mercredi 28 août 2019

Congo 1905 – Le Rapport Brazza : Le premier secret d’État de la « Françafrique », de Vincent Bailly et Tristan Thil.




Je suis tombée un peu par hasard sur cette bande dessinée, tout simplement chez mon libraire préféré. J'ai d'abord été un peu freinée par le graphisme particulier, auquel je ne suis pas habituée. Ceci dit, je m'y suis faite sans problème et j'ai pu rentrer dans le récit sans souci.

Aux tous premiers temps du XXe siècle, le bassin du Congo est le théâtre de tensions croissantes, dont la presse se fait l'écho en France. Des crimes horribles sont commis envers les populations autochtones. Ces révélations sont un vrai choc pour l'opinion, à tel point qu'une mission d'enquête est envoyée au Congo, sous la direction d'un explorateur à la réputation d'honnêteté incontestée : Pierre Savorgnan de Brazza.

Après quatre mois d'enquête, le rapport livré par Brazza et ses collaborateurs est terrifiant... et aussi « oublié » dans un coffre-fort du ministère des colonies...

J’ai beaucoup appris à la lecture de cette bande dessinée. Il y a tout un tas de faits dont on ne nous parle pas dans nos cours d’histoire au lycée. Le message délivré, grosso-modo, c’est « La colonisation, c’est mal. » et, depuis quelques années, « Pardon pour le mal qui a été fait ». La repentance. Comme si on découvrait aujourd’hui les horreurs de jadis. Comme si, en 1905 au pays des Droits de l’Homme et de la Révolution, l’exploitation de l’autre ne pouvait être envisagée, et donc connue. Comme si les dirigeants de cette époque croyaient sincèrement que les citoyens étaient trop idiots pour comprendre ?

Ça ne vous rappelle rien ?

En 1905, le gouvernement se battait pour la loi sur la laïcité. Et a enfoui la question des meurtres, des crimes commis dans les colonies pour ne pas ajouter de l’huile sur un feu déjà bien nourri.
Aujourd’hui, en 2019, le gouvernement a beaucoup de mal à contenir la grogne dans le pays, qui s’exprime à travers les Gilets Jaunes, bien sûr, mais pas uniquement. La question que je me pose, c’est : « Quel autre crime de masse, dont nous serions responsables (nous ou nos dirigeants, ou nos entreprises…), cherche-t-on aujourd’hui à cacher ? »

Malheureusement, le choix est vaste, dans les réponses que l’on peut apporter à cette question : scandales sanitaires, pharmaceutiques, industriels ; guerres au Yémen, au Soudan et ailleurs ; alimentation délétère, bourrée d’additifs plus ou moins cancérigènes ; réchauffement climatique, traités CETA et ALENA, etc.
Sans rentrer dans les théories « complotistes » (oh comme ce mot me pose problème en ce moment ! À lui seul, ce qualificatif est capable de disqualifier totalement une argumentation, malgré la qualité des informations qui s’y trouvent rassemblées ! c’est phénoménal!!!), la lecture de cette bande dessinée a été, pour moi, comme une confirmation que, décidément, l’histoire bégaye. Et que, vraiment, nos dirigeants n’arrivent jamais à tirer les leçons des erreurs du passé.
Le sous-titre, à cet égard, est éloquent : « Le premier secret d’État de la « Françafrique », ce qui laisse supposer que, malheureusement, il y en a eu plusieurs autres par la suite. Combien de ces faits sont encore passés sous silence ? Combien de morts doit-on déplorer pour, aujourd’hui encore, nous permettre à nous, Français, de jouir des biens de consommation courante qui nous semblent si naturels et quotidien ? Au début du XXe siècle, il s’agissait de caoutchouc. Et aujourd’hui ? Si on parlait des métaux rares et précieux présents dans nos smartphones, par exemple ?
Si seulement l’homme apprenait de ses erreurs, combien de vies pourraient-elles être épargnées ?

Paru aux éditions Futuropolis, 2018. - ISBN : 978-2-7548-1664-9.


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