J'ai lu « Les Piliers de la Terre » durant l'année 1999. J'étais tombée sur ce roman de Ken Follett dans une librairie, à une époque où je ne connaissais pas du tout cet auteur. Avant ce blog, avant même que j'aie accès à internet depuis chez moi. Depuis, j'ai lu beaucoup de livres de cet auteur, et je suis vraiment fan, même si parfois, le langage est assez « cru », si vous voyez ce que je veux dire.
Quand cet été, au Mont Saint-Michel où nous passions nos vacances avec ma famille, je suis tombée sur cette bande dessinée, j'ai un peu halluciné, parce que je ne savais pas qu'une adaptation de ce roman avait été faite. Un peu comme pour « Le Nom de la Rose » d'Umberto Eco, j'ai directement acheté les deux tomes disponibles et j'ai enfin pris le temps de lire le premier.
Et je ne suis pas déçue.
L'adaptation de Didier Alcante et Steven Dupré est magnifique, visuellement. Les dessins sont somptueux, alliant les classique cases de bande dessinée et des illustrations en pleine page faisant la part belle à l'architecture, aux décors, à la cathédrale en particulier. Il faut dire que cette cathédrale, même si ce n'est pas encore le cas dans le premier tome, est le personnage principal du roman. Et que, tout comme le roman a nécessité pour Follett d'amples recherches historiques, la bande dessinée a aussi nécessité, pour les auteurs, des recherches approfondies pour restituer l'ambiance et les décors possibles de l'Angleterre du début du XIIe siècle.
L'histoire commence en mer, par un naufrage, où l'on apprend que l'héritier du roi d'Angleterre a péri. Puis, focus sur une ville où un homme est pendu. Une jeune femme enceinte s'approche et maudit tous ceux qui ont ordonné l'exécution. Sur la double page suivante, on découvre Earlscastel, le fief du comte de Shiring, où Aliéna, la fille du Comte Bartholomew, refuse d'épouser William Hamleigh qui espère de ce mariage la possibilité de monter dans l'échelle sociale, la jeune Aliéna étant d'un rang supérieur au sien dans la noblesse anglaise. Enfin, le lecteur découvre Tom, avec sa famille, sa femme Agnès, enceinte, et leurs enfants Alfred et Martha. Tom est bâtisseur, et il a un rêve : bâtir une cathédrale. Il a déjà travaillé sur un tel chantier, mais celui-ci a été arrêté faute d'argent. Depuis dix ans, Tom parcourt le pays et vit pauvrement, en offrant ses bras d'un petit chantier à un autre, avec toute sa famille. Le chantier actuel est celui de la future maison de William Hamleigh. Sauf que ce dernier vient brutalement y mettre fin, son mariage étant tombé à l'eau.
Voici le point de départ de cette histoire monumentale, comme l'est un chantier de cathédrale. Les choses sont en place : un chantier à trouver, une famille en difficulté, une malédiction, une crise de succession et un bébé qui doit venir au monde. On est au cœur du comté de Shiring et très bientôt, les choses vont se gâter pour Tom et sa famille, pris dans des enjeux de pouvoir où plusieurs groupes s'affrontent et défendent leurs intérêts, depuis les plus « nobles » jusqu'aux plus faibles, en passant par tous ceux qui, tels les moines de l'histoire dont nous n'avons pas encore parlé, dépendent tous d'un plus « grand » qu'eux-mêmes. Les moines de la communauté de Kingsbridge, justement, viennent de perdre leur prieur. Le responsable d'une petite communauté qui est rattachée à Kingsbridge, le frère Philip, est envoyé par son frère auprès de l'évêque pour lui porter un message. Ce message est important, car il est à même de modifier substantiellement la vie du prieuré et de l’Église du sud du Comté de Shiring. Encore une histoire de pouvoir et d'enjeux politiques...
Encore une fois, l'adaptation est brillante, magnifique. Même l'objet lui-même est beau : le récit s'étale sur 96 pages de beau papier épais, sans compter la préface et la postface. Le format est un peu plus grand que celui d'une bande dessinée classique, permettant au lecteur de savourer les images. Si vous ne connaissez pas encore cette adaptation du roman phare de Ken Follett, foncez, le premier tome vaut vraiment le détour. Et, petite cerise sur le gâteau, sans trahir l'esprit du livre, il s'agit de la vision personnelle d'Alcante, ce qui fait de cette bande dessinée une œuvre à part entière, et non pas une simple mise en image du roman de Follett. Et c'est réjouissant.
Paru aux éditions Glénat et Robert Laffont, 2023. - ISBN : 978-2-344-04327-1/006.






