Yoko et
Pol sont en Écosse, peut-être pour une émission sur les légendes
locales ou les fantômes... le prétexte à leur présence en ces
lieux est finalement assez accessoire. L'intrigue démarre très
rapidement : en quelques vignettes, le décor est posé. Roulant à
vive allure sur une petite route, Yoko évite de justesse de
renverser une jeune femme de son âge qui a brusquement débouché,
pieds nus, devant sa voiture. Elle est suivie de près par une meute
de chiens et deux hommes armés qui, visiblement, lui font peur. Les
explications des deux hommes sont interrompues par l’arrivée de
Sir William,l e propriétaire du château tout proche et père de la
jeune fille en question, ainsi que du médecin qui la suit. C’est
que Cécilia, la jeune fille, est folle et persuadée d’être
séquestrée par son père qui, selon elle, l’empêche de rejoindre
sa mère quand elle vient la visiter la nuit.
Dans
l’accident, la roue de la voiture de Yoko a rendu l’âme. Pour
s’excuser de la gêne occasionnée, Sir William invite Yoko au
château, le temps que la roue soit réparée. Avant de s’y rendre,
Yoko et Pol rencontrent un original qui leur raconte l’histoire
tragique de la mère de Cécilia, qui s’est tuée quinze ans
auparavant dans un accident de cheval.
Yoko se
trouve embarquée dans une nouvelle aventure avec une énigme de
taille à résoudre. Et la solution se trouve au château, où elle
fait de surprenantes découvertes durant la nuit qu’elle passe
là-bas. Persuadée que la vie de Cécilia est menacée, Yoko fait
venir Vic, dans l’espoir de trouver un moyen de résoudre le
problème auquel elle est confrontée… et de sauver la vie de
Cécilia.
Roger
Leloup retrouve ici un thème qui a fait mouche au début de la
série : l’utilisation à des fins crapuleuses de la
technologie. Le cadre dans lequel évoluent les personnages est
grandiose, romantique à souhait. L’ambiance est à la fois quelque
peu surannée et, en même temps, très « high-tech », ce
qui donne un mélange audacieux mais parfaitement crédible sous la
plume de Roger Leloup.
Là
encore, cet album fait partie de mes préférés. Je l’ai maintes
fois lu et relu, subjuguée par l’intrigue, la minutie du dessin et
la cohérence des événements.
Cécilia
sera sauvée, bien sûr (les bandes dessinées de Roger Leloup sont
accessibles dès 7 ans), et les méchants punis, évidemment. Et
pendant longtemps, on n’entendra plus parler de l’Écosse et de
Cécilia. J’ai longtemps regretté sa longue absence dans la série,
tant le personnage est attachant. Mais… chut ! Je ne vais pas
en dévoiler plus sur le reste de la série !
Pour
terminer, petit mot sur les thèmes abordés dans cet album :
outre les légendes, les fantômes et les superstitions pour
lesquelles l’Écosse est un endroit vraiment idéal, Roger Leloup
explore là la question des « doubles », des sosies.
C’est un aspect de son œuvre qui est assez peu marqué et qui,
pourtant, est présent en filigrane dans plusieurs albums, les
personnes pouvant se ressembler soit d’une génération à l’autre
(comme dans « La Frontière de la Vie »), soit par des
jeux de réveils successifs (comme dans « Les Trois soleils deVinéa ») ou, ici, par le biais de sosies. On verra dans les
albums suivant que cet arc de récit est utilisé dans d’autres
histoires et permet le développement d’intrigues intéressantes.
Si je n’ai pas abordé cet aspect dans les autres chroniques, c’est
tout simplement parce qu’il n’y était que très secondaire,
alors qu’ici, il constitue le nœud de l’intrigue…
En tout
cas, cet album est, pour moi, dans la même veine que « La
Frontière de la Vie », il est l’un de ceux que j’apprécie
le plus et a beaucoup marqué mon imaginaire.
Paru
aux éditions Dupuis, 1982. ISBN : 2-8001-0908-4
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