Je suis
tombée un peu par hasard sur cette bande dessinée, tout simplement
chez mon libraire préféré. J'ai d'abord été un peu freinée par
le graphisme particulier, auquel je ne suis pas habituée. Ceci dit,
je m'y suis faite sans problème et j'ai pu rentrer dans le récit
sans souci.
Aux tous
premiers temps du XXe siècle, le bassin du Congo est le théâtre de
tensions croissantes, dont la presse se fait l'écho en France. Des
crimes horribles sont commis envers les populations autochtones. Ces
révélations sont un vrai choc pour l'opinion, à tel point qu'une
mission d'enquête est envoyée au Congo, sous la direction d'un
explorateur à la réputation d'honnêteté incontestée : Pierre
Savorgnan de Brazza.
Après
quatre mois d'enquête, le rapport livré par Brazza et ses
collaborateurs est terrifiant... et aussi « oublié »
dans un coffre-fort du ministère des colonies...
J’ai
beaucoup appris à la lecture de cette bande dessinée. Il y a tout
un tas de faits dont on ne nous parle pas dans nos cours d’histoire
au lycée. Le message délivré, grosso-modo, c’est « La
colonisation, c’est mal. » et, depuis quelques années,
« Pardon pour le mal qui a été fait ». La repentance.
Comme si on découvrait aujourd’hui les horreurs de jadis. Comme
si, en 1905 au pays des Droits de l’Homme et de la Révolution,
l’exploitation de l’autre ne pouvait être envisagée, et donc
connue. Comme si les dirigeants de cette époque croyaient
sincèrement que les citoyens étaient trop idiots pour comprendre ?
Ça ne
vous rappelle rien ?
En 1905,
le gouvernement se battait pour la loi sur la laïcité. Et a enfoui
la question des meurtres, des crimes commis dans les colonies pour ne
pas ajouter de l’huile sur un feu déjà bien nourri.
Aujourd’hui,
en 2019, le gouvernement a beaucoup de mal à contenir la grogne dans
le pays, qui s’exprime à travers les Gilets Jaunes, bien sûr,
mais pas uniquement. La question que je me pose, c’est :
« Quel autre crime de masse, dont nous serions responsables
(nous ou nos dirigeants, ou nos entreprises…), cherche-t-on
aujourd’hui à cacher ? »
Malheureusement,
le choix est vaste, dans les réponses que l’on peut apporter à
cette question : scandales sanitaires, pharmaceutiques,
industriels ; guerres au Yémen, au Soudan et ailleurs ;
alimentation délétère, bourrée d’additifs plus ou moins
cancérigènes ; réchauffement climatique, traités CETA et
ALENA, etc.
Sans
rentrer dans les théories « complotistes » (oh comme ce
mot me pose problème en ce moment ! À lui seul, ce
qualificatif est capable de disqualifier totalement une
argumentation, malgré la qualité des informations qui s’y
trouvent rassemblées ! c’est phénoménal!!!), la lecture de
cette bande dessinée a été, pour moi, comme une confirmation que,
décidément, l’histoire bégaye. Et que, vraiment, nos dirigeants
n’arrivent jamais à tirer les leçons des erreurs du passé.
Le
sous-titre, à cet égard, est éloquent : « Le premier
secret d’État de la « Françafrique », ce qui laisse
supposer que, malheureusement, il y en a eu plusieurs autres par la
suite. Combien de ces faits sont encore passés sous silence ?
Combien de morts doit-on déplorer pour, aujourd’hui encore, nous
permettre à nous, Français, de jouir des biens de consommation
courante qui nous semblent si naturels et quotidien ? Au début
du XXe siècle, il s’agissait de caoutchouc. Et aujourd’hui ?
Si on parlait des métaux rares et précieux présents dans nos
smartphones, par exemple ?
Si
seulement l’homme apprenait de ses erreurs, combien de vies
pourraient-elles être épargnées ?
Paru
aux éditions Futuropolis, 2018. - ISBN : 978-2-7548-1664-9.
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