lundi 29 juillet 2024

Harry Potter, tome 6 : Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, de J. K. Rowling

Ça n'aura pas échappé aux lecteurs de ce blog, je poursuis ma lecture de la saga de J. K. Rowling (enfin, me direz-vous ! Et vous aurez raison). Dans ce sixième tome des aventure de Harry, Ron et Hermione, on retrouve les trois jeunes gens, juste avant leur rentée en sixième année à l'école des sorciers de Poudlard. Mais, contrairement à ce qui se passe d'habitude, cette année, c'est Dumbledore lui-même, directeur de Poudlard, qui vient chercher Harry chez les Dursley. Il a une mission à lui confier, mission que Harry réussit sans vraiment s'en rendre compte, et sans réellement comprendre ni comment, ni pourquoi d'ailleurs.

Par la suite, Dumbledore décide de lui donner des cours particuliers dans son bureau, cours qui se répèteront à intervalles plus ou moins réguliers, au gré des absences et des retours du directeur dans l'enceinte du château. Il faut dire que la situation à Poudlard s'est sérieusement détériorée à l'école des sorciers depuis la fin de l'année scolaire précédente et le combat qui a eu lieu au Ministère de la Magie entre Dumbledore et Lord Voldemort, en présence de Harry. Bref, la situation est compliquée, les élèves sont susceptibles d'être en danger, au point que certains parents prennent la décision de retirer leurs enfants de l'école...

Harry et ses amis Hermione et Ron commencent donc leur avant-dernière année à Poudlard avec certaines menaces pesant sur eux et sur les autres élèves. Menace diffuse mais bien réelle, quand une élève est victime d'un sortilège qui la mènera à passer le plus clair de l'année à l'hôpital Ste Mangouste, un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies et atteintes magiques. Dumbledore, bien qu'absent assez régulièrement de l'école, n'est pas en reste concernant les mystères qui émaillent la vie à Poudlard et, pour la première fois depuis son entrée à l'école, il commence à transmettre Harry son savoir et lui donne d'étranges cours qui ont tous pour objet de le plonger dans le passé de Tom Jedusor, ancien élève de l'école lui aussi, plus connu sous le nom qu'il s'est choisi, celui de Voldemort.

Mais le danger ne vient pas que de lui : un ennemi intérieur, installé dans le château, prépare en secret une action dont le lecteur n’apprendra que dans les dernières pages quel en est l’objet. Harry a tôt fait de démasquer le coupable et soupçonne certaines complicités…

Ce sixième tome s’inscrit bien plus dans la suite du précédent que ne le faisaient les premiers. On pouvait presque les lire indépendamment, mais là, il s’agit d’une suite qui monte crescendo dans la noirceur. L’intrigue se « corse », les plans des « amis » (ou plutôt des alliés) de Voldemort se précisent et le filet se resserre autour des sorciers du « camp du bien ».

J’ai été captivée par la lecture de ce volume. La lecture est facile, malgré les mots inventés par l’auteur pour désigner certaines réalités du monde des sorciers. C’est vrai qu’au bout de 6 tomes, il faudrait être idiot pour ne pas comprendre ce langage ! Certaines longueurs sont toutefois un peu pénibles mais avec le recul, elles servent le récit plutôt bien. On aimerait juste en savoir un peu plus plus rapidement : la personnalité du « Prince de Sang-Mêlé », par exemple, arrive vraiment très tardivement dans le récit, au point de m’avoir donné l’impression d’être tombée comme un cheveu sur la soupe, une révélation faite en passant, comme ça, l’air de rien…

Un bon « cru » malgré tout, qui a le mérite de mettre en place tous les éléments de l’intrigue du dernier volume de la saga, que je vais m’empresser de lire (mais pas tout de suite : un autre roman, pour adultes, cette fois, est en cours et semble prometteur!)


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse (Folio Junior), 2007. ISBN : 978-2-07-061241-3.

samedi 13 juillet 2024

Père Elijah, une Apocalypse, de Michael D. O'Brien

 


De Michael D. O'Brien, j'avais déjà lu un autre ouvrage, « Une île au cœur du monde », que j’avais trouvé magnifique. Dans un tout autre style, celui du thriller religieux, ce roman m’a tout simplement scotchée. Impossible de le laisser tomber. C’est d’ailleurs avec ce roman que je me suis remise à lire très régulièrement, ce que je ne faisais plus depuis quelques temps (et aussi avec Harry Potter, il faut bien le dire).

Le Père Elijah, moine carme et ancien homme politique israélien converti au catholicisme et rescapé de la Shoah, est appelé à Rome où le Pape lui confie une mission délicate et périlleuse. Il s’agit d’entrer en contact avec le Président, un homme extrêmement influent, perçu par le monde entier comme bienveillant, mais à l’égard duquel l’Église, non sans raisons, émet de sérieuses réserves. Le récit montre à quel point elles étaient fondées… Le déchainement des forces mauvaises illustre extrêmement bien le combat qui oppose, dans le monde invisible, les forces du bien et celles du mal. Ce combat, dans la spiritualité chrétienne, s’appelle le « combat spirituel », et il est tout à fait réel.

Le roman est foisonnant. Extrêmement bien construit, complexe, il lance le lecteur à la suite du Père Elijah dans ses pérégrinations, ses rencontres, ses doutes et ses tourments, ses questionnements aussi…

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, parce qu’il donne une vision très juste du christianisme et des exigences de la vie chrétienne. Les Écritures sont respectées, il n’y a pas d’arrangements avec elles parce que ça conviendrait mieux à l’intrigue. Le Père Elijah est une sorte de prototype du chrétien qui a bien compris sa foi et les exigences qu’elle implique dans sa vie personnelle et sa vie de foi. Le livre n’épargne pas le lecteur et le met face à la question du mal, du péché, du doute, mais aussi de la lumière du Christ, de l’importance de la hiérarchie catholique. On y entrevoit son fonctionnement, mais aussi les erreurs humaines qui gangrènent l’institution. C’est du très, très bon roman.

L’intrigue se déroule en deux parties, et je n’ai pas encore lu la seconde, où l’on retrouve le Père Elijah à Jérusalem. A suivre, donc !


Paru aux éditions Salvator, 2022. ISBN : 978-2-7067-2274-5.

samedi 6 juillet 2024

Choisis la vie !, de Timothy Radcliffe


Dominicain, Timothy Radcliffe est connu dans le petit monde catho pour ses écrits spirituels, sa profondeur et son humour. Je n’avais jamais rien lu de lui, aussi ai-je décidé de m’y atteler. En commençant par cet ouvrage, parce que le titre me plaisait bien : « Choisis la vie », c’est une des exhortations du Nouveau Testament, une des promesses de Jésus à ceux qui croient en lui également : la vie dont il est question ici n’est rien d’autre que la Vie éternelle. Beau programme pour un croyant.

J’ai eu beaucoup de mal avec cet ouvrage, plus difficile d’accès que je n’aurais cru en l’ouvrant. Pourtant, le concept est plutôt bien trouvé : « Le défi majeur d’aujourd’hui n’est pas la sécularisation, mais sa banalité. Comment, dès lors, le christianisme peut-il toucher l’imagination de nos contemporains ? Romanciers, poètes, cinéastes savent dire à la fois la grandeur et la confusion de nos existences. Ils sont nos alliés pour ressaisir autrement l’Évangile », annonce la 4e de couverture. Et de fait, cet ouvrage regorge de citations, d’extraits de poèmes ou de romans, de récits de scènes de films qui illustrent très bien les différents aspects du christianisme.

Construit en quatre parties (« Imaginaire », « En route », « Enseigner » et « La vie ressuscitée »), cet essai part de la vie de Jésus et des récits des Évangiles pour, après des incursions diverses dans le monde littéraire, cinématographique, poétique… le monde de l’art et de la culture en général, actualiser ces textes vieux de 2000 ans et pour nous redire combien ils sont adaptés encore à nos vies d’aujourd’hui.

Si j’ai eu du mal, c’est parce qu’il s’agit malgré tout d’une lecture érudite et exigeante, qui nécessite donc de la concentration, et non pas une lecture du soir, avant de se coucher, quand on a l’esprit brumeux après une journée de travail.

J’en retire, aujourd’hui, plusieurs semaines après l’avoir terminé, l’idée générale que Dieu, à travers la foi, nous accompagne au quotidien, dans tous les aspects de nos vies. Loin d’être un Dieu lointain, sourd à nos prières, il est présent au quotidien, au plus près de ce que nous vivons. La Parole de Dieu est vivante en ce sens qu’elle nous « parle » chaque jour. En ce sens, St Jean a raison, dans son prologue, de dire « Le Verbe s’est fait chair ». Le Verbe, c’est la Parole de Dieu, cette parole vivante qui s’abaisse jusqu’à devenir l’un de nous, vrai homme tout en étant vrai Dieu. Parce que Dieu a voulu se faire proche de nous, il a pris notre condition humaine et s’est fait l’un de nous. Il a donc vécu ce que nous vivons. Sa Parole, transmise à travers les Évangiles, mais vécue encore aujourd’hui, a donc quelque chose à nous dire. A nous d’ouvrir le livre.


Paru aux éditions du Cerf, 2020. ISBN : 978-2-204-13472-9.

mercredi 3 juillet 2024

Yoko Tsuno, tome 31 : L'Aigle des Highlands, de Roger Leloup



 Dernier album sorti, « L’Aigle des Highlands » nous ramène en Ecosse, bien sûr, où Yoko et son petit monde s’est installée depuis quelques albums (depuis « La Servante de Lucifer », la 25e aventure).

Fidèle à la tradition qu’il a lui-même créée, Roger emmène cette fois-ci son héroïne non pas dans l’espace, mais « ailleurs », sur Terre - et pas mal sous terre aussi, d’ailleurs. Mais pas que. L’histoire commence dans le banal quotidien de la vie normale. C’est le soir, le soleil se couche, et il est l’heure pour les enfants d’aller au lit. De son aventure précédente dans la banlieue de Saturne, Yoko a ramené la petite Pia, résultat « vinéen » de manipulations génétiques, qu’elle élève comme sa fille adoptive Rosée, avec l’aide de Bonnie et d’Emilia, sans oublier les amis de toujours Vic et Pol. Il commence à y avoir du monde au cottage et des travaux sont nécessaires pour remettre l’habitation aux normes.

C’est d’ailleurs un problème électrique qui lance l’aventure. En allant nourrir un renard dans les ruines de l’abbaye qui jouxte Loch Castle, la demeure de Cécilia près de laquelle se trouve le cottage, Emilia et Bonnie tombent sur deux moines à la recherche de « quelque chose » dans les ruines. Yoko se renseigne auprès de Cécilia, qui lui remet une étrange patte d’aigle, ce qui va lancer Yoko dans une aventure temporelle et souterraine à la fois.

Par certains côtés, cet album est la suite du précédent, malgré l’indépendance des deux récits. Yoko est marquée par les risques qu’elle a pris durant sa précédente aventure. Là encore, Roger Leloup prend le temps d’installer le récit, encore plus longuement que dans le 30e album. Du coup, le récit se déroule en plusieurs parties, une dans le « quotidien » (c’est une sorte d’introduction), la seconde dans le passé et la fin se termine sous terre. Ce qui est étonnant, dans cet album, c’est que Roger Leloup ait réussi à y réunir plusieurs univers, ainsi que les personnages qui en sont les « marqueurs » habituellement. Khany pour l’univers souterrain, et Monya, pour le voyage temporel. Les thèmes de prédilection de Roger Leloup sont bien présents, et notamment un aspect qui est plus une question de fond, relative au mode de vie des Vinéens sous terre. Dans un ancien album, « Les 3 Soleils de Vinéa », ainsi que dans le tout premier (« Le Trio de l’Etrange »), Yoko et Khany se retrouvaient face à une sorte de pouvoir suprême, une intelligence « humaine » (biologique en tout cas), secondée par la technologie vinéenne et placée en léthargie magnétique. Cette intelligence finissait par se laisser déborder par la technologie, et par se retourner d’une manière ou d’une autre, contre ceux qu’elle était sensée protéger ou « guider ». Ici, on retrouve fugitivement cette thématique, mais dans le monde vinéen souterrain « nouvelle version », c’est-à-dire celui que Yoko et ses amis ont découvert dans « Le Temple des Immortels » (28e album).

A la lecture de ce dernier opus, j’ai été quelque peu déstabilisée par les choix de Roger Leloup de « mixer » tant d’univers différents. Les personnages et l’intrigue sont toujours bien amenés et interviennent logiquement dans l’intrigue, mais leur accumulation rend à certains moment l’histoire plus complexe à lire et donc à comprendre. L’impression que me laisse ma lecture, c’est que Roger Leloup a encore beaucoup, beaucoup de choses à faire vivre à son héroïne et qu’il sait maintenant que chaque album peut être le dernier de la série, compte-tenu de son âge. Yoko est sa « fille de papier » et il est évident qu’il veut lui faire vivre encore de nombreuses aventures. Mais la multiplication des personnages (qui évoluent, d’ailleurs, toujours par binômes : Yoko-Khany, Rosée-Poky ou Rosée-Pia voire comme ici Rosée-Poky-Pia, Yoko-Emilia, Emilia-Bonnie, Pol-Mieke, Yoko-Monya, Yoko-Cécilia), a tendance à « perdre » un peu les personnages « principaux » du Trio de l’Etrange : Pol et Vic n’ont plus qu’un rôle très subalterne, Pol comme « clown » de service, et Vic comme caution sage et protecteur (de loin) de Yoko. Cette évolution de la série me laisse quelque peu sur ma faim. Si j’aime beaucoup Yoko, je suis presque déçue de l’éviction de Pol et Vic au profit des « rôles secondaires » que sont Emilia, Bonnie, Monya ou Cécilia, sans parler de Mieke qui, finalement, a un rôle très peu important (et peut-être n’est-ce pas plus mal : lui donner une place plus grande ne ferait sans doute qu’ajouter de la confusion au récit). Malgré ce petit désagrément, je dois reconnaître que Roger Leloup s’y entend pour construire des histoires cohérentes – si tant est qu’on entre dans l’univers qu’il a créé et dans sa cohérence interne – et toujours interpellantes.

Les grands formats (que ce soit celui qui reprend « Les Gémeaux de Saturne » ou le présent album) sont toujours passionnants. Ils sont d’une très grande qualité pour ce type d’ouvrage. L’éditeur, comme toujours depuis « Le Septième Code », ne se moque pas des lecteurs. Toutefois, le prix du dernier volume est très supérieur à celui des précédents… Prix du papier ? Effets de l’inflation ? Je l’ignore… En tout cas, cest grands formats s’adressent plutôt à des collectionneurs ou à des mordus de la série (voire les deux, l’un n’empêchant pas l’autre, bien sûr). Le cahier graphique et les textes qui accompagnent la bd en grand format sont bien fournis : pas moins de 32 pages d’esquisses, de crayonnés, de cases avec les indications de couleurs de l’auteur. Et les textes, précieux, pour mieux comprendre l’intention de Roger Leloup. C’est d’autant plus important dans les derniers albums, compte-tenu de la complexité des dernières intrigues. On entre ainsi plus profondément dans les récits, avec les questions qui sous-tendent les histoires racontées. Roger Leloup n’écrit pas pour ne rien dire… On peut même dire qu’à travers son art, il porte une vision du monde et de l’humanité, les Vinéens étant un peu, par certains côtés, une version « noire » de l’humanité, ou plutôt « grise », d’ailleurs. C’est-à-dire à l’image de notre propre être : ni tout blancs, ni tout noirs, mais quelque part entre les deux, avec nos bons et nos mauvais côtés. C’est aussi un des éléments qui traverse la série depuis quelques albums : ce n’est plus tellement la technologie qui est interrogée dans ce qu’elle a de bon ou de mauvais, dans l’usage qui en est fait, mais plutôt les choix posés par les êtres humains qui l’utilisent. Une interrogation qu’il est important, pour nous, aujourd’hui, de se poser également, tant les possibilités apportées par notre technologie sont immenses et n’ont pas terminé de se développer. Jusqu’où doit-on aller, ou plutôt, jusqu’où peut-on aller, sans y laisser notre humanité ?

 

Paru aux éditions Dupuis, 2024. Format classique : ISBN : 978-2-8085-0494-2. Grand format : ISBN : 978-2-8085-0674-8.