Quatre ans
d’attente ! C’est le plus long délai, à ma connaissance,
entre deux albums. Il faut dire que Roger Leloup a du affronter,
durant cette période entre « La Pagode des Brumes » et
« Le Septième Code » une épreuve difficile, qui a été
la déformation, voire la dénaturation complète de la série aux
fins d’un dessin animé pour lequel il avait au départ donné son
accord. Devant le résultat et la trahison de l’esprit de la série,
il a, après un certain temps de bataille sans doute judiciaire,
obtenu gain de cause. Le dessin animé est sorti, mais toute mention
de Yoko ou d’une quelconque référence à la bande dessinée a été
supprimée, permettant à Roger de retrouver sa sérénité et sa
fibre créatrice. Pour le plus grand bonheur des fans qui se sont
beaucoup inquiétés, durant tout ce laps de temps.
Nous
retrouvons Yoko en Amazonie, où elle pilote un hydravion sous la
surveillance du propriétaire et pilote régulier de l’appareil.
Pol a en effet été invité à participer à une partie d’échecs
par un certain Monsieur Krüger. Les choses s’accélèrent
immédiatement : la route de l’hydravion est coupée par un
appareil plus petit, un biplan, piloté par Emilia (la fille du
pilote de l’hydravion), qui n’a pas sa langue dans sa poche et, à
14 ans, fait preuve de beaucoup d’indépendance.
En
réalité, Emilia et Yoko profitent rapidement d’un concours de
circonstances pour aller explorer le sous-marin du père de M. Krüger
qui, aux dires de celui-ci, recèle un trésor. Mais à leur retour,
elles doivent se rendre à l’évidence : Rosée, Vic et Pol
ont disparu…
Yoko et
Emilia se lancent aux trousses de leurs ravisseurs et leur expédition
les emmène au cœur de l’Amazonie, dans un lieu fantasmagorique
où, durant les années Trente et la guerre qui suivit, le métal
d’une météorite tombée à cet endroit a été exploité pour en
faire des armes… L’ancienne usine sidérurgique a par la suite
été réutilisée par les Russes durant la guerre froide et Yoko
découvre avec horreur qu’une ogive nucléaire est toujours
présente sur les lieux. Krüger veut voler cette tête nucléaire,
mais l’un des soviétiques en mission sur le site, flairant le
danger, a mis au point un système permettant de maintenir le site en
sûreté. Avec ses compagnons, il s’est enfermé dans une chambre
froide, en hibernation, chacun d’entre eux portant un code. En
réunissant ces codes, on active l’ogive en question. La « clé »
du dispositif étant cachée derrière une partie d’échecs, les
meilleurs spécialistes du jeu ont été dépêchés sur place…
sans résultat. Mais l’arrivée de Yoko, Vic et Pol, accompagnés
d’Emilia, va changer la donne…
Nous
retrouvons ici la Comtesse Olga, déjà rencontrée dans « L’Or
du Rhin ». Elle et le père d’Emilia sont très proches, au
grand dam de l’adolescente qui ne leur facilite pas la tâche. En
pleine rébellion, Emilia fait malgré tout preuve de courage et
d’abnégation, ainsi que d’une franche tendance à l’inconscience
face au danger. Elle va devenir au fil des pages une précieuse
alliée pour Yoko.
Ce nouvel
album m’a fait beaucoup de bien, je dois l’avouer. J’ai eu
l’impression, en l’ouvrant, de « retrouver » la Yoko
d’ « avant ». Avant quoi ? Je ne sais pas trop…
Tout se passait comme s’il y avait eu une sorte de vide, et pas
uniquement à cause du délai de parution entre l’album 23 et le
24ème. J’ai eu l’impression d’une énergie retrouvée, d’une
sorte de fièvre créatrice, ou d’une fibre créatrice, plutôt,
qui revenait. Un peu comme si la présence d’Emilia dans la série
était devenue vitale au créateur de Yoko pour pouvoir avancer… En
tout cas, cet album est une réussite, on y retrouve nombre
d’ingrédients qui ont fait le succès de la série :
l’humanisme de Yoko, notamment face à la technologie qui peut être
utilisée à des fins destructrices et que Yoko va s’employer à
contrer, dans le respect de la vie de chacun.
Emilia
apporte quant à elle un vrai « plus », avec sa fraîcheur
juvénile et son enthousiasme communicatif. Elle devient à partir de
cet album l’un des personnages récurrents de la série, au même
titre que Vic, Pol et Rosée.
Paru
aux éditions Dupuis, 2005. ISBN : 2-8001-3358-9
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire