mardi 20 octobre 2020

Sous le soleil de Satan, de Georges Bernanos


Cela fait plusieurs années que je voulais découvrir cet auteur chrétien. Je n’ai pas été déçue du voyage !

L’histoire commence dans le mal, le péché, avec le prologue qui raconte l’histoire de Mouchette, une jeune fille de la campagne usant et abusant de ses charmes pour améliorer sa condition… jusqu’à commettre l’irréparable.

Puis suit la première partie, où le lecteur fait la connaissance d’un jeune prêtre, vicaire, l’abbé Donissan. Ce dernier semble peu doué pour son ministère, tant il a des difficultés avec le latin, par exemple. Pourtant, une étrange épopée nocturne fait basculer toute sa vie.

Devenu curé de Lumbres dans la seconde partie du roman, il attire à lui, ou plutôt à son confessionnal, nombre d’ouailles plus ou moins en déroute. Et de tous horizons, allant des plus pauvres aux notables du village.

J’ai beaucoup aimé ce roman, malgré les quelques difficultés que j’y ai rencontrées. Au niveau littéraire, la langue est très riche et les phrases complexes. Il faut bien avouer que l’on a moins l’habitude, aujourd’hui, de ces structures de phrases qui nécessitent parfois deux lectures pour en savourer toute la moelle. Par ailleurs, ce roman dégage un charme un peu suranné, hors du temps, qui fait du bien dans le contexte actuel. Quant au prêtre, il fait inévitablement penser au Saint Curé d’Ars… à la fois pauvre dans ses capacités intellectuelles, mais aussi mystique et grand connaisseur de la nature humaine et de ses faiblesses…

Le combat spirituel est au cœur de ce roman, l’auteur y décrit très finement à la fois le combat en lui-même et les travers de l’âme humaine, tous ces pièges dans lesquels nous tombons si vite, si facilement…

C’est une lecture plutôt austère, mais salutaire, en un sens. Ce roman est un complément à l’enseignement de l’Église en ce sens qu’il permet de saisir, à travers la fiction, la rudesse et la nécessité du combat spirituel, tout comme il permet de mieux percevoir les écueils liés à l’orgueil et aux autres conséquences du péché originel.

J’ai lu ce livre en pointillé, faute de temps. Aussi y a-il fort à parier que je suis loin d’en avoir saisi toute la portée et la richesse !

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1974. - ISBN : 2-253-00345-X. (Plusieurs éditions disponibles).


mercredi 5 août 2020

Astérix, tome 38 : La Fille de Vercingétorix, par Jean-Yves FERRI (textes) et Didier CONRAD (illustrations)


La dernière aventure d’Astérix et Obélix nous a été offerte par notre fils pour… Noël. Oui, je sais, ça date.

Je l’ai découverte hier et j’ai eu une bonne surprise ! Les aventures d’Astérix sont, je trouve, plutôt inégales depuis que les créateurs (en fait depuis la mort de René Goscinny), selon les auteurs qui réalisent les albums. Ici, c’est plutôt réussi. On retrouve ce qui a fait le succès de la série, notamment les jeux de mots dans les noms des personnages (mention spéciale pour Adictosérix et surtout Ludwikamadeus!), les pirates et les romains, bien sûr, mais aussi une nouveauté en la présente des adolescents de l’histoire, les enfants des adultes que tout le monde connaît (le poissonnier et le forgeron, en l’occurrence). Et à la fin, il y a une grosse bagarre avec les romains et tout se termine par un grand banquet. Les fondamentaux sont donc bien là !

Du côté de l’histoire, c’est une intrigue plutôt simple : la fille de Vercingétorix, le héros de Gergovie fait prisonnier à Alésia par César, débarque au village d’Astérix avec deux gaulois Arvernes du FARC (Front Arverne de Résistance Checrète) pour la mettre en sécurité, le temps, pour eux, de trouver un bateau afin de la conduire à Londinium, où elle sera à l’abri des romains qui veulent la capturer en vue de la romaniser. Le problème, c’est qu’Adrénaline, l’adolescente en question, a tendance à fuguer. Tout l’album tourne donc autour de la surveillance – et de la fugue – de la jeune fille. Elle fait la connaissance d’adolescents du village qui s’empressent de prendre fait et cause pour elle. Heureusement, Astérix et Obélix, ses chaperons, veillent.

Cet album est moins drôle que les premiers, mais il a un bon côté : il aborde la question de l’adolescence et de ses difficultés, même si c’est sur un mode très léger. Il fera sans doute beaucoup rire les adolescents d’aujourd’hui, qui se reconnaîtront sans doute dans les jeunes personnages et leurs velléités de prendre le large ! J’ai passé un bon moment !

Paru aux éditions Albert René, 2019. ISBN : 978-2-86497-342-3.


vendredi 31 juillet 2020

Ma vie avec vous, de Henri Caffart et Marie Compagne

Mon mari et moi avons rencontré Henri Caffart, prêtre à la retraite du Nord de la France, il y a quelques années, lors d’un de ses séjours chez un de nos voisins, retraité lui aussi, avec qui nous avons quelques liens puisqu’il est né dans la maison que nous avons achetée. Le monde est petit, donc. Encore une fois !

Henri Caffart est né en 1931, dans une petite ville du Nord et il a très tôt eu le profond désir de devenir prêtre. Peu doué à l’école et avec un parcours difficile, tant lié aux événements familiaux (son père meurt en 1938) qu’à la grande histoire (le contexte de la Seconde Guerre Mondiale n’a rien arrangé, bien sûr), il prend des chemins détournés et est finalement ordonné prêtre quelques années avant le Concile Vatican II, à une période dans la vie de l’Église où commence à souffler un vent de « modernité » qui va vite remettre beaucoup de choses en question. Du port de la soutane à la question du mariage des prêtres, le Père Henri Caffart va observer tous ces bouleversements et les traverser avec une seule ligne de conduite : aimer Jésus à travers les personnes qu’il est amené à rencontrer, en particulier les plus pauvres. Il est donc prêtre, engagé dans l’esprit du Prado, devient prêtre-ouvrier, s’engage aussi dans le mouvement Vie Libre en tant qu’abstinent volontaire durant quarante ans, devient délégué du personnel puis conseiller aux Prud’hommes, et enfin prêtre exorciste.

J’ai été très touchée par son témoignage. Il fait partie de ceux, âgés aujourd’hui, qui ont connu l’avant-Concile, le Concile et tout ce qu’il a entraîné, les expérimentations plus ou moins heureuses dans l’Église, le départ de beaucoup de ses confrères… Et ce qui m’a vraiment touchée, c’est sa bienveillance, son amitié sincère, son ouverture à tous, sa capacité à voir le meilleur en chacun et à ne pas lâcher quelqu’un qui appelait à l’aide.

Oui, un très beau témoignage, qui laisse une impression de paix, de joie, d’un regard sans complaisance sur le mal, mais doux envers les personnes...

Marie Compagne est la biographe à qui ont doit cet ouvrage, très bien écrit au demeurant !

Paru aux éditions Votre Biographie Éditions, 2020.


lundi 27 juillet 2020

Tokyo Express, de Seichô Matsumoto

Un roman policier qui, apparemment est très célèbre. Et je viens seulement de le découvrir dans la bibliothèque de mes parents (c’est à ça que servent les vacances, après tout!)

Autant le dire tout de suite : j’ai dévoré ce livre ! Tout y est bien : l’intrigue, les personnages (même si tout tourne quasi-uniquement autour de l’inspecteur Mihara et, dans une moindre mesure, de l’inspecteur Torigai)…

Mais reprenons au début.

Dans l’île de Kyushu, au sud du Japon, un homme et une femme sont retrouvés, enlacés, morts, au bord de la mer. Tout indique un suicide d’amoureux et l’enquête semble superflue. Mais l’inspecteur Torigai tique sur un détail, un ticket de wagon-restaurant du train où des témoins ont vu l’homme et la femme monter ensemble, à Tokyo, qui porte la mention « une personne ». Étrange, pour un couple d’amoureux… Ce ticket est donc le point de départ d’une enquête qui va durer plusieurs mois et conduire l’inspecteur Mihara, de Tokyo, de l’île de Kyushu à celle d’Hokkaïdo, dans une quête de la vérité où les apparences sont trompeuses… Cet inspecteur Mihara est mis sur l’enquête parce que, de son côté, l’homme qui s’est apparemment suicidé est un témoin clé dans une affaire de corruption qui touche le ministère X, affaire sur laquelle enquêtent les policiers de Tokyo…

Ce roman m’a surprise (dans le bon sens), parce que la narration est assez différente des romans européens et américains dont j’ai l’habitude. Ici, on est plus dans la réflexion que dans l’action. Le lecteur est en permanence dans la tête des inspecteurs. Il n’y a quasiment aucune action, et pourtant les rebondissements sont incessants, au gré des aléas de l’enquête. Des portes s’ouvrent, se referment, parfois aussi vite qu’elles se sont ouvertes. Il semble ne pas y avoir la plus petite ouverture, le moindre début de solution… jusqu’à la dernière lettre, où tout est expliqué, d’un bloc. Et ce qui semblait totalement impossible devient non seulement vraisemblable, mais aussi évident et lumineux. Si vous ne connaissez pas ce roman, il gagne à être découvert !

Paru aux éditions Philippe Picquier, 1997. ISBN : 2-87730-188.5


mercredi 22 juillet 2020

Alix, tome 3 : L’Île maudite, de Jacques Martin


Pour mon anniversaire, ma fille a décidé de m’offrir un cadeau. Et elle a demandé conseil à son père. Voilà pourquoi j’hérite de cette bande dessinée de la série « Alix », de Jacques Martin.

J’aime bien cette série, parce que, même si elle est plutôt ancienne (ce tome 3 est sorti plusieurs années avant ma naissance!) et que les codes ont pas mal changé depuis, elle reste parmi les séries de référence dans le monde de la BD. Et puis, Alix, c’est toute mon enfance !

Cette histoire commence à Carthage, port africain de la Méditerranée et rivale de Rome. La ville prospère à nouveau après sa défaite durant les « guerres puniques », mais des événements troubles s’y déroulent, entraînant une enquête par un envoyé extraordinaire de Rome, qui n’est autre qu’Alix.

Son jeune âge ne plaide pas en sa faveur auprès des Carthaginois qui parvient, malgré tout, à asseoir son autorité avec l’appui, au moins temporaire, de Ségabal, qui exerce une grande influence sur ses pairs.

Protégé par Flavius, le gouverneur roman de Carthage, Alix commence rapidement son enquête qui le mène très vite sur la piste d’un savant qui a été enlevé quelques temps plus tôt. À la suite de cet événement, les Carthaginois sont témoins de phénomènes étranges venant d’un bateau étranger qui émet des rayons lumineux brûlant tout ce qui se trouve à leur portée.

Dans cette aventure, Alix retrouve Enak, dont le protecteur vient de mourir, mais aussi Arbacès, qu’il avait déjà rencontré dans les deux premiers tomes. Sa quête de la vérité va le conduire au-delà des Colonnes d’Hercule, sorte de frontière du monde connu à l’époque, vers des îles où il va en savoir plus sur ce mystérieux rayon lumineux et ceux qui le manipulent.

Comme le suggère la couverture de l’album, l’histoire se termine mal pour certains habitants de l’île mais (Attention ! Spoiler!) Alix et Enak parviennent à s’en sortir (si, si).

Chez Jacques Martin, les intrigues sont souvent complexes, dans les trois séries que je connais du moins. L’aventure y est au rendez-vous, bien sûr, avec nombre d’événements, de rebondissements, de coups tordus et de trahisons. Cet album ne fait pas exception, la force de l’histoire étant de faire se rencontrer plusieurs peuples qui ne se connaissaient pas trop à cette époque, et surtout à cet endroit. Les « gentils » ne faisant qu’essayer de survivre face aux « méchants » belliqueux et avides de pouvoir… et d’esclaves !

Dans cette série, l’histoire se mêle à l’Histoire, bien sûr, mais l’auteur n’hésite pas à emprunter aussi aux codes du fantastiques et/ou de l’étrange, ce qui lui confère une place particulière dans le monde de la BD...

Paru aux éditions Casterman, 1969. ISBN : 978-2-203-31206-7.


lundi 13 juillet 2020

À l'Hôtel Bertram, d'Agatha Christie


J’ai acheté le roman au début du mois de juin et j’ai du attendre d’avoir terminé La Jeune fille à la perle avant de lire celui-ci. Et je n’ai pas été déçue.

Jane Marple passe deux semaines à Londres, à l’hôtel Bertram, où elle avait déjà passé quelques jours durant son enfance. Et si elle a décidé d’y aller, c’est parce qu’elle voulait savoir si l’endroit avait changé. Il faut dire que Jane Marple est maintenant une femme plutôt âgée !

Étrangement, l’hôtel est resté fidèle à ses souvenirs. Rien ne semble y avoir changé, un peu comme si l’établissement était hors du temps.

Fidèle à son habitude, la vieille femme observe ce qui se passe autour d’elle et remarque un certain nombre de petites choses, tant à l’hôtel qu’à Londres, où elle passe beaucoup de temps pour ses achats de linge de maison et autres objets de vaisselle.

L’hôtel Bertram n’est pourtant pas aussi tranquille qu’il en a l’air. Tout d’abord, il y a cette jeune fille, Elvira Blake, que Miss Marple rencontre par hasard assise à une terrasse en compagnie d’un homme qui ne semble pas être fait pour elle. Et puis le chanoine Pennyfather disparaît, pour réapparaître quelques jours plus tard dans un endroit où il ne se souvient pas du tout être allé. Pourtant, Jane Marple est certaine de l’avoir vu quitter sa chambre à trois heures du matin, alors même qu’il n’y était pas rentré…Enfin, Mike Gorman, le portier de l’hôtel, est tué en voulant protéger Elvira qui est victime, en plein brouillard, d’une tentative d’assassinat.

L’inspecteur-chef Davy aura fort à faire pour dénouer les fils de cette enquête compliquée et il comprend rapidement l’intérêt d’écouter les dires de Jane Marple, qui n’a pas ses yeux dans sa poche et qui connaît, à force de l’observer, les différents visages du Mal.

De ce roman, que je n’avais jamais lu, je connaissais la version téléfilm, de 1984, avec Joan Hickson, dans la série de la BBC « Miss Marple ». Contrairement à la version suivante (2007), où l'intrigue de l’épisode est plus complexe encore que ne l’est le roman, avec des personnages supplémentaires et des intrigues secondaires ajoutées à l’histoire originelle, celle de 1984 est très fidèle au roman d’Agatha Christie et tout y est, notamment cette ambiance délicieusement surannée qui fait, justement, le charme de l’hôtel Bertram... et l'un des ressorts même de l'intrigue !

Paru aux éditions LGF, 2013 (Le Livre de Poche). ISBN : 978-2-253-05904-2.


lundi 6 juillet 2020

La Jeune fille à la perle, de Tracy Chevalier

J'ai ce roman dans ma bibliothèque depuis une éternité... Il a suivi le déménagement de 2012 sans avoir été ouvert, et je viens de le découvrir. Et je n'ai pas du tout été déçue du voyage !

Griet a seize ans quand son père, céramiste, est victime d'un accident qui le prive de la vue... et de revenus. Pour survivre à Delft, en plein milieu du dix-septième siècle, sa mère la place comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Griet va vite se retrouver un peu femme à tout faire, depuis la lessive et l'aide aux cuisines jusqu'à la surveillance des six enfants du couple, sans parler du ménage dans l'atelier de peinture du maître. C'est d'ailleurs expressément pour cette tâche très particulière qu'elle a été embauchée en plus de Taneke, la gouvernante. Le maître tient absolument à ce que, quand le ménage est fait dans l'atelier, rien, absolument rien, ne soit déplacé.

Griet va donc déployer des trésors d'ingéniosité pour s'acquitter de sa tâche et contenter le maître de maison. Et, peu à peu, s'intéresser à la peinture et aux œuvres de Vermeer, elle qui vient d'une famille où la céramique, les tons bleus en particulier, font partie du quotidien.

Le peintre, de son côté, est souvent surpris par les paroles de la jeune fille, son sens de la lumière, sa sensibilité artistique... au point de la laisser petit à petit entrer dans son univers...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. C'est simple : j'ai eu beaucoup de mal à le lâcher !

C’est beau, remarquablement bien écrit sans rallonger les descriptions. Les relations entre les personnages, tant entre Griet et sa famille qu’avec ses employeurs sont très joliment esquissées, avec une sorte de délicatesse subtile qui dévoile sans trop en dire, laissant le reste à l’imagination du lecteur.

L’histoire est assez terrible, et magnifique !

Paru aux éditions Folio, 2004. ISBN : 2-07-041794-8.


mercredi 1 juillet 2020

Les Tuniques Bleues, tome 9 : La Grande Patrouille, de Louis Salvérius et Raoul Cauvin

Mon mari a parfois des idées bizarres en matière de cadeaux. Mais là, pour le coup, il est étonnamment bien tombé. C’est la deuxième fois qu’il m’offre un album de la série « Les Tuniques Bleues », alors que je ne suis pas forcément très fan de cette série, sans doute parce que je ne la lisais pas quand j’étais petite et que, devenue adulte, je lis moins de bandes dessinées destinées aux enfants (à l’exception notable de Yoko Tsuno, mais là, c’est une toute autre histoire. Allez juste voir dans les archives de ce blog, et vous verrez que je suis « accro » à Yoko, et pas qu’un peu!). Bref, « Les Tuniques Bleues » n’ont jamais vraiment fait partie de mon éducation en matière de bande dessinée… Peut-être qu’inconsciemment, c’est pour lui qu’il les achète ? Ou pour nos enfants ?

Peu importe, en fait. Parce que pour le coup, il est plutôt bien tombé cette fois.

Cet album est un peu particulier, parce qu’il regroupe des histoires courtes de Cauvin, illustrées par Salvérius. Ce n’est pas un album récent : j’avais un an quand il est paru. Et Salvérius était mort depuis quatre ans… C’est justement ce qui, à mes yeux, fait son intérêt. Il s’agit en fait d’un album qui reprend post-mortem des histoires écrites par Salvérius avant même que « Les Tuniques Bleues » ne deviennent la série qu’on connaît aujourd’hui qui, si je ne m’abuse, compte maintenant plus de soixante albums. On est donc là au tout début de la série, dans ce qui fait son essence. Et mon côté documentaliste y trouve largement son compte !

Ce sont des histoires courtes, de moins d’une page pour la première à quelques pages pour la plus longue, avec un scénario et une chute. Et là, on voit tout le talent de ces deux hommes qui parviennent, en quelques cases, à faire naître une situation (burlesque la plupart du temps) et à peindre des personnalités, des atmosphères… C’est cocasse, drôle, bien vu et bourré de jeux de mots (rien que le titre de l’album est un magistral clin d’oeil au film de Gérard Oury, avec Bourvil et De Funès). Il y a là-dedans des références, de la culture, des pieds-de-nez… et ça fait vraiment du bien, cette légèreté, tout en sachant que les auteurs ne prennent pas les enfants (et les adultes qui lisent aussi ces albums) pour des imbéciles heureux. En lisant cet album, j’ai bien ri, et malgré les apparences un peu « gros sabots », j’y ai perçu une certaine finesse. Oui, vraiment, je ne saurais pas trop dire pourquoi, mais j’aime bien cet album ! Je verrai à l’avenir si mon cher et tendre me déniche d’autres pépites du genre !

Paru aux éditions Dupuis, 1976. ISBN : 978-2-8001-0866-7


mercredi 24 juin 2020

Blake et Mortimer, tome 13 : L'Affaire Francis Blake, de Jean Van Hamme et Ted Benoît

Cet album s’ouvre sur une réunion de crise qui se tient au siège de l’Intelligence Service, dans les locaux de Scotland Yard. Il semblerait qu’il y ait une « taupe » dans les services secrets d’Angleterre. Blake, chef du MI5, est bien entendu de la partie et a déjà perdu un agent du contre-espionnage dans cette histoire. Il a une piste, qui repose sur une « boîte aux lettres morte », un endroit anodin où un agent secret peut déposer un message. Malheureusement, les photos qui ont été prises ont été endommagées et il faut attendre les travaux du laboratoire pour savoir ce qu’il y a sur le film, si tant est qu’il est encore récupérable.

Le soir, préoccupé, il s’ouvre néanmoins à Mortimer, qui, de son côté, lui fait part au cours du dîner de son intention de se rendre en Écosse où doit se tenir un séminaire scientifique.

Le lendemain, un technicien du laboratoire remet à l’adjoint de Blake les tirages des photos évoquées la veille. Et sur l’une d’elles, tous reconnaissent l’espion qui fait passer des informations… le capitaine Francis Blake lui-même !

Ainsi débute « L’Affaire Francis Blake », qui verra les deux héros de la série pourchassés, enfermés, et aux prises, une fois de plus, avec Olrik et ses sbires…

J’avoue qu’à la sortie de cet album, je me suis méfiée, parce qu’il s’agit là du premier opus « post-Jacobs ». Et je me demandais si les successeurs du créateur de la série seraient à la hauteur. Eh bien… oui !

C’est une très bonne intrigue, avec beaucoup d‘action, de nombreux rebondissements… et les auteurs respectent parfaitement les codes propres à la série. Une BD à avoir chez soi !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2020 (Première édition : 1996). ISBN : 978-2-8709-7177-2.


mercredi 17 juin 2020

Blake et Mortimer, tome 8 : S.O.S. Météores, de Edgar P. Jacobs


Dans ce nouvel opus (qui date, il est vrai, de 1959, mais il est nouveau pour moi, puisque je ne l'avais jamais lu !), Mortimer est en France où il doit rencontrer le Professeur Labrousse, météorologiste, qui a fort à faire : la météo, en France, comme ailleurs en Europe, semble totalement déglinguée : pluies incessantes et diluviennes, violents et brutaux orages, chutes de grêle intempestives... et même tempêtes de neige ! Ces événements climatiques semblent de plus être réfractaires à toutes les prévisions !

Mortimer se rend en taxi chez son ami mais, en cours de route, celui-ci a des ennuis mécaniques : la génératrice tombe en panne, privant le véhicule d'essuies-glaces et, ensuite, de lumière. Le chauffeur ne peut éviter l'accident. Heureusement, les deux hommes s'en sortent sans dommages, mais, alors que Mortimer attend près de la voiture le chauffeur de taxi parti chercher du secours, il est surpris par un appel lointain. À la recherche de celui qui semble avoir besoin d'aide, Mortimer, dans l'obscurité et sous une pluie battante, finit par tomber à l'eau et est emporté par les flots tumultueux. Il s'en sortira sans être blessé et parviendra à rejoindre la maison du Professeur Labrousse, mais le chauffeur de taxi a disparu.

Ainsi débute une nouvelle aventure où Mortimer, par la suite aidé de Blake, va devoir affronter un ennemi d'un genre un peu particulier : les éléments naturels. Mais bientôt se pose la question de savoir si tous ces événements climatiques sont si naturels que ça...

Le duo va une nouvelle fois se retrouver face à face avec l'éternel Colonel Olrik, bien sûr, ainsi que par ses habituels comparses, Sharkey et Freddy. Mais ils ne sont pas seuls : pour commander aux éléments, il fallait un scientifique… face auquel Mortimer aura fort à faire.

Comme d’habitude, c’est un bon cru. La série Blake et Mortimer est une valeur sûre dans le monde de la bande dessinée. C’est dense, rythmé, plein de rebondissements… de quoi passer un excellent moment de lecture.


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2018. ISBN : 978-2-8709-7172-7.


mercredi 27 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 5 : Le Mystère de la Grande Pyramide, tome 2 : La Chambre d'Horus, de Edgard P. Jacobs




Deuxième partie de ce diptyque mythique de la série « Blake et Mortimer ». Nous avions laissé Philip Mortimer horrifié quand il avait appris la mort de Francis Blake. Et il décide alors de continuer l’enquête, en commençant par honorer la promesse qu’il avait faite à Monsieur Grossgrabenstein, un archéologue allemand présent au Caire qui avait proposé de lui montrer sa riche collection d’œuvres d’art égyptiennes. Les événements qui se déroulent dans la propriété de l’archéologue confirment à Mortimer que quelque chose ne va pas et que l’Allemand est lié, d’une manière ou d’une autre, au mystère qui l’occupe, via le chantier de fouilles.

L’enquête va mener Philip Mortimer jusqu’au cœur du mastaba découvert par Grossgrabenstein et il va vivre des moments difficiles et aller de surprises en surprises : retrouvailles avec Olrik, l’éternel ennemi, chasse au trésor dans les tunnels et autres couloirs piégés qui serpentent sous terre, énigmes, magie… le récit est d’une grande richesse en rebondissements, aventures et péripéties diverses et variées.

Blake et Mortimer à la sauce Jacobs, c’est une vraie valeur, que je (re)découvre chaque fois avec un immense plaisir. Cette série, comme Yoko Tsuno ou Tintin, fait partie des séries phares, de celles qui ont construit les assises et l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Un peu comme des fondamentaux : en lisant ces bandes dessinées, on sait qu’on ne peut pas se tromper, on sait où on met les pieds. Les auteurs plus récents semblent tous s’être inspirés et avoir appris, d’une manière ou d’une autre, auprès de ces maîtres. Et par exemple, Roger Leloup a lui-même commencé son métier aux studios Hergé, avant de travailler pour d’autres puis de se lancer seul.
Chez Jacobs comme chez Leloup, tout est fait par la même personne : histoires, intrigues, dessins, découpage, scénario, même les indications de couleurs, en ce qui concerne Roger Leloup du moins. C’est donc un travail d’orfèvre qui est offert au lecteur…




Mon mari m’a offert ce diptyque en version intégrale (dont les références sont inscrites si-dessous). Et bien lui en a pris ! Dans cette édition, bien postérieure à l’édition originale, qui date des années 1950, il y a, avant le début de l’histoire elle-même, quelques pages en fac-simile, deux annonçant la prochaine publication, dans le Journal Tintin, du « Mystère de la Grande Pyramide », suivi de plusieurs autres, des reproductions des planche originales qui ont été redessinées en partie pour l’album. Les annotations sur le côté permettent de comparer ces planches avec celles de l’album, ce qui est toujours très intéressant !
Par ailleurs, les deux pages d’annonces ont été conçues sous la forme d’une interview et d’une page documentaire pour donner au lecteur du Journal Tintin un avant-goût (et surtout l’envie!) de lire la bande dessinée. Là aussi, c’est très instructif, et la qualité de la page en question laisse penser que, dans les années 1950, les enfants et les lecteurs du Journal Tintin n’étaient pas considérés comme des imbéciles… mais comme des lecteurs exigeants à qui il fallait donner « à manger », donc des connaissances aussi bien que de bonnes histoires et de belles bandes dessinées. De la qualité, donc.

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-87097-169-7.

Également paru aux éditions Blake et Mortimer, 2011, en version intégrale. ISBN : 978-2-87097-163-5


mercredi 20 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 4 : Le Mystère de la Grande Pyramide, tome 1 : Le Papyrus de Manethon, de Edgard P. Jacobs





Mortimer est à bord d’un avion de ligne qui le conduit, avec Nasir, de Londres au Caire, où l’attend un de ses amis, le professeur Ahmed Rassim Bey, conservateur du musée des antiquités égyptiennes qui a invité son ami pour quelques vacances.
Mais tout de suite, dès la première page, le lecteur est « témoin » d’un appel téléphonique où deux hommes, impossibles à identifier au départ, s’échangent des informations au sujet, justement, de l’arrivée de Philip Mortimer.

L’avion atterrit sans encombres et pendant que Mortimer et Ahmed s’occupent des formalités, Nasir part récupérer les bagages. Il s’aperçoit alors qu’il est observé par un homme qu’il semble reconnaître, sans pouvoir mettre de nom sur le visage. Mortimer ne le croit pas, même après que Nasir reconnaît l’homme au volant d’une Lincoln noire qui semble les avoir suivis…

Le lendemain, les vacances de Mortimer commencent par la visite du musée et une étrange énigme liée à des papyrus retrouvés dans un cartonnage de momie de l’époque des Ptolémées. Il y est fait mention d’une sorte de chambre secrète que Mortimer, en bon archéologue et égyptologue amateur, ne manque pas de relier au règne d’Aton.
C’est là le début d’une histoire de mystère, de recherches, de trahison, d’espionnage… et qui ne s’avérera pas sans danger pour Mortimer. Et c’est là qu’intervient un vieil ennemi de Mortimer : le Colonel Olrik est de retour !
Mortimer va aller jusqu’à faire appel à son ami Francis Blake, mais celui-ci aura quelques difficultés à rejoindre Philip, victime d’un attentat durant son voyage.
Le mystère s’épaissit…

Un grand classique de la BD, dont je vais m’empresser de lire la suite (ou plutôt de la relire!). Parce que c’est de la bonne BD !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2012. ISBN : 978-2-87097-168-0.

Également paru aux éditions Blake et Mortimer, 2011, en version intégrale. ISBN : 978-2-87097-163-5



mercredi 13 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 6 : La Marque Jaune, de Edgar P. Jacobs




Deuxième cadeau de mon mari à l’occasion de mon anniversaire confiné, « La Marque Jaune », dont je parlais dans l’un de mes précédents billets, et que je n’avais jamais lu.
Et je vous assure que je n’ai pas du tout été déçue du voyage !

Tout commence sous la pluie, à Londres, dans un contexte de mystère : la presse londonienne est régulièrement avertie, à l’avance qui plus est, des forfaits de celui qu’on appellera très vite « La Marque Jaune », à cause de sa « signature », laissée systématiquement après chacune de ses interventions. L’histoire débute par le vol rocambolesque de la couronne impériale, conservée à la Tour de Londres. Dès le lendemain, Blake et Mortimer se retrouvent pour discuter de l’affaire et se trouvent bien vite – et bien malgré eux au départ – au cœur de l’intrigue.

Après de spectaculaires vols, « La Marque Jaune » s’attaque maintenant à des personnes, tous amis proches de Francis Blake et membres de son club. Les enlèvements se succèdent, que Blake et la police, malgré tous leurs efforts, ne parviennent pas à arrêter. Et les choses s’accélèrent après l’enlèvement de Septimus, le dernier des membres du club.
Blake poursuit son enquête, reçoit un message et tente de retrouver « La Marque Jaune ». La course-poursuite qui s’ensuit, de nuit, dans les rues de Londres, se solde par un échec, mais c’est sans compter l’intervention de Mortimer.

Le savant, de son côté, a suivi sa propre idée, écumant les archives du « Daily Mail », où « La Marque Jaune » envoie chaque alerte prévenant du prochain attentat. Il finit par trouver une piste, qu’il suit avec nombre de difficultés, et qui va l’amener sur le chemin de la vérité, après une nouvelle rencontre tumultueuse avec « La Marque Jaune ». La rencontre finale va compléter les manques dans la théorie de Philip Mortimer, qui va se retrouver en danger de mort.

J’ai vraiment beaucoup aimé, vous vous en doutez, ce monument de la bande dessinée qu’est « La Marque Jaune ». Mystère, action, science-fiction… tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette bande dessinée un must. Je ne regrette pas d’avoir « investi », via mon mari, dans cet ouvrage qui, s’il est ancien, n’en est pas moins l’un des chefs-d’œuvre de la bande dessinée belge. Du grand art !
Je comprends mieux aussi le désir des auteurs qui ont repris la série d’écrire une suite à cette histoire, que j’ai découverte dans « L’Onde Septimus ». C’est qu’il y a du potentiel !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2018 (Première édition : Le Lombard, 1956). ISBN : 978-2-8709-7170-3.

mardi 12 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 26 : La Vallée des Immortels, tome 2 : Le Millième bras du Mékong, de Yves Sente, Teun Berserik et Peter Van Dongen.




Il y a quelques jours, c'était mon anniversaire. Et à cette occasion, mon mari m'a offert deux bandes dessinées, celle-ci et La Marque Jaune. Pile celles que je voulais ! (bon j'avoue l'avoir un peu aidé dans le choix, en lui donnant une liste de ce qui me plairait, mais en plein confinement, ce n'était pas forcément gagné non plus !)
J’ai du me replonger dans le tome 1 de ce diptyque, que j’avais lu il y a un peu plus d’un an, lors de l’opération « La BD fait son festival » de l’année 2019. J’ai du patienter, mais j’ai pu avoir la suite !

Ici, donc, nous retrouvons nos deux héros britanniques à Hong-Kong, qui est pour l’instant toujours anglaise. Blake est à la recherche de Philip Mortimer, qui a disparu dans d’étranges circonstances. Les recherches se poursuivent, et deux des personnes impliquées dans l’histoire refont soudainement surface, retrouvés sur un îlot rocheux : le Docteur Sun-Yi-Sun, que Mortimer devait rencontrer, ainsi que son agent de sécurité, Ylang Ti. Celle-ci, remise de ses émotions, va désormais suivre Blake dans ses recherches et s’avérer être une aide très précieuse pour la suite, par sa connaissance du terrain, notamment.
De son côté, Han-Dié, le serviteur du Docteur Sun-Yi-Sun, se retrouve, malgré ou peut-être à cause de sa trahison, aux côtés Mortimer, dans le bateau qui les amène sur la Rivière des Perles, au nord de Hong-Kong.

Le lecteur va donc suivre trois récits différents s’imbriquant les uns dans les autres : d’une part le périple de Mortimer et Han-Dié, d’autre part la quête de Blake et Ylang Ti qui les recherchent et enfin le récit du manuscrit découvert dans les œuvres d’art volées au début du premier volume du diptyque, qui raconte l’épopée du premier et dernier empereur Qin raconté par Sho. C’est Han-Dié qui se charge de traduire le contenu de ce manuscrit pour Mortimer durant tout leur voyage qui va les conduire en Chine, tout près de la frontière Laotienne, où se trouve la base du prétendu dernier héritier de l’empereur en question, qui revendique le pouvoir sur l’Empire du Milieu.

Bien entendu, les choses vont se révéler compliquées, la légende s’imbriquant dans la réalité. Mortimer, d’ailleurs, va avoir bien du mal à croire ce qui se passe pourtant sous ses yeux. Et la réalité va vite le rattraper : la vie de Nasir est en danger, mais également le sort de la colonie britannique de Hong-Kong. En effet, la menace ne vient peut-être pas de là où l’on croit…

Un bon cru que ce diptyque ! Le trio aux commandes réalise fort bien le défi et, bonus, il y a même un clin d’œil à Hergé, autre maître de la bande dessinée qu’on ne présente plus, avec la présence de Tchang...

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2019 – ISBN : 978-2-8709-7281-6.

mercredi 6 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 24 : Le Testament de William S., de Yves Sente et André Juillard




Un album one shot qui tranche avec celui que je viens de lire. Retour à une intrigue plus « classique » dans le sens moins « fantastique » que « L’Onde Septimus ». Mortimer est envoyé en mission avec Elizabeth, la fille d’une de ses amies, entre Londres et Venise, pour résoudre une énigme vieille de quatre siècles. Il s’agit de retrouver un manuscrit qui aurait appartenu à William Shakespeare et qui prouverait la paternité de l’auteur sur son œuvre. En sommeil depuis près de cent ans, cette énigme ressurgit et il s’agit là d’une véritable course contre la montre.
De son côté, Blake se retrouve confronté à une bande de voleurs qui rôdent et n’ont de cesse de voler les riches passants du côté du parc de Kensington et des riches quartiers londoniens.

Mortimer va vite se retrouver confronté à de vieux ennemis et la tâche qui lui a été assignée par Madame Summertown va demander toute son attention, sa rapidité de réflexion et une grande capacité à prendre rapidement des décisions qui peuvent s’avérer audacieuses et dangereuses…

J’apprécie vraiment, en ce temps de confinement, de me replonger dans de bonnes bandes dessinées comme celles de cette série, même si je n’ai toujours pas trouvé les premiers épisodes de la série (hormis « Le Mystère de la grande pyramide », que mon mari m’a offert il y a quelques années maintenant). Je ne désespère pas !
J’ai bien aimé, ici, le rythme de l’intrigue : pas de temps morts, de la réflexion, des énigmes… Le danger est bien présent, mais d’un tout autre ordre que celui relatif à l’onde Méga par exemple. Les méchants sont toujours aussi méchants, ce sont aussi toujours les mêmes (même le Colonel Olrik est de la partie, puisque, depuis sa prison, il tire les ficelles pour le compte d’un mystérieux employeur qui va causer pas mal de soucis à Mortimer et Elizabeth). On retrouve aussi de vieilles connaissances (en particulier Sharkey, moins présent dans la série), et c’est finalement assez rassurant : c’est un peu comme si, en ces temps incertains, étranges, j’avais besoin de repères fixes et immuables, y compris dans mes lectures.
Oui, ça fait du bien.

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2017. ISBN : 978-2-8709-7242-7.

dimanche 3 mai 2020

Blake et Mortimer, tome 22 : L'Onde Septimus, de Jean Dufaux, Antoine Aubin et Étienne Schréder.




J’ai offert cette bande dessinée à un ami, le Noël qui a suivi sa sortie (donc tout juste après sa parution, puisqu’elle est sortie en décembre). Et puis… je me l’étais offerte aussi, parce qu’ « on n’est jamais si bien servi que par soi-même », dit le dicton.
Sauf que… je n’avais pas vraiment eu le temps de la lire. Elle a traîné pendant un moment dans ma PAL (vous savez, la fameuse Pile À Lire dont on parlait tant, sur les blogs de lecture, il y a quelques années?) et puis, j’avais fini par faire du rangement, elle avait bien sagement rejoint ses semblables dans ma bibliothèque… et j’étais passée à autre chose.
En reprenant certains articles de mon blog, je me suis rendu compte que celle-ci n’y figurait pas. J’ai donc décidé de la relire et de m’y mettre.
Il arrive parfois que j’entre dans une période où je me mets à lire (ou à relire, c’est selon), certains types d’ouvrages. Dans mon cas, en ce moment (mais c’est peut-être un effet collatéral du confinement), c’est la série des Blake et Mortimer qui joue ce rôle, comme j’ai eu une période Yoko Tsuno, une autre XIII, ou une période Balade au bout du monde. En relisant cette aventure de nos héros britanniques, je mesure l’étendue de mon inculture concernant cette série. Et je me suis rendu compte que je n’ai jamais lu « La Marque Jaune », sans doute, si j’ai bien compris, le tome le plus emblématique de la série et de la période E. P. Jacobs. [Ça tombe bien. Mon anniversaire est dans quelques jours. Je crois que je vais mandater mon mari pour me l’offrir, histoire de combler une lacune carrément impensable!]

Dans cette bande dessinée, contrairement aux deux précédentes que j’ai chroniquées ici et là, il n’y a aucune mention de l’année où se déroule l’histoire. Tout au plus est-il possible de la située dans les années 1950, probablement vers 1954 ou 1955, puisque la reine d’Angleterre Élisabeth II, dont parlent les premières pages, a accédé au trône le 6 février 1952, à l’âge de 25 ans, et a été couronnée le 2 juin 1953. La bande dessinée s’ouvre d’ailleurs sur les festivités de son anniversaire, on peut donc préciser la période de l’année, sinon l’année elle-même, au printemps (la reine est née en avril). [Oui, j’aime bien les précisions chronologiques et temporelles, parce que ça me donne des points d’appui et des repères et ça ajoute beaucoup au réalisme d’une bande dessinée que de l’ancrer dans une temporalité. On ne se refait pas.]

Ici, l’anniversaire de la reine Élisabeth II ne sert que de démarrage à l’intrigue, pour exprimer le contraste entre le faste et la lumière de la royauté et ce qui se trame en arrière-plan, comme c’est toujours le cas dans le monde réel. Il y a ce qu’on voit, et puis il y a ce qui est caché. Il y a la lumière et les ténèbres, le bien et le mal…
Au démarrage de cette histoire, donc, nous rencontrons quatre personnages réunis dans un endroit sombre et discret pour y célébrer le début d’une ère nouvelle et de leur œuvre commune (dont le lecteur ignorera tout pour l’instant, sinon qu’elle a un rapport étroit avec le Professeur Septimus, bien connu, si j’ai bien compris, des lecteurs de la série puisqu’il est le principal ennemi de Blake et Mortimer dans La Marque Jaune. Ce « cher » Professeur Septimus semble avoir fait des émules, ou au moins avoir suscité des nostalgies devant le pouvoir donné par l’Onde Méga.
Dans les toutes premières pages, nous découvrons également le Colonel Olrik, bien mal en point d’ailleurs, soigné par un médecin asiatique. Il est en proie à de fortes fièvres et à des hallucinations où il revoit sans cesse le Professeur Septimus qui lui demande de « revenir »…
La suite de l’histoire nous montre Francis Blake en proie à un véritable mystère et très inquiet pour son ami, Philip Mortimer, qui semble avoir complètement disparu de leur appartement de Park Lane. Il aurait installé un nouveau laboratoire et s’y livrerait à d’étranges expériences qui occupent tout son temps. Mais Francis Blake est vite rattrapé par son travail : un forcené se trouve près des hangars désaffectés de King’s Cross, déjà le théâtre d’un fait similaire quelques jours plus tôt. Les forces de l’ordre s’y rendent une nouvelle fois, accompagnés de Blake cette fois, et y trouvent l’homme en question qui finit foudroyé par une décharge électrique.
Au même moment, Mortimer, dans son laboratoire de Layton Road, à Newham dans la banlieue de Londres, constate une fois de plus que l’installation électrique a une fois de plus sauté. Sans rien y comprendre, il rétablit la lumière et l’on découvre alors le laboratoire du savant. Celui-ci a, semble-t-il, reconstitué le laboratoire de Septimus lors de ses recherches sur le Télécéphaloscope. Il y cherche un moyen de contrer l’Onde Méga de Septimus par une autre onde, appelée « Onde Septimus »...

Voici donc le début de cette histoire où vont se côtoyer Blake et Mortimer, bien sûr, mais aussi de vieilles connaissances des deux héros, comme le Colonel Olrik, leur éternel ennemi et, plus surprenant, le Professeur Septimus lui-même… apparemment du moins.
Vous comprendrez donc, chers lecteurs, pour quelles raisons je tenais à comprendre la chronologie des faits. Cette histoire semble se situer quelques temps seulement après « La Marque Jaune », puisque tous les protagonistes sont encore très marqués par les événements qui se sont déroulés dans cet épisode, pourtant bien antérieur en termes de publications (« La Marque Jaune » est le sixième album de la série). Tout se passe comme si, dans cet album, les auteurs avaient voulu donner une suite à l’autre, sans tenir compte de ce qui avait été écrit entre les deux.
C’est un parti-pris qui peut se comprendre et s’accepter, le tout est de le savoir, ou au moins de le percevoir, afin de ne pas se perdre dans l’histoire, sans quoi on n’y comprend rien. Mais ici, les choses sont assez claires, tant les références à « La Marque Jaune » sont évidentes, nombreuses et claires (il y a même, à un moment, une vitrine de librairie devant laquelle se trouve le « Professeur Septimus » où l’on peut contempler un exemplaire de « La Marque Jaune par E. P. Jacobs ». Il s’agit ici, clairement, d’un hommage appuyé au créateur de la série et des personnages).

L’histoire va se compliquer sérieusement par la découverte, par Blake, d’un étrange engin logé dans les soubassements de la ville de Londres qui semble être à l’origine des faits étranges qui se déroulent dans la cité elle-même. Le rôle du Colonel Olrik est plus complexe que celui du simple « méchant » dont le but est toujours le même : tuer ses éternels ennemis Blake et Mortimer. Ici, les intérêts des trois personnages finissent par devenir communs, au point qu’ils vont devoir s’allier pour contrer la menace qui pèse sur eux et sur la ville de Londres.
Et puis, il y a ce groupe de soldats internés à l’hôpital psychiatrique, dont on finira par comprendre qu’ils comptaient parmi eux les deux forcenés des entrepôts désaffectés de King’s Cross. Leur rôle dans cette histoire va finir par faire comprendre (en tout cas partiellement) à Blake et Mortimer les risques encourus par ceux qui s’approchent trop près de l’engin souterrain redécouvert par Blake.

Une aventure complexe, plus proche de ce que j’avais lu petite et de la veine d’E. P. Jacobs que les dernières histoires que j’ai référencées sur ce blog, où l’histoire se mêle au fantastique, ce qui semble être l’une des marques de fabrique du créateur de la série.
Je suis donc, après cette lecture, en complète contradiction avec ce que je disais dans ma précédente chronique, mais tant pis !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7189-5.

mardi 28 avril 2020

Blake et Mortimer, tome 21 : Le Serment des cinq Lords, de Yves Sente et André Juillard




Cette nouvelle aventure débute en 1919, dans le sud de l'Angleterre. Un homme se fait voler sa valise à la gare de Reading, où il attend un train pour Londres. Son propriétaire, le colonel Lawrence, retrouve bientôt son bien, ainsi que le voleur, qui lui fait une proposition qu'il ne peut refuser : il s'agit de modifier en profondeur – remanier totalement serait sans doute plus juste – le manuscrit que contient la valise en question, et dont Lawrence est l'auteur.

Trente-cinq ans plus tard, un vol est commis de nuit à l'Ashmolean Muséum, à Oxford, par une mystérieuse ombre blanche. Le lendemain, à Londres, Philip Mortimer s'apprête à partir pour Oxford, où il est attendu pour un séminaire avec les étudiants en Histoire. Blake, de son côté, apprend par la presse la mort d'un de ses vieux amis et les deux hommes partent de concert pour la gare, l'un pour Oxford, l'autre pour Bournemouth où doit avoir lieu l'enterrement de Lord Harry Pitchwick.

C'est le début d'une aventure qui voit se rejoindre les deux enquêtes au départ séparées de nos deux amis : l'une, menée par le Professeur Mortimer, au sujet des vols commis à l'Ashmolean Muséum, l'autre conduite par Blake qui voit un à un ses amis assassinés de sang froid. Il faudra remonter à la jeunesse de Francis Blake pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce mystère et son lien avec le colonel Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie.

Une fois de plus, le défi est relevé avec brio. Les auteurs ont su prendre la suite d’Edgar P. Jacobs et créer une aventure où le suspense et l’action sont bien présents et où l’aventure rebondit à toutes les pages. J’ai bien aimé cette histoire, plus « calme » que les précédentes que j’ai lues il y a quelques temps maintenant. Ici, point de machine bizarre, d’invention étrange ou de Colonel Olrik. Juste un rendez-vous avec la jeunesse de Blake. Ce serait presque reposant !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2012. ISBN : 978-2-8709-7164-2.

mercredi 8 avril 2020

Blake et Mortimer, tome 16 : Les Sarcophages du 6e continent, tome 1, de Yves Sente et André Juillard



Dans ce nouvel opus, le lecteur est entraîné dans l’ancienne capitale d’été du gouvernement de l’empire des Indes britanniques, Simla, où se tient une étrange réunion des maharadjas indiens. Ils se sont rassemblés dans l’ancien palais du vice-roi pour y écouter l’intervention d’Açoka, « Empereur immortel », mort depuis 2200 ans et qui apparaît pourtant, entouré de ses grands singes protecteurs. Il est venu annoncer aux seigneurs de l’Inde qu’il a à sa disposition une arme qui doit permettre à l’Inde de parler aux dirigeants sur un pieds d’égalité.
Puis, Açoka rencontre un certain Varitch, russe, qui a visiblement un compte à régler avec Francis Blake. Au cours de la discussion entre les deux hommes, le lecteur apprend que, de son côté, Açoka a déjà rencontré Philip Mortimer par le passé. Et qu’ils ne sont pas non plus devenus amis…

La suite de la bande dessinée plonge le lecteur dans la jeunesse de Mortimer, où nous le voyons revenir aux Indes avant ses études. Il y croise le Mahatma Gandhi et y fait la rencontre de Francis Blake qui, comme on le sait, devient son meilleur ami et compagnon d’aventures. Toute cette partie relate également la fameuse rencontre entre Mortimer et Açoka, ainsi que les difficultés du jeune homme face à l’ordre colonial britannique contre lequel il se rebelle, avant d’être renvoyé à ses études par ses parents.

De retour en 1958, nous retrouvons les deux héros à Londres, où va débuter l’Exposition Universelle à laquelle Mortimer participe au sein de l’équipe du pavillon britannique, qui comporte des membres de nationalité indienne, dans le cadre d’un partenariat entre les deux pays. Les chercheurs de cette équipe mixte ont en effet mis au point une liaison radio permanente avec l’Antarctique, via la base scientifique de Halley et le pavillon doit leur permettre de procéder à des mesures et des enregistrements à distance.
Mais bien vite, Blake et Mortimer sont témoins d’étranges événements qui attaquent divers pavillons de l’Exposition (français, congolais et américain), tout en épargnant étrangement celui de l’Angleterre, pourtant tout proche. Blake, pour sa part, enquête en parallèle sur un trafic d’uranium en lien avec l’Exposition Universelle. Et, à la faveur d’un nouvel incident, Blake et Mortimer voient débarquer dans cette aventure déjà complexe leur vieil ennemi Olrik.

Traîtres, mystères, trafics, vengeance… tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette histoire un bon cru. Le premier tome se termine avec le départ des deux héros pour la base scientifique de Halley, où ils pensent pouvoir trouver l’explication de tous ces faits étranges.

J’ai bien aimé cette première partie, où l’on en apprend plus sur la jeunesse de Philip Mortimer et sur son passé, sa personnalité, ses « démons » aussi. Après le confinement dans lequel nous vivons actuellement, il va falloir que je commence à boucher sérieusement les « trous » dans ma collection ! Voici la deuxième aventure de cette série dont je n’ai pour l’heure pu lire que le début !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2012. - ISBN : 978-2-8709-7180-2

lundi 6 avril 2020

Blake et Mortimer, tome 15 : L’Étrange rendez-vous, de Jean Van Hamme et Ted Benoît.




Cet épisode débute le 17 octobre 1777, au moment de la guerre d'indépendance du Nouveau Monde. Le Major Macquarrie, écossais, combat dans le corps des officiers britanniques d'Outre-mer et est témoin, en pleine nuit, d'un étrange phénomène lumineux qui l'attire irrésistiblement. Sous les yeux du benjamin de la troupe, le major disparaît dans le faisceau lumineux... pour réapparaître, mort quelques instants plus tôt, 177 ans plus tard dans le Colorado, où il est découvert par un paysan du coin, témoin, lui aussi, de cet étrange phénomène lumineux.
Mortimer est appelé sur place à des fins d'identification, le Major Macquarrie étant un de ses aïeux du côté maternel. Dans l'avion qui l'emmène aux États-Unis, il se retrouve fortuitement avec son ami Blake. Ils atterrissent à New York, où ils sont accueillis par Jimmy Cheng, l'assistant du Docteur Kaufman qui a fait appel à Mortimer.
Commence alors une enquête digne des X-Files où l'étrange le dispute au fantastique. Bien entendu, au cours de cette enquête, Blake et Mortimer sont à nouveau confrontés au Colonel Olrik, leur éternel ennemi, mais également à Basam Damdu, revenu pour reprendre le pouvoir avec l'aide des êtres étranges responsables de la disparition, puis de la réapparition, du Major Macquarrie...

L’intrigue se situe en 1954, aux États-Unis. Elle met en scène les survivants des êtres humains dans le futur, êtres étranges à l’aspect effrayant à cause des radiations auxquelles ils seront exposés dans le futur. Cette histoire aborde donc des questions et des problèmes très « XXIe siècle », à l’heure du réchauffement climatique, de la sixième extinction de masse à laquelle nous assistons en ce moment même et dont nous sommes à la fois à l’origine et faisant partie des potentielles victimes.
En ce temps de confinement, dû au Covid-19, cet opus est étrangement d’actualité, même s’il a été publié il y a de cela plusieurs années. C’est aussi ce qui en fait l’intérêt en ce moment. Il fait écho à l’inconséquence de certaines décisions prises au nom d’intérêts politiques et économiques, voire simplement liées à des questions d’ego ou de recherche maladive de pouvoir, de gloire et de puissance.
Un bon cru !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7179-6.

mercredi 25 mars 2020

Brüsel, de Benoit Peeters et François Schuiten



Retour à cette série mythique des « Cités Obscures », dans la ville de Brüsel, cette fois. Abeel Constant, fleuriste, est en train de réaménager son magasin où il fait la part belle aux plantes en plastique, quand le Professeur Persenval débarque chez lui. Le Professeur est lui aussi un féru de plantes en plastique et cherche à faire affaire avec Abeel Constant pour « fleurir » le nouvel hôpital dont la ville va bientôt se doter. Il faut dire que Brüsel elle-même est en plein réaménagement ! Il faut faire table rase du passé. Place au progrès !

Dans l’immédiat, Abeel a des problèmes urgents à régler : l’eau a été coupée, le téléphone cesse bientôt de fonctionner et, pour couronner le tout, le fleuriste tousse de plus en plus. Il décide alors de se rendre au Palais, où il expose ses problèmes avec beaucoup de difficultés. C’est le règne de l’absurde dans la bureaucratie brüselloise… Heureusement, il y a Tina, qui a l’air de vouloir l’aider… sans beaucoup de succès malheureusement. Sa toux s’aggravant, Abeel se rend à l’hôpital et le délire dans lequel il était plongé au Palais se poursuit et, pire, s’accentue.

Brüsel, c’est l’histoire d’une ville en pleine mutation, aux prises avec les hommes politiques et leurs ambitions, accompagnés de savants fous qui n’ont en tête que le progrès, au point qu’ils en arrive à vouloir changer, transformer radicalement la ville en oubliant ceux pour qui elle a été bâtie.

Cette bande dessinée est extraordinaire en ce sens qu’elle emporte le lecteur vers une réalité alternative, ou bien un monde parallèle, c’est au choix, où la réalité, la vraie vie, est confrontée à l’absurdité des décisions politiques idiotes, des idéologies mortifères poussées jusqu’au bout qui, telles un rouleau compresseur aveugle, créent un monde où ne comptent plus que l’égo des décisionnaires qui ne vivent que pour voir le triomphe de leurs idées.
La ville se vide ainsi de sa substance pour ne devenir qu’un cadre dans lequel la vie et ses habitants n’ont plus aucune place.
Il faudra l’énergie d’Abeel et la ténacité de Tina pour leur permettre de sortir de ce piège gigantesque et tentaculaire qu’est devenue Brüsel.
Du grand art.

Paru aux éditions Casterman, 2008 (Les Cités Obscures). - ISBN : 978-2-203-01289-9.

mardi 24 mars 2020

Trilogie New-yorkaise, de Paul Auster




Je ne connaissais pas Paul Auster. Je ne sais plus quand et comment ce livre (ou plutôt ces livres, puisque l’ouvrage regroupe trois romans) est arrivé dans ma bibliothèque, mais peu importe. Il fait partie de ces ouvrages qu’on a du mal à lâcher, alors même qu’on ne sait pas trop pourquoi.

Le premier roman, intitulé « Cité de Verre », raconte l’histoire de Quinn, un écrivain qui utilise un pseudonyme dans son métier, qui se voit confier une mission de détective privé par téléphone, par quelqu’un qui le prend pour un certain Paul Auster. Quinn a beau tenter de refuser la mission, de rétablir la vérité et de montrer que le commanditaire ne s’adresse pas à la bonne personne, rien n’y fait : le voilà embarqué dans une histoire pour le moins étrange où il doit surveiller un homme qui arpente les rues de New York en y dénichant des objets abimés, cassés… Quinn essaie de rendre compte de ses recherches, tombe sur Paul Auster, qui n’est pas plus informé que lui de l’affaire… et perd la trace de son employeur.

Dans le deuxième roman, « Revenants », les personnages ont des noms de couleurs (Bleu, Brun, Noir…) qui font penser à des pseudonymes que l’auteur leur aurait donné pour brouiller les pistes. Là, un des personnages est chargé par un autre d’en surveiller un troisième et d’envoyer chaque semaine un compte-rendu. Là encore, le personnage va changer la règle du jeu en cours de route et faire des découvertes qui vont radicalement changer sa vision des choses.

Enfin, dans « La Chambre dérobée », le narrateur est chargé par une jeune femme de retrouver Fanshawe, un homme qui s’avère être un de ses amis d’enfance, après l’échec d’un détective privé du nom de Quinn (est-ce le même que dans la « Cité de Verre » ?) sur cette même mission. Cette recherche va l’amener à se replonger dans leur passé commun et à explorer et tenter de comprendre la vie de son ami qu’il n’a plus vu depuis bon nombre d’années.

Ces trois romans me laissent un sentiment étrange, où la perplexité le dispute à la frustration et à l’enthousiasme.
J’ai l’impression qu’il y a des liens entre les trois romans (ce qui semble évident, sinon, ils ne seraient pas regroupés en un seul volume sous le nom de « Trilogie New-yorkaise »), mais j’ai du mal à les trouver, exception faite de certains points communs qui semblent plutôt accessoires : la présence de Quinn (1 et 3), d’écrivains (Quinn dans 1, Fanshawe et le narrateur dans 3), la surveillance d’une personne (1 et 2), de détectives (dans les trois romans), le dépouillement, la rue, la perte, la descente aux enfers, le déclassement… et New York.
Il y a aussi des passages étranges où l’on a l’impression, dans « La Chambre Dérobée », que Fanshawe raconte quelque chose qui s’est passé dans « Revenants »… Des liens existent effectivement, donnant l’impression que ces trois récits se complètent, alors que, pris séparément, ils racontent trois histoires distinctes, avec certains points communs, donc. Si j’osais une interprétation, je dirais que le premier roman est la quête, malgré lui, de Fanshawe par Quinn, que le deuxième est le jeu du chat et de la souris de Fanshawe vis-à-vis de Quinn et du narrateur du troisième roman, tandis que le troisième roman serait le récit « complet », mais selon le point de vue du narrateur, de toute cette histoire… Ce serait donc le même récit, vu sous trois angles différents, sans qu’aucun des personnages des deux premiers romans ne comprenne rien de ce qui se passe en réalité, de ce qu’ils font, de l’identité de celui qu’ils surveillent et des raisons de cette surveillance. Un peu tordu, mais ça pourrait quand même se tenir.

En tout cas, aussi étrange que soit cette Trilogie, j’ai beaucoup aimé m’y plonger, même si je m’y suis parfois perdue. C’est tout simplement très bien écrit ! Paul Auster (l’auteur, cette fois!) a un sens de la narration que je lui envie...

Paru aux éditions Actes Sud, 2002 (Babel). - ISBN : 978-2-7427-3791-8.

lundi 23 mars 2020

Largo Winch tome 21 : L'Etoile du matin, de Philippe Francq et Eric Giacometti




Ce nouveau diptyque débute à Saint-Pétersbourg, avec le résumé d’un roman, « Les Voiles rouges », lors d’une conversation entre un financier américain et un mystérieux investisseur américain… qui a l’air d’en vouloir à Largo Winch.
Six mois plus tard, nous retrouvons ce dernier au Yucatan, avec Simon Ovronaz, où il tente de comprendre pourquoi Saïdée, dont il était tombé amoureux, a été tuée (voir le diptyque précédent, ici et ici). Pour cela, il « interroge » un Russe qui ne survivra pas, assassiné avant de pouvoir répondre aux questions de Largo.

Au même moment, à New York, la Bourse de Wall Street est victime d’un « Flash Krach », une chute brutale et passagère des valeurs boursières, qui perdent mille points en quelques minutes, avant de remonter à leur niveau précédent tout aussi rapidement. La SEC, Security and Exchange Commission, est rapidement au travail pour déterminer les causes de ce krach… et remonte très vite à un courtier en bourse.
Au Yucatan, Largo assiste à un forum accompagné de Cathy Blackman, chargée des œuvres de bienfaisance de la Fondation Winch. Largo y rencontre divers magnats russes et autres, avant d’être rappelé à Chicago, où l’enquête sur le krach vient de révéler l’implication d’une des sociétés dont il est le propriétaire.
Commence alors une double enquête, celle du FBI et de la SEC, qui veulent charger Largo et celle, non officielle, de Largo qui cherche le véritable responsable.

Cet opus est centré sur les mécanismes de trading à haute fréquence, ces opérations boursières menées par des ordinateurs aux capacités de calcul phénoménales.
Ce qui me semble intéressant, ici, c’est que les auteurs utilisent à très bon escient l’actualité plus ou moins récente (des faits réels dans le domaine financier sont mentionnés, tout comme la crise des Subprimes, de triste mémoire, en 2008), avec des explications plutôt claires sur le fonctionnement de tout cela. Les explications sont vraisemblablement très succinctes, mais elles permettent malgré tout de ne pas être totalement perdu dans cette jungle qu’est devenue la finance internationale en général et la Bourse en particulier.

Largo mène l’enquête, découvre une coupable qui s’avère avoir en réalité été piégée. Elle tente de se blanchir en allant chercher des preuves au cœur même du système. Mais, comme toujours, les choses dérapent et Largo et la jeune femme, Mary, se retrouvent en bien mauvaise posture…

Il va donc falloir que je trouve la suite qui, je suppose, est maintenant parue. Parce que ça me ferait un peu mal au cœur de ne pas savoir si Largo va se sortir du traquenard dans lequel il est tombé, et qui risque de lui faire tout perdre...

Paru aux éditions Dupuis, 2017. - ISBN : 978-2-8001-6861-6.