Quand
j’étais adolescente, j’allais parfois, en bus, au supermarché
(ou bien je profitais d’un jour où ma mère faisait les courses
pour m’incruster dans la voiture), avec mon argent de poche, et je
passais un temps infini devant le rayon livres, à rêver devant
toutes ces bandes dessinées que je ne pourrais jamais m’offrir,
tout en me demandant si l’argent dont je disposais là, tout de
suite, serait suffisant pour une ou deux bd…
Ce
quinzième album des aventures de Yoko fait partie de ceux que j’ai
pu acquérir de cette manière et il en a longtemps gardé le goût
de l’aventure et du labeur indispensable pour réunir la somme
nécessaire à son acquisition. En l’ouvrant aujourd’hui pour
cette chronique, c’est un peu du soleil de mon adolescence qui
refait surface, et ça fait chaud au cœur !
Cette
quinzième histoire commence dans les Alpes Suisses, ou plutôt
au-dessus. Yoko, que l’on savait déjà pilote de planeur (dans
« Message pour l’Éternité ») et d’hélicoptère
(dans « Le Feu de Wotan ») est aux commandes du Colibri,
un petit avion à réaction pour lequel elle effectue des tests et le
rodage en vue de sa livraison au client qui l’a commandé. C’est
avec regret qu’elle s’apprête à se séparer de ce petit
« bijou », quand elle a la surprise de découvrir,
atterrissant avec Vic et Pol, le Colonel Tagashi, avec qui elle avait
travaillé au Japon (dans « La Fille du Vent »). Un autre
« invité » arrive sur le tarmac où Yoko s’est posée :
Peter Hertzel, dont le Trio a fait la connaissance dans « Le
Feu de Wotan », qui se trouve être le véritable responsable
du programme « Colibri-Kawasaki » pour lesquels Yoko, Vic
et Pol travaillent en Suisse depuis deux mois.
Les deux
hommes expliquent au Trio leur mission : Un trafiquant d’armes
japonais se fait livrer au Kampong des obus du diamètre d’un canon
à longue portée dont la trace a été perdue en 1943, entre le
Japon et l’Isthme de Kra. La mission du Trio consiste à retrouver
ce canon, à l’aide du Kawasaki (l’avion que Vic et Pol ont
appris à manœuvrer en Suisse) et du Colibri, qui devient propriété
de Yoko.
On
retrouve la jeune femme au Kampong, où elle est chargée de prendre
des renseignements sur le trafiquant japonais. Elle découvrira vite
que ce dernier est loin d’être dupe de ses intentions et devra la
vie sauve aux réflexes du Capitaine Onago, chargé de la
réceptionner à son arrivée au Kampong.
L’affaire
s’avère plus complexe que prévu et c’est finalement entre deux
clans opposés que Yoko, Vic et Pol se retrouvent. Il faudra tout le
courage et la ténacité de Yoko et de ses amis pour aller au bout de
leur mission et, enfin, retrouver le canon et le mettre hors d’état
de nuire…
Cet album
est extraordinaire au niveau du dessin en particulier. Les traits des
personnages sont simplement splendides, sans doute parmi les plus
réussis de la série. On sent que dans tous ces albums (depuis « Les Trois Soleils de Vinéa »), Roger Leloup a vraiment gagné
progressivement en maîtrise, en assurance et en finesse dans les
traits et dans la construction de l’intrigue. De plus, une part non
négligeable de l’intrigue m’a toujours beaucoup plu par son côté
un peu déjanté (notamment toute la partie avec les insurgés
présents sur l’île, qui n’ont qu’une idée en tête :
détruire les dépôts de munitions du trafiquant japonais Sakamoto
et obtenir enfin leur liberté). C’est que ni Yoko, ni les insurgés
n’ont froid aux yeux et ils sont prêts à aller jusqu’au bout
pour libérer ce petit bout de terre des méfaits de Sakamoto, qui
rêve de prendre le pouvoir dans toute la région, sous la menace,
rien que ça, d’une explosion nucléaire !
On est là
dans une bonne bande dessinée d’aventure, réjouissante, bien
écrite, belle à regarder… Le bonheur, quoi !
Paru
aux éditions Dupuis, 1985. - ISBN : 2-8001-1092-9
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire