lundi 28 mars 2011

Plagiat, suite

Je ne sais pas ce qu'il faut en penser...
Je suis retournée sur le fameux blog dont je vous parlais samedi dernier (le blog plagiaire), et surprise ! J'y ai trouvé plusieurs articles datés d'aujourd'hui. Après une recherche très rapide sur Google, j'ai trouvé l'un des site d'où l'auteur pompe les articles. J'ai écrit à l'auteur du blog en question, puis à l'hébergeur, et quand j'y suis retournée, une heure après environ... re-surprise ! Le blog est "inactif pour le moment" !
Donc au moins une plagiaire qui va arrêter pour un temps du moins de piller les contenus des autres...

Jusqu'à la prochaine fois ?
Non, je ne l'espère pas. En tout cas, c'est une bonne chose pour Dominique, Kenza, Clara et les autres...

dimanche 27 mars 2011

L'Etoile du diable, de Jo Nesbo


L'Etoile du diable est le cinquième volet de la série d'enquêtes menées par Harry Hole. Comme j'ai découvert l'auteur un peu par hasard, au gré de mes visites en librairie, je n'ai pas commencé par le début, bien sûr. Ca aurait été trop simple !

J'ai eu un peu de difficultés à rentrer dans ce livre, pour plusieurs raisons. La première, c'est que ce récit est en quelque sorte mon baptême du feu, mon entrée dans la littérature de l'Europe du Nord (non, je n'ai encore rien lu de Camilla Läckberg, et je n'ai pas encore succombé à Millenium. Mais rassurez-vous, c'est prévu !). Donc, j'ajoute à la découverte d'un auteur celle de noms. Parce que ce qui m'a le plus gênée dans la lecture, ce sont les noms, tous inconnus pour moi : Camilla Loen, Beate, Vibeke, Anders Nygard, Tom Waaler, Skarre, Oystein, Bjarne Moller... j'avoue que parfois, je ne savais plus s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme, si c'était le même personnage que celui que j'avais rencontré trois chapitres plus tôt... faute de retenir tout de suite qui était qui.
Et puis je m'y suis finalement retrouvée plus ou moins bien (et j'ai accepté de ne pas tout comprendre, aussi, dans les nombreux détails).
J'ai alors été happée par la lecture, au point de ne plus pouvoir lâcher le livre.
Nous sommes ici dans un policier, un vrai. Avec une très bonne intrigue, complexe, bien menée, avec des rebondissements plausibles... oui, j'ai vraiment, vraiment accroché !
Alors, me direz-vous ? L'histoire ?
Une femme est trouvée morte dans son appartement. Un de ses doigts a été sectionné, et les enquêteurs découvrent un diamant rouge sang sous une de ses paupières. Le diamant est taillé en forme d'étoile à 5 branches.
5 jours plus tard, une autre femme disparaît. Un de ses doigts, portant une bague ornée d'un diamant rouge en forme d'étoile à 5 branches est retrouvé non loin de son appartement. C'est le début d'une enquête longue et difficile pour les policiers, menés par Tom Waaler, assisté de Harry Hole.
Harry sait que c'est sa dernière enquête. Il est alcoolique et détruit systématiquement tout ce qui a un sens dans sa vie : sa santé, sa relation avec Rakel, et, maintenant, son travail.
Cette enquête est compliquée par une autre, plus ancienne, qui amène Harry à voir les événements sous un angle nouveau.
Je ne veux pas en dévoiler plus, pour ne pas dévoiler trop de choses et gâcher le plaisir de la lecture de ceux qui voudraient s'y mettre, alors je ne dirais que ceci : si vous aimez les policiers, foncez !

Traduit du norvégien par Alex Fouillet.
Paru aux éditions Gallimard (Folio Policier), 2008. ISBN : 978-2-07-035872-4.

samedi 26 mars 2011

Halte au plagiat !

Je suis abonnée au blog de Clara, et j'y ai lu tout à l'heure un message dénonçant le pillage, le plagiat, le vol pur et simple des chroniques de blogueurs et blogueuses.
Mon blog est récent et sans doute peu lu pour le moment, mais je sais que personne n'est à l'abri de ce type de pratiques parfaitement illégales, à dénoncer et à combattre.
Le blog incriminé est celui de Diptyque (Amicalien), et je ne mettrai pas de lien vers lui pour ne pas faire de pub. Vous pouvez faire une recherche sur Google ou sur l'un des blogs originaux dont par contre, je vais mettre les noms et liens histoire que ceux que ça intéresse aillent à la source directement, et non sur ce blog plagiaire (dont vous trouverez de toute façon l'adresse en cliquant sur les noms soulignés juste en dessous).
Vous trouverez donc divers billets parlant de tout cela chez Clara, Delphine, Kenza, Dominique... D'autres ont eu la mauvaise surprise de découvrir leurs propres écrits que des voleurs se sont appropriés (Lali par exemple)...
Ce genre de pratique m'insupporte. Je travaille comme documentaliste dans une école supérieure, et nos étudiants sont informés des risques qu'ils encourent s'ils sont pris en flagrant délit de plagiat (pour un étudiant, c'est une note éliminatoire et une interdiction d'examen pendant 5 ans). Mais quid des blogueurs qui sévissent la plupart du temps impunément sur la blogosphère ?

Un site, DuplicateLeaks, a été créé en janvier 2011 pour lutter contre ces pratiques. Le principe : les plagiés dénoncent les plagiaires sur ce site, qui fait une enquête (prouver l'antériorité de la publication, par exemple, apporter tout document personnel prouvant qu'on est bien l'auteur...) et "pourrit" ensuite la vie des plagiaires. Si les méthodes sont quelque peu répréhensibles (ils le disent eux-mêmes), et s'ils ne sont pas des justiciers (pas question pour eux d'intenter des procès par exemple), leur but n'est autre que de bousiller la réputation des blogueurs-plagiaires. Le cas de Dyptique, c'est quand même plus de 150 billets par mois en moyenne (je suis allée voir). Même pour un blogueur acharné, un tel rythme de publication ne peut pas être honnête. En revanche, le copier-coller, c'est très simple, et surtout très rapide...

Outre le problème des droits de l'auteur (qui n'est bien sûr jamais cité), il y a l'incompréhension de la part des gens honnêtes : "mais où est l'intérêt du blogueur si ce n'est pas lui (ou elle) qui écrit ?"
L'intérêt ? Mais c'est l'argent... toujours ! Ces blogs utilisent la publicité. Et chaque clic vers une pub permet de gagner quelques centimes. Vu le nombre de billets, je vous laisse deviner la rémunération de cet "auteur"...

Allez, hauts les coeurs ! La blogosphère honnête ne se laissera pas faire !!!!

jeudi 24 mars 2011

SAM 1 : Le Cercle de la prophétie, de Mireille Michèle M.


Lorsque j'ai reçu ce livre au début du mois de mars, j'ai tout de suite admiré deux choses : la couverture et... le code-barre de la 4e de couverture. Eh oui ! La couverture est plutôt belle, le dessin rappelant à la fois les  graphismes amérindiens. Le code-barre est du même acabit, et ça fait plaisir de voir que cet élément aujourd'hui obligatoire sur un livre peut faire l'objet d'une telle recherche graphique. En tout cas, bravo à l'auteur Mathieu Hascoët pour cette belle surprise !

Maintenant que j'ai parlé de l'extérieur, qu'y a-t-il à l'intérieur de ce livre ?
Une histoire qui qui m'a beaucoup plu au départ. On y rencontre Marie au moment de son arrivée au Canada, dans un endroit plutôt solitaire. Elle est écrivain, et s'est donné un mois pour faire ses recherches auprès des communautés amérindiennes qui vivent dans la région. Elle y rencontre Jérémy, et se rend compte très vite que ce sont plus que des recherches sur son livre qu'elle va faire. Il s'agit en fait d'une recherche sur elle-même, sur ses origines, et elle va y apprendre qui elle est en réalité.
Cette première partie m'a pour le moins enchantée. L'élément sous-jacent qui m'a le plus marquée, c'est l'utopie qui se cache derrière : l'homme est « corrompu » par le « Mage noir » qui l'attire grâce à son goût de la richesse et du pouvoir. Suit en toute logique une classique lutte entre le « Bien », représenté par Marie, ses deux soeurs et leurs alliés, et le « Mal », le fameux mage noir et ses créatures hideuses et pestilentielles. Cette lutte, symbolisant aussi le retour à plus de respect envers les autres, les différences, la nature et ses rythmes, m'a particulièrement parlé dans le contexte que nous vivons actuellement, avec la catastrophe nucléaire au Japon et la recherche acharnée de profit, au mépris des rythmes biologiques des hommes comme de la nature. Ce livre est donc particulièrement dans l'air du temps de ce point de vue. Toute la première moitié du livre, qui nous raconte l'initiation de Marie, m'a passionnée et vraiment, je l'ai trouvée bien menée, progressive et tout à fait plausible (ou presque, mais c'est assez bien construit pour l'être).
En revanche, la deuxième partie (à partir du moment où les sœurs se retrouvent), j'ai beaucoup moins accroché, le roman prenant une tournure à laquelle je ne m'attendais pas. J'ai eu l'impression à partir de ce moment-là de rentrer dans un roman pour ado, ce qui m'a à la fois déçue et laissée dubitative.
Sans vouloir trop dévoiler l'histoire, l'irruption de la magie dans ce roman m'a quelque peu perturbée, tant la tournure que prennent les choses est rapide et brutale. La première moitié semble être conçue pour préparer le lecteur à la suite, mais pour moi, passer du « plausible » en tenant compte des croyances d'un peuple à la magie directement m'a laissée un peu sur ma faim dans la mesure où j'ai trouvé la transition un peu « rapide » au niveau de l'écriture. Pour moi, il ne suffit pas de faire penser que la magie existe pour lui donner une existence réelle. Ce n'est pas amené de manière assez subtile à mon goût...
En définitive, j'ai plutôt bien accroché à cette histoire, même si certains passages m'ont donc semblé tirés par la cheveux. En dehors de cette réserve, la lecture est facile et plutôt plaisante. Certains ressorts de l'intrigue sont donc à mon avis trop faciles, presque convenus et le dénouement est attendu, sans trop de surprises. Toutefois, l'intrigue est bien menée, pleine de rebondissements et d'inventivité. Je lirai donc peut-être la suite, si je tombe dessus !
Mais je dirais surtout que ce livre s'adresse avant tout à des adolescents. Ma fille le lira sans doute avec beaucoup de plaisir quand elle sera un peu plus âgée, d'autant plus qu'une partie de l'intrigue se situe au Canada, où réside mon frère, et une autre partie à Brest, où habitent ma sœur... Ça rapproche !

Un grand merci à BOB et au Piment Graphique pour cet intéressant partenariat !

Paru aux éditions Le Piment Graphique, 2010. ISBN : 978-2-9538159-0-0

Petite précision : après quelques recherches, j'ai découvert que le Piment Graphique n'est pas à proprement parler un éditeur, mais une entreprise de communication. Ce qui tend à montrer une fois de plus que le secteur de l'édition du livre est polymorphe. Je ne sais pas encore si c'est une bonne nouvelle...

lundi 21 mars 2011

Japon

Un message laconique sans doute aujourd'hui, pour vous signaler une initiative qui prend de l'ampleur sur le web, à propos des catastrophes qui s'enchaînent au Pays du Soleil Levant.
Vous trouverez tous les détails sur le site suivant :
Tsunami : des images pour le Japon
Je relaie l'information, parce que nous ne pouvons rien faire, à part prier, pour toutes ces personnes qui continuent à souffrir à des milliers de kilomètres de nous. Des auteurs, dessinateurs, envoient sur ce site leurs productions. Les originaux seront vendus aux enchères, et un livre sera édité au profit de Give2Asia.

jeudi 17 mars 2011

Souvenirs de l'Année Terrible, de Georges le Tervanick [Jules Garçon]


Ce livre a la particularité d'être un manuscrit édité plus de 100 ans après son écriture. Il relate le conflit qui opposa la France et la Prusse d'alors, en 1870.
Le récit se compose de trois parties de longueurs inégales : le récit de Dominique Thelliez, simple soldat d'une part, les lettres de Léopold Foulon, grand-oncle de l'auteur d'autre part, et de divers écrits, lettres et documents familiaux, formant la très courte troisième partie.
Je n'avais quasiment jamais entendu parler ou lu d'ouvrages à propos de cette guerre qui vit la victoire des Allemands et l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine. Et si je connaissais l'existence de ce conflit, ce récit m'a vraiment semblé être d'un autre âge, au point d'avoir eu l'impression, à divers moments de ma lecture, qu'il s'agissait d'une fiction. Entendons-nous bien : je ne remets pas en question la véracité de ce texte et des circonstances de son écriture. Je mesure simplement, après la lecture du livre, d'une part l'étendue de mon ignorance au sujet de cette guerre, dont je ne savais quasiment rien ; et d'autre part le fossé qui existe entre ce conflit et la vie de cette époque d'une part et les conflits armés actuels (depuis ceux du début du XXe siècle en gros) d'autre part.

Tout ce qui est décrit ici est de l'ordre du témoignage personnel, du vécu intime. Les deux rapporteurs, qu'il s'agisse de Thelliez ou de Foulon, ne sont que soldats, subissant le quotidien d'une guerre qu'ils n'approuvent ni ne comprennent. Ce sont de pauvres hommes qui n'aspirent qu'à dormir dans un lit, manger à leur faim et revoir leurs proches au plus vite. Le lecteur est ainsi entraîné dans le quotidien de ces soldats de 1870, avec la vie de régiment, les déplacements, les ordres, les contre-ordres, les nouvelles qui arrivent et sont démenties le lendemain... avec l'impression d'un amateurisme sans fond de la part de ceux qui prennent les décisions au regard de ce qui se joue là. Ce qui m'a semblé le plus flagrant, c'est donc ce fossé qui sépare ce conflit de la Grande Guerre (celle de 1914), dont les témoignages nous sont bien plus familiers. L'impression que j'ai eue à la suite de cette lecture, c'est une brutale prise de conscience que la nature même des conflits avaient changé entre 1870 et 1914, passant d'une sorte de « culture de la débrouille » au « professionnalisme », avec les conséquences que l'on sait.

De ce témoignage, je retiens aussi le côté très authentique, presque naïf. La description du conflit, du quotidien, de la vie dans l'armée, y compris dans ce qu'elle a de pire (cour martiale, exécutions, cachot, privations...) y est dépeinte avec beaucoup de naturel, et on sent derrière les mots l'attachement de ces hommes à leur pays, à leur famille, à leur village.
Il ne faut pas s'attendre là à un traité sur le déroulement du conflit de 1870, pas plus qu'un livre d'Histoire. On sent d'ailleurs que les deux témoins sont complètement perdus eux aussi, et qu'ils se sont contentés d'obéir, sans vraiment comprendre tout ce qui se passait autour d'eux. Il n'en reste pas moins vrai que ces pages retracent avec honnêteté un pan de notre histoire, d'un temps où les soldats étaient logés chez l'habitant, où ils s'entraînaient le matin et n'avaient pas tous des armes au début du conflit, où ils avaient la possibilité d'écrire des lettres à leurs familles et de recevoir des visites, et où les menaces venaient de la route face à eux, et non du ciel, de bombes atomiques ou d'armes bactériologiques et de destruction massive. Un autre temps, presque oublié désormais, tant les conflits qui opposent les peuples ont évolué aujourd'hui.

Un grand, grand merci aux éditions Ramsey et à BOB pour cette découverte : je suis heureuse d'avoir pu en apprendre un peu plus sur cette période difficile et troublée de notre histoire.

Paru aux éditions Ramsey, 2010. ISBN : 978-2-8122-0019-9

mardi 15 mars 2011

Les Tribulations de Joseph, petit-fils de Gaspard, 1939-1945, de Joseph Neu

Ce petit livre de 147 pages est un témoignage touchant de Joseph Neu, à propos de ce qu'il a vécu durant la seconde guerre mondiale, alors qu'il était enfant, entre 1939 et 1945. Le lecteur suit Joseph et sa famille (7 personnes), ainsi que ses cousins et d'autres Mosellans exilés comme eux sur les routes lorraines. Et c'est là une tranche d'histoire que nous revivons avec lui. Il y est question de l'exode suite à l'annexion de la Moselle et de l'Alsace à l'Allemagne. Les parents de Joseph, comme beaucoup de leur village, ont été priés dès les premiers jours de la guerre, de quitter les lieux et se sont donc retrouvés sur les routes, d'abord en direction de la Charente où ils sont restés durant un an, entre septembre 1939 et septembre 1940, puis en Lorraine, pas très loin de leur point de départ, mais toujours chez les autres, occupant les fermes laissées à l'abandon par leurs propriétaires légitimes. A la fin de la guerre, Joseph avait 14 ans. C'est donc à travers ses yeux d'enfant qu'il raconte dans ce livre la vie quotidienne. Il n'y a pas, ici, de combats, de morts, de récits de faits d'armes ou de déportation, ni même de ce qu'on appelle les « horreurs de la guerre », ou si peu. Bien sûr, la guerre et les privations qui vont avec sont bien présentes avec le rationnement, les prisonniers, les réquisitions, les « Malgrés-nous », les déserteurs, les soldats... mais le quotidien qui est décrit ici ressemble à s'y méprendre à celui de n'importe quel enfant de cette époque-là : l'école quand c'était possible, les travaux des champs pour pouvoir manger tous les jours, les saisons qui s'écoulent, la cohabitation forcée avec l'occupant, les cycles de la nature... Après la lecture de ce témoignage, j'ai un sentiment d'extrême pudeur : la vie a sans doute été faite au quotidien de manques, d'humiliations, de privations... mais il semble que ces problèmes aient été vécus par Joseph comme « extérieurs » à lui. Non pas qu'il n'en avait pas conscience, mais c'était plutôt à ses parents de les régler... comme n'importe quel enfant au monde qui, guerre ou pas, se préoccupe très peu de savoir de quelle manière il pourra manger, si tant est que ses parents sont près de lui pour subvenir à ses besoins. Il se repose sur eux.
J'ai beaucoup aimé ce petit ouvrage sans prétention aucune. Pas pour son aspect littéraire, mais pour le quotidien sans fard qui s'en dégage. Il a été écrit par un grand-père qui souhaitait transmettre à toute sa famille ses années de guerre, afin que nul n'oublie.
Un grand merci à la famille Richter, qui a bien voulu me prêter ce petit livre passionnant et surtout extrêmement touchant.

Auto-édition, 2007.

dimanche 13 mars 2011

Rennes connection, de Joseph Alessi


Rennes Connection est un roman policier dont l'intrigue se situe à Rennes, bien sûr, mais aussi à Nantes et à Marseille. Dès les premières lignes, l'auteur nous entraîne à un rythme effréné dans une enquête au cœur des réseaux de trafiquants de drogues de la capitale bretonne.
Construction et rythme haletant, enquête compliquée mêlant diverses bandes rivales et groupes policiers de plusieurs brigades... l'intrigue est bien menée, et le lecteur est promené au fil des pages des bureaux de la brigade des stupéfiants au GIGN en passant par les arcanes politiques de Rennes ou les coups bas entre dealers et chefs de gang...
L'accumulation des sigles (BAC, DIPJ, OCRTIS, j'en passe...) permet au lecteur de se faire une petite idée de la multiplicité des forces de police ou de gendarmerie susceptibles d'intervenir dans ces affaires de drogue ou de criminalité, et heureusement, le « jargon » n'empêche pas la compréhension du texte. Si ces sigles permettent aussi de donner une certaine crédibilité à l'intrigue (qui semble plausible au néophyte que je suis en matière d'enquête criminelle et de fonctionnement du système judiciaire), il s'en faut de peu que leur nombre de ne tourne à l'overdose. Heureusement, le rythme enlevé permet d'éviter cet écueil et rend la lecture très agréable, divertissante et prenante.
Le lecteur est ainsi amené à découvrir la ville de Rennes avec ses étudiants, ses problèmes de drogue et ses trafiquants, son crime organisé, que les bandes soient locales, nantaises, albanaises ou parisiennes. Le milieu politique local n'est pas épargné, rendant l'intrigue plus complexe encore, où l'on prend conscience que la prise de décision peut influer sur tout un pan caché de l'organisation d'une ville.
Seul regret : que ce roman soit en deux tomes. Compte-tenu de la facilité de la lecture, il aurait peut-être gagné à ne faire qu'un gros volume ? En tout cas, j'avoue m'être laissée piéger : j'ai très envie de connaître la fin de cette histoire à rebondissements multiples !

Petit bémol quand même : là aussi, le texte connaît quelques erreurs au niveau de l'orthographe. Dans mon précédent billet, je vous disais combien cela pouvait être gênant. Quelles que soient les raisons, je persiste à dire que la qualité d'un roman réside tout autant dans son fond que dans sa forme. Et l'orthographe fait partie de la forme, que diable ! Messieurs les éditeurs, s'il vous plaît, respectez un peu vos lecteurs, qui sont en droit d'attendre de vous un travail aussi soigné sur les corrections que celui que vous faites sur les couvertures des livres que vous publiez...

Merci aux éditions Coëtquen et à l'ami BOB pour ce sympathique partenariat !

Paru aux éditions Coëtquen, 2010. ISBN : 978-2-84993-078-6

mercredi 9 mars 2011

Les Anges vous méprisent, de Laurent Crone


Billet difficile à rédiger que celui-ci. Je suis en effet très partagée à l'issue de la lecture de ce roman pour des raisons qui touchent tout autant à la forme qu'au fond.
Sur la forme tout d'abord, la première critique que je ferai concerne les fautes d'orthographe qui émaillent le récit, mais aussi, et c'est sans doute encore plus gênant, certains mots qui ont sauté dans le texte, rendant la lecture parfois compliquée, voire impossible à cause de phrases incompréhensibles. Heureusement que ce cas de figure n'apparaît que deux fois, mais deux fois, en ce qui me concerne, c'est déjà beaucoup trop. Trop, parce que ces erreurs, qu'elles soient dues à des fautes de l'auteur, à des coquilles involontaires dans le manuscrit ou à un défaut de correction, soulignent un manque au niveau de l'éditeur, dont le travail consiste aussi à relire le manuscrit avant publication, au moins pour les questions liées à l'orthographe. En ce sens, ce roman, comme d'autres avant et sans doute de plus en plus à l'avenir, est assez décevant. Au niveau des procédés, cela fait penser davantage aux pseudos maisons d'édition qui ne sont que des prestataires pour des auteurs ne parvenant pas à trouver d'éditeur, et qui fleurissent sur le web. J'ose espérer que « Aux Forges de Vulcain » n'entre pas dans cette catégorie et que les raisons d'un tel manque sont à chercher ailleurs (les causes peuvent être multiples et peuvent dépendre des contrats passés avec les auteurs par exemple...).

Sur la forme du récit maintenant, j'ai beaucoup apprécié le découpage en deux parties. Un même sujet (la mort et la réincarnation) est ici traité de deux manières différentes, dans chacune des deux parties, et le traitement a en plus le mérite de l'originalité, ce qui ne gâte rien. Dans la première partie, on passe d'un lapin blanc qui atteint l'état d'éveil à Hermann Göring ou à un père de famille, avec des visions différentes de la mort, qui se rejoignent à certains moments. La question de l'évolution de la personne au niveau intériorité est à mon avis très bien amenée, et j'ai trouvé toute cette partie très bien vue. D'une manière générale, l'ensemble est bien écrit, vivant voire drôle à certains moments, même si on ne peut pas parler franchement de "comique".
En revanche, pour qui, comme moi, n'est pas vraiment branché « philo », certains passages sont assez ardus (dans tout le roman, pas uniquement dans la première partie). Mais le principal reproche que j'aurais à faire à ce niveau-là tient plus dans l'absence de cohésion et de cohérence que j'ai ressenti à la lecture qu'en termes de concepts mystiques, métaphysiques, religieux ou philosophiques. Pour aborder la thématique de la mort et de la réincarnation comme il semble que ce soit l'ambition de ce roman, même de manière romancée justement, il faut encore un début et une fin. Des tenants, des aboutissants, afin que le lecteur sache où l'auteur veut l'emmener ou au moins le comprenne à la fin de la lecture. Et c'est justement cet aspect-là que je n'ai pas trouvé ici, qui fait que je reste quelque peu sur ma faim. Compte-tenu de la qualité du roman, j'attendais encore plus, en quelque sorte...

Pour entrer un peu plus dans les détails, la première partie expose de manière particulièrement intéressante la vision de l'auteur (ou sa représentation suite à ses lectures diverses) des questions liées à la mort, à l'enfer, à la réincarnation et à l'état d'éveil tel qu'il est entendu dans la tradition bouddhiste. J'ai donc été conquise par cette première partie parce qu'elle m'apportait des connaissances sur cette philosophie que je ne connais pas et à laquelle je n'adhère pas (mais on n'est pas obligé de croire à quelque chose pour s'y intéresser, n'est-ce pas ?).
J'avais donc hâte de lire la suite. Et c'est là que j'ai été un peu déçue. Parce que le choc est un peu rude entre les deux « mondes » décrits. A tel point que j'ai fini par me demander si cette vision de l' « enfer » décrite dans la première partie n'était pas finalement plus douce que le monde soi-disant réel (futuriste ?) décrit dans la seconde partie.
En fait, je crois que mon sentiment vient de la confusion qui m'a semblé régner dans cette seconde partie. Il y est question d'un jeune homme qui veut se soustraire des influences extérieures, puis des « inquisiteurs » dont on ignore toujours le rôle, la genèse et la raison d'être à la fin du livre, d'un commando qui va à l'échec, d'un auto-génocide dans un monde de vieux obsédés par la maladie et l'immortalité, le tout agrémenté d'une langue souvent grivoise, voire de scènes à la limite de la pornographie qui, à mon sens, n'apportent pas grand-chose au propos. Si vous ajoutez à cela le principe de narration qui veut que l'on passe d'un texte à la première personne du singulier puis à la troisième sans jamais savoir qui parle exactement, ça devient un peu compliqué à suivre, d'autant plus que les différents chapitres ne sont pas datés chronologiquement et ne donnent aucun repère, ni spatial, ni temporel. Ce qui, personnellement, a tendance à me gêner, surtout dans ce type de récit où les époques décrites sont visiblement différentes et donnent quelques indications sans que ce soit précis pour autant et repérable pour le lecteur. Comme si l'ambition était de perdre le lecteur et de lui montrer l'étendue de son ignorance. Après la fin de la lecture, je suis revenue aux titres et sous-titres des chapitres, et c'est à ce moment-là que j'ai un peu mieux compris le pourquoi du comment, la raison d'être et le rôle des "inquisiteurs".

Ce qui m'amène à mon dernier point, mais non des moindres : l'auteur est un érudit, c'est indéniable. Il a lu beaucoup de philosophes (Nietsche, Kant, Hegel, Descartes, Pascal...) et d'autres penseurs comme Foucault ou Deleuze pour ne citer qu'eux. Et il ne se prive pas de le marteler tout au long du récit. Mais de mon point de vue, il en fait trop ou pas assez. Pas assez parce qu'il ne donne aucune référence bibliographique et laisse donc le lecteur dans son ignorance des concepts évoqués, alors qu'indiquer au moins les titres des ouvrages permettrait au lecteur curieux d'approfondir certaines notions fort intéressantes en elles-mêmes. Et trop, parce que ces références incessantes aux philosophes et autres finissent par donner un peu l'impression que l'auteur « s'écoute parler » (comme il le reproche d'ailleurs à l'un des personnages de son roman). Est-ce du second degré ? L'auteur tente d'ailleurs à divers endroits l'humour, et si j'ai souri à certains moments, on ne peut malgré tout pas parler de comique, compte-tenu de la noirceur du récit. Toujours est-il que j'ai trouvé certains aspects de ce livre assez lourds, voire pénibles : on n'est pas dans un essai de philosophie, mais bien dans un roman, dont la lecture doit être avant tout plaisante et distrayante. Et là, pour moi, c'est un peu raté de ce point de vue.

C'est donc, pour toutes ces raisons, un billet très mitigé, comme vous aurez pu le constater. J'ai bien aimé certains aspects, d'autres beaucoup moins. En revanche, ce que j'ai vraiment apprécié, c'est que l'auteur ne donne pas dans la facilité et ne prenne pas les lecteurs pour des imbéciles ou des consommateurs de fiction. La difficulté qu'il peut y avoir à entrer dans le récit, les changements de points de vue obligent à se poser  des questions et à chercher les réponses. En ce sens, je trouve ce roman très stimulant. La deuxième partie m'a d'abord paru "en trop", tant la différence de traitement entre les deux m'a déroutée.  Mais cela aurait enlevé la complémentarité qui existe entre les deux "mondes" décrits, ce qui aurait été dommageable...

Un grand merci aux éditions « Aux Forges de Vulcain » et à BOB pour ce partenariat surprenant !

Paru aux éditions « Aux Forges de Vulcain », 2011. ISBN : 978-2-953025-94-1

vendredi 4 mars 2011

Un jour, quelque part, de David Nicholls


Autant le dire tout de suite : j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman. Un véritable coup de foudre, en réalité. Avant de vous dire pourquoi, il convient de dire quelques mots sur l'histoire.
Emma et Dexter passent la nuit suivant la remise des diplômes d'université à discuter dans l'appartement d'Emma. Ils ont 22 et 24 ans, entreront dans quelques semaines dans la vie active, et ont la vie devant eux. Leurs chemins prennent ensuite des directions radicalement différentes. Elle est d'origine modeste et pour ne pas retourner chez ses parents après ses études, elle trouve un emploi dans un pitoyable restaurant tex-mex. Lui, issu d'un milieu aisé, commence par voyager autour du monde avant de mener la grande vie des animateurs de télévision. Il enchaîne les soirées branchées et les conquêtes sans lendemain. Mais envers et contre tout, les deux amis ne cessent de se retrouver. Ils se fâchent, se réconcilient, se détestent, ne se comprennent plus, et finissent par se reparler...

Alors oui, c'est presque une banale histoire d'amour. Mais presque seulement. Parce que la construction du récit, qui s'étale sur 19 ans, permet de voir évoluer les deux jeunes gens. Le lecteur les voit littéralement devenir adultes. Ils évoluent, de désillusions en grands bonheurs et en grosses claques, chacun séparément alors que tout les rapproche systématiquement. Ils ont des rêves, des idéaux, qu'ils tentent de faire vivre au même titre qu'eux-mêmes tentent de simplement vivre... Tout y passe, toutes les phases d'une vie normale quand on a 22 ou 24 ans. Les choix professionnels, les rêves d'avenir brillant ou engagé, les rêves de gloire et de réussite financière et sociale...
Ce que j'ai énormément apprécié, c'est l'humanité sans fard des différents protagonistes. Et pas seulement de Emma ou Dexter. L'auteur ne fait pas de ses personnages des héros ordinaires, des personnes particulièrement bonnes, généreuses ou courageuses face à l'adversité. Bien au contraire. Emma et Dexter, comme les autres personnages de ce roman, sont dépeints avec leurs qualités, leurs défauts, les hauts et les bas, leurs réussites et leurs erreurs, leurs joies, leurs peines, les actes dont ils sont fiers et ceux dont ils ont honte... Si j'ai aimé ce roman, je crois que c'est avant tout parce qu'il dépeint à merveille l'âme de ces deux jeunes gens et leur évolution.
Un magnifique roman, donc, qui m'a bouleversée par sa finesse et sa justesse.
Je n'ai qu'un regret (mais j'étais prévenue, ce n'est donc qu'un demi-regret), le livre que j'ai reçu pour ce partenariat est une épreuve non corrigée, donc émaillée de petites erreurs qui parasitent quelque peu la lecture.
Mais j'aurai eu la satisfaction de voir à quoi ressemblent les premières épreuves d'un roman avant les corrections en vue de sa publication. Petite anecdote : le titre original du roman, en Anglais, est "One day", traduit en version française par "Un jour, quelque part", sur la version que j'ai reçue. Mais cet ouvrage est paru sous le titre "Un jour", le 3 février 2011...

Un grand merci aux éditions Belfond et à BOB pour ce magnifique partenariat !

Paru aux éditions Belfond, 2011. ISBN : 978-2-7144-4714-2.