Deux ans
après « Les Exilés de Kifa », Yoko est de retour en
Allemagne, à Cologne, cette fois, où elle retrouve Ingrid qui
répète aux claviers de l’orgue de la Cathédrale. Elle n’a pas
encore pu voir son amie qu’elle est accostée par une Japonaise qui
a rendez-vous avec un certain « Ibis » dans une chapelle
sous le chœur. Yoko la guide vers la crypte… pour se rendre compte
après l’avoir quittée que quelque chose « cloche ».
Se dirigeant à son tour vers la crypte, elle ne peut que se rendre à
l’évidence : la Japonaise vient d’être victime d’une
agression.
Rejointe
par Ingrid, Yoko lui confie l’inconnue en attendant les secours et
va ensuite mener l’enquête pour comprendre ce qui a pu se passer
et qui est la femme en question. C’est à la gare que les deux
amies trouveront un début d’explication : la jeune femme a
parlé à Yoko de la gare et du « Rheingold » qui s’avère
être un train de luxe spécialement affrété par un homme
d’affaires Japonais que Yoko connaît déjà : Ito Kazuki
(voir « La Fille du Vent »). Yoko étant polyglotte, tout
comme Minako, Ito Kazuki l’engage pour traduire des documents
commerciaux. Yoko accepte le marché afin de pouvoir aider Minako de
son mieux.
Le train
quitte Cologne, mais dès avant son départ, Yoko est victime d’une
tentative d’assassinat, déjouée par un certain Koshi, qui s’avère
être un robot obéissant à la voix humaine. Une fois à bord, Yoko
commence son enquête et découvre bien vite qu’Ito Kazuki cache un
certain nombre de choses… et que les invités sont plutôt
étranges : deux d’entre eux sont membres de services secrets
étrangers, deux autres sont médecins.
Mais Yoko
n’est pas au bout de ses surprises : le document dont elle
doit assurer la traduction est obscur et, après enquête, la jeune
femme se rend compte qu’il s’agit d’une arme terrible. Par
ailleurs, Ito Kazuki lui semble étrange, par son trouble, son
comportement… et certaines de ses réactions.
L’histoire
est complexe, là encore, mais plus dans la veine des volumes
précédents que « Les Exilés de Kifa ». Ici aussi, la
technologie s’avère être l’enjeu d’un crime et j’ai été
frappée par ce qui ressemble un peu à des clins d’œil à
d’autres œuvres : cet album tient à la fois du « Crime
de l’Orient-Express » d’Agatha Christie par le luxe du
train (et le nombre de morts!) et des aventures de James Bond au
cinéma par l’intrigue sans temps morts et le rythme enlevé de
l’album.
Dans cet
album, le lecteur retrouve les décors de « L’Orgue du
Diable », puisque certaines scènes se déroulent au même
endroit ou presque que l’intrigue du deuxième album de la série.
Roger Leloup semble aimer retrouver des décors connus, les explorer
sous un autre angle, les approfondir, d’une certaine manière.
Peut-être aussi qu’il le fait pour créer une certaine intimité,
une continuité entre les albums qui se succèdent apparemment sans
lien les uns avec les autres.
En tout
cas, de nombreux axes du récit peuvent être cités : la
question du double (ou du jumeau) qui est au centre de cette
intrigue, l’implication de services secrets, l’intrigue
policière…
À noter
dans cet album l’absence, pour la première fois, de Vic. Il me
semble que c’est d’ailleurs la seule fois…
On sent
dans le style graphique que Roger Leloup est dans une sorte
d’entre-deux, avec des personnages aux traits plus anguleux, des
yeux plus ronds, plus grands aussi, sauf pour les Asiatiques
évidemment. Je suppose que si j’accorde autant d’importance à
ce qui n’est, finalement, que des détails, c’est parce que j’ai
la nostalgie des albums de mon enfance. En 1993, à la sortie de
« L’Or du Rhin », je venais de passer mon Baccalauréat
et j’entrais à l’université… Déjà plus une enfant, pas tout
à fait une adulte, ma vision des choses était elle aussi en train
de changer progressivement. Et mon attachement aux dessins des années
1980 est peut-être dû à cela : une sorte de nostalgie de ces
années d’insouciance…
En tout
cas, l’album est très beau, les dessins sont comme toujours très
précis et réalistes… et la réutilisation des lieux de la
deuxième aventure confère à cet album-ci un sentiment rassurant de
territoire connu qui permet de mieux s’approprier l’intrigue
somme toute assez complexe (tout comme la précédente).
Paru
aux éditions Dupuis, 1993. ISBN : 2-8001-1999-3
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