J’ai
offert cette bande dessinée à un ami, le Noël qui a suivi sa
sortie (donc tout juste après sa parution, puisqu’elle est sortie
en décembre). Et puis… je me l’étais offerte aussi, parce qu’
« on n’est jamais si bien servi que par soi-même »,
dit le dicton.
Sauf que…
je n’avais pas vraiment eu le temps de la lire. Elle a traîné
pendant un moment dans ma PAL (vous savez, la fameuse Pile À Lire
dont on parlait tant, sur les blogs de lecture, il y a quelques
années?) et puis, j’avais fini par faire du rangement, elle avait
bien sagement rejoint ses semblables dans ma bibliothèque… et
j’étais passée à autre chose.
En
reprenant certains articles de mon blog, je me suis rendu compte que
celle-ci n’y figurait pas. J’ai donc décidé de la relire et de
m’y mettre.
Il arrive
parfois que j’entre dans une période où je me mets à lire (ou à
relire, c’est selon), certains types d’ouvrages. Dans mon cas, en
ce moment (mais c’est peut-être un effet collatéral du
confinement), c’est la série des Blake et Mortimer
qui joue ce rôle, comme j’ai eu une période Yoko Tsuno,
une autre XIII, ou une période Balade au bout du monde.
En relisant cette aventure de nos héros britanniques, je mesure
l’étendue de mon inculture concernant cette série. Et je me suis
rendu compte que je n’ai jamais lu « La Marque Jaune »,
sans doute, si j’ai bien compris, le tome le plus
emblématique de la série et de la période E. P. Jacobs. [Ça tombe
bien. Mon anniversaire est dans quelques jours. Je crois que je vais
mandater mon mari pour me l’offrir, histoire de combler une lacune
carrément impensable!]
Dans cette
bande dessinée, contrairement aux deux précédentes que j’ai
chroniquées ici et là, il n’y a aucune mention de l’année où
se déroule l’histoire. Tout au plus est-il possible de la située
dans les années 1950, probablement vers 1954 ou 1955, puisque la
reine d’Angleterre Élisabeth II, dont parlent les premières
pages, a accédé au trône le 6 février 1952, à l’âge de 25
ans, et a été couronnée le 2 juin 1953. La bande dessinée s’ouvre
d’ailleurs sur les festivités de son anniversaire, on peut donc
préciser la période de l’année, sinon l’année elle-même, au
printemps (la reine est née en avril). [Oui, j’aime bien les
précisions chronologiques et temporelles, parce que ça me donne des
points d’appui et des repères et ça ajoute beaucoup au réalisme
d’une bande dessinée que de l’ancrer dans une temporalité. On
ne se refait pas.]
Ici,
l’anniversaire de la reine Élisabeth II ne sert que de démarrage
à l’intrigue, pour exprimer le contraste entre le faste et la
lumière de la royauté et ce qui se trame en arrière-plan, comme
c’est toujours le cas dans le monde réel. Il y a ce qu’on voit,
et puis il y a ce qui est caché. Il y a la lumière et les ténèbres,
le bien et le mal…
Au
démarrage de cette histoire, donc, nous rencontrons quatre
personnages réunis dans un endroit sombre et discret pour y célébrer
le début d’une ère nouvelle et de leur œuvre commune (dont le
lecteur ignorera tout pour l’instant, sinon qu’elle a un rapport
étroit avec le Professeur Septimus, bien connu, si j’ai bien
compris, des lecteurs de la série puisqu’il est le principal
ennemi de Blake et Mortimer dans La Marque Jaune. Ce « cher »
Professeur Septimus semble avoir fait des émules, ou au moins avoir
suscité des nostalgies devant le pouvoir donné par l’Onde Méga.
Dans les
toutes premières pages, nous découvrons également le Colonel
Olrik, bien mal en point d’ailleurs, soigné par un médecin
asiatique. Il est en proie à de fortes fièvres et à des
hallucinations où il revoit sans cesse le Professeur Septimus qui
lui demande de « revenir »…
La suite
de l’histoire nous montre Francis Blake en proie à un véritable
mystère et très inquiet pour son ami, Philip Mortimer, qui semble
avoir complètement disparu de leur appartement de Park Lane. Il
aurait installé un nouveau laboratoire et s’y livrerait à
d’étranges expériences qui occupent tout son temps. Mais Francis
Blake est vite rattrapé par son travail : un forcené se trouve
près des hangars désaffectés de King’s Cross, déjà le théâtre
d’un fait similaire quelques jours plus tôt. Les forces de l’ordre
s’y rendent une nouvelle fois, accompagnés de Blake cette fois, et
y trouvent l’homme en question qui finit foudroyé par une décharge
électrique.
Au même
moment, Mortimer, dans son laboratoire de Layton Road, à Newham dans
la banlieue de Londres, constate une fois de plus que l’installation
électrique a une fois de plus sauté. Sans rien y comprendre, il
rétablit la lumière et l’on découvre alors le laboratoire du
savant. Celui-ci a, semble-t-il, reconstitué le laboratoire de
Septimus lors de ses recherches sur le Télécéphaloscope. Il y
cherche un moyen de contrer l’Onde Méga de Septimus par une autre
onde, appelée « Onde Septimus »...
Voici donc
le début de cette histoire où vont se côtoyer Blake et Mortimer,
bien sûr, mais aussi de vieilles connaissances des deux héros,
comme le Colonel Olrik, leur éternel ennemi et, plus surprenant, le
Professeur Septimus lui-même… apparemment du moins.
Vous
comprendrez donc, chers lecteurs, pour quelles raisons je tenais à
comprendre la chronologie des faits. Cette histoire semble se situer
quelques temps seulement après « La Marque Jaune »,
puisque tous les protagonistes sont encore très marqués par les
événements qui se sont déroulés dans cet épisode, pourtant bien
antérieur en termes de publications (« La Marque Jaune »
est le sixième album de la série). Tout se passe comme si, dans cet
album, les auteurs avaient voulu donner une suite à l’autre, sans
tenir compte de ce qui avait été écrit entre les deux.
C’est un
parti-pris qui peut se comprendre et s’accepter, le tout est de le
savoir, ou au moins de le percevoir, afin de ne pas se perdre dans
l’histoire, sans quoi on n’y comprend rien. Mais ici, les choses
sont assez claires, tant les références à « La Marque
Jaune » sont évidentes, nombreuses et claires (il y a même, à
un moment, une vitrine de librairie devant laquelle se trouve le
« Professeur Septimus » où l’on peut contempler un
exemplaire de « La Marque Jaune par E. P. Jacobs ». Il
s’agit ici, clairement, d’un hommage appuyé au créateur de la
série et des personnages).
L’histoire
va se compliquer sérieusement par la découverte, par Blake, d’un
étrange engin logé dans les soubassements de la ville de Londres
qui semble être à l’origine des faits étranges qui se déroulent
dans la cité elle-même. Le rôle du Colonel Olrik est plus complexe
que celui du simple « méchant » dont le but est toujours
le même : tuer ses éternels ennemis Blake et Mortimer. Ici,
les intérêts des trois personnages finissent par devenir communs,
au point qu’ils vont devoir s’allier pour contrer la menace qui
pèse sur eux et sur la ville de Londres.
Et puis,
il y a ce groupe de soldats internés à l’hôpital psychiatrique,
dont on finira par comprendre qu’ils comptaient parmi eux les deux
forcenés des entrepôts désaffectés de King’s Cross. Leur rôle
dans cette histoire va finir par faire comprendre (en tout cas
partiellement) à Blake et Mortimer les risques encourus par ceux qui
s’approchent trop près de l’engin souterrain redécouvert par
Blake.
Une
aventure complexe, plus proche de ce que j’avais lu petite et de la
veine d’E. P. Jacobs que les dernières histoires que j’ai
référencées sur ce blog, où l’histoire se mêle au fantastique,
ce qui semble être l’une des marques de fabrique du créateur de
la série.
Je suis
donc, après cette lecture, en complète contradiction avec ce que je
disais dans ma précédente chronique, mais tant pis !
Paru
aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7189-5.
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