lundi 21 avril 2025

Les Actes des Apôtres, de Chantal Reynier


 

Dans le cadre de la reprise de mes études, en 2021-2022, j’avais acheté ce livre (et d’autres), afin de mieux comprendre les écrits du Nouveau Testament. Pressée par le temps et des lectures plus urgentes, ce n’est qu’en janvier 2025 que j’ai pu lire cet ouvrage très intéressant sur les Actes des Apôtres. La collection « Mon ABC de la Bible » est une boîte à outils pour mieux comprendre les différents livres qui composent la Bible. Chaque ouvrage est en fait un guide de lecture qui identifie le ou les auteurs, restitue le contexte du livre étudié, les contextes historique, culturel et rédactionnel, procède à une analyse littéraire, avec structure et résumé, chronologie, cartes, bibliographie… Le livre est surtout une analyse sous le prisme des grands thèmes abordés, en étudie la réception, l’influence et la qualité. C’est donc une excellente introduction, en un peu plus de 150 pages, pour mieux entrer dans ce corpus fascinant qu’est la Bible. Afin de ne pas (trop) se tromper en le lisant, et de ne pas passer à côté d’éléments essentiels.

La Bible n’est en effet pas tout à fait un livre comme les autres. Plus qu’un livre, c’est plutôt une bibliothèque, d’ailleurs. Mais c’est surtout la Parole de Dieu, écrite sur plusieurs milliers d’années, et qui a toujours, aujourd’hui, quelque chose à nous dire, à nous, lecteurs du XXIe siècle.


Paru aux éditions du Cerf, 2015 (Mon ABC de la Bible). - ISBN : 978-2-204-10468-5.

mercredi 16 avril 2025

Les Aventures d’Alix, tome 43 : Le Gardien du Nil, de Valérie Mangin, Chrys Millien, d’après les personnages de Jacques Martin.

 

Cet album, l’un des derniers parus, reprend la suite du onzième album de la série, « Le Prince du Nil ». Alix et Enak sont agressés dans une rue de Rome alors qu’ils discutent avec Marc-Antoine, venu les solliciter pour participer à l’une des campagnes militaires de César. Partis à la recherche de l’agresseur, la piste les conduit à Alexandrie, en Egypte, auprès de Cléopâtre, et ils lui demandent son aide. La véritable « cible » de l’auteur de l’agression n’est pas Marc-Antoine, mais Enak. Le jeune homme étant en danger, Alix préfère partir seul à Sakhara, d’où vient l’agresseur, et où il est confronté aux survivants du drame qui a détruit la ville, une chute de météorites. C’est finalement Qaâ, le prophète des ruines de Menkhara, qui permettra à Alix de trouver le moyen d’aider Enak et les survivants, face à ceux qui cherchent à s’accaparer le pouvoir à Sakhara…

Encore une série reprise par de talentueux auteurs après la mort de son créateur. Jacques Martin est mort en 2010, mais, dès le début des années 1990, il avait été contraint par la maladie à former des équipes pour l’aider dans sa tâche. C’est ainsi qu’il est l’auteur des dix-neuf premiers tomes de la série, le scénariste des cinq tomes suivants, et qu’il a pu encore travailler sur le synopsis des quatre albums qui suivront.

Le dessin de ce 43e tome reste fidèle à celui de Jacques Martin, même s’il est, bien sûr, plus moderne que l’original. De la même façon (tout comme pour la série « Blake et Mortimer », d’ailleurs), les longs cartouches explicatifs ont disparu pour laisser place à des cases plus dynamiques. On gagne en facilité de lecture, en fluidité aussi. Le dessin est toujours aussi précis et plutôt réaliste et… c’est beau.

La seule vraie différence, à mes yeux, par rapport aux premiers albums, c’est le traitement des personnages féminins, très rares dans cette série, mais qui, sous le crayon de Jacques Martin, m’ont toujours paru très masculins, justement. Ici, deux personnages féminins se détachent : Cléopâtre, reine d’Egypte, et Kiya, l’une des survivantes de Sakhara, qui aide Alix dans sa mission.

En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette BD, reçue à Noël !


Paru aux éditions Casterman, 2024. - ISBN : 978-2-203-25705-4.


lundi 7 avril 2025

La Végétarienne, de Han Kang


 

Une amie de mon fils, coréenne, m’a offert deux livres de Han Kang, lorsque nous nous sommes rencontrées en janvier. « La Végétarienne » est le premier des deux, et, si je ne connaissais pas du tout cette auteure, j’ai été très agréablement surprise. Si toute son œuvre à à l’image de ce roman, je comprends pourquoi elle a reçu le Prix Nobel en 2024 !

Yonghye se réveille, une nuit, et vide le réfrigérateur de toute la viande qu’il contient. Au grand étonnement de son mari, puis de sa sœur et de ses parents, elle devient végétarienne, mais ne semble pas vouloir s’arrêter sur le chemin du dépouillement. Jusqu’à l’absolu.

Ce qui m’a le plus marquée, c’est la construction du roman en trois parties bien distinctes, toutes écrites à la première personne, mais la personne changeant à chaque fois. La première est écrite du point de vue du mari de Yonghye, la seconde de son beau-frère et la troisième de sa sœur. Trois personnages principaux qui ne sont en réalité que des personnages secondaires, témoins impuissants, fascinés, de la lente descente de Yonghye vers la folie.

Depuis un peu plus de deux ans, je travaille comme aumônier en hôpital psychiatrique. Et le récit dit bien l’incompréhension des proches face à la maladie. Là où la raison, la contrainte, n’ont plus aucune place face à l’angoisse existentielle du patient, qui est plus forte que la peur, même de la mort.

J’ai trouvé ce récit très dur (notamment la deuxième partie) et violent, mais, paradoxalement, cette dureté et cette violence sont décrites avec une grande douceur. Comme si le lecteur entrait avec Yonghye dans un monde cotonneux, presque irréel…

C’est la première fois que je regrette de ne pas pouvoir lire certains livres dans leur langue originale. Si la traduction française est si belle, j’ose espérer qu’elle rend fidèlement la plume de Han Kang. Parce qu’un livre, ce n’est pas qu’une histoire. C’est aussi un style, un univers mental que la traduction trahit toujours, au moins un peu, au moins en partie.

En tout cas, le travail des deux traducteurs, Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot est remarquable. J’ai hâte de lire le deuxième livre de cette magnifique auteure. Quand j’aurai un peu de temps !

Merci Ji-Young, pour cette très belle découverte.


Paru aux éditions LGF, 2016. - (Le Livre de Poche). - ISBN : 978-2-253-06790-0.


mercredi 2 avril 2025

Blake et Mortimer, tome 30 : Signé Olrik, de Yves Sente et André Juillard


Ce nouveau tome de la série « Blake et Mortimer », paru en octobre 2024, m’a été offert par ma fille pour Noël. Joli cadeau, merci ma chérie !

L’album commence à la prison londonienne de Wandsworth, où croupit Olrik. Ce dernier est réveillé par le gardien qui lui annonce l’arrivée de deux co-détenus qui vont désormais partager sa cellule. Les deux hommes viennent des Cornouailles, une région du sud de l’Angleterre, et font partie d’un groupe de fanatiques qui ont largué des tracts au-dessus de Scotland Yard, tracts demandant la libération des « frères patriotes ». Blake est l’un des premiers à avoir l’information et se retrouve très rapidement dans le bureau du colonel Cartwright, directeur de l’Intelligence Service, pour une réunion de crise concernant le Free Cornwall Group et ses revendications.

Parallèlement, Philipp Mortimer termine la présentation de sa nouvelle invention, une excavatrice de poche baptisée « la taupe », qui doit justement être testée en Cornouailles, dans les jours suivants. En effet, depuis la fin de la guerre, le secteur minier de Cornouailles est en plein essor et manque de bras. C’est dans ce contexte que l’Angleterre a fait appel aux travailleurs de ses colonies pour venir travailler sur son sol. L’invention de Mortimer pourrait accélérer le travail de forage, et un nouveau chantier doit prochainement démarrer à cet effet.

Bien entendu, les deux événements (le FCG et la « taupe ») ne vont pas tarder à se rejoindre, avec les trois protagonistes principaux au beau milieu, évidemment. Ajoutez au tableau les landes et le brouillard de Cornouailles, mais aussi un prêtre historien féru de légendes celtiques traditionnelles, et vous obtenez un cocktail détonnant pour une aventure toujours aussi mystérieuse.

Il y a des surprises (à part l’intrigue, bien sûr) dans ce nouvel album. Tous les ingrédients classiques sont réunis : les gentils d’abord un peu dépassés face à des méchants redoutablement organisés et toujours aussi retors, du mystère qui allie technologie, ésotérisme, légendes et croyances populaires, du suspense… jusqu’au bouquet final, qui réserve quelques surprises et un dénouement moins convenu que d’habitude.

Et puis, il y a André Juillard, le dessinateur, scénariste également, mort quelques semaines avant la sortie de son dernier album. Il est connu pour les séries « Les 7 vies de l’Epervier », « Masquerouge », « Plume aux vents », et d’autres albums avant la reprise de « Blake et Mortimer », dont il a illustré huit albums. Un grand auteur s’en est allé...


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2024. - ISBN : 978-2-8709-7309-7.



mercredi 29 janvier 2025

Blake et Mortimer, tome 29 : Huit heures à Berlin, de José-Louis Bocquet, Jean-Luc Fromental et Antoine Aubin


Changement de décor pour ce vingt-neuvième album. On est en 1963, en pleine guerre froide. Mortimer est appelé dans l’Oural par l’une de ses amies archéologues pour une découverte qui semble majeure : l’antique cité d’Arkaïm. Seulement les fouilles révèlent rapidement quelque chose de plus insolite que de vieilles pierres, et Mortimer se trouve embarqué dans une étrange aventure qui, par la suite, s’avère étendre ses ramifications jusqu’en occident.

Blake, de son côté, est maintenant le chef des services de contre-espionnage militaire et est chargé d’une mission top secrète, dénommée « Prince », qui doit l’emmener en Allemagne, au moment même où Mortimer doit partir pour l’Oural. Les deux amis se séparent donc, ignorant chacun ce que l’autre va devoir affronter.

Et pourtant, ils vont se revoir bien plus vite que ce qu’ils avaient prévu, à Berlin. Et ils n’y seront pas seuls : leur ennemi de toujours, Olrik, est lui aussi dans la capitale Est-Allemande. Et ce n’est pas une bonne nouvelle, comme d’habitude, pour le monde.

J’ai particulièrement aimé cet album. Sans doute parce qu’il me ramène non pas à une époque que j’ai connue (je suis un peu trop jeune tout de même pour avoir connu l’année 1963), mais à des événements qui ont réellement existé et qui ont été la toile de fond de mon enfance : le Mur de Berlin, la Guerre Froide… J’ai, pour ma part, suivi non pas la construction, mais la destruction du Mur. Toutes ces images ont donc un fort écho en moi et me parlent davantage que celles des années 40 ou 50.

Ce que j’aime bien, dans la bande dessinée, c’est que l’imagination des auteurs permet de faire surgir la Grande Histoire dans la petite. Et c’est le cas ici. Globalement, les derniers albums de la série font intervenir des personnages historiques réels (mais je ne dirai rien ici de celui dont il est question, histoire de ne rien dévoiler à ceux qui n’auraient pas encore lu cet album) et intègrent les personnages fictifs dans des scénarii qui, comme c’est le cas ici, auraient peut-être pu être plausibles. La fiction a ceci de beau qu’elle permet tout, y compris d’imaginer des fins alternatives à des événements de l’Histoire, celle qui a réellement eu lieu. Et dont, d’ailleurs, on ne connaît sans doute pas tous les tenants et aboutissants.

Ce vingt-neuvième album est donc un bon cru, là encore, même s’il s’éloigne quelque peu des codes de la série : en situant l’action dans le temps, par exemple, les auteurs prennent des libertés avec la série originelle, qui, si elle était située au vingtième siècle, n’avait pourtant pas d’ancrage historique assez précis pour être rattachée à des événements particuliers de la grande Histoire.

On peut aussi lire cet album (ainsi que le précédent, d’ailleurs, qui présente la même caractéristique) comme une sorte d’hommage à ces personnages historiques… et au rôle qu’ils ont tenu dans l’Histoire.


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2022. ISBN : 978-2-8709-7236-6.

mercredi 22 janvier 2025

Blake et Mortimer, tome 28 : Le Dernier Espadon, de Jean Van Hamme, Teun Berserik et Peter van Dongen

 

Un an après « Le Cri du Moloch » paraît « Le Dernier Espadon », toujours dans la série Blake et Mortimer. Et comme j’avais quelques épisodes de retard, mon mari a jugé bon de combler les manques pour les fêtes de Noël. Le tome 28 fait donc partie du lot que j’ai reçu en cadeau, et franchement, j’ai de loin préféré cet album au précédent.

L’intrigue se passe en janvier 1948. L’Angleterre sort de la guerre, Georges VI est roi d’Angleterre (dans « Le Cri du Moloch », le souverain était la reine Elisabeth II), et le pays est confronté à des hommes sans scrupules qui n’hésitent pas à fomenter des complots contre Sa Majesté, quitte, pour cela, à s’allier à d’autres ennemis du roi (les ennemis de leurs ennemis semblent donc être leurs amis…).

Un haut gradé, chargé d’une mission secrète au Moyen Orient est assassiné au cours de son trajet vers l’aéroport. Il est remplacé par un homme visiblement sans scrupules, qui a donc pour mission de mener la tâche du Major à bien, mais pour le compte d’une puissance étrangère, cela va sans dire (mais, dans ces affaires d’espionnage, il vaut parfois mieux préciser un peu, sinon, on risque de se perdre en cours de route).

Un peu plus tard, l’un des complices du faux major accueille clandestinement sur le sol britannique un Allemand, haut gradé lui aussi, et l’emmène dans une cache où ses deux fils vont prendre soin de leur hôte. Il faut dire que ce complice, Miligan, est un irlandais membre de l’IRA. Et l’Allemand est un nazi qui, semble-t-il, n’a pas renoncé au projet de domination du monde d’Hitler, même si le « Führer » est bel et bien mort et enterré.

De son côté, Mortimer se rend avec Nazir à Makran, l’ancienne base secrète. En effet, celle-ci doit être évacuée et désaffectée et Mortimer y a été appelé afin d’assurer l’évacuation des cinq Espadons qui y sont toujours. En effet, ceux-ci ne peuvent démarrer qu’à l’aide d’un code, et Mortimer est le seul à connaître les cinq codes, chacun d’eux étant différent et connu, en plus de Mortimer, que par le pilote qui en avait la charge. Pour des raisons de sécurité, Mortimer, qui est le seul (puisque c’est lui qui les a construits) à savoir les changer, est chargé de cette mission, afin de s’assurer que les Espadons ne tomberont pas dans des mains ennemies et que, si cela arrivait malgré tout, les ennemis en question ne puissent pas utiliser ces armes redoutables contre les Britanniques.

Tel est le point de départ de cette bande dessinée qui ramène le lecteur aux débuts de la saga imaginée par Edgar P. Jacobs. De nombreux éléments des tous premiers albums sont ainsi repris, ainsi que les codes qui ont fait la renommée de la série. Ici, une fois de plus, c’est ni plus, ni moins que la sécurité du monde occidental qui est menacée.

Cet album m’a davantage plu que le précédent, je l’ai déjà dit : l’action y est plus claire, plus conforme aux débuts de la série, avec toutefois cette touche de modernité qui le différencie bien des albums originaux. Un bon cru, je trouve !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2021. ISBN : 978-2-8709-7285-4.



lundi 20 janvier 2025

Le Sourire des cloches de Nagasaki, de Makoto Nagai

 

 

Makoto Nagai était un enfant de dix ans en 1945. Fils de Takashi et de Midori Nagai, il a échappé, ainsi que sa petite sœur Kayano, 4 ans à ce moment-là, au sort de ses parents, lors du bombardement atomique à Nagasaki, le 9 août.

Ce jour-là, il était chez sa grand-mère, dans les montagnes. Sa mère, Midori, est morte instantanément lors de l’explosion de la bombe, elle était dans leur maison d’Urakami, le quartier chrétien de Nagasaki, épicentre de la déflagration. Son mari ne retrouvera, le 12 août, que quelques os et son chapelet.

Takashi était, lui à l’hôpital. Médecin radiologiste, il venait d’apprendre qu’il était atteint d’une leucémie et qu’il n’avait plus que quelques mois à vivre. Protégé par les murs de béton de l’hôpital, mais très fortement irradié, il est mort en mai 1951, soit presque six ans après son épouse.

Ce récit est celui de Makoto, leur fils de 10 ans. J’ai été captivée par cette histoire, racontée à hauteur d’enfant. La tristesse de la mort de sa mère, mêlée à la joie de retrouver son père au bout de plusieurs jours, l’accompagnement quotidien dans l’évolution de la maladie… les enfants grandissent, prennent soin de leur père, vivent avec lui le début de la renaissance de Nagasaki, puis la mort douloureuse de Takashi et l’inquiétude pour l’avenir.

Rien de glauque ou de malsain dans ce récit. Aucun pathos, mais la réalité quotidienne de la souffrance et de la mort, la générosité des parents proches, voire de parfaits inconnus, touchés par les récits de Takashi qui, pendant les presque six ans de répit après l’explosion, n’a cessé d’écrire pour témoigner de son vécu, afin que plus jamais pareil chose n’arrive. Mais le vrai bénéfice, le vrai message de Takashi, c’est surtout l’absence de haine envers ceux qui ont largué cette bombe.

Dans un autre livre, « Requiem pour Nagasaki », racontant la vie du père de Makoto bien plus en détails, j’ai retenu cette phrase :

« Hiroshima crie ;

Nagasaki prie. »

Tout est dit… l’espérance chrétienne a permis à la ville martyre de Nagasaki de ne pas sombrer dans la haine ; Et c’est en partie grâce au témoignage de vie, de courage et de foi de Takashi Nagai.


Paru aux éditions Nouvelle Cité, 2024. - ISBN : 972-2-37582-666-9.