samedi 31 août 2019

La Grande Sultane, de Barbara Chase-Riboud




Il y a un peu plus d'un an, je crois, j'ai hérité d'une partie de la bibliothèque d'une parente plutôt éloignée (la mère du mari de la sœur de ma mère !). Dans cette bibliothèque, j'ai trouvé ce livre, sur un thème très éloigné de ceux auxquels je m'intéresse habituellement (policiers, vies de saints, bandes dessinées...). Là, il s'agit d'un roman historique américain. Alors je n'ai pas fait de recherches poussées, mais il semble que ce livre soit basé sur une histoire vraie.

La Grande Sultane, appelée aussi la Validé, dans la tradition ottomane (turque), est la mère du Sultan au pouvoir. En tant que mère du Sultan, elle détient un pouvoir gigantesque sur toutes les femmes du harem de son fils et est appelée « Reine des têtes voilées ». Elle règne donc sur cet empire de femmes, pendant que son fils règne sur son pays.
Dans ce livre, nous suivons Naksh-i-dil, une jeune fille de quinze ans au début du roman, vendue comme esclave au Sultan Abdul-Hamid, qui en fera sa favorite et à qui elle donnera un fils, Mahmud, qui deviendra sultan à son tour sous le nom de Mahmud II. Le tout après bien des péripéties, complots, embrouilles et meurtres.

J’ai été captivée par ce roman. Non pas tant pour l’intrigue elle-même, qui est l’histoire de cette jeune fille vendue comme esclave, qui vit dans cette prison dorée qu’est le harem du sultan, puis dans la véritable prison des femmes à la mort de celui-ci, pour revenir au harem proprement dit au moment du couronnement de son fils, où elle aura tous les pouvoirs tout en restant à jamais prisonnière, que pour ce que j’ai appris de ce monde musulman ottoman et de son fonctionnement si éloigné de notre pensée occidentale.
Par certains côtés, ce monde turc de la fin du XVIIIe siècle et du début du XXe siècle (Naksh-i-dil est morte en 1817) est très dur, sous des apparences luxueuses, voluptueuses, où les richesses affluent et semblent faire rêver. J’ai découvert là un monde où tout, finalement, n’est qu’apparence, où tout peut s’arrêter du jour au lendemain (à la mort du Sultan en particulier)… où les richesses appartiennent à des femmes esclaves, où la corruption et les arrangements règnent en maîtres et où, finalement, le sultan lui-même est prisonnier de son rang, de sa position, du rôle qu’il est sensé jouer…

Si j’ai bien compris, l’histoire n’a retenu de la jeune créole que son nom de harem, Naksh-i-dil, mère du Sultan Mahmud II. Mais la personne a bien existé, ainsi que son fils, considéré comme le premier sultan progressiste en Turquie. Peut-être est-ce dû au fait que sa mère était chrétienne, et non musulmane, et que si elle a embrassé l’Islam, c’était bien plus dans le but de survivre que pour une question de foi… du moins au départ.
Le lecteur croise aussi dans ce roman Catherine II de Russie et Napoléon, qui se font la guerre tout en faisant de la Turquie à la fois un enjeu et/ou un allié potentiel… Je ne suis pas très versée dans les questions de géopolitique et, clairement, ce n’est pas cet aspect qui m’a le plus intéressée dans ce récit. Et puis, j’ai trouvé cette partie un peu confuse. Je n’ai retenu que le fait que Catherine II, vieillissante, avait elle aussi un certain nombre de favoris… Les enjeux de pouvoir sont souvent liés à la séduction…

Ce que j’ai apprécié, en revanche, c’est la plongée dans cet univers très codé, très hiérarchisé, et surtout très fermé du harem, pour lequel mon niveau de connaissances avoisinait le zéro pointé. Je pourrais mentionné aussi le fait que ce livre montre à quel point les enjeux du pouvoir peuvent être cachés et, surtout, que le pouvoir réel n’est pas dans les mains de celui qui semble en être officiellement le détenteur… La place des eunuques dans ce tableau est pour le moins frappante dans ce domaine !

Une bonne découverte, donc, d’autant que le style littéraire est plutôt agréable. Ce n’est pourtant pas une nouveauté, puisque ce livre a plus de trente ans… mais je considère qu’il n’y a rien de honteux à lire des livres anciens et à apprendre, fût-ce au travers de romans ! Ils sont, la plupart du temps, extrêmement bien documentés et mettent à la portée du néophyte des notions et des connaissances souvent très pointues.

Paru aux éditions du Club France Loisirs, 1988. ISBN : 2-7242-3964-4.
Première édition en France : Albin Michel, 1987.

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