jeudi 29 septembre 2011

Eloge de la faiblesse, d'Alexandre Jollien



Ce petit livre de philosophie se lit très vite. C'est peu dire : il a la particularité de compter 95 pages seulement (en comptant la préface et l'avant-propos), et d'être conçu comme un dialogue entre Alexandre, l'auteur, et Socrate. Pour ma part, le fait que ce soit de la philosophie m'a d'abord un peu refroidie (je le savais, et c'est pour ça que j'ai demandé ce partenariat, mais j'avoue que du coup, j'étais moins enthousiaste à l'idée de l'ouvrir), puis m'a emballée. Parce que c'est de la philosophie qui est loin de tous les concepts, les théories... il s'agit ici d'une expérience, du vécu de l'auteur, IMC (infirme moteur cérébral), et de ce qu'il a vu et vécu au "Centre", institution où il a été accueilli pendant dix-sept ans, avant d'aller dans un établissement scolaire normal, puis à l'université où il a étudié la philosophie, donc. Ce qui est relaté ici est simplement son parcours, atypique, certes, pour un IMC, mais révélateur en bien des points de ce que vivent les handicapés accueillis et pris en charge dans ces institutions.

Ce "dialogue" avec Socrate est l'occasion pour Alexandre Jollien de parler de son parcours, de ce qu'il a vécu, des interactions, comme on dit, entre éducateurs et handicapés, entre handicapés et gens "normaux" et entre handicapés aussi, simplement. Sans mots compliqués, l'auteur nous fait toucher du doigt la différence, la dépendance, la faiblesse, mais en montrant au lecteur dans quel sens ces difficultés (puisque c'est ainsi qu'on les perçoit dans la vie de tous les jours) peuvent devenir de véritables forces, des moyens d'être avec les autres, si tant est qu'on les accepte.
Le discours ici rapporté est facilement transposable à la vie de n'importe qui. Bien entendu, n'importe qui n'est pas Alexandre Jollien. N'importe qui n'est pas IMC, philosophe de surcroît. Mais n'importe qui doit faire face un jour à la difficulté d'être soi, au handicap, à la maladie, à la vie. Et ce que propose Alexandre Jollien, c'est tout simplement de faire de ses faiblesses une force.
J'ai beaucoup aimé ce petit ouvrage, écrit dans une langue simple, facile à comprendre (et la philo et moi, on n'est pas souvent d'accord, donc là, c'est plutôt une bonne chose !). Juste un petit regret : c'est... un peu court !

Un grand, grand merci à Bibliofolie et aux éditions Marabout pour ce beau partenariat !

Paru aux éditions Marabout, 2011. ISBN : 978-2501-07341-7
Première éditions : Cerf, 1999.

lundi 26 septembre 2011

Jours sans faim, de Delphine de Vigan


Ce court roman (125 pages seulement) a d'abord été publié, en 2001, par Delphine de Vigan, sous le pseudonyme de Lou Delvig. Il s'agit ici du premier roman de cette auteur dont j'ai déjà lu plusieurs romans, postérieurs à celui-ci. Et j'avoue que je suis une fois de plus conquise. Il est ici question d'un sujet douloureux, l'anorexie, mais là, l'histoire commence au moment où Laure, l'héroïne, est au point de non-retour, celui où elle doit prendre la décision de vivre ou de mourir. Soit elle fait quelque chose et elle se donne une chance de continuer à vivre, soit elle se laisse aller et tout est fini. Elle est aidée en cela par le médecin qu'elle rencontre in extremis, et qui la tient d'abord à bout de bras, sans jamais la forcer, mais en lui laissant entendre qu'il sera toujours là. Le fil qui relie la jeune fille à la vie est ténu, tout comme l'est celui qu'elle maintient avec la maladie, comme un filet de sécurité, un élément de sa vie d'avant qui lui permet de garder l'illusion du contrôle.
Parce que l'histoire est là : il s'agit de contrôler. Son poids, son image, sa volonté, sa vie même.
Et pourtant, malgré cette volonté farouche de tout contrôler, voire de mourir, Laure accepte d'entrer dans le "jeu", en faisant siennes les exigences et conditions du médecin qui la suit. C'est donc son histoire qui est racontée ici, où le lecteur suit petit à petit l'évolution de la santé de la jeune fille. Sa santé, bien sûr, mais aussi son histoire, les problèmes avec sa famille, la folie de sa mère...

L'histoire de Laure est celle de nombreuses jeunes femmes, et le lecteur croise ici plusieurs d'entre elles, à divers stades de la maladie. Ce qui est intéressant aussi, c'est que l'on suit ici le traitement administré à ces jeunes femmes en danger de mort. Tout y est décrit, depuis l'hospitalisation volontaire jusqu'à la sortie, en passant par les différentes phases du traitement (sonde, suppléments, alimentation, prise de poids, doutes, sortie... et rechutes éventuelles). Est-ce ainsi que cela se passe en réalité ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais ce que j'ai apprécié particulièrement dans ce roman, c'est le ton, juste, qui ne verse jamais dans le pathos ou le déchirant. Les éléments de la vie de Laure sont distillés au fur et à mesure de l'évolution de sa santé, sans pour autant mener à l'explication de la maladie. Il s'agit ici non pas d'une histoire où l'on cherche à savoir pourquoi cette jeune fille a décidé un jour d'arrêter de manger, et comment elle va être sauvée, mais simplement comment elle s'en sort, temporairement du moins. Elle n'a semble-t-il pas une conscience bien précise de ce qui l'a conduite ici, sinon un faisceau de présomptions...

J'ai donc beaucoup aimé ce roman, avec un seul regret : il est bien trop court. J'aurais aimé en savoir plus sur ce qui se passe après sa sortie de l'hôpital. Mais finalement, j'y retrouve bien là la "patte" de Delphine de Vigan : elle a l'art de laisser ses héros en plan, comme si ce qu'elle raconte n'était qu'une tranche de leur vie, un moment M avec quelque chose qui se passe avant, que nous ignorons, et quelque chose qui se passe après, que nous ne connaîtrons jamais...

Paru aux éditions J'ai Lu, 2008. ISBN : 978-2-290-01338-0

vendredi 23 septembre 2011

Histoires de bouches, de Noëlle Chatelet



Histoires de bouches est un recueil de nouvelles très courtes ayant pour point commun de toutes parler d'alimentation. Sous toutes ses formes, dans des situations et conditions très variés. Les textes vont de l'anorexique à la boulimique, en passant par la grand-mère qui rate sa blanquette, le jeune pensionnaire qui dérobe du pain chaque jour, ou encore le cannibale qui s'ignore...
Ces histoires oscillent entre le dramatique et le tragi-comique, et j'ai pris un grand plaisir à les lire. Elles font partie de ces petites histoires plus ou moins horribles qu'on aime découvrir. La quatrième de couverture parle de « faits réels » qui seraient à la base de ces histoires. Si tel est le cas, ils sont au choix étranges, fantastiques ou encore horribles. Mais l'esprit humain est capable de bien des choses, et les relations que les êtres entretiennent avec la nourriture sont assez bizarres pour que cela produise des effets étonnants, voire surréalistes.

Mention spéciale pour « La femme papyrus » et « La mère nourricière », particulièrement bien élaborées, et où l'horreur le dispute à l'incrédulité...

Paru aux éditions Gallimard (Folio), 1987. ISBN : 978-2-07-037903-3

samedi 3 septembre 2011

Match de la rentrée littéraire

Comme je n'ai pas assez de lectures en cours (hem...), je me suis inscrite aux matchs de la rentrée littéraire, organisés par Priceminister. Il s'agit simplement de lire et de chroniquer le livre que vous souhaitez soutenir, et dont la liste, ainsi que le règlement de l'opération, se trouvent sur le site de Priceminister, que vous trouverez simplement en cliquant sur le logo ci-dessous.

Si vous souhaitez participer, vous pouvez être "parrainé", c'est-à-dire que vous dites simplement lors de votre inscription que vous venez de ma part, et vous pourrez à votre tour être parrain ou marraine d'un autre blogueur.
De mon côté, je participe suite au billet d'Asphodèle, que les lecteurs de mon autre blog connaissent bien, avec ma participation aux "Plumes de l'été".
Et j'ai choisi le dernier livre de Haruki Murakami, 1Q84, que j'ai hâte de découvrir, si ma participation est validée, bien sûr !