lundi 12 février 2024

Croix de cendre, d'Antoine Sénanque

1367 : deux jeunes dominicains sont envoyés à Toulouse par le prieur Guillaume, afin d'y acheter du vélin, un précieux parchemin, ainsi que les encres qui lui permettront, par la main d'Antonin, d'écrire ses mémoires. Il se trouve que Guillaume, disciple de Maître Eckhart, a beaucoup à raconter : il a survécu à l'épidémie de peste noire qui a déferlé sur l'Europe à partir de 1348, au départ de Kaffa.

Robert et Antonin arrivent à Toulouse et y trouvent les parchemins tant convoités, mais rien ne se passe comme prévu, et Robert se retrouve emprisonné par l’inquisiteur, ancien condisciple de Guillaume, et accusé (faussement bien sûr) d’hérésie. Le tout pour obliger Antonin à fournir à l’inquisiteur une copie du livre de Guillaume, livre qui lui servira pour assouvir ses ambitions…

Voici le point de départ de ce très beau roman, qui raconte une histoire dans l’histoire : celle, racontée dans le vélin, des pérégrinations de Guillaume, alors jeune dominicain, avec son mentor, Maître Eckhart. Et en parallèle, celle d’Antonin et Robert qui vont devoir mettre leur courage et leur inventivité au service de Guillaume et de son sacristain, un étrange moine qui n’a pas fini de faire découvrir aux deux jeunes religieux ses talents divers et variés.

Un livre en forme d’enquête, qui n’est pas sans rappeler, par certains côtés, « Le Nom de la Rose » d’Umberto Eco, en plus court et plus simple toutefois.

J’ai dévoré ce roman, qui m’a fait beaucoup de bien, le soir, cet hiver. Un livre à rebondissements, plein de surprises, à lire sans modération !


Paru aux éditions Grasset, 2023. ISBN : 978-2-246-83266-9.

 

dimanche 31 décembre 2023

Jargonnier catholique de poche, de Edmond Prochain


Le livre n’est pas récent. Huit ans… j’aurais vraiment dû l’ouvrir avant, celui-là ! Une pépite, je ne vous dis que ça !

Alors pour les catholiques, c’est une bonne entrée en matière pour mieux comprendre (ou pas!) le langage ecclésial, et pour les autres, certaines définitions seront claires comme de l’eau de roche et les autres permettront une sympathique entrée en dialogue avec des cathos qui pourront leur expliquer la signification de la définition (les sous-entendus, les sous-titres, quoi!).

L’ouvrage regroupe de nombreux mots plus ou moins connus et usités, c’est comme un dictionnaire, mais en vraiment très drôle. Bravo à l’auteur, Edmond Prochain1 (oui, c’est un pseudonyme, ne cherchez pas). Ce livre instructif, mordant et drôle, pas méchant pour un sou (les catholiques en prennent pour leur grade, vous pouvez me croire, mais toujours gentiment et avec beaucoup de tendresse de la part de l’auteur) donne des définitions décalées (mais justes) des mots utilisés par les croyants et devenus incompréhensibles des non-croyants, compte-tenu de l’incroyable perte de culture religieuse dans notre société aujourd’hui. J’ai particulièrement ri à « Gloria » et « dicastère », mais j’aime bien aussi la définition de « démon » ou de « dimanche ». C’est aussi plus profond qu’il n’y paraît. Par exemple, la définition du mot « disciple » vient de me faire comprendre la différence entre « disciple » et « apôtre »… car il y en a une ! Si, si !

Bref. Un ouvrage à lire (et ça se lit vraiment très vite) pour rire un bon coup, se moquer gentiment des cathos (et un peu des autres aussi, mais jamais méchamment encore une fois). Le potentiel d’autodérision est très bon et permettra peut-être aux chrétiens d’obéir enfin au Pape : « Le chrétien doit offrir un visage joyeux, pas une face de piment au vinaigre. » (François)


Paru aux éditions de l'Emmanuel, 2015. ISBN : 978-2-35389-501-4.

1Edmond Prochain (pseud.) : Journaliste et auteur contemporain. Comme son nom l'indique, il essaie de suivre le Christ et de partager sa foi catholique, ce qui n'est probablement pas l'idée la plus brillante pour faire carrière, mais a l'avantage de suffire à son bonheur. Voilà. (Note de l'éditeur, 4e de couverture)

mercredi 6 décembre 2023

Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier


C’est un beau cadeau que mes parents m’ont fait là, à l’occasion de mon anniversaire et de ma réussite au Diplôme Universitaire d’aumônier. Je n’en suis pas peu fière, d’ailleurs ! (de mon DU, j’entends).

Cet ouvrage conséquent (253 p. quand même!) raconte l’histoire de la Ville Sainte, Jérusalem, depuis ses origines, il y a 4000 ans, à travers les yeux d’un olivier millénaire qui en a vu toute l’évolution, le développement, les conflits, les arrivées de populations…

L’histoire est divisée en chapitres selon un plan chronologique et racontée à travers des documents provenant d’auteurs et d’acteurs divers qui, tous, ont marché dans les rues de Jérusalem au fil de son histoire et des siècles. On sent là un grand travail de recherches historiques pour trouver les témoignages précis qui ont servi à décrire cette histoire.

J’ai mis du temps à lire cette bande dessinée. D’abord parce qu’elle est longue, et aussi parce qu’il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction, mais d’un ouvrage qui se veut basé sur des documents historiques. Je connaissais quelques éléments, à cause de mes études depuis deux ans, mais j’ai découvert énormément de choses sur la ville, en particulier qu’elle n’a pas toujours été le lieu de conflits religieux comme on le voit aujourd’hui. Il fut un temps pas si éloigné de nous où les différentes communautés religieuses (juifs, chrétiens et musulmans) vivaient à peu près en bonne entente et sans s’entre-tuer ou se menacer continuellement de le faire, comme c’est le cas depuis quelques décennies.

L’histoire de Jérusalem n’est pas linéaire, loin de là. Les différentes communautés qui y vivent se remplacent, reviennent, repartent, se font la guerre et créent des alliances qu’elles vont ensuite remettre en question. On découvre à cette occasion que les uns et les autres, quelles que soient les confessions religieuses, sont tour à tour victimes et bourreaux, en fonction de la période historique, des enjeux de puissance et de pouvoir. La situation à Jérusalem n’a donc quasiment jamais été tranquille ni simple et l’histoire de la ville est extrêmement riche, ce qui n’a rien d’étonnant compte-tenu de sa longévité malgré de nombreuses destructions au fil des siècles.

Du point de vue visuel, la BD m’a plu aussi, grâce à un dessin efficace et beau, réaliste et précis sans faire carte postale ou tableau. Les auteurs ont pris soin d’insérer des plans afin que le lecteur puisse visualiser l’évolution de la ville dans le temps et de mieux situer les différents quartiers dont il est question. Cet aspect-là me parle particulièrement, à moi qui ai une formation de géographe à la base… L’utilisation des personnages pour raconter l’histoire en lieu et place de longs développements rédigés rend également le déroulement digeste et le découpage par périodes historiques permet des pauses dans la lecture et de s’y retrouver dans le temps. Résumer 4000 ans d’histoire en 250 pages était un pari un peu fou, qui a été relevé avec les honneurs. Et le récit étant basé sur des faits historiques, il est une très bonne entrée en matière pour qui veut tenter de comprendre ce qui se passe dans cette région du monde malmenée, comme on le voit encore aujourd’hui avec la guerre qui oppose depuis quelques semaines le Hamas et Israël.

Puissent de tels ouvrages élargir un peu la vision des hommes et leur rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi et qu’à certains moments, les différents groupes religieux arrivaient à vivre relativement en paix dans la ville Sainte. Même si cette paix a toujours été très instable...


Paru aux éditions Les Arènes BD, 2022. ISBN : 979-10-375-0715-0.

lundi 20 novembre 2023

Jeanne d'Arc, le procès de Rouen, de Jacques Trémollet de Villers


Jacques Trémolet de Villers lit et commente dans cet ouvrage le procès de Rouen, durant les derniers mois de la vie de Jeanne d'Arc, procès qui va aboutir à sa condamnation et à sa mort sur le bûcher le 30 mai 1431. Je ne spoile personne : cette histoire est connue de tous et largement documentée depuis bientôt 600 ans. Il n'y a là aucun suspense.

L'intérêt de ce livre est ailleurs. Ce qui m'a beaucoup plu, ici, ce sont les commentaires de l’auteur, en petits caractères, sous le récit (qui se présente un peu à la manière d'une pièce de théâtre visuellement parlant). Jacques Trémolet de Villers est lui-même avocat au civil et au pénal. Il reprend les minutes du procès et les éclaire grâce à sa connaissance fine tant des procès et de leur déroulement que du langage employé et de la foi. Il explicite de manière très précise et très intéressante à la fois les enjeux, les joutes, les pièges tendus par les juges de Jeanne et les réponses de celle-ci, les raisons qui l'ont poussée à faire ce qu’elle a fait, son état d’esprit au moment des interrogatoires et les raisonnements qui ont pu ou du être les siens durant ces cent jours qui mèneront à sa mort. Ce qui est vraiment très beau, c'est le double regard juridique et religieux que l'auteur porte sur ce procès hors-norme.

Entre le 21 février et le 30 mai 1431, Jeanne est en prison à Rouen. Elle doit faire face à ses juges, des ecclésiastiques qui ont embrassé la cause des Anglais contre celle du roi de France légitime – et légitimé par les combats de Jeanne – Charles VII. L'action de Jeanne est avant tout politique : il s'agit de rétablir le roi de France sur le trône et d’en déloger le « roi de France et d’Angleterre » qui n’a rien à y faire.

Mais les juges ne peuvent rien contre Jeanne du point de vue temporel. C’est donc sur le plan spirituel qu’ils l’attaquent, la harcèlent, même, lui refusant tous les recours auxquels elle avait droit. Si la situation se répétait aujourd’hui, les conditions du procès lui-même rendrait invalide ce dernier quasiment dès son ouverture. Jeanne prend la main, décide sur quoi elle doit ou non dire la vérité, maîtrise le temps par l’intermédiaire des conseils qu’elle reçoit de ses voix (celles de Sainte Marguerite, Sainte Catherine et Saint Michel). Le tribunal ecclésiastique quitte donc la terre très rapidement pour se trouver dans une autre réalité, celle du Ciel et de la foi.

Ce procès hors normes à tout point de vue est le seul de ce type dans toute l’histoire de France (et sans doute du monde). Il a marqué notre pays, non seulement parce que c’est celui d’une jeune fille qui, par ses faits d’armes, a changé le cours de l’histoire de son pays, mais aussi parce que, d’un point de vue strictement juridique, il mêle comme aucun autre les questions judiciaires et spirituelles. Même pour un tribunal d’église, il est seul en son genre. C’est que Jeanne est jugée par l’Église, mais pour des faits militaires et politiques, par des hommes d’Église qui ont une mission politique. Ce mélange des genres ne se reproduira pas dans l’histoire.

C’est en tout cas une très belle lecture, avec la fin que l’on connaît (la pseudo abjuration de Jeanne, sa condamnation et sa mort sur le bûcher après sa rétractation). Mais le livre va plus loin en analysant les rapports de Jeanne avec son temps. Le procès peut en effet se lire à différents niveau, et l’auteur, à la fin, explore les relations de Jeanne avec le Roi (et l’identité de ce dernier, pour elle), mais aussi avec l’État, le droit, la langue française, la guerre, les miracles, l’Église, la laïcité, avant de laisser la porte ouverte sur une dernière question : et si Jeanne était docteur de l’Église ?

Paru aux éditions Perrin, 2017 (Tempus). ISBN: 978-2-262-06780-9.

lundi 13 novembre 2023

L'Esprit de la liturgie, du Cardinal Joseph Ratzinger, suivi de L'Esprit de la liturgie, de Romano Guardini



Cet ouvrage, je l'ai lu en deux temps. Tout d'abord, il y a deux ans, lors de la reprise de mes études en théologie à l'université de Strasbourg, pour une fiche de lecture. A cette occasion, j'ai lu le livre de Romano Guardini, plus court que le premier (celui du Cardinal Ratzinger). D’autre part, il s'agit du livre qui a inspiré à Joseph Ratzinger l'écriture de son livre auquel il donne le même titre. Je voulais alors retourner aux « sources ».

Ce premier ouvrage a été écrit au début du XXe siècle, traduit en français en 1930. Donc avant la réforme liturgique initiée par le Concile Vatican II, au début des années 1960. Je pensais y trouver des réponses à mes questions, mais j’ai été déçue de ce point de vue. Le livre de Romano Guardini parle de liturgie, bien sûr, mais de manière à en donner le sens, la signification en tant que telle. Et non pas la signification des gestes, paroles, moments, lieux. J’ai beaucoup appris à la lecture de ce livre mais en ai retenu peu de choses, non pas parce qu’il est inintéressant (au contraire), mais parce qu’il est désormais trop éloigné de ce que je vis en tant que fidèle lorsque j’assiste à la messe. D’autant plus que je n’avais pas les « clés » pour comprendre ce qu’il disait et qu’il parlait, fort logiquement, de la liturgie telle qu’elle était célébrée avant le Concile. Il faudrait donc que je le relise, maintenant que j’ai lu celui de Joseph Ratzinger.

En effet, le livre de celui qui deviendra le pape Benoît XVI par la suite est très différent, même s’il parle, finalement, de la même chose. Tout d’abord, le Cardinal Ratzinger a un style littéraire (même traduit de l’allemand au français) bien plus facile à lire que celui de Romano Guardini ou d’un autre pape comme Jean-Paul II par exemple. Le propos est clair, construit de manière logique et cohérente, avec un vocabulaire accessible au commun des mortels (il n’y a pas besoin d’avoir fait de la théologie pour comprendre), avec un plan simple à suivre et à comprendre. Ratzinger sait où il veut aller et emmener le lecteur et cela se sent dans sa manière de composer un livre sur un sujet qui peut, de prime abord, sembler plutôt aride ou difficile.

J’ai donc lu, pour une autre fiche de lecture, dans le cadre du premier semestre de la licence de théologie que j’ai entamée cette année, cet ouvrage de Ratzinger qui, lui, répond parfaitement aux questions que je me posais il y a deux ans. Comme quoi, j’aurais sans doute du commencer par celui-là !

Dans ce livre, en quatre parties, Ratzinger aborde la liturgie et sa signification sous le double prisme des Écritures et de l’Histoire sainte, l’un n’allant pas sans l’autre en ce domaine. Il en donne, dans la première partie, une signification spirituelle qui rappelle ce que disait Guardini. Dans la deuxième partie, il aborde les questions du temps et de l’espace dans la liturgie. C’est dans cette partie notamment qu’il parle de la question du lieu où l’on prie, de l’histoire des églises, mais surtout de leur agencement intérieur, de leur orientation, et qu’il donne la signification du bâtiment, de l’autel, de la réserve eucharistique et du calendrier liturgique. La troisième partie est consacrée à l’art dans la liturgie, et Ratzinger en fait un cheminement historique tant en ce qui concerne l’image que la musique. La dernière partie est consacrée à la forme de la liturgie elle-même : le rite et tous les gestes qui le composent, où une part très importante est laissée à la place du corps et de la manière dont il est utilisé pour prier.

Ce livre m’a permis de mieux comprendre ce qui se passe durant la messe (sans en épuiser le mystère, bien entendu), afin de mieux y entrer, de mieux la vivre aussi. Une lecture ne suffit pas, bien sûr, mais c’est déjà une première approche qui m’aide beaucoup dans ma pratique personnelle. Ne serait-ce que comprendre pourquoi on se met debout, à genoux ou assis durant la messe est une aide pour entrer dans la profondeur du mystère qui se déroule sous nos yeux quand on assiste à la messe. Rien que ça, c’est déjà un grand pas : cela confirme certaines de mes intuitions et m’aide à y voir plus clair. Par ailleurs, le futur Benoît XVI se montre plutôt critique sur certaines des conséquences de la réforme liturgique voulue par le Concile, non pas parce que cette réforme ne serait, selon lui, pas juste ou utile, mais parce qu’elle a été très mal comprise et donc très mal mise en œuvre. On s’est attaché à la forme en perdant beaucoup du sens de la réforme (et donc de la liturgie). La suite de sa vie, et notamment certaines de ses décisions en matière de liturgie (mais on peut dire la même chose de Jean-Paul II et du pape François) montrent que la question de la liturgie est loin, très loin d’être figée ou close. Au contraire : l’Église existe depuis deux mille ans et cela fait à peu près autant de temps qu’elle se réforme en permanence...

Paru aux éditions Artège, 2019. ISBN : 979-10-336-0919-3.

mercredi 18 octobre 2023

Le Nom de la Rose, Livre Premier, de Milo Manara et Umberto Eco

 

Alors cette bande dessinée, je ne l'attendais pas. Mais alors pas du tout. J'avais déjà lu le roman d'Umberto Eco, bien sûr, et c'est un de mes romans favoris, j'avoue. De la même manière, j'ai aussi vu et revu le film de Jean-Jacques Annaud, sorti en 1986. Oui, c'est un vieux film, mais on ne se lasse que difficilement des chefs-d’œuvre !

Bref, tout ça pour dire que quand j'ai vu cette bande dessinée dans la vitrine de ma librairie préférée, je l'ai immédiatement achetée. Parce que, franchement, associer Umberto Eco et Milo Manara, il fallait y penser ! Bref.

Je ne ferai à personne l'injure de teaser (comme on dit aujourd'hui) l'intrigue (tout le monde la connaît, je suppose !). Mais j'étais curieuse de voir ce que ça donnerait en bande dessinée. Et je n'ai pas été déçue (au moins pour ce premier tome, on verra pour la suite quand elle sortira en librairie).

Au dessin, Milo Manara, connu surtout pour des bandes dessinées plutôt osées (érotiques, donc, puisqu'il vaut mieux appeler un chat, un « chat »), fait des merveilles. Beaucoup de délicatesse, de finesse dans le trait, de subtilité dans les personnages… Bref, visuellement, ça fait mouche. Et ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est que le dessinateur, sans chercher à copier les traits des acteurs du film, a glissé chez certains personnages secondaires des ressemblances permettant de mieux les reconnaître. De la même manière, il a aussi réinterprété à sa « sauce » les décors, somptueux sous son trait, il faut bien le dire.

Par ailleurs, le dessin permet d’explorer autrement certaines parties de l’intrigue, laissées bien plus dans l’ombre dans le film ou simplement évoquées dans le roman, en particulier les enluminures de l’un des premiers moines victimes de meurtre dans l’abbaye. L’imaginaire foisonnant d’Adelme d’Otrante n’a rien à envier à celui de Milo Manara, pour le coup ! On retrouve donc là la « patte » de Manara, mais sans que l’ensemble ne tourne au vulgaire.

L’esprit du roman comme celui du film est respecté, tout en jouant avec bonheur des codes de la bande dessinée qui permettent certaines libertés propres au support (tout comme le film en permettait vis-à-vis du roman d’ailleurs). Comme quoi, chaque art a son intérêt, et l’adaptation d’une œuvre majeure comme celle du roman d’Umberto Eco, si elle est risquée tant l’œuvre est connue, peut conduire, en cas de réussite, à une véritable redécouverte.

Si vous n’avez jamais entendu parler du « Nom de la Rose », vous n’avez donc plus aucune excuse pour ne pas vous y mettre : roman, film ou bande dessinée, il y a de quoi faire !

Paru aux éditions Glénat, 2023. ISBN : 978-2-344-04975-4.


lundi 16 octobre 2023

Monnaie de sang, de Patricia Cornwell


Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu de roman de Patricia Cornwell (en tout cas de la série « Kay Scarpetta »). Tellement longtemps, que quand j’ai acheté ce roman, j’avais oublié… que je l’avais déjà. Eh oui… J’ai donc deux exemplaires de ce livre, mais comme il est bien, je vais le donner dans une des boîtes à livres du coin, histoire d’en faire profiter quelqu’un d’autre. Voilà pour le livre lui-même.

Pour l’histoire, nous sommes dans une classique enquête de Kay Scarpetta, médecin légiste, mariée à Benton Wesley, profiler du FBI. Elle est aidée par Pete Marino, policier de son état, et par sa nièce lesbienne Lucy, tête brûlée hyper-douée en informatique, mais aussi en pilotage d’engins divers et variés, allant de la Ferrari à l’hélicoptère, en fonction de ses envies.

Le jour de l’anniversaire de Kay, un meurtre est commis juste à côté de chez elle, mettant un terme aux préparatifs des vacances qu’elle avait prévu de passer avec son mari. Une fois sur place, les premières constatations montrent que ce crime n’a pas pu être commis comme il semble l’avoir été, tant les indices corporels contredisent le récit « officiel » de la police. Par ailleurs, il apparaît très vite que quelqu’un est intervenu dans l’appartement de la victime, effaçant un certain nombre d’indices et modifiant sérieusement les lieux, brouillant ainsi la compréhension des enquêteurs sur place. L’affaire est donc plus complexe qu’il y paraissait au premier abord et a des ramifications – Kay, Benton, Lucy et Pete le découvriront plus tard – plus larges que ce qui était attendu après les premières constatations.

J’ai bien apprécié ce roman, même si certains aspects m’ont gênée, comme par exemple l’insistance, surtout au début, sur la vie intime de Kay et de son mari (dont on se fiche un peu, en réalité, tant ça n’apporte que peu de choses au récit, à ce moment-là de l’intrigue en tout cas). Par ailleurs, le récit est, comme d’habitude avec cet auteur, parfaitement bien mené, laissant la surprise et le suspense jusqu’à la dernière ligne, invitant le lecteur à lire le tome suivant, bien entendu.

J’aimerais bien… le problème, c’est qu’il me manque déjà les dix tomes précédents… et voilà pourquoi je n’ai découvert le mariage de Kay et Benton que dans ce volume-là… Mais vous l’aurez compris, cela n’a au final pas beaucoup d’importance, et heureusement, pour comprendre l’intrigue de ce livre. Sinon qu’il fait appel à certains personnages des romans précédents (et que, cette fois-ci, j’avais lus ! Yaisse!).

Bref, un bon moment de lecture, qui vide bien la tête quand on est fatigué des études, de l’actualité ou du quotidien hyper-angoissant que nous vivons en ce moment. Des fois, cela fait du bien de s’évader de la réalité !

Paru aux éditions LGF, 2016 (Le Livre de Poche). ISBN : 978-2-253-16403-6.