Ce
vingt-et-unième album est un peu la suite des « Exilés de
Kifa ». Retour dans l’espace, dans la galaxie où se trouve
Vinéa. Yoko, toujours alignée sur la Cité de l’Abîme, commande
deux vaisseaux spatiaux depuis « Les Exilés de Kifa » :
« Akhar » et le « Ryu ». Ce dernier est plus
adapté aux besoins du Trio, aussi Yoko a-t-elle décidé de
démanteler le premier et d’en retirer tous les composants
utilisables. Elle regagne le « Ryu », où elle retrouve
Vic, Pol, Mieke, Poky et Rosée, ainsi que Myna. Khany les rejoint et
le « Ryu » se rapproche des nuées d’Ultima, un univers
chaotique issu d’une planète disloquée. Khany n’a pas le droit
d’y pénétrer, mais Yoko décide de s’y rendre à cause d’une
sonde temporelle qui est passée tout près d’eux et est porteuse
d’informations. C’est un mystère que Yoko veut comprendre et qui
va la lancer dans cette nouvelle aventure où elle va rencontrer
Litsy, pilote du Seigneur Gulta, qui se révèle être d’origine
Vinéenne. Yoko comprend alors que le êtres présents dans cette
région éloignée de la galaxie qui héberge Vinéa sont les
descendants des habitants d’un des dix vaisseaux qui ont évacué
Vinéa deux millions d’années plus tôt.
Yoko
rencontre également Ethéra, l’ancien pilote de Gulta qui a eu un
accident et que Gulta s’efforce, avec l’aide de Widek, de sauver
en remplaçant les éléments détruits de son corps et en lui
donnant une âme, celle de Litsy, qui est en fait une criminelle
condamnée et à qui on a donné une autre âme…
Le but de
Yoko va alors être de rendre à qui de droit sa propre âme, et donc
sa conscience et sa liberté. Du même coup, il lui faudra affronter
Isora, une femme brillante qui a mis au point ce système de
transfert d’âme, afin de se réincarner…
J’ai
toujours été gênée par le terme « âme », dans cette
bande dessinée. Dans « Les Trois Soleils de Vinéa »,
Roger Leloup parle de « mémoire magnétique ». Ces
mémoires sont stockables et duplicables à volonté, permettant de
donner une autonomie et des capacités de décisions, par exemple, à
des robots.
Ici, il ne
s’agit pas tant de « mémoire », mais bien de ce qui
constitue l’essence même de la personne. C’est en tout cas ce
qui est dit, même si la confusion entre les deux est possible.
Ce qui est
intéressant et que Roger Leloup amène avec beaucoup de subtilité,
c’est la question, très actuelle malheureusement, du
transhumanisme. Cette bande dessinée a été publiée en 1996, à un
moment où, bien entendu, toutes ces questions n’étaient pas du
tout débattues au grand jour comme elles le sont aujourd’hui. En
tout cas, il aborde ici cette idée qu’un être de chair et de sang
pourrait n’être qu’une enveloppe abritant une âme qu’on
pourrait transférer d’une personne à une autre. Mais au vu des
résultats des expériences d’Isora, force est de constater que ce
procédé n’est pas vraiment une réussite : l’ « âme »
du « receveur » se révolte en général contre l’hôte
et va jusqu’au suicide pour s’en débarrasser.
En ce qui
concerne Litsy, elle pourra retrouver son âme et son libre-arbitre,
mais Ethéra, l’une des victimes d’Isora, veut s’en servir pour
sauver les autres « copies » d’Isora, qui ont eu moins
de chance qu’elle et se meurent. La générosité de Litsy leur
permettra de vivre.
Dans cette
aventure, Yoko est particulièrement impliquée émotionnellement, et
Khany disparaît presque totalement de l’intrigue. L’évolution
des dessins des personnages est désormais bien installée, donnant
une nouvelle physionomie à la bande dessinée. Par ailleurs, on
commence à bien voir l’extraordinaire travail de Roger Leloup sur
les couleurs, avec des doubles-pages où l’on trouve une couleur
dominante qui joue sur différents camaïeux, prémisses de ce qu’on
va trouver de manière encore plus prononcée dans les albums
suivants.
Paru
aux éditions Dupuis, 1996. ISBN : 2-8001-2340-0
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