Ah, la
série « Lefranc » ! Évidemment, ce n’est pas une
découverte. Je me souviens d’avoir lu des pages dans un des
hebdomadaires que recevaient mes parents (peut-être « La
Vie » ?) quand j’étais petite, tout comme j’avais lu
« La Vallée des Cobras » (série Jo, Zette et Jocko,
d’Hergé), en attendant semaine après semaine la page suivante.
Mon cher mari a eu la bonne idée de m’offrir les trois premiers
épisodes de cette série et je vais bien sûr commencer ces
chroniques par le premier d’entre eux, « La Grande Menace ».
D’emblée,
j’ai été happée par l’histoire, qui se déroule tout près de
chez moi, en commençant par Bâle, à la frontière entre la Suisse
et l’Alsace. On y suit d’abord une voiture bleue, contrôlée à
la frontière, qui va s’avérer avoir à son bord des personnages
bien plus dangereux qu’ils ne le laissent paraître au premier
abord. D’entrée de jeu, Guy Lefranc, reporter de son état, se
retrouve mêlé à l’histoire et aide la police à retrouver la
voiture des fuyards. L’histoire se poursuit côté français, en
Alsace donc, tout près, vraiment tout près de chez moi, puisque la
plus grande partie de l’histoire se déroule du côté du Château
du Haut-Koenigsbourg, situé à quelques kilomètres seulement de là
où j’habite. Dans la suite de l’histoire, on rencontre Axel
Borg, le grand méchant, qui va donner du fil à retordre aux
autorités. Il menace en effet de détruire la ville de Paris si le
gouvernement ne lui donne pas ce qu’il veut, à savoir une rançon
exorbitante dans un délai ridiculement faible. Et bien sûr, pour
les autorités, il n’est pas question de céder au chantage...
Outre
l’aspect sympathique de voir sa région dans une bande dessinée,
j’ai plutôt bien accroché à ce premier volume de la série, même
si, comme toujours chez Jacques Martin, pour les besoins du scénario,
l’histoire est bourrée d’invraisemblances. Mais si on arrive à
passer au-dessus, l’histoire a son charme, le charme un peu désuet
de la bande dessinée franco-belge des années soixante, dans la
veine des Tintin, Alix et autres Blake et Mortimer. Je dois bien
avouer que, de mon côté, ce charme opère à plein et que j’en
redemande.
Guy
Lefranc est un héros rassurant, le genre « gendre idéal »,
beau, intelligent, fort et élégant, capable d’aider la police
sans faire passer ses membres pour des imbéciles ni les prendre de
haut. Je ne suis pas certaine qu’on puisse dire qu’il sait rester
à sa place, mais, au moins, il a le mérite de les laisser faire
leur travail, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce type de
bande dessinée, où le héros est un peu un concurrent direct de
l’inspecteur en chef qui finit toujours par passer pour l’imbécile
du coin. Rien de cela ici, heureusement, et c’est plutôt un tandem
improbable qui se met en place avec l’inspecteur Renard que l’on
rencontre ici pour la première fois, mais qui va devenir un
personnage récurrent, au moins dans les premiers volumes.
Une bonne
redécouverte de cette série, donc, avec un petit bémol, mais qui
ne me surprend guère et qui est un peu la marque de fabrique de
Jacques Martin : des textes longs, très longs (et aujourd’hui
bien trop longs). Mais c’est à ce prix que l’histoire peut se
développer sur plus de soixante pages (et non pas cent-trente…).
Paru
aux éditions Casterman, 1966. ISBN : 978-2-203-31402-3.
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