samedi 26 octobre 2024

Libre réponse à Michel Onfray : non, le Christ n'est pas un mythe, de Matthieu Lavagna


 

Michel Onfray a publié ces dernières années plusieurs ouvrages où il prétend démontrer que le Christ est une invention, un mythe construit de toutes pièces : Traité d’athéologie (2005), Décadence, vie et mort du judéo-christianisme (2017), Anima (2023) et Théorie de Jésus, biographie d’une idée (2023). Pour lui, Jésus n’a jamais existé… Dans ses livres, il dit aussi un nombre assez dingue de choses absurdes : le christianisme serait à l’origine du nazisme, Pie XII, bien sûr, aurait été favorable à Hitler, d’ailleurs, Hitler aurait été chrétien, Saint Paul serait misogyne et névrosé, l’Église serait à l’origine de l’ethnocide et serait aussi contre la science, le christianisme serait quant à lui favorable à l’esclavage, Jean-Paul II aurait défendu le génocide rwandais, les Évangiles seraient antisémites, sans parler bien sûr, des tartes à la crème habituelles que sont l’Inquisition, les Croisades et Galilée…

En gros, selon Michel Onfray, l’Église, le Christ, Saint Paul et le christianisme seraient responsables des pires maux de notre monde.

Sauf que… tout cela est factuellement faux. Et pas qu’un peu d’ailleurs. La démonstration de Matthieu Lavagna, apologète catholique, philosophe et théologien, est éclairante. L’auteur reprend, un à un, chacun des « arguments » (et je mets des guillemets parce que certains de ces « arguments » n’en sont vraiment pas, tant ils sont peu étayés) et il démontre en quoi ces « arguments » sont faux, biaisés, voire absurdes. Et même pétris de mauvaise foi.

En réalité, Michel Onfray est fondamentalement athée, et surtout anti-chrétien (et il en a tout à fait le droit, là n’est pas le problème). Pour justifier sa hargne contre le catholicisme en particulier, il assène des arguments absurdes qui prouvent uniquement qu’il n’a pas lu les textes évangéliques, d’une part, mais aussi qu’il ignore totalement une bonne partie des faits historiques qui concernent le christianisme et il utilise les faits et les sources (quand il les mentionne) uniquement dans le sens qui confirme sa thèse, en omettant volontairement tout ce qui pourrait l’infirmer… Pour l’honnêteté financière, on repassera.

Alors « non, le Christ n’est pas un mythe » , pour ne parler que de ce fait, sans entrer dans le détail de toutes les contre-vérités assénées par Michel Onfray, oui, Jésus a bel et bien existé. D’ailleurs, aucun historien sérieux, qu’il soit croyant ou non, ne remet aujourd’hui son existence historique en question. Un chiffre m’a marquée : il existe pas moins de 42 sources scripturaires indépendantes, chrétiennes ou non chrétiennes, attestant de l’existence de Jésus et datant des premiers siècles du christianisme. Pour Jules César, on dispose de 5 sources uniquement, dont « La Guerre des Gaules ». Et pourtant, personne ne remet en question l’existence de Jules César…

Cet ouvrage de Matthieu Lavagna est d’autant plus nécessaire que Michel Onfray écume les plateaux de télévision pour répandre la bonne parole de l’idéologie mythiste. Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Le Christ a bel et bien existé, c’est un fait démontré historiquement sur lequel il n’y a pas lieu de revenir. Dire le contraire relève de l’ignorance et de la mauvaise foi. Quant à savoir si Jésus était ou est le fils de Dieu, et Dieu lui-même, ça c’est, justement, du domaine de la foi. Et là, on n’est pas du tout oblité d’y croire.


Paru aux éditions Artège et 1000 raisons de croire, 2024. ISBN : 979-10-336-1495-1.

samedi 19 octobre 2024

Harry Potter, tome 7 : Harry Potter et les Reliques de la Mort, de J. K. Rowling


Harry vient d'avoir 17 ans. Ou plutôt, au moment où le dernier tome de la saga commence, il est sur le point d'avoir 17 ans. 17 ans, chez les sorciers, c'est l'âge de la majorité. C'est aussi la dernière année de formation à Poudlard et le moment où Harry devient un sorcier à part entière, où il peut faire de la magie sans avoir le Ministère de la Magie sur le dos... Sauf que les choses ont changé depuis la mort de Dumbledore.

Cette année, Harry ne retourne pas à l'école : Dumbledore, avant de mourir, lui a confié une mission qu'il doit mener en secret avec Ron et Hermione pour seule aide. Il s’agit pour eux de trouver et détruire les Horcruxes dans lesquels Voldemort a caché des morceaux de son âme.

Par ailleurs, Voldemort et les Mangemorts à sa solde ont pris le pouvoir dans le monde des sorciers. Ils se sont rendus maîtres du Ministère de la magie et c’est Severus Rogue qui a pris la direction de Pudlard. Dans le nouveau monde tel que voulu par Voldemort, les « Sangs-Purs ne sont pas inquiétés, mais les autres, en particulier les « Nés Moldus », comme Hermione, sont impitoyablement pourchassés et emprisonnés, s’ils ne sont pas tués avant. Mais les « Sang-Mêlés » et les « Sangs-Purs » comme les Weasley qui viendraient en aide aux « Nés Moldus » sont, bien sûr, considérés comme des traîtres à leur sang et subissent le même sort. Les trois jeunes sorciers sont donc contraints à la clandestinités, pour pouvoir mener à bien leur quête.

Plus qu’une simple collecte d’objets – et le moyen de les détruire -, cette dernière mission est aussi, et surtout, une sorte de rite de passage vers l’âge adulte pour Harry et ses deux amis. Au fil des pages, le lecteur les suit et les voit affronter de multiples épreuves qui, toutes, leur permettent de grandir. Grandir en intelligence, en courage et en sagesse, bien sûr, mais aussi apprendre et renforcer leur confiance mutuelle. Plus que tout, cette dernière mission permet à Harry de vivre et de comprendre le sens du mot « sacrifice ».

Si ce dernier tome est aussi le plus noir de la saga, il recèle des moments lumineux où Harry se révèle être, pour qui parvient un tant soit peu à lire entre les ligues, une magistrale figure christique. J. K. Rowling est de confession chrétienne, et cela se sent, c’est même particulièrement évident ici.

Je n’irai pas plus loin : je dois être l’une des dernière qui n’avait pas encore lu cette saga en entier avant ce jour. Entre les livres et les films qui en ont été tirés, l’histoire elle-même est bien connue. Au sujet des films, d’ailleurs, ils suivent, eux aussi, la progression de plus en plus noire des romans. Et, comme toute adaptation, prennent des libertés certaines avec l’œuvre originale. C’est le cas en particulier du 8e opus, qui relate la seconde moitié du tome 7, avec le combat de Poudlard. Le parti-pris du film est quelque peu différent de celui du livre, et fonctionne très bien aussi à l’écran. Le livre, tout en étant moins spectaculaire (forcément ! ), me semble malgré tout avoir une force symbolique plus grande. C’est sans doute une question d’interprétation…

En tout as, cette saga peut se lire à tout âge, même si elle est estampillée « Jeunesse ». Le jeune lecteur sera emballé par le souffle épique qui se dégage des sept volumes tandis que le lecteur plus mâture y trouvera matière à réflexion sur le don de soi, l’amour inconditionnel, la confiance et le pardon...


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2008 (Folio Junior). ISBN : 978-2-07-061537-7

samedi 21 septembre 2024

En mon corps meurtri : Chemins de résilience, de Jérôme Guillement

 


Jérôme Guillement fait partie de ces innombrables enfants qui ont été abusés sexuellement durant leur enfance. Et circonstances aggravantes pour l’auteur des abus : il était prêtre. Il n’était pas seul, car Jérôme a aussi été abusé par des camarades de classes, mais ceux=ci étaient mineurs. Cela n’excuse rien, mais le problème ne se pose pas dans les mêmes termes dans ce second cas d’abus.

Pour ce qui est du prêtre, la responsabilité est énorme : il fait partie, normalement, de ces figures de confiance auxquelles les parents confient leurs enfants sans problème, en toute confiance, justement. Et là, cette confiance a été trahie. Mais les parents de Guillaume n’en sauront rien avant que ce dernier ne décide de lever le secret, suite à une retraite dans une abbaye où sa rencontre avec un moine sera décisive dans son cheminement vers la lumière.

Ce livre aurait pu être un énième témoignage à charge contre ces prêtres abuseurs. Ces témoignages sont essentiels, tant pour permettre la levée du secret que pour qu’une reconstruction soit possible pour l’enfant abusé, la plupart du temps devenu adulte. Je pensais trouver dans ce livre la rage, la colère, le désespoir face aux actes dont l’auteur a été victime.

Mais non. Pas de règlement de comptes, ici, mais la description – tortueuse, comme l’a été le cheminement de l’auteur – des démarches et recherches qui lui ont permis de sortir du déni, du secret et de la honte. Ce livre décrit non seulement les abus, mais aussi les effets sur la santé, sur le corps de Jérôme. Ce corps qui a gardé en mémoire la moindre trace de ce que l’enfant avait subi et mis volontairement de côté. Quand le mal subi est caché, quand il est volontairement mis sous le tapis, quand il n’est pas révélé, exprimé verbalement, alors il faut au corps trouver un autre moyen de l’exprimer. C’est exactement ce qui est arrivé à Jérôme et qui le conduira à consulter d’innombrables thérapeutes pour « aller mieux ».

Le « mieux » passe par la révélation des abus, mais aussi par la confrontation avec l’évêque de son diocèse qui, enfin, parce que la CIASE est passée par là, écoute cette jeune victime d’un prêtre diocésain, mort depuis quelques années au moment où Jérôme révèle son secret.

J’ai été frappée par le ton employé par l’auteur de l’ouvrage. Le récit est sobre, dur dans la description des faits comme dans les conséquences physiologiques et psychologiques des abus, mais il n’y a pas de déferlement de colère ou de haine. Simplement un cheminement, durant lequel le lecteur peut sentir l’apaisement progressif qui va de pair avec l’avancement dans le processus de guérison. Car il s’agit bien de ça : Jérôme s’est construit avec cette blessure profonde, son corps a manifesté des dysfonctionnements importants suite à ces abus, mais le jeune homme s’en « sort » malgré tout, moyennant des recherches multiples dans des directions non moins nombreuses : psychanalyse, psychothérapie, aromathérapie et autres font partie de son arsenal thérapeutique qui lui ont permis d’aller mieux.

Aujourd’hui, il a changé de métier. Après avoir travaillé dans le monde de l’imprimerie, il exerce comme psycho-praticien d’orientation Jungienne. Il est toujours engagé dans la vie chrétienne, en tant qu’organiste et choriste, preuve qu’il est possible, même quand on a subi l’innommable, de parvenir à faire la part des choses et de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Jérôme a été victime du vice d’un homme, et a ensuite pu être soutenu tant par sa famille que par l’Église qui a permis – tardivement, certes, mais a permis tout de même – un chemin de résilience et de réparation.

Puisse ce livre en aider d’autres : qu’ils puissent y apprendre que le chemin, s’il est long, tortueux et délicat, n’en est pas moins possible et peut les guider vers la lumière.


Paru aux éditions Nouvelle Cité, 2023. ISBN : 978-2-37582-540-2.

mardi 10 septembre 2024

Le Crépuscule et l'aube, de Ken Follett


 

Dans le sud de l’Angleterre, au tournant du premier millénaire de notre ère, le jeune Edgar, fils surdoué du charpentier de marine de la ville de Combe, voit sa vie, ses projets, sa famille voler en éclats au moment de l’attaque de la petite ville par une horde de Vikings. Contraints de quitter Combe dévastée, Edgar, ses deux frères et leur mère arrivent sans rien à Dreng’s Ferry où, très vite, ils vont être confrontés à Dreng, le tavernier et chef du hameau, cousin de l’ealdorman – c’est-à-dire le seigneur – du comté.

Aldred, jeune moine de la ville de Shiring, chef-lieu du comté, arrive quant à lui à Cherbourg où il est venu chercher des livres pour la bibliothèque du monastère. Intelligent et érudit, il ne plaît pas à tous ses frères moines, en particulier à cause de ses prises de position envers l’évêque du lieu, Wynstan, frère de l’ealdorman. Il rencontre à Cherbourg la jeune Ragna, fille du Comte Hubert. Belle et intelligente, fine stratège et diplomate, cette dernière tombe amoureuse de l’ealdorman Wilwulf, venu négocier avec Hubert une alliance afin d’empêcher les vikings de s’en prendre aux anglais.

Ces trois personnages sont au cœur d’un récit de mille pages, situé au milieu du Moyen-Âge. La couverture du livre indique « Avant les Piliers de la Terre », en référence à un autre roman de Ken Follett, écrit en 1989 et situé, lui, au temps des bâtisseurs de cathédrales, c’est-à-dire plutôt aux XIIe – XIIIe siècles, au tournant de l’art roman et de l’art gothique. Le trio est très rapidement aux prises avec la famille de Wilwulf, sa mère et ses deux demi-frères en particulier, pris dans des luttes de pouvoir, d’influence et de richesses. Corruption, violence, agressions, trahisons… tout est bon pour maintenir les prérogatives des puissants, y compris s’il le faut, pour cela, faire fi de la justice, dont l’ealdorman est pourtant le garant sur ses terres.

Du point de vue historique, je ne sais pas vraiment ce que vaut ce roman. Les sources architecturales et textuelles manquent pour cette période de l’An Mil, des deux côtés de la Manche, et on ne peut que faire des suppositions sur bon nombre d’aspects de la vie à ce moment-là. Il semble que la période était moins noire que ce qu’en a retenu l’imaginaire collectif. Loin d’être une ère marquée par l’obscurantisme, on sait aujourd’hui, au contraire, que le Moyen-Âge était une période riche dans les domaines de l’art, des échanges culturels et linguistiques ; c’est la période de la naissance et du développement des universités, des échanges commerciaux, des premières grandes découvertes, de l’art roman, puis gothique…

Mais le Moyen-Âge couvre mille ans de l’histoire de l’Europe et c’est aussi une période qui a connu invastions, épidémies, pauvreté, reculs civilisationnels périodiques, guerres pour le contrôle et l’extension des territoires… On laissera donc le bénéfice du doute à l’auteur pour ce qui est des aspects historiques du roman.

Du point de vue littéraire et romanesque, maintenant, c’est du Ken Follett. Et, tout comme dans « Les Piliers de la Terre », ce que l’auteur décrit est souvent cru, sale, violent. Mais, hormis ce petit bémol (qui n’est pas gratuit et sert l’histoire), l’intrigue est bien construite, haletante et pleine de rebondissements. J’ai eu du mal, le soir, durant cette lecture, à lâcher le livre et à éteindre la lumière. On s’attache très vite aux personnages principaux et, sur un tel nombre de pages, on apprend à les connaître, eux et ceux qui les entourent : amis, serviteurs, esclaves, enfants, ennemis, traîtres, simples « idiots utiles »… Ce roman, tout comme d’autres du même auteur, est construit comme une fresque avec de multiples personnages qui redonnent vie à une époque (réelle ou fantasmée) disparue.

Vous l’aurez compris, j’ai été captivée par ce roman, même si je lui ai préféré la trilogie « Le Siècle », plus proche de nous d’un point de vue historique. C’est donc un bon cru, mais, compte-tenu de la violence qu’il décrit, il est à mettre exclusivement entre des mains adultes.


Paru aux éditions LGF, 2021 (Le Livre de Poche). - ISBN : 978-2-253-07155-6.

lundi 29 juillet 2024

Harry Potter, tome 6 : Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, de J. K. Rowling

Ça n'aura pas échappé aux lecteurs de ce blog, je poursuis ma lecture de la saga de J. K. Rowling (enfin, me direz-vous ! Et vous aurez raison). Dans ce sixième tome des aventure de Harry, Ron et Hermione, on retrouve les trois jeunes gens, juste avant leur rentée en sixième année à l'école des sorciers de Poudlard. Mais, contrairement à ce qui se passe d'habitude, cette année, c'est Dumbledore lui-même, directeur de Poudlard, qui vient chercher Harry chez les Dursley. Il a une mission à lui confier, mission que Harry réussit sans vraiment s'en rendre compte, et sans réellement comprendre ni comment, ni pourquoi d'ailleurs.

Par la suite, Dumbledore décide de lui donner des cours particuliers dans son bureau, cours qui se répèteront à intervalles plus ou moins réguliers, au gré des absences et des retours du directeur dans l'enceinte du château. Il faut dire que la situation à Poudlard s'est sérieusement détériorée à l'école des sorciers depuis la fin de l'année scolaire précédente et le combat qui a eu lieu au Ministère de la Magie entre Dumbledore et Lord Voldemort, en présence de Harry. Bref, la situation est compliquée, les élèves sont susceptibles d'être en danger, au point que certains parents prennent la décision de retirer leurs enfants de l'école...

Harry et ses amis Hermione et Ron commencent donc leur avant-dernière année à Poudlard avec certaines menaces pesant sur eux et sur les autres élèves. Menace diffuse mais bien réelle, quand une élève est victime d'un sortilège qui la mènera à passer le plus clair de l'année à l'hôpital Ste Mangouste, un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies et atteintes magiques. Dumbledore, bien qu'absent assez régulièrement de l'école, n'est pas en reste concernant les mystères qui émaillent la vie à Poudlard et, pour la première fois depuis son entrée à l'école, il commence à transmettre Harry son savoir et lui donne d'étranges cours qui ont tous pour objet de le plonger dans le passé de Tom Jedusor, ancien élève de l'école lui aussi, plus connu sous le nom qu'il s'est choisi, celui de Voldemort.

Mais le danger ne vient pas que de lui : un ennemi intérieur, installé dans le château, prépare en secret une action dont le lecteur n’apprendra que dans les dernières pages quel en est l’objet. Harry a tôt fait de démasquer le coupable et soupçonne certaines complicités…

Ce sixième tome s’inscrit bien plus dans la suite du précédent que ne le faisaient les premiers. On pouvait presque les lire indépendamment, mais là, il s’agit d’une suite qui monte crescendo dans la noirceur. L’intrigue se « corse », les plans des « amis » (ou plutôt des alliés) de Voldemort se précisent et le filet se resserre autour des sorciers du « camp du bien ».

J’ai été captivée par la lecture de ce volume. La lecture est facile, malgré les mots inventés par l’auteur pour désigner certaines réalités du monde des sorciers. C’est vrai qu’au bout de 6 tomes, il faudrait être idiot pour ne pas comprendre ce langage ! Certaines longueurs sont toutefois un peu pénibles mais avec le recul, elles servent le récit plutôt bien. On aimerait juste en savoir un peu plus plus rapidement : la personnalité du « Prince de Sang-Mêlé », par exemple, arrive vraiment très tardivement dans le récit, au point de m’avoir donné l’impression d’être tombée comme un cheveu sur la soupe, une révélation faite en passant, comme ça, l’air de rien…

Un bon « cru » malgré tout, qui a le mérite de mettre en place tous les éléments de l’intrigue du dernier volume de la saga, que je vais m’empresser de lire (mais pas tout de suite : un autre roman, pour adultes, cette fois, est en cours et semble prometteur!)


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse (Folio Junior), 2007. ISBN : 978-2-07-061241-3.

samedi 13 juillet 2024

Père Elijah, une Apocalypse, de Michael D. O'Brien

 


De Michael D. O'Brien, j'avais déjà lu un autre ouvrage, « Une île au cœur du monde », que j’avais trouvé magnifique. Dans un tout autre style, celui du thriller religieux, ce roman m’a tout simplement scotchée. Impossible de le laisser tomber. C’est d’ailleurs avec ce roman que je me suis remise à lire très régulièrement, ce que je ne faisais plus depuis quelques temps (et aussi avec Harry Potter, il faut bien le dire).

Le Père Elijah, moine carme et ancien homme politique israélien converti au catholicisme et rescapé de la Shoah, est appelé à Rome où le Pape lui confie une mission délicate et périlleuse. Il s’agit d’entrer en contact avec le Président, un homme extrêmement influent, perçu par le monde entier comme bienveillant, mais à l’égard duquel l’Église, non sans raisons, émet de sérieuses réserves. Le récit montre à quel point elles étaient fondées… Le déchainement des forces mauvaises illustre extrêmement bien le combat qui oppose, dans le monde invisible, les forces du bien et celles du mal. Ce combat, dans la spiritualité chrétienne, s’appelle le « combat spirituel », et il est tout à fait réel.

Le roman est foisonnant. Extrêmement bien construit, complexe, il lance le lecteur à la suite du Père Elijah dans ses pérégrinations, ses rencontres, ses doutes et ses tourments, ses questionnements aussi…

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, parce qu’il donne une vision très juste du christianisme et des exigences de la vie chrétienne. Les Écritures sont respectées, il n’y a pas d’arrangements avec elles parce que ça conviendrait mieux à l’intrigue. Le Père Elijah est une sorte de prototype du chrétien qui a bien compris sa foi et les exigences qu’elle implique dans sa vie personnelle et sa vie de foi. Le livre n’épargne pas le lecteur et le met face à la question du mal, du péché, du doute, mais aussi de la lumière du Christ, de l’importance de la hiérarchie catholique. On y entrevoit son fonctionnement, mais aussi les erreurs humaines qui gangrènent l’institution. C’est du très, très bon roman.

L’intrigue se déroule en deux parties, et je n’ai pas encore lu la seconde, où l’on retrouve le Père Elijah à Jérusalem. A suivre, donc !


Paru aux éditions Salvator, 2022. ISBN : 978-2-7067-2274-5.

samedi 6 juillet 2024

Choisis la vie !, de Timothy Radcliffe


Dominicain, Timothy Radcliffe est connu dans le petit monde catho pour ses écrits spirituels, sa profondeur et son humour. Je n’avais jamais rien lu de lui, aussi ai-je décidé de m’y atteler. En commençant par cet ouvrage, parce que le titre me plaisait bien : « Choisis la vie », c’est une des exhortations du Nouveau Testament, une des promesses de Jésus à ceux qui croient en lui également : la vie dont il est question ici n’est rien d’autre que la Vie éternelle. Beau programme pour un croyant.

J’ai eu beaucoup de mal avec cet ouvrage, plus difficile d’accès que je n’aurais cru en l’ouvrant. Pourtant, le concept est plutôt bien trouvé : « Le défi majeur d’aujourd’hui n’est pas la sécularisation, mais sa banalité. Comment, dès lors, le christianisme peut-il toucher l’imagination de nos contemporains ? Romanciers, poètes, cinéastes savent dire à la fois la grandeur et la confusion de nos existences. Ils sont nos alliés pour ressaisir autrement l’Évangile », annonce la 4e de couverture. Et de fait, cet ouvrage regorge de citations, d’extraits de poèmes ou de romans, de récits de scènes de films qui illustrent très bien les différents aspects du christianisme.

Construit en quatre parties (« Imaginaire », « En route », « Enseigner » et « La vie ressuscitée »), cet essai part de la vie de Jésus et des récits des Évangiles pour, après des incursions diverses dans le monde littéraire, cinématographique, poétique… le monde de l’art et de la culture en général, actualiser ces textes vieux de 2000 ans et pour nous redire combien ils sont adaptés encore à nos vies d’aujourd’hui.

Si j’ai eu du mal, c’est parce qu’il s’agit malgré tout d’une lecture érudite et exigeante, qui nécessite donc de la concentration, et non pas une lecture du soir, avant de se coucher, quand on a l’esprit brumeux après une journée de travail.

J’en retire, aujourd’hui, plusieurs semaines après l’avoir terminé, l’idée générale que Dieu, à travers la foi, nous accompagne au quotidien, dans tous les aspects de nos vies. Loin d’être un Dieu lointain, sourd à nos prières, il est présent au quotidien, au plus près de ce que nous vivons. La Parole de Dieu est vivante en ce sens qu’elle nous « parle » chaque jour. En ce sens, St Jean a raison, dans son prologue, de dire « Le Verbe s’est fait chair ». Le Verbe, c’est la Parole de Dieu, cette parole vivante qui s’abaisse jusqu’à devenir l’un de nous, vrai homme tout en étant vrai Dieu. Parce que Dieu a voulu se faire proche de nous, il a pris notre condition humaine et s’est fait l’un de nous. Il a donc vécu ce que nous vivons. Sa Parole, transmise à travers les Évangiles, mais vécue encore aujourd’hui, a donc quelque chose à nous dire. A nous d’ouvrir le livre.


Paru aux éditions du Cerf, 2020. ISBN : 978-2-204-13472-9.