dimanche 3 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 22 : L'Onde Septimus, de Jean Dufaux, Antoine Aubin et Étienne Schréder.




J’ai offert cette bande dessinée à un ami, le Noël qui a suivi sa sortie (donc tout juste après sa parution, puisqu’elle est sortie en décembre). Et puis… je me l’étais offerte aussi, parce qu’ « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », dit le dicton.
Sauf que… je n’avais pas vraiment eu le temps de la lire. Elle a traîné pendant un moment dans ma PAL (vous savez, la fameuse Pile À Lire dont on parlait tant, sur les blogs de lecture, il y a quelques années?) et puis, j’avais fini par faire du rangement, elle avait bien sagement rejoint ses semblables dans ma bibliothèque… et j’étais passée à autre chose.
En reprenant certains articles de mon blog, je me suis rendu compte que celle-ci n’y figurait pas. J’ai donc décidé de la relire et de m’y mettre.
Il arrive parfois que j’entre dans une période où je me mets à lire (ou à relire, c’est selon), certains types d’ouvrages. Dans mon cas, en ce moment (mais c’est peut-être un effet collatéral du confinement), c’est la série des Blake et Mortimer qui joue ce rôle, comme j’ai eu une période Yoko Tsuno, une autre XIII, ou une période Balade au bout du monde. En relisant cette aventure de nos héros britanniques, je mesure l’étendue de mon inculture concernant cette série. Et je me suis rendu compte que je n’ai jamais lu « La Marque Jaune », sans doute, si j’ai bien compris, le tome le plus emblématique de la série et de la période E. P. Jacobs. [Ça tombe bien. Mon anniversaire est dans quelques jours. Je crois que je vais mandater mon mari pour me l’offrir, histoire de combler une lacune carrément impensable!]

Dans cette bande dessinée, contrairement aux deux précédentes que j’ai chroniquées ici et là, il n’y a aucune mention de l’année où se déroule l’histoire. Tout au plus est-il possible de la située dans les années 1950, probablement vers 1954 ou 1955, puisque la reine d’Angleterre Élisabeth II, dont parlent les premières pages, a accédé au trône le 6 février 1952, à l’âge de 25 ans, et a été couronnée le 2 juin 1953. La bande dessinée s’ouvre d’ailleurs sur les festivités de son anniversaire, on peut donc préciser la période de l’année, sinon l’année elle-même, au printemps (la reine est née en avril). [Oui, j’aime bien les précisions chronologiques et temporelles, parce que ça me donne des points d’appui et des repères et ça ajoute beaucoup au réalisme d’une bande dessinée que de l’ancrer dans une temporalité. On ne se refait pas.]

Ici, l’anniversaire de la reine Élisabeth II ne sert que de démarrage à l’intrigue, pour exprimer le contraste entre le faste et la lumière de la royauté et ce qui se trame en arrière-plan, comme c’est toujours le cas dans le monde réel. Il y a ce qu’on voit, et puis il y a ce qui est caché. Il y a la lumière et les ténèbres, le bien et le mal…
Au démarrage de cette histoire, donc, nous rencontrons quatre personnages réunis dans un endroit sombre et discret pour y célébrer le début d’une ère nouvelle et de leur œuvre commune (dont le lecteur ignorera tout pour l’instant, sinon qu’elle a un rapport étroit avec le Professeur Septimus, bien connu, si j’ai bien compris, des lecteurs de la série puisqu’il est le principal ennemi de Blake et Mortimer dans La Marque Jaune. Ce « cher » Professeur Septimus semble avoir fait des émules, ou au moins avoir suscité des nostalgies devant le pouvoir donné par l’Onde Méga.
Dans les toutes premières pages, nous découvrons également le Colonel Olrik, bien mal en point d’ailleurs, soigné par un médecin asiatique. Il est en proie à de fortes fièvres et à des hallucinations où il revoit sans cesse le Professeur Septimus qui lui demande de « revenir »…
La suite de l’histoire nous montre Francis Blake en proie à un véritable mystère et très inquiet pour son ami, Philip Mortimer, qui semble avoir complètement disparu de leur appartement de Park Lane. Il aurait installé un nouveau laboratoire et s’y livrerait à d’étranges expériences qui occupent tout son temps. Mais Francis Blake est vite rattrapé par son travail : un forcené se trouve près des hangars désaffectés de King’s Cross, déjà le théâtre d’un fait similaire quelques jours plus tôt. Les forces de l’ordre s’y rendent une nouvelle fois, accompagnés de Blake cette fois, et y trouvent l’homme en question qui finit foudroyé par une décharge électrique.
Au même moment, Mortimer, dans son laboratoire de Layton Road, à Newham dans la banlieue de Londres, constate une fois de plus que l’installation électrique a une fois de plus sauté. Sans rien y comprendre, il rétablit la lumière et l’on découvre alors le laboratoire du savant. Celui-ci a, semble-t-il, reconstitué le laboratoire de Septimus lors de ses recherches sur le Télécéphaloscope. Il y cherche un moyen de contrer l’Onde Méga de Septimus par une autre onde, appelée « Onde Septimus »...

Voici donc le début de cette histoire où vont se côtoyer Blake et Mortimer, bien sûr, mais aussi de vieilles connaissances des deux héros, comme le Colonel Olrik, leur éternel ennemi et, plus surprenant, le Professeur Septimus lui-même… apparemment du moins.
Vous comprendrez donc, chers lecteurs, pour quelles raisons je tenais à comprendre la chronologie des faits. Cette histoire semble se situer quelques temps seulement après « La Marque Jaune », puisque tous les protagonistes sont encore très marqués par les événements qui se sont déroulés dans cet épisode, pourtant bien antérieur en termes de publications (« La Marque Jaune » est le sixième album de la série). Tout se passe comme si, dans cet album, les auteurs avaient voulu donner une suite à l’autre, sans tenir compte de ce qui avait été écrit entre les deux.
C’est un parti-pris qui peut se comprendre et s’accepter, le tout est de le savoir, ou au moins de le percevoir, afin de ne pas se perdre dans l’histoire, sans quoi on n’y comprend rien. Mais ici, les choses sont assez claires, tant les références à « La Marque Jaune » sont évidentes, nombreuses et claires (il y a même, à un moment, une vitrine de librairie devant laquelle se trouve le « Professeur Septimus » où l’on peut contempler un exemplaire de « La Marque Jaune par E. P. Jacobs ». Il s’agit ici, clairement, d’un hommage appuyé au créateur de la série et des personnages).

L’histoire va se compliquer sérieusement par la découverte, par Blake, d’un étrange engin logé dans les soubassements de la ville de Londres qui semble être à l’origine des faits étranges qui se déroulent dans la cité elle-même. Le rôle du Colonel Olrik est plus complexe que celui du simple « méchant » dont le but est toujours le même : tuer ses éternels ennemis Blake et Mortimer. Ici, les intérêts des trois personnages finissent par devenir communs, au point qu’ils vont devoir s’allier pour contrer la menace qui pèse sur eux et sur la ville de Londres.
Et puis, il y a ce groupe de soldats internés à l’hôpital psychiatrique, dont on finira par comprendre qu’ils comptaient parmi eux les deux forcenés des entrepôts désaffectés de King’s Cross. Leur rôle dans cette histoire va finir par faire comprendre (en tout cas partiellement) à Blake et Mortimer les risques encourus par ceux qui s’approchent trop près de l’engin souterrain redécouvert par Blake.

Une aventure complexe, plus proche de ce que j’avais lu petite et de la veine d’E. P. Jacobs que les dernières histoires que j’ai référencées sur ce blog, où l’histoire se mêle au fantastique, ce qui semble être l’une des marques de fabrique du créateur de la série.
Je suis donc, après cette lecture, en complète contradiction avec ce que je disais dans ma précédente chronique, mais tant pis !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7189-5.

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