Arab Jazz,
c'est un roman policier qui se déroule à Paris, dans le 19e
arrondissement (et en partie dans le 18e, et en partie aux États-Unis
aussi, et en plus un petit peu à Niort, mais on va dire surtout dans
le 19e arrondissement).
L'histoire
commence dans l'appartement d'Ahmed, dépressif chronique ne
travaillant pas, vivant de l'AAH (Allocation pour Adultes
Handicapés), grand lecteur de romans policiers lui-même, et qui
découvre un jour sa voisine du dessus morte, suspendue à son
balcon. D'entrée de jeu, le lecteur est donc plongé dans l'ambiance
glauque du meurtre et il fait rapidement la connaissance de ce
suspect potentiel qui a les clés de l'appartement de sa voisine pour
pouvoir arroser les fleurs pendant son absence (elle est hôtesse de
l'air sur des longs-courriers). Il fait aussi la connaissance des
policiers en charge de l'enquête, Rachel Kupferstein et Jean
Hamelot, une jeune femme juive et un Breton communiste, que tous, au
commissariat, trouvent étranges, trop personnels et secrets, à
l'exception de leur supérieur hiérarchique, Mercator.
L'enquête
conduit très rapidement les enquêteurs à s'intéresser aux milieux
religieux (juifs, musulmans, mais aussi les Témoins de Jéhovah),
ainsi qu'aux amies de la victime et à leurs proches. On rencontre
également au fil de l'enquête un libraire, un coiffeur, un
brocanteur, des policiers ripoux d'un autre arrondissement...
Sur le coup,
je me suis dit que l'auteur avait vraiment, vraiment fait fort sur
les pistes à suivre. Parce qu'en plus de la piste religieuse, il y a
aussi celle de la drogue, de la vengeance personnelle et de la
corruption qui s'ajoutent au reste. Je me suis demandé comment
l'auteur s'en sortirait de tout ce mic-mac, avec l'appréhension
d'une intrigue mal terminée, de celles où le dénouement arrive
trop vite et où les ficelles sont trop grosses pour être crédibles.
Alors
certes, nous ne sommes pas chez Agatha Christie, où le coupable ne
se révèle que dans les dernières pages. Ici, les coupables se
dessinent au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue, avec des
éléments qui s'ajoutent aux autres. J'avoue avoir parfois eu du mal
à suivre, non pas l'intrigue, mais le raisonnement des policiers
(parce qu'il y a des informations que le lecteur a du fait de sa
lecture, mais que les policiers, eux, ne sont pas censés avoir, du
fait de leur place dans l'histoire et du récit lui-même). Et bien
finalement, je suis agréablement surprise : l'intrigue est
cohérente, sans fausse note, logique et rationnelle, avec un fond de
réalisme à la fin qui fait penser que non, on ne peut pas gagner
sur tous les plans, mais qu'on fait du mieux qu'on peut avec les
cartes qu'on a en main. C'est une philosophie qui me « parle »
bien en ce moment, alors je suis bien contente de la retrouver là,
même si, pour le coup, c'est assez inattendu !
Merci à mon
libraire préféré, donc, de m'avoir mise sur la piste de ce bon
roman policier, que j'ai trouvé divertissant, accrocheur sans être
racoleur pour autant !
Paru aux
éditions Viviane Hamy, 2012 (Chemins Nocturnes). ISBN :
978-2-87858-507-0
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire