Mes
enfants ont découvert cette série il y a deux ans, totalement par
hasard. Suite au décès de l'une de mes grand-tantes, nous avions
récupéré chez elle, à la demande ses enfants, un carton de livres
qui auraient, au mieux, fini chez Emmaüs. Dans ce carton, une bande
dessinée très abîmée : un exemplaire d'une édition originale du
tome 2 de la série La Patrouille des Castors, intitulé Le
Disparu de Ker-Aven. Suite à cette découverte, mon second a
farfouillé dans les bacs de la bibliothèque de l'école et y a
découvert d'autres volumes de la série : La Bouteille à la mer,
Le Trophée de Rochecombe, Le Hameau englouti, Le
Traître sans visage, La Couronne cachée,
et, enfin, Le Fantôme.
Pour Noël,
mon second a donc, fort logiquement, demandé un album de la série,
qu'apparemment on ne trouve plus qu'en version intégrale. Son
parrain a eu du mal, mais il a finalement pu trouver le seul volume
où les quatre aventures racontées ici étaient inconnues de mes
trois aînés.
En
réalité, l'intégrale 5 regroupe bien quatre albums, mais ce sont
en fait deux diptyques : Le Pays de la mort et Les
Démons de la nuit, qui raconte une aventure se déroulant en
Afrique, où un pays se trouve étrangement condamné à la famine
suite à la mort subite de sa flore et de sa faune ; d'autre
part, Vingt milliards sous la terre et El Demonio,
une aventure se déroulant dans les Pyrénées, à la frontière
espagnole, où les scouts ont décidé de faire de la spéléologie
durant leur camp d'été.
Ces
quatre albums sont les derniers de la série. Ils sont parus, pour le
premier d'entre eux, plus de 4 ans après le précédent, à cause du
planning très chargé de Jean-Michel Charlier, le scénariste,
sollicité de toute part pour des projets éditoriaux et télévisuels.
Il est entre autres l'auteur de la série Tanguy et
Laverdure, adaptée à la
télévision sous le titre Les Chevaliers du ciel,
adaptation qui lui demande beaucoup de temps et le rend peu
disponible pour ses autres travaux de bande dessinée, dont La
Patrouille des Castors.
Du
coup, entre Le Fantôme
et Le Pays de la mort,
qui le suit, les scouts ont grandi et ils sont désormais de jeunes
gens qui forment une troupe de Pionniers, la
branche aînée des scouts, où les jeunes gens portent des chemises
rouges au lieu des bleues que portent les plus jeunes.
Dans
le premier diptyque, les jeunes gens partent au Moanda, où le père
de Faucon, l'un des cinq scouts, a été appelé en tant que
biologiste, par le souverain du pays pour y enquêter sur une
mystérieuse maladie qui décime les plantations et la flore en
général de la plus riche du pays, véritable grenier à blé pour
la population. Touché par
cette mystérieuse maladie, le pays risque la famine et le roi craint
d'être évincé du trône sous la pression des trusts industriels
qui s'accapareraient bien les richesses du pays. Entre magie et
technologie, maladie et mauvais sort, les scouts auront fort à faire
pour démêler l'écheveau.
Le
second diptyque voit les scouts débarquer dans le sud des Pyrénées
pour un camp « explo » spéléo au gouffre connu comme le
« Trou d'enfer ». Le lieu a été choisi pour la légende
qui y est attachée : au 16e
siècle, un bandit surnommé « El Demonio » aurait écumé
la région et se serait caché dans ces grottes dont on dit qu'elles
abritent un passage reliant la France à l'Espagne. Mais personne n'a
jamais pu trouver ledit passage ni explorer le gouffre. Aucun de ceux
qui s'y sont essayé n'en est revenu vivant.
A
peine arrivés, les jeunes gens apprennent qu'un corps a été
retrouvé à proximité du gouffre et une suite de rencontres
étranges et d'incidents inexplicables se produit, les enjoignant à
quitter leur campement. Il faut toute la persuasion de Poulain, le
chef de patrouille, pour que les scouts décident de mener leur
exploration à bien, ce qui ne se fera pas très simplement tant les
difficultés et contre-temps sont nombreux…
Si
les aventures sont difficilement crédibles (les scouts ne partent
pas en camp à une seule patrouille, par exemple), il n'en demeure
pas moins vrai que le scénario est efficace, à rebondissement, et
qu'il a tout pour plaire. Les héros sont attachants, bien
identifiables par leurs caractères et leurs personnalités et les
auteurs ont respecté la philosophie scoute : cet aspect-là de
leurs aventures est donc tout à fait crédible. En fait, cette série
fait partie, sans doute, des ouvrages capables d'exalter certaines
qualités chez les jeunes et de leur donner matière à rêver. Tout
comme la série de romans pour enfants Signes de pistes,
sur le monde scout également, cette série véhicule les valeurs
chrétiennes et scouts sans pour autant faire de ces lectures des
ouvrages de catéchisme. Il faut sans doute y voir l'origine du
succès de ces séries, capables de faire rêver des générations
d'enfants. D'excellentes lectures, encore aujourd'hui, pour les
filles comme pour les garçons, d'ailleurs.
À
noter dans cet album, comme dans les autres de la série et des
intégrales Dupuis : un excellent cahier racontant l'histoire de
la bande dessinée et apportant un vrai « plus » par
rapport aux albums classiques avec les carnets de croquis et les
esquisses diverses, les essais du dessinateur pour les couvertures…
en plus de rappeler le contexte de l'écriture de chacun des albums.
Une vraie mine d'informations.
Paru
aux éditions Dupuis, 2014. ISBN : 978-2-8001-6115-0.
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