaît les circonstances de la trahison de Thorgal quand il avait perdu la mémoire et qu'il était devenu Shaïgan. Thorgal, d'abord fâché de voir son fils et sa femme ligués contre lui, finit par se ranger à leur avis et décide de retourner, dès le lendemain, dans les terres des Vikings du nord.

Seulement voilà : ils sont très vite repérés par deux hommes qui semblent faire partie du peuple bédouin et qui tentent de les faire venir dans leur village. Thorgal refuse, désormais décidé à partir dès le lendemain, mais leur barque se met à brûler durant la nuit et, au petit matin, ils n'ont d'autre choix que de suivre les deux hommes qui leur apportent leur aide : dans le désert, loin des points d'eau douce, ils ont en effet peu de chance de survivre.

La marche dans le désert, vers le village des deux hommes est longue et difficile, et Louve se retrouve prise dans des sables mouvants, Thorgal ne parvenant pas à l'en faire sortir. Il faudra l'intervention d'un des deux hommes pour l'en sortir, intervention qui révèle à Thorgal l'origine des hommes : ils viennent, comme lui, des étoiles.

Dans cette nouvelle aventure, c'est un nouveau mythe qui se retrouve convoqué, celui de l'Atlantide, appliqué au peuple des étoiles dont Thorgal est issu. Thorgal serait l'un des derniers Atlantes encore en vie, avec ses enfants et les hommes qui l'accompagnent dans le désert.

Comme toujours, quand il est question de supériorité technique, il est question aussi, à un moment, de prise de pouvoir. C'est tellement banal que cela peut en devenir lassant. C'est justement contre ce phénomène que Thorgal se bat depuis toujours, cherchant une terre où il peut vivre libre et en paix. C'est cette recherche qui a motivé son départ de leur île, avec le résultat qu'on connaît maintenant.

Si ce nouvel épisode se lit agréablement, le côté « reprise » des mythes fondateurs de nos légendes commence quelque peu à lasser. On avance, cependant, pas à pas, mais cette incursion dans les pays du sud éloigne de plus en plus le lecteur de ce qui a fait l'origine de la sage : le monde viking, ses légendes, ses mythes, ses dieux. Les emprunts aux autres civilisations (comme la civilisation grecque dans « Arachnéa » par exemple) donnent l'impression que les auteurs ont fait le tour de leurs personnages et de ce qu'ils avaient à dire. Ce cycle commence à sentir un peu le baroud final, même si cet album a quand même le mérite de ramener le lecteur à la question des origines de Thorgal, à son peuple et à ce qu'ils sont devenus. On en sait un peu plus, mais j'ai l'impression ici qu'il ne s'agit que de donner une explication de plus à la disparition des Atlantes, autre mythe de la mythologie grecque, si je ne m'abuse... Je suis donc bien moins convaincue par cet album, alors que j'avais été réellement conquise par « La Cage »... Dommage...


Paru aux éditions Le Lombard, 2001. ISBN : 2-80361-665-3

 

mardi 7 octobre 2025

Thorgal, tome 25 : Le Mal bleu, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

Nous poursuivons avec Thorgal et sa famille leur odyssée vers le sud. Darek et Lehla sont restés sur l'île où Thorgal et Louve étaient arrivés avant eux. Après avoir réparé la barque, avec l'aide des îliens, la famille Aegirsson se met en route. Peu de temps après, ils croisent une barque qui semble abandonnée, mais Jolan, qui était monté à bord, est mordu par un rat après avoir découvert un homme mort, à la peau bleu.

Centré sur Jolan comme l'était le précédent album sur Louve, cette histoire fait appel aux peurs les plus profondes et les plus instinctives de l'humanité. Une maladie, ici le Mal bleu, mais dans d'autres temps et d'autres lieux, il s'agissait de la Peste ou, plus récemment, de la Covid-19, une maladie, donc, contagieuse et sans remède, sévit dans le royaume de Zhar, royaume où le prince héritier Zarkaj accueille comme des rois ses visiteurs, avant de savoir qu'ils sont, eux aussi, atteints par le mal bleu. C'est Jolan qui, par la morsure du rat, est atteint le premier. Mais la maladie se transmet par contact et peu à peu, toute la famille est contaminée. Zarkaj, prince futile et égocentrique, les expédie dans le « Labyrinthe », un lieu qui ressemble aux léproseries où se trouvaient rassemblés les malades de la lèpre, contagieux également. Là, ils vivaient comme des pestiférés, à l'écart de tous et rejetés.

Seulement, Thorgal, comme toujours, n'est pas décidé à attendre la mort sans rien faire. Un mage est réputé avoir trouvé un remède contre ce mal bleu. Mais il est loin, dans la montagne au toit de neige, et Thorgal n'a que six jours, avant que Jolan ne meure, pour le trouver. Les épreuves ne manquent pas, bien sûr, mais le héros est aidé par un homme dont il ignorait tout jusque là...


J'avais survolé seulement cet épisode, un peu déçue par la tournure que prenait la série depuis « Géants », même si « La Cage » m'avait réconciliée avec la série. J'avoue ne l'avoir pas lu attentivement... ce qui est maintenant chose faite ! Sans regrets, d'ailleurs, puisque cet épisode est plutôt bien mené, même s'il n'a pas le souffle épique des premiers tomes. Une agréable lecture, donc, qui prend un sens et une saveur particulière après ce que nous avons vécu en 2020...


Paru aux éditions Le Lombard, 1999. ISBN : 2-80361-414-6


lundi 6 octobre 2025

Vie de Jude, frère de Jésus, de Françoise Chandernagor


Ce roman, et j'insiste bien sur le mot « roman », car ce livre est une fiction, raconte la vie de Jude, que l'auteur assimile à un des frères (le plus jeune) de Jésus. Il met l'accent non pas sur la prédication et la vie de Jésus, mais sur la vie des premiers chrétiens, en particulier sur la communauté de Jérusalem, celle dont Jacques, le « frère cadet » de Jésus, a été le premier responsable.

On y voit la vie au premier siècle de notre ère, en Palestine. Les premiers disciples de Jésus y ont développé et conservé le dépôt de la foi, c'est-à-dire les paroles de Jésus lui-même. Par ailleurs, ils ont aussi répandu cette nouvelle foi dans les régions autour de Jérusalem, et jusqu'aux confins de l'Empire romain. On rencontre dans ce roman les personnages de Pierre, bien sûr, de Paul aussi, considéré comme un « ennemi » par les hommes de la communauté à laquelle Jude appartient. Tout simplement parce que ce Paul ne tenait pas compte de ce que Jésus avait dit de son vivant, mais témoignait uniquement de sa propre conversion. On traverse donc ici une bonne partie du premier siècle après Jésus-Christ, jusqu'à l'incendie de Jérusalem et la destruction, en 70 de notre ère, du Temple de Jérusalem.

Françoise Chandernagor est membre de l'Académie Goncourt et son roman se lit vraiment très facilement. Par ailleurs, elle a beaucoup creusé le sujet et s'est abreuvée aux sources de la foi chrétienne, en utilisant, en historienne accomplie, les sources disponibles, dans et hors des Évangiles canoniques. Elle a en particulier puisé dans les innombrables textes apocryphes. Et, en soi, ce n'est pas un problème : nombre de traditions chrétiennes (en particulier l'âne, le bœuf de la crèche, ou encore les noms des parents de Marie) viennent de ces textes non retenus dans le canon des Écritures.

Je mettrais toutefois un bémol important sur le postulat de départ, parce qu'il y a un point qui me chagrine particulièrement et qui me laisse sur ma faim dans ce roman, c'est le postulat de l'auteur de considérer Marie comme la mère non seulement de Jésus, mais aussi d'au moins six autres enfants : les quatre « frères » de Jésus dont parlent les Évangiles (Jacques, Simon, José et Jude), et de « ses » sœurs, signifiant qu'il y en avait au moins deux. Ce qui, en comptant Jésus comme aîné de la fratrie, amène à une famille de sept enfants au moins. Si ce nombre n'est sans doute pas problématique pour l'époque, il ne résiste pas à certaines questions exégétiques, pas toutes tranchées aujourd'hui d'ailleurs.

Préoccupée par ce que je lisais, j'ai en effet interrogé un prêtre catholique, exégète de son état, qui a pu m'éclairer sur quelques points

Tout d'abord, les Évangiles ont été écrits en grec, et non pas en hébreu. Or le grec compte un seul mot pour exprimer une réalité hébraïque qui, elle, en compte au moins cinq. Le mot grec « frère » traduit en effet dans les Évangiles et dans la Bible plusieurs réalités, qui vont du frère utérin au cousin, en passant par le « frère » appartenant simplement au même clan... Par ailleurs, les exégètes s'accordent pour dire que la mention des sœurs de Jésus pourrait être postérieure et un ajout aux Évangiles initiaux.

Enfin, de l'aveu de Françoise Chandernagor elle-même, elle s'est inspirée essentiellement de l’Évangile de Marc (le plus ancien et le plus court), ainsi que de la source Q (source plus ancienne encore, qui a servi, comme l’Évangile de Marc, d'inspiration aux Évangiles de Luc et de Matthieu). Mais l’Évangile de Marc se terminant avant la mention de la résurrection de Jésus (sur la découverte du tombeau vide le matin de Pâques), elle a du aussi compléter avec les Évangiles de Luc, Matthieu et Jean qui racontent les apparitions de Jésus à ses apôtres. Voilà pour les sources.

Sauf que, dans les Évangiles, le récit de la crucifixion mentionne aussi la présence de Jean, « le disciple que Jésus aimait », au pied de la croix. Et Jean reçoit cette parole de Jésus, au moment où celui-ci va mourir : « Voici ta mère », tout comme il a dit à Marie « Femme, voici ton fils ».

Outre l'interprétation croyante (le « disciple que Jésus aimait » peut être interprété comme chacun des croyants, hier comme aujourd'hui), il en existe une autre, bien plus ancrée dans la réalité sociale de l'époque de Jésus : Une femme, veuve, de surcroît, n'avait plus aucune place dans la société si elle n'avait pas de fils pour la prendre sous son toit. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle Jésus redonne la vie au fils de la veuve de Naïm et, plus tard, pourquoi les disciples ont créé des diacres, dont Étienne : il fallait quelqu'un pour prendre soin des veuves de la communauté.

Mais si, comme le dit Françoise Chandernagor, Jésus avait encore 4 frères au moment de sa mort, pourquoi a-t-il confié sa mère à Jean, un des fils de Zébédée ? Il n'aurait jamais eu à se préoccuper du sort de sa mère s'il avait eu des frères... Le postulat de base de ce roman est donc faux, et il me semblait important de le préciser, parce que, si Jésus a eu des frères, cela remet en question certains dogmes de la foi chrétienne, dont la virginité perpétuelle de Marie...

Tout cela pour dire qu'il s'agit ici d'un bon roman, très intéressant historiquement sur la période du premier siècle de notre ère en Palestine, et qu'il est d'autant plus intéressant qu'il a le mérite d'aborder tout un pan de l'histoire qui est totalement ignoré aujourd'hui. On parle beaucoup, y compris dans les Actes des Apôtres, des Églises chrétiennes à leurs débuts, mais très peu de l’Église de Jérusalem et de ce que sont devenus ces chrétiens après la destruction du Temple de Jérusalem en 70. De même ne sont évoquées que les Églises qui ont suivi Paul, le véritable propagateur du christianisme en tant qu’Église répandue dans toute la région. Mais ce que j'ai trouvé intéressant dans ce livre, c'est de voir qu'aux débuts de l’Église, des communautés s'étaient formées ici et là et qu'elles n'avaient pas toutes la même façon de voir leur foi toute neuve, en fonction de celui qui les avait évangélisées. La communauté de « Jude », réfugiée à Pella pendant les troubles qui ont conduit à la chute de Jérusalem en 70 semble avoir été en réalité une sorte de secte chrétienne qui a fini par disparaître. L'histoire de l’Église est donc loin, très loin d'être aussi « simple » que ce qu'en laissent voir les Écritures dans le Nouveau Testament. Même si je l'avais appris durant les dernières années dans mes cours à la faculté de théologie catholique, ça fait toujours du bien d'avoir une petite piqûre de rappel, même si c'est au travers d'un roman qui n'a d'autre prétention que de raconter une histoire. D'ailleurs, cette « secte » de Jérusalem semble avoir dénié au Christ sa condition divine, devenant par là porteuse d'une des nombreuses hérésies contre lesquelles se sont battus les Pères de l’Église. Ce peut aussi expliquer sa disparition. Les « frères » de Jésus voyaient-ils leur « aîné » d'une façon trop humaine pour comprendre qu'il était bien plus qu'un simple être humain, mais à la fois vrai Dieu et vrai homme ?


Paru aux éditions Albin Michel, 2015. ISBN : 978-2-226-25994-3


samedi 4 octobre 2025

Thorgal, tome 24 : Arachnéa, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Thorgal, Aaricia et leurs enfants, ainsi que Darek et Lehla ont décidé de quitter l'île où ils vivaient, celle-ci devenant bien trop connue de leurs ennemis. Pour leur sécurité, ils prennent la mer en direction du sud. Sauf qu'ils doivent rapidement affronter une tempête qui les force à se séparer : Thorgal a plongé à l'eau pour y récupérer Louve, qui était tombée, pendant qu'Aaricia, Jolan, Darek et Lehla continuent seuls sur la barque. Thorgal et Louve trouvent refuge sur la deuxième barque avec laquelle ils naviguaient, mais celle-ci, emportée par le courant, se retrouve prise dans une brume très compacte qui borde un rivage impossible à voir. Ce qui devait arriver arriva : c'est l'accident. La barque est inutilisable et Thorgal et Louve doivent aller sur le rivage de ce nouveau pays sur lequel ils viennent d'accoster un peu brutalement.

Alors qu'ils cherchent à grimper le long de la falaise, Louve se retrouve enfermée dans une étrange grotte dont elle ne peut pas sortir. Thorgal, resté à l'extérieur, parvient à se hisser tout en haut et se retrouve dans un étrange pays d'où les habitants semblent totalement ignorants de tout ce qui se trouve au-delà de leur monde, appelé « Notre Terre ».

Les noms, les paysages... tout fait penser à la Grèce. Il semblerait que Thorgal et les siens soient allés très, très au sud. Bien sûr, rien n'est nommé : on reste ici dans l'imaginaire. Encore une fois, il est question ici de dieux et de déesses, de sacrifices humains, de vengeances... et pour une fois, la solution ne viendra pas de Thorgal, mais de sa fille.

La première fois que j'ai lu cet album, je l'ai trouvé plutôt passable. Mais en le relisant, bien plus tard, je me rends compte qu'il dit plus que ce que j'avais lu la première fois. Et il remonte quelque peu dans mon estime. On est loin de « La Cage », l'album précédent, mais finalement, c'est plutôt bien vu. Et pour une fois, on ne bascule pas totalement dans l'horreur des massacres tels que nous y ont habitués les Vikings ou les « rois » des albums précédents. Ici, seuls le malheur et la culpabilité ont droit de cité, avec pour corollaire le maintien de tout un peuple dans l'ignorance et l'angoisse. Par certains côtés, cet album fait aussi penser à l'une des aventures d'Alix, « Les proies du volcan ». Là aussi, il est question de sacrifices rituels, d'un volcan, d'un dieu dont il faut satisfaire les désirs. Mais dans « Arachnéa », heureusement, l'espoir est de mise.

Et Thorgal et sa famille vivent maintenant en liberté.


Paru aux éditions Le Lombard, 1999. ISBN : 2-80361-362-X


vendredi 3 octobre 2025

Thorgal, tome 23 : La Cage, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Thorgal est à Brek Zarith, avec Galathorn, qui l'a aidé à rentrer du monde des Géants après sa quête de l'anneau Draupnir. Le temps de se reposer quelque peu, et le héros reprend la mer pour regagner son île. Pas de bol, il croise sans le savoir Aaricia qui, elle, tente une action désespérer : donner à Sardaz l’Écorché, un pirate au moins aussi dangereux que Shaïgan, les informations dont il a besoin pour, justement, mener l'assaut contre le château de Shaïgan et Kriss. Seulement bien entendu, les choses vont se compliquer et Aaricia, accompagnée de Jolan, doit fuir la colère de Sardaz. Seulement ils sont rattrapés et le sort que leur réserve le pirate est loin d'être sympa...

De son côté, Thorgal est bien arrivé à destination, mais Darek, ne sachant pas qui il est, parvient à le mettre dans une cage près de la maison, en attendant le retour de Jolan et Aaricia pour savoir ce qu'ils doivent faire de lui. Bien entendu, Jolan le reconnaît immédiatement, ainsi que Louve, à qui Muff a assuré qu'il s'agissait bien de son maître. Mais Aaricia, elle, semble de ne pas le reconnaître...

J'ai une tendresse particulière pour cet album. Je trouve que c'est le plus humain et le plus touchant de toute la série, au moins jusque là. C'est le personnage d'Aaricia qui est particulièrement touchant. Elle sait parfaitement qui est l'homme que Darek a enfermé dans la cage. Et elle sait de quoi elle serait capable si cet homme se retrouvait face à elle, tant qu'elle n'a pas dépassé la colère et la rancune qu'elle ressent. Elle a besoin de montrer à Thorgal qu'elle a souffert, en le mettant pour l'heure à distance. Et Thorgal n'a qu'à « revenir », c'est-à-dire à reprendre sa place de mari, aimant, protecteur, et donc patient. L'amour qui unit ce couple est vraiment magnifique...


Paru aux éditions Le Lombard, 1997. ISBN : 2-8036-1275-5