samedi 16 octobre 2021

Autre Monde, tome 2 : Malronce, de Maxime Chattam

 

Matt, Ambre et Tobias ont quitté le clan des Pans et se dirigent vers le Sud, afin de s’approcher du royaume de la Reine Malronce. Cette dernière est à l’origine de la « Quête des peaux », la raison d’être des enlèvements d’enfants (les « Pans ») par les « Cyniks » (les adultes de l’ancien monde qui ont survécu à la Tempête). Sur leur route, ils vont croiser de nombreux dangers et se heurter à plusieurs groupes de Pans, pas toujours aimables même si leur identique condition les expose aux mêmes dangers face aux Cyniks et les oblige à une forme de solidarité. Cette route est longue, difficile et dangereuse car le milieu est hostile. Confrontés aux Cyniks, les trois adolescents doivent faire preuve de volonté, de courage, mais aussi de ruse et de pragmatisme, quitte à aller chercher de l’aide auprès d’ennemis déclarés, et ce en toute connaissance de cause… et à leurs risques et périls.

Ce livre, comme le premier, est foisonnant. L’auteur déploie l’univers qu’il a créé avec brio et inventivité, dévoilant peu à peu les divers « mondes » créés par la Tempête et ses suites. Le récit est très soutenu et rythmé, ce qui fait qu’on n’a pas envie de lâcher le livre avant la dernière page. Je reste toutefois sur ma faim : le titre laissait présager autre chose que le contenu de ce deuxième volet de la saga « Autre Monde »...

Paru aux éditions LGF, 2013. ISBN : 978-2-253-17358-8.

mercredi 13 octobre 2021

Largo Winch, tome 22 : Les Voiles écarlates, de Philippe Francq et Eric Giacometti

 


Largo et Mary étaient restés prisonniers dans la salle du serveur d’un centre de trading à Haute Fréquence, à la recherche de preuves d’une opération frauduleuse. Ils sont maintenant au cœur d’un bel imbroglio bancaire, avec meurtres et explosions en tous genres. De l’action, quoi. Cette fois-ci, l’ennemi se trouve en Russie et met Largo en difficulté sur les titres de propriété du Groupe Winch.

Si cette série est toujours « au top » en ce qui concerne le dessin, le rythme et l’action, j’avoue que ce diptyque m’a moins plu que les précédents : histoire complexe pour qui n’est pas familiarisé avec le monde du trading 0 haute fréquence et celui de la Bourse en général, par exemple ; intrigue avec des rebonds qui font plus penser à James Bond ou XIII qu’à Largo Winch… Je suis quelque peu déroutée. Sans doute me faudrait-il reprendre les deux albums à tête reposée, sans la pause de presque un an entre les deux qui m’a fait perdre le fil. Encore faut-il en avoir le temps !

En tout cas, il faut reconnaître que les auteurs sont à la pointe de la question financière : quand j’ai ouvert le premier tome de ce diptyque, je venais de visionner un reportage sur la question du trading à Haute Fréquence, justement. Et ce que j’y avais appris m’a bien aidée pour comprendre de quoi il est question dans cet album ! Je suis loin d’être une spécialiste, mais ce que je constate, c’est que les auteurs sont, comme toujours, très bien renseignés sur les sujets qu’ils traitent. Et ça, c’est, pour moi, un argument essentiel et un gage de qualité, de travail sérieux et bien fait. Histoire de ne pas refermer le livre, fût-ce une bande dessinée, sans avoir rien appris...

Paru aux éditions Dupuis, 2019. ISBN : 979-10-347-3103-9

mardi 31 août 2021

Seule dans Raqqa, de Hala Kodmani

 

Ce livre est le récit, au jour le jour ou presque, du combat de Nissan Ibrahim, professeur de philosophie syrienne, contre la dictature qui sévit dans son pays.

Nissan est active et militante sur Facebook et y relate ce dont elle est témoin, entre 2011 et 2015. On y lit l’évolution de la condition de la femme en Syrie, entre la dictature de Bachar Al-Assad et celle instaurée par la suite par l’État Islamique.

D’un point de vue littéraire, ce n’est pas forcément excellent, mais l’essentiel, dans ce type de livre, n’est pas là. Nissan – c’est un pseudonyme, bien sûr – est une insoumise qui si, pour des raisons de sécurité, n’a pas participé physiquement aux manifestations qui se déroulaient tout près de chez elle, les a suivies et relayées sur les réseaux sociaux, comme l’aurait fait un média politique, une sorte de « base arrière » de la révolte. Ses prises de position, malgré l’anonymat – relatif – des réseaux sociaux, lui vaudront de devoir se cacher afin de se protéger, ainsi que sa famille. Que ce soit contre la dictature de Bachar Al-Assad ou l’État Islamique, le peuple Syrien lutte pour conserver et/ou retrouver la liberté.

A l’heure où les Talibans reprennent le pouvoir en Afghanistan et y installent une autre dictature (qui ressemble beaucoup à ce que vivent les Syriens depuis l’arrivée de l’EI dans leur pays), Nissan et les autres résistants, dont beaucoup, comme elle, paient leur insoumission de leur vie, nous rappellent par leurs témoignages que la liberté de penser, de culte, de mouvement… est un bien qu’il nous faut chérir, quitte à devoir se battre pour l’obtenir et la conserver.

Nissan Ibrahim a disparu de Facebook à la fin de l’année 2015. Et Daech (autre nom de l’État Islamique) a annoncé son exécution en janvier 2016. Elle avait trente ans.

Paru aux éditions Équateurs, 2017. - ISBN : 978-2-84990-478-7.


lundi 30 août 2021

Drame en trois actes, d'Agatha Christie


Sir Charles Cartwright a invité plusieurs personnes à dîner dans sa maison baptisée « Le Nid de Corneilles », au sommet d’une colline surplombant le port de Loomouth. Parmi les invités se trouvent M. Satterthwaite, Miss Hermione « Egg » Lytton Gore et sa mère, Lady Mary, mais aussi un psychiatre, Sir Bartholomé Strange, ainsi que le célèbre détective Hercule Poirot.

Juste avant le dîner, M. Stephen Babbington, pasteur de Loomouth invité, lui aussi, avec son épouse, a la très mauvaise idée – et le mauvais goût aussi, il faut bien le dire, - de s’effondrer, raide mort, alors qu’il prenait, comme tous, l’apéritif. L’enquête conclut à une mort naturelle, mais cette mort devient suspecte quand, peu de temps après, Sir Batholomé Strange succombe, lui aussi, dans des circonstances analogues.

Sir Charles, Miss Lytton Gore et M. Satterthwiate commencent alors leur enquête, secondés, à distance, par Hercule Poirot…

Les romans d’Agatha Christie me plaisent toujours autant ! L’ambiance, les intrigues, l’humour, les crimes, les criminels, Hercule… (oui, je sais, on a vu plus glamour comme héros, mais… que voulez-vous, j’ai un faible pour lui ! Et j’ai du sang belge dans les veines. Ceci explique peut-être cela?).

Bref. Ce roman est fidèle au style d’Agatha Christie, avec des références incessantes au théâtre, tant dans la construction du récit (trois « actes », correspondant aux meurtres de l’intrigue), que dans la présentation (le roman s’ouvre sur la liste des personnages, comme dans une pièce de théâtre), et plusieurs personnages sont acteurs ou écrivent des pièces de théâtre, ce qui plonge le lecteur dans cette ambiance particulière où les personnages jouent un rôle… Mais je n’en dirai pas plus, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore !

Comme d’habitude, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre ce roman dans la bibliothèque de mes parents ! C’est d’ailleurs pour cela que l’édition que j’ai entre les mains n’est pas récente du tout… Tiens, un jour, je ferai le tri dans ma propre bibliothèque et leur rendrai ce qui leur appartient : ça me fera sans doute plus de place pour y ranger mes propres livres !

Paru aux éditions Librairie des Champs-Elysées, 1949 (Club des Masques). ISBN : 2-7024-1339-0.

samedi 21 août 2021

La Servante écarlate, de Margaret Atwood

 

J’avais entendu parler de « La Servante écarlate » par la série sortie sur Netflix et j’en avais eu de très bon échos (sans pouvoir la visionner : je ne suis pas abonnée à Netflix!). Le sujet m’intéressait et, encore une fois, je n’ai pas été déçue du voyage (c’est ce qui est bien, quand on ne suit pas les modes en matière de lecture : le temps se charge de sélectionner les livres qui valent le coup de perdurer…).

Ici, il s’agit d’un récit à la première personne. Une femme, anonyme (on ne connaîtra jamais son nom de « servante » et jamais sa véritable identité), raconte sa vie quotidienne à Galaad, le monde qui a remplacé la société américaine, à une époque indéterminée, à la frange du XXe siècle. Cette femme fait partie de celles qui ont connu le « monde d’avant », ont vécu le changement de régime et sont sommées de s’adapter au nouveau. Et ce nouveau monde est effrayant.

Je ne ferai pas ici l’injure aux lecteurs de ce blog du « pitch » du roman plus que les quelques lignes qui précèdent. Étant donné le nombre d’éditions, de traductions, de films, et maintenant la série qui en est tirée, je laisse au lecteur qui veut en savoir plus le soin de se renseigner. Ce que je peux dire, en revanche, c’est que j’ai dévoré ce récit, une dystopie dans la lignée de « 1984 », « Le Meilleur des Mondes » ou « Farenheit 451 », trois ouvrages que j’ai lus il y a des années et dans lesquels il faut vraiment que je me replonge, au vu de ce qui se passe en ce moment. Ces trois livres semblent d’ailleurs être à l’origine de celui de Margaret Atwood, tant ils l’ont marquée, elle aussi.

J’ai donc lu très vite « La Servante écarlate » et suis rentrée dans ce monde étrange où la dictature, comme souvent, se présente comme la solution aux problèmes du monde et créant de ce fait un avatar effrayant, une sorte de matrice de ce que pourrait être notre monde si on laisse s’y développer certaines choses.

En ce sens, « La Servante écarlate », bien que sortie en 1985, est un livre très actuel. Intemporelle, faisant référence à de grands défis des années 1980, cette histoire pourrait très bien avoir été écrite pour ce premier quart du XXIe siècle. Entre pandémie, réchauffement climatique, transhumanisme et théorie du genre, il y a largement de quoi imaginer une autre dystopie, qui ne serait sans doute pas moins effrayante que celle décrite par Margaret Atwood. Les faits qu’elle imagine, les réactions humaines sont parfaitement plausibles, parce qu’observés par le passé à chaque période difficile. Les ressorts totalitaires semblent être toujours les mêmes, seules les cibles changent : là, les Juifs ; ici, les femmes ; ailleurs, les personnes de couleur… l’imagination humaine, en matière de répression et de persécution, semble n’avoir aucune limite. Si seulement elle se limitait à l’écriture romanesque !

« La Servante écarlate » est un roman magistral, et nécessaire !

Paru aux éditions Robert Laffont, 2021 (Pavillon Poche). - ISBN : 978-2-221-24994-9.

mercredi 18 août 2021

Six X = zéro, de Robert Beauchamp


J'ai mis du temps à lire ce livre. Non pas qu'il soit difficile, bien au contraire, mais il était chez mes parents et je n'avais pas eu le temps, la dernière fois que j'y étais allée, de le terminer. Et comme il y a eu cette pandémie (non ! Vous n'avez pas pu oublier !!!!!), je n'y suis pas retournée tout de suite, malheureusement.

Enfin bref, j'ai enfin eu le temps de le lire. Et je me suis bien amusée !

Le personnage principal de ce roman policier est un certain Bertrand, commissaire de son état, et surtout Comte de Solignac. C’est à ce titre qu’il est invité par Lise Montbreuil, épouse snob mais sympa d’un polytechnicien de renom, André, qui organise chez elle un dîner avec quelques amis. Tous ces invités sont des « têtes », des scientifiques, chercheurs, militaires de carrière… sortis, comme leur hôte, de l’école Polytechnique (que l’on appelle aussi « L’X ») et de grands noms Français. Pour faire bref, ils « naviguent » dans les hautes sphères de l’État et y tiennent un rôle majeur, selon leurs spécialités respectives. Il y a donc, ce soir-là, autour de la table, Jacques Bouliez, qui vient d’entrer au conseil de la Banque de France, accompagné d’Aline, son épouse, ainsi que Michon, le haut-commissaire à l’Énergie atomique et sa femme ; Colson, professeur de mathématiques, accompagné de son épouse, le général Marcotte, directeur des services de recherches de l’armée de l’air, lui aussi marié. Sont également du dîner Marcel Landrieux, « grand manitou de l’électronique », dont la femme est grippée et c’est son absence qui a obligé Lise à inviter Bertrand afin que la table soit complète. Sont également de la partie Claude Martin, une femme médecin divorcée, ainsi que Edmond Cournot, physicien nobélisable, accompagné de sa fille adoptive Paule, elle aussi physicienne, qui l’aide et le soutient depuis que la polio a paralysé le bras du chercheur.

Tout ce beau monde passe une belle soirée, où le commissaire remarque toutefois certains faits étranges, qui l’aideront par la suite à résoudre l’énigme de taille qui se présente à lui très rapidement. Le lendemain du dîner, en effet, il reçoit un appel de Lise Montbreuil, plutôt affolée, qui a reçu une lettre anonyme l’informant que, « avant un mois, 6 X = 0 ». Femme de polytechnicien, ayant reçu, la veille, plusieurs polytechniciens, Lise comprend que ses hôtes et son mari sont menacés de mort… Les faits lui donnent raison, puisque, très vite, plusieurs d’entre eux succombent dans d’étranges circonstances. Il faudra toute la sagacité et le courage de Bertrand de Solignac pour résoudre l’énigme et trouver le – ou les – coupable(s) de ces meurtres odieux...

Robert Beauchamp est un pseudonyme. Je l'ai découvert en faisant quelques recherches sur ce livre un peu ancien que j'ai emprunté chez mes parents lors de mes vacances d'été. L'auteur est en réalité une femme, Jeanine Delpech, qui avait pris plusieurs pseudonymes en fonction du type de livres écrits. Pour les romans policiers, il s'agissait donc de celui de Robert Beauchamp.

J’ai dévoré ce roman. Paru en 1971, il est donc assez ancien, mais j’aime bien, justement, ces livres parfaits pour les vacances d’été, où l’on peut se détendre avec une histoire sympa, pas trop compliquée pour les neurones fatigués de la vacancière que je suis parfois. Piocher dans la bibliothèque familiale permet aussi de faire souvent de belles découvertes, et celle-ci en est une, même si je doute qu’il soit facile, aujourd’hui, de trouver encore ce livre… Peut-être en bibliothèque ? En tout cas, c’est bien écrit, l’intrigue est intéressante, menée de façon tout à fait honorable et regorge de rebondissements. Une histoire à tiroirs, donc, avec une multitude de personnages secondaires qui permettent de plonger dans des mondes aussi différents que celui, très chic, des « élites » parisiennes ou celui des personnels de maison, ces serviteurs invisibles qui, pourtant, savent tout ou presque de leurs maîtres. C’est l’interaction entre ces deux mondes qui est fort bien décrite ici, et qui forme en quelque sorte le rouage essentiel du récit.

Paru aux éditions Librairie des Champs Elysées, 1971 (Le Masque n°1169).

mercredi 21 juillet 2021

Mauvais garçons, de Linwood Barclay

 

Zack Walker, l'écrivain de science fiction que nous avons suivi dans « Mauvais pas », a déménagé avec sa famille pour retourner dans son ancien quartier. Il a aussi changé de travail : il est devenu journaliste au « Métropolitain », le journal local. Il entame, dans le cadre de son nouveau métier, une enquête avec un détective privé, Lawrence Jones, qui travaille sur une série de cambriolages à la voiture bélier. Seulement voilà, quand Zack Walker, angoissé chronique, est dans les parages, les choses se passent rarement comme elles le devraient. Meurtre, course-poursuite avec un énorme 4x4, fusillade en pleine rue… tout y passe ! Au point que, mis au courant, le directeur du journal demande à Zack de se calmer. Mais rien n’y fait, comme le montreront les événements suivants.

Zack, pour les besoins d’un autre reportage (et aussi pour pouvoir acheter à bas prix une seconde voiture et ainsi éviter des crises à répétition avec sa fille étudiante), se rend avec Lawrence à une vente aux enchères de la police. Là, il « craque » sur une voiture hybride « Virtue » et l’achète au nez et à la barbe d’un homme étrange, qui arbore une poupée Barbie à son porte-clef. Ce détail finira par l’identifier : il s’agit de « Barbie » Bullock, un gangster plutôt redoutable que Zack va recroiser un certain nombre de fois dans cette histoire.

On est là dans un thriller, avec pas mal de suspense et de rebondissements. Des personnages bien campés, fidèles à ce qu’on savait déjà d’eux dans le premier tome de cette série, et qui se dévoilent un peu plus ici. Dans le premier tome, l’accent était surtout mis sur les troubles de Zack et sa propension à s’angoisser pour tout et n’importe quoi. Dans ce roman, c’est surtout sa relation avec sa fille Angie qui est au cœur de l’histoire et mise en valeur, toujours à travers les angoisses de Zack. On retrouve donc ici les manies et les lubies du héros.

Globalement, si j’ai apprécié ma lecture, je l’ai quand même trouvée moins drôle que la précédente. Le but n’est d’ailleurs sans doute pas de donner dans le comique, mais j’avais particulièrement aimé cet aspect lors de ma lecture de « Mauvais pas ».

Petite déception, donc, sur ce point-là, mais c’était malgré tout un bon moment de lecture : le thriller annoncé est haletant et bien mené d’un bout à l’autre !

Paru aux éditions J’ai Lu, 2014. - ISBN : 978-2-290-07870-9.


lundi 14 juin 2021

La Machine Ernetti, de Roland Portiche



Une plongée au cœur de l’Europe, du XXe siècle, de la Guerre Froide et du Christianisme. Rien de moins !

Ce roman est basé sur une histoire vraie, comme l’indique l’auteur dans son avant-propos. Entre 1956 et 1965, le Père Pellegrino Ernetti aurait construit une machine à « voir » dans le temps. Et cette machine, reposant sur des principes de la physique quantique, aurait fonctionné, puis aurait été démontée sur l’ordre du Pape Paul VI. Dissimulée dans les caves les plus secrètes du Vatican, elle est à l’origine de ce thriller où se mêlent meurtres, trahisons, espionnage, énigme scientifico-religieuse, géopolitique, histoire et foi.

1955. Le Père Ernetti, physicien et prêtre, est mandaté par le Pape Pie XII, avec le Père Montini, futur Paul VI, pour construire le « chronoviseur », inventé dans les années trente par le physicien Ettore Majorana. Le but : prouver l’existence du Christ et réveiller la foi des fidèles, voire l’étendre, au moment où le monde, en pleine guerre froide et à l’aube de bouleversements sociaux et sociétaux majeurs, se soucie de moins en moins de Dieu.

Pour ses « promenades » dans la Palestine du temps de Jésus, Ernetti se voit adjoindre l’aide de Natacha, archéologue israélienne et agent du Mossad. De leur côté, les Russes et les Américains, qui ont au Vatican leurs informateurs, aimeraient bien savoir ce que Pie XII, puis Paul VI, fabriquent en grand secret (et à grands frais!) dans les sous-sols des Archives Secrètes du Vatican.

La mission du Père Ernetti et de ses collaborateurs s’avère plus périlleuse que prévu…

Ce roman m’a beaucoup plu. Il parvient à associer une histoire d’espionnage, un thriller scientifique et un roman historique avec pour toile de fond l’Église Catholique et le Vatican et pour personnages principaux des prêtres ! C’était un vrai tour de force, et ça tient parfaitement la route.

J’ai apprécié, parce que l’auteur évite les clichés classiques et faciles sur l’Église et les prêtres, sans tomber non plus dans l’angélisme béat. Les hommes d’Église y sont présentés pour ce qu’ils sont : des êtres humains, de conviction, prêts, parfois, à commettre des actes pas toujours très reluisants pour défendre leurs convictions, et surtout leur foi.

Ou comment et pourquoi certains secrets devraient rester cachés, et certains mystères… voilés !

528 pages de bonheur !


Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 2021. - ISBN : 978-2-253-10397-4.

mercredi 2 juin 2021

Blake et Mortimer, tome 17 : Les Sarcophages du 6e continent, tome 2 : Le Duel des Esprits, de Yves Sente et André Juillard


Le présent album est la suite du précédent (bien sûr… !:)) et on retrouve Blake et Mortimer au moment où ils arrivent à l’aéroport de Cape Town où ils espèrent embarquer sur la Madeleine, le navire du Professeur Labrousse qui doit les emmener en Antarctique pour y résoudre le problème lié aux attentats qui perturbent les préparatifs de l’Exposition Universelle de Bruxelles.

La Madeleine a déjà quitté le port, mais Blake et Mortimer rencontrent à la capitainerie Sir Archibald, qui leur propose son hydravion pour les déposer près du navire.

Après un certain nombre de difficultés, les deux amis et Nasir finissent par arriver à la base de Halley, mais la situation là-bas est compliquée par l’intervention des hommes d’Açoka, l’empereur éternel, qui font tout pour mener à bien les perturbations de l’Exposition Universelle.

Il faudra tout le courage des trois amis pour venir à bout de l’empereur et de ses sbires…

Le sous-titre de cet album, « Le Duel des Esprits », met l’accent sur l’action décisive de cet opus, qui voit Mortimer affronter Olrik dans un duel technologique dont je ne parlerai pas davantage, afin de ne pas « spoiler » l’histoire, pour ceux qui n’ont pas encore lu cet album. Mais, si cette partie de l’histoire est bel et bien spectaculaire, elle n’en constitue pas, et de loin, l’aspect le plus important. Olrik, d’ailleurs, ne joue dans cet album, une fois n’est pas coutume, qu’un rôle très minime, mais ce n’est finalement pas pour me déplaire : il est parfois bon d’avoir un autre ennemi que celui qu’on préfère !

Globalement, cet album, s’il n’est sans doute pas le meilleur de la série, remplit pourtant bien son office. Tous les éléments nécessaires à une bonne intrigue y sont présents, selon les codes propres à la série : de l’action, des traîtres, des méchants vraiment très méchants… et une fin laissant supposer que, justement, ce n’est pas encore « vraiment » la fin. Un bon moment de lecture, donc, avec 56 pages d’action sans temps morts et une histoire bien ficelée.

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. - ISBN : 978-2-8709-7181-9

mercredi 26 mai 2021

Blake et Mortimer, tome 14 : La Machination Voronov, par Yves Sente et André Juillard


Quatorzième tome de la série, daté d’octobre 2013, cet opus fait partie des albums créés après le décès d’Edgar P. Jacobs, à partir de son univers. Cet ouvrage m’a été offert par mon très gentil mari, pour mon anniversaire, et je suis maintenant bien partie pour compléter ma collection !

Ceci mis à part, je vais vous en dire un peu plus sur cet album, qui m’a, encore une fois, bien plu.

L’histoire commence au Kazakhstan, au cosmodrome de Baïkonour, au mois de janvier (nous n’en connaîtrons pas l’année, bien sûr, mais la période est bien balisée : nous sommes en pleine guerre froide, donc on va dire entre 1945 et 1989, ce qui laisse pas mal de marge, on est bien d’accord). Les soviétiques sont sur le point de lancer une fusée, sous les ordres du professeur Ilioutchine, directeur de l’équipe scientifique qui veut différer le lancement à cause d’une pluie de météorites. De son côté, le Général Oufa, militaire et responsable des programmes, refuse tout report et ordonne le lancement de la fusée. Tout se déroule bien au départ, mais la fusée rencontre effectivement des météorites et sa tête redescend très rapidement. Le professeur Ilioutchine envoie immédiatement une équipe de récupération sur le lieu d’atterrissage de l’engin, mais la situation empire : un des militaires appelle le général et lui fait part de l’étrange situation à laquelle lui et ses hommes sont confrontés : une étrange maladie, extrêmement rapide et brutale, a tué toute l’équipe en deux heures, y compris le lieutenant qui a réussi à alerter le général. Informé, le Professeur Ilioutchine envoie une nouvelle équipe, cette fois-ci équipée de combinaisons hermétiques, récupérer les corps et la tête de la fusée, et alerte le docteur Voronov, directeur de la clinique du KGB.

Voilà le point de départ de cette aventure, où vont se mêler, comme d’habitude dans cette série, espions, traîtres, hommes intègres, ennemis… Nous y retrouvons bien entendu les personnages récurrents de la série : Blake et Mortimer évidemment, mais aussi l’inratable Olrik, comme toujours présent là où un coup douteux peut être monté.

Le grand « méchant » de l’histoire, cette fois-ci, est bien le docteur Voronov, directeur de la clinique du KGB, qui entend bien profiter de cette mystérieuse maladie foudroyante pour prendre le pouvoir, non sans avoir au passage semé le trouble et la zizanie entre les dirigeants soviétiques et le monde occidental.

Ce sont toujours un peu les mêmes ressorts, mais ils sont encore une fois efficaces et bien menés. Au final, la bande dessinée est bien montée, fidèle aux « canons » de la série. Blake reprend du service en tant qu’espion, Mortimer est à sa place comme scientifique chargé de comprendre comment la maladie se transmet, et pourquoi, et surtout comment la soigner…

Bien que daté de 2013, cet opus, lu en 2021, résonne particulièrement en cette période de pandémie, où nous sommes, bien plus qu’auparavant, sensibilisés aux problématiques liées aux virus et vaccins, aux transmissions inter-humaines, aux questions qui ne manquent pas de surgir en cas d’émergence d’une nouvelle maladie, aux théories souvent fumeuses quant à son origine… J’ai bien aimé cette lecture, parce qu’elle a été, outre une belle évasion en temps de confinement et couvre-feu, une forme d’exutoire face aux théories complotistes liées au Covid-19. Cette bande dessinée m’a permis, étrangement, de prendre un peu de recul face à notre situation anxiogène. Et tout ce qui me permet de m’évader un peu de la lourdeur actuelle est très bienvenu !

Dans ces cas-là, rien ne vaut, en fait, la lecture...

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2021. ISBN : 978-2-8709-7178-9.

lundi 24 mai 2021

Autre Monde, tome 1 : L'Alliance des Trois, de Maxime Chattam


New York, aux environs de Noël. Matt, adolescent, est témoin d’étranges événements quelques jours avant le déclenchement d’une tempête qui ravage tout sur son passage et transforme radicalement le monde. Durant cet événement fondateur, de très nombreux adultes disparaissent, comme vaporisés par de gigantesques éclairs en forme de mains. Ceux qui ont survécu sont maintenant très différents, certains semblant avoir muté, d’autres être devenus sauvages… tous sont hostiles.

Matt et son ami Tobias parviennent à quitter la ville, devenue un immense territoire hostile peuplé de monstres effrayants et se dirigent vers le Sud. C’est là qu’ils font la rencontre d’un adulte qui cherche immédiatement à emmener Matt. Celui-ci se défend et parvient, grâce à son épée et non sans mal, à transpercer son agresseur, mais celui-ci, avant de mourir, lui inflige de sérieuses blessures qui le plongent dans un coma dont il ne se réveillera que cinq mois plus tard. Il découvre alors, sur l’île Carmichael où est parvenu à le transporter Tobias, que le monde a bien changé et que, si les adultes ont « muté », les enfants et adolescents, eux aussi, ne sont plus tout à fait comme avant.

D’autres enfants ont en effet survécu, non sans peine d’ailleurs, et se sont regroupés et organisés en clans dispersés, reliés entre eux par certains adolescents parmi les plus âgés, les « Longs Marcheurs », chargés de faire le lien entre les différentes communautés naissantes, d’apporter les nouvelles d’un clan à l’autre, afin d’aider ces enfants à comprendre et à survivre dans ce monde devenu subitement hostile, mais pas inhospitalier.

Dans ce nouveau monde, Matt et Tobias découvrent que, si tout a changé, ils doivent faire face à de nombreux dangers, dont certains sont bien visibles (comme les adultes mutants, certaines espèces animales ou les poissons par exemple) et d’autres sont plus mystérieux et semblent en vouloir à Matt en particulier. L’un de ces ennemis, le Raupéroden, apparaît en songe à Matt qui n’aura de cesse de comprendre ce que ce monstre lui veut. Mais il va d’abord devoir se remettre de ses blessures et apprendre à survivre et, surtout, comprendre ce qui arrive aux autres enfants et qui, parmi eux, a visiblement décidé de s’allier, contre toute logique, avec leurs ennemis et pourquoi…

Ce roman est le premier tome d’une série de huit, qui plante le décor apocalyptique d’un nouveau monde terrifiant et plein de promesses à la fois. Entre anticipation et fable écologique, j’ai découvert très tardivement de livre, que j’avais dans ma bibliothèque depuis plusieurs années, suite aux opérations estivales lancées par les éditeurs de livres de poche pour les vacances estivales. Je ne regrette pas : je viens d’investir dans le second tome de la série, curieuse d’en savoir plus sur le devenir de « L’Alliance des Trois », formée par Matt, Tobias et Ambre, une jeune fille de presque 16 ans que Matt et Tobias ont rencontrée sur l’île Carmichael. Il y a fort à parier que leur épopée ne sera pas de tout repos : ce premier tome se termine sur une scène plutôt violente indiquant que les trois adolescents n’en ont pas terminé avec les nombreux dangers qui les guettent dans ce nouveau monde ! En tout cas, ce roman, pour qui aime le genre, est addictif...

Paru aux éditions LGF, 2016 (Le Livre de Poche). ISBN : 301-0-000-06444-2 (Édition « Cet été je lis 2016 »)


mercredi 5 mai 2021

Blake et Mortimer, tome 3 : Le Secret de l'Espadon, tome 3 : S.X.-1 contre-attaque, d'Edgar P. Jacobs


Ce troisième volume commence par plusieurs pages de rappels des deux épisodes précédents (je ne suis pas certaine que c’est le cas dans les éditions originales, mais c’est en tout cas ce que j’ai trouvé dans celle de 2020). Blake et Mortimer font donc face à une attaque surprise des forces de l’auto-proclamé empereur Basam-Damdu. Ce dernier a ordonné l’attaque de l’usine Scaw-Fell où Mortimer travaille à la mise au point d’une nouvelle arme : l’Espadon. Forcés de prendre la fuite, Blake et Mortimer, accompagnés de Nasir, sont rattrapés par les « Jaunes » et Mortimer est fait prisonnier. Il doit, pour le compte des « Jaunes » et sous la garde d’Olrik, leur donner les plans de l’Espadon. Heureusement, Blake parvient, avec l’aide de Nasir, à le faire évader, et ce troisième tome débute au moment où d’autres prisonniers des « Jaunes » sont transférés. Leur convoi est attaqué et les prisonniers peuvent s’évader et rejoindre les forces « libres », c’est-à-dire la base secrète où se trouvent Blake et Mortimer. Ce dernier achève la mise au point et la construction de l’Espadon, mais les Jaunes (et Olrik en particulier) ne l’entendent pas de cette oreille.

Ce troisième tome est à l’image des premiers, avec plus d’action, plus de suspense encore. C’est vraiment un album bien construit, avec pas mal de choses assez « téléphonées », mais plutôt rafraîchissantes en fait, aujourd’hui.

Ce que j’ai apprécié aussi, dans cette édition de 2020 et pour les trois tomes, ce sont les illustrations en pleine page qui émaillent le récit. Elles coupent un peu la lecture mais permettent d’apprécier le dessin et ses détails. Cela n’apporte rien à l’histoire, bien sûr, mais tant pis. L’histoire finit bien, évidemment (sinon, ce ne serait pas Blake et Mortimer : c’est comme pour Tintin, les gentils gagnent toujours et c’est rassurant!). J’aime bien cette série, en particulier les premiers épisodes, signés d’Edgar P. Jacob. On y trouve mêlés l’histoire, la science-fiction, l’anticipation, en un genre assez proche de la dystopie… C’est riche et foisonnant, et cette série me donne l’occasion de m’évader vraiment de ce quotidien qui, parfois, peut être assez lourd, entre pandémie, problèmes avec les enfants ou difficultés économiques.

En fait, ce type de lecture me fait du bien : pas trop longues, elles permettent de « prendre l’air » sans vraiment sortir de chez moi, en respectant les horaires du couvre-feu et les contraintes du confinement. Heureusement que les librairies restent ouvertes !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2020. ISBN : 978-2-8709-7167-3. 

Pour lire mon avis sur le tome 1, c'est ici ; pour le tome 2, c'est par là !


vendredi 30 avril 2021

Mauvais pas, de Linwood Barclay


Comme souvent, j’ai eu ce livre entre les mains un peu par hasard, parce que les éditions J’ai Lu faisaient une promotion un jour, sur le mode « Un livre offert pour deux achetés ». Et ce jour-là, je devais être dans une fièvre acheteuse, puisque j’ai hérité de ce roman sans trop savoir pourquoi je l’avais choisi.

Eh bien… le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne regrette pas ! Autant le dire tout de suite : j’ai dévoré ce livre, d’un bout à l’autre, en me payant au passage de belles tranches de rire. Si, si, et ce n’est pas vraiment courant quand on lit un thriller, donc je prends cela avec un plus grand plaisir encore. En fait, le seul autre auteur de romans policiers qui me fasse rire, c’est Exbrayat, avec son inénarrable Imogène… Autant dire que ça date (j’ai découvert cet auteur il y a un paquet d’années, puisque je rentrais à ce moment-là tout juste dans l’adolescence…) !

Donc voilà. Zack Walker est un écrivain de science-fiction. Il est marié, père de deux enfants et habite une banlieue tranquille depuis deux ans. Il faut dire qu’il est obsédé par la sécurité, et le quartier de la ville où il habitait auparavant, en plein centre, n’était plus assez sûr pour lui : drogue, prostitution, agressions en tous genres… le pas a été franchi après l’enlèvement d’une fillette de cinq ans, que Zack connaissait (comme il connaissait tous les habitants du quartier, d’ailleurs).

Du coup, depuis deux ans, Zack et sa famille découvrent les joies de la vie de banlieue : sûre, oui, éloignée du travail, des centres commerciaux, des petits commerces du centre-ville, du métro… Mais que ne ferait-on pas pour assurer la sécurité de ceux qu’on aime ?

Voilà qu’un jour, Zack, au centre commercial avec sa femme, se rend compte que celle-ci a oublié son sac à main sur le chariot. Ni une, ni deux, comme à son habitude, il prend le sac afin de lui donner une bonne leçon : plus jamais Sarah n’oubliera son sac dans son chariot !

Sauf que… ce n’est pas le sac de Sarah, mais d’une autre femme, qui était elle aussi à la recherche d’une sauce, dans le même rayon que Zack et Sarah. Honteux de son geste et redoutant un conflit avec sa femme (conflit qu’il aura bien cherché!), Zack décide de restituer le sac à sa propriétaire. Et c’est ainsi qu’il se retrouve face à un cadavre et mêlé à un véritable imbroglio politico-financiaro-immobilier. Bref, le genre de situation qui, sous la plume de Linwood Barclay, peut devenir particulièrement drôle !

Je l’ai déjà dit : j’ai dévoré ce livre. Et j’ai beaucoup ri, encore une fois. C’est bien écrit, très rythmé, et les enchaînements de situations sont tout aussi drôles qu’improbables, comme dans la vraie vie, quoi. Parce que c’est ça qui est marrant, en fait : même s’il s’agit d’un roman, l’auteur joue ici sur des situations de la vie quotidienne, telles que celles auxquelles des parents « normaux » sont confrontés régulièrement, avec des télescopages assez improbables et pourtant véridiques. Ou comment Zack va devoir gérer un meurtre, une réunion parents-profs, les peurs de sa fille et un cambriolage qui tourne mal en une seule et même soirée. Ce qui est drôle, ici, c’est vraiment l’accumulation de situations très ordinaires et qui, déjà, dans le monde réel, ont tendance à faire se transformer en chèvre une maman tout ce qu’il y a de saine d’esprit avec des situations totalement romanesques, mais plausibles, qui constituent la trame du roman policier. C’est vraiment du grand art !

Il paraît que ce tome est le premier d’une série de quatre. J’espère pouvoir bientôt mettre la main sur les trois autres, histoire de voir si l’auteur a su confirmer l’essai !


Paru aux éditions J'ai Lu, 2013 (J'ai Lu Thriller). ISBN : 978-2-290-06873-1.


jeudi 15 avril 2021

Fratelli Tutti : Encyclique, du Pape François [Jorge Mario Bergoglio]

 


« Fratelli Tutti » est la dernière encyclique du Pape François, après Lumen Fidei (La Lumière de la Foi) en 2013 et Laudato Si’ (Loué sois-Tu) en 2015. Après la Foi et la Création, le Pape François livre donc ici une réflexion sur la Fraternité, qui, comme pour chaque Encyclique, est un document de portée universelle.

J’ai lu ce document rapidement, parce que les écrits du Pape François sont plutôt simples à aborder du point de vue littéraire : ils sont écrits (et traduits) dans une langue accessible à tous, afin d’être facilement communiqués à l’ensemble des croyants (mais pas que). Le but, bien entendu, étant d’en faire la diffusion la plus large possible, ce qui explique aussi d’une part la coédition en France par trois maisons d’éditions catholiques (mais il existe d’autres éditions) et un prix faible pour l’ouvrage (4,50€ pour l’édition que j’ai entre les mains).

Le Pape François aborde la question de la fraternité en huit chapitres, en commençant, comme il se doit, par un constat : celui de la réalité vécue dans notre monde, abordant tant la question des droits humains, celle de la globalisation, de la pandémie ou de la dignité humaine que leurs dérives (agressivité, manque de sagesse, et illusion de la communication).

Le deuxième chapitre aborde la question de la fraternité sur le plan de la Bible, avec la figure du Bon Samaritain, qui prend soin d’un homme tombé dans une embuscade et laissé pour mort sur le chemin qui relie Jéricho à Jérusalem.

Le troisième chapitre ouvre à l’amour et parle de sociétés ouvertes permettant l’intégration de tous, mais aussi de la promotion des personnes et du bien moral ainsi que de la fonction sociale de la propriété.

Le quatrième chapitre aborde la question du monde et des frontières, du lien entre local et universel.

Le cinquième chapitre s’attelle à la question politique, entre pouvoir international et repli sur soi.

Le sixième chapitre met l’accent sur le dialogue et l’amitié sociale, parlant de dialogue social, de consensus et d’une nouvelle culture, axée sur l’autre, la rencontre et la bienveillance.

Enfin, le septième chapitre donne des pistes pour se retrouver, en repartant de la vérité, de la paix, du pardon et des questions liées à la guerre et à la peine de mort, pendant que le dernier chapitre aborde la place des religions dans le monde, qui se doivent d’être au service de la fraternité.

Comme tout texte de cette nature, qui, malgré les apparences et sa brièveté, est bien plus complexe qu’on ne croit, celui-ci mérite plusieurs lectures et approfondissements, chapitre par chapitre, afin d’être digéré, ruminé et intégré. Il s’agit là autant d’un texte de réflexion autour de la question (large) de la fraternité, à portée universelle, que d’un document de travail pour mieux vivre la relation à l’autre, quelles que soient ses convictions politiques ou religieuses, son appartenance culturelle, sa nationalité… C’est donc un texte extrêmement riche, dont, on le voit avec « Laudato Si’ », la mise en application peut donner lieu à de très nombreuses déclinaisons, diverses selon les lectures que l’on en fera et les ressources culturelles, politiques et religieuses de ceux qui s’attelleront à cette immense tâche qui consiste à travailler ensemble sur cette question magnifique de la fraternité. Pour mieux vivre ensemble dans un monde marqué par l’individualisme, la pandémie de Covid-19, les crises économique, sociale et politique que nous traversons tous.

Paru aux éditions Bayard/Cerf/Mame, 2020. ISBN : 978-2-204-14297-7 (Cerf) ; 978-2-227-49944-7 (Bayard) ; 978-2-728-93036-4 (Mame)

mercredi 14 avril 2021

Blake et Mortimer, tome 2 : Le Secret de l'Espadon, tome 2 : L’Évasion de Mortimer, de Edgar P. Jacobs

 


Le deuxième tome du triptyque « Le Secret de l’Espadon » débute au moment où Blake et Mortimer sont sur le point d’être capturés. Mais « les Jaunes » constatent que les prisonniers ont disparu et comprennent que Zahan-Khan aidait les deux Anglais. S’ensuit une bataille entre les deux groupes qui favorise la fuite de Blake et Mortimer. Hélas, ils sont repérés rapidement par le Bezendjas, qui alerte les soldats « Jaunes » ainsi qu'Olrik, qui se lance à leur poursuite.

La situation de Blake et Mortimer se dégrade rapidement et Mortimer est repris, obligeant Blake à organiser un nouveau plan d’évasion.

Ce deuxième tome est donc centré sur la captivité de Mortimer. Celui-ci doit gagner du temps devant Olrik qui veut toujours les plans de « l’Espadon » et menace de passer à la torture pour y parvenir. De son côté, Blake travaille d’arrache-pied pour trouver un moyen de sortir son ami de ce très mauvais pas, avec l’aide de Nasir.

J’ai beaucoup aimé, là encore, ce second volume du « Secret de l’Espadon », tant pour sa construction que pour le dessin (décidément, je suis très classique…) et les multiples rebondissements qui occupent les 56 pages de ce volume. L’intrigue se recentre sur les trois principaux protagonistes : Olrik, Blake et Mortimer, alors qu’elle était bien plus large dans le premier tome, du moins sur certaines planches. On entre dans une lutte acharnée entre les trois hommes, qui inaugure ce que seront leurs rapports durant toute la série, puisque le Colonel Olrik est la bête noire des deux héros tout au long des albums, y compris ceux qui sont écrits après la mort du créateur.

Vous l’aurez compris, c’est de la bonne BD, classique, comme j’aime. Ces premiers tomes sont aussi moins « bavards » que ne le seront les suivants : il y a moins de textes et de longs discours, ce qui me rendait la lecture parfois longue et fastidieuse quand j’étais enfant. D’où, sans doute, mon manque d’appétit pour cette série dans mes jeunes années, alors qu’aujourd’hui, je la redécouvre avec une grande joie. Comme quoi...

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7166-6.

samedi 13 mars 2021

Les 39 Marches, de John Buchan

 


La date de l’édition que j’ai entre les mains le dit clairement : ce livre est ancien. Et bien plus encore que ne le laisse penser la date de parution : John Buchan est un écrivain anglais né le 26 août 1875 ! Et ce roman se situe à la veille de la Première Guerre Mondiale, soit il y a un peu plus de cent ans. On fait mieux comme actualité… Mais j’aime bien ce qui n’est pas tout à fait à la mode !

Richard Hannay est désespéré. Il s’ennuie ferme, à Londres. Voilà qu’un soir, un de ses voisins l’accoste devant la porte de son appartement et lui confie une histoire suffisamment rocambolesque pour lui redonner vie. Il l’écoute donc, décide de l’aider… et finit par le retrouver raide mort, cloué au sol par un poignard au beau milieu de son salon !

Bien entendu, Hannay est sur le champ soupçonné du meurtre et se doit de fuir la police, mais aussi les véritables meurtriers, afin de remplir la mission de Scudder, le voisin mort chez lui, grâce aux informations qu’il lui a laissées, et notamment un petit carnet noir auquel, tout d’abord, Hannay ne comprend rien car il est écrit en langage codé.

Je n’ai pas tout compris du complot lui-même (je ne comprends pas toujours très bien la politique, il est vrai), mais, dans ce type de roman, cela n’a pas beaucoup d’importance : le danger énoncé au départ est en réalité un prétexte pour lancer l’intrigue et c’est à partir de là que l’histoire devient passionnante.

Le texte est écrit à la première personne. C’est Richard Hannay qui parle, qui raconte son périple, depuis sa fuite de Londres jusqu’en Écosse et les subterfuges mis en place pour déjouer tant la police que les ennemis de l’Angleterre. Le procédé est sympathique : il permet au lecteur d’entrer dans la tête du héros/personnage principal et de le suivre pas à pas.

J’ai dévoré ce livre ! Petite, j’avais vu le film qu’Alfred Hitchcock en avait tiré et il m’en était resté une série de cauchemars à propos d’escaliers… Le roman est bien plus « soft » que le film (et ce n’est pas pour rien d’ailleurs qu’Hitchcock a été surnommé « Le maître du suspense »), mais il est très bien écrit. Le récit s’étale sur dix chapitres, où l’on sent l’étau se resserrer au fur et à mesure des déplacements et découvertes de Richard Hannay, dont la seule motivation est la sauvegarde de l’Angleterre… Une sorte d’anti-héros, quoi. En tout cas, la narration est fluide, efficace, vive et pleine d’humour !

L’esprit du livre m’a beaucoup plu, ainsi que cette Angleterre que décrit Buchan : naturelle, sauvage, et pleine de flegme. J’ai trouvé cette lecture très rafraîchissante et ça m’a fait beaucoup de bien !

Paru aux éditions Librio, 1996 (Le Livre à 10 F). - ISBN : 2-277-30096-9.

mercredi 10 mars 2021

Blake et Mortimer, tome 1 : Le Secret de l'Espadon, tome 1, de Edgar P. Jacobs



Pour Noël, mon mari m'a offert deux volumes de cette série mythique : Blake et Mortimer. Et cet album, le premier de la trilogie « Le Secret de l’Espadon », est aussi le tout premier album de la série. Et il commence en Asie, avec un personnage que les fans de la série connaissent bien : le Colonel Olrik, grand « méchant » devant l’Éternel et adversaire impénitent de Francis Blake et Philip Mortimer. Olrik est colonel de l’armée de Basam-Damdu, empereur du Tibet qui, avec ses sbires, s’apprête à lancer une attaque militaire coordonnée sur l’ensemble du globe afin de devenir le maître du monde (rien que ça, oui!).

De son côté, Francis Blake, capitaine de l’Intelligence Service, vient d’arriver de Londres sur l’aérodrome de Scaw-fell, une usine secrète, où il doit retrouver Philip Mortimer qui est en plein travail sur son invention : l’Espadon. Les deux amis apprennent par un espion à leur solde que l’attaque qu’ils attendaient doit avoir lieu bien plus tôt que ce qu’ils escomptaient. Leur informateur est tué pendant qu’il transmettait les informations, précipitant encore davantage les opérations.

L’attaque a bien lieu, mais, prévenus juste à temps, les deux amis parviennent à s’enfuir sans laisser à Olrik la possibilité de s’emparer des plans de l’Espadon. Commence alors une poursuite folle à travers le monde sur fond de déclaration de guerre et de destruction des plus grandes villes…

Blake et Mortimer vont devoir se cacher et se débrouiller pour regagner leurs alliés, afin de mettre un terme aux velléités de pouvoir de Basam-Damdu.

Je n’ai pas encore le tome 2 (ni le 3 d’ailleurs!) de cette trilogie, mais je pense qu’ils feront partie des prochains achats ! En tout cas, j’ai beaucoup aimé ce premier tome, où on sent que, graphiquement, les personnages n’ont pas encore trouvé leur identité définitive. En tout cas, le rythme est déjà là, l’intrigue et les rebondissements également : il n’y a pas un seul temps mort et chaque nouvelle planche apporte son lot d’imprévus !

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2012. ISBN : 978-2-8709-7165-9.

samedi 6 mars 2021

Nickel Boys, de Colson Whitehead


Floride, années 1960. Elwood Curtis, un jeune idéaliste afro-américain, croit en l’éducation pour s’en sortir. Courageux, travailleur et pacifiste, pétri du message de paix de Martin Luther King qu’il écoute en boucle sur un disque noir, il est sur le point d’entrer à l’université quand, à la suite d’une erreur judiciaire, il est envoyé à la Nickel Academy, une maison de correction pour jeunes garçons, blancs et noirs séparés, dont la volonté affichée est de faire de ces jeunes délinquants des « hommes honnêtes et honorables ».

La réalité est aux antipodes des brochures officielles. Et Elwood, comme les autres jeunes incarcérés avec lui, va en faire la triste et douloureuse expérience. Dans cet univers de douleur, de corruption de tortures où règnent la délation, la loi du plus fort et la terreur, Elwood trouve toutefois en Turner, un jeune détenu dans le même bâtiment que lui, un précieux allié. Une idée germe peu à peu : quitter les lieux, à tout prix…

J’avais déjà lu l’excellent « Underground Railroad », du même auteur, sur un thème voisin, celui de l’esclavage. Ici, il est surtout question de la ségrégation raciale aux États-Unis et du combat que les Afro-Américains, pourtant nés sur place, ont du mener pour avoir seulement le droit d’exister en tant qu’êtres humains au pays de l’Oncle Sam. Même si le roman est centré sur les États-Unis dans les années 1960, il n’en est pas moins d’actualité un peu partout dans le monde. J’écris ces lignes le jeudi 4 mars 2021. Et hier, le mercredi 3 mars, la France a admis, par la bouche de notre président Emmanuel Macron, sa responsabilité dans l’assassinat de l’avocat algérien Ali Boumendjel en 1957, défenestré après avoir été torturé. Le sujet développé par Colson Whitehead est donc brûlant d’actualité… Et la France, pays des droits de l’homme, n’est pas plus vertueuse que les États-Unis ou d’autres pays du monde en la matière…

Ce livre est passionnant. Très bien écrit, très bien documenté aussi, il relate, sous couvert de fiction, des événements bien réels, eux. C’est ce qui fait sa force : le roman met les faits à distance pour les rendre supportables, tout en en dénonçant sans fard les horreurs. Les mots décrivent parfaitement l’abjecte réalité de ces maisons de correction, véritable double peine pour les jeunes délinquants qui, en plus, ont eu le malheur de naître avec la mauvaise couleur de peau.

Puisse cet ouvrage ouvrir les yeux de ceux qui le liront sur l’horreur de ce véritable fléau qu’est, depuis toujours, le racisme...

Paru aux éditions Albin Michel, 2020 (Terres d’Amérique). - ISBN : 978-2-226-44303-8.


mercredi 3 mars 2021

Blake et Mortimer, tome 7 : L'Enigme de l'Atlantide, de Edgar P. Jacobs



Philip Mortimer est en vacances sur l'île de Sao Miguel, dans l'archipel des Açores. Lors d'une expédition, il a fait une mystérieuse découverte, dont il a averti Francis Blake par courrier. Mais lors de son arrivée sur l'île, ce dernier lui apprend que la lettre en question lui a été volée. Le professeur s'inquiète bientôt de l'usage qui pourrait être fait de sa découverte si elle tombait en de mauvaises mains. Mais il n'a pas le temps de s'en inquiéter : sur la route qui les conduit chez le Professeur Mortimer, le véhicule tombe en panne, saboté par des hommes louches à l'aéroport où Mortimer était allé chercher Blake.

Voici le début de cette aventure des deux célèbres héros de Edgar P. Jacobs. La suite est du même tonneau, avec exploration souterraine, trahisons et rebondissements en tous genres... et le fameux Colonel Olrik, sans la présence de qui les aventures de Blake et Mortimer ne seraient pas les aventures de Blake et Mortimer.

Ici, E. P. Jacobs s'attaque à un mythe, celui de l'Atlantide, et livre sa vision toute personnelle de l'histoire de ce continent disparu sous les eaux. Et cette vision est plutôt inventive !

Ma lecture m’en a rappelé une autre, celle de la série Yoko Tsuno, de Roger Leloup (voir sur ce blog les billets correspondants), en particulier les tomes 1 et 3, où Yoko découvre les Vinéens, cachés sous terre depuis qu’ils ont fui leur planète sur le point d’être détruite. Ici, les Atlantes sont bien d’origine terrienne, mais, et la couverture n’en fait pas mystère, leur technologie leur permet de regarder loin dans les étoiles pour assurer leur survie !


J’ai découvert avec un grand plaisir cet album, que je ne connaissais pas (eh oui, on en découvre tous les jours!). Il m’a été offert par mon mari pour Noël, et c’est un vrai bonheur !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2020. ISBN : 978-2-8709-7171-0.

samedi 13 février 2021

L'Anomalie, de Hervé Le Tellier



J’ai repéré ce livre lors des prix de la Rentrée. Je ne suis pas vraiment l’actualité littéraire, mais allez savoir pourquoi, cette année, j’y ai succombé. Est-ce que le Goncourt est mérité, ici ? Sans doute, je n’en sais rien, en fait, n’étant pas familière des prix. Ce que je sais, et c’est le principal, c’est que ce roman m’a scotchée. Je l’ai lu assez vite, malgré un emploi du temps chargé et un manque cruel moments dédiés à la lecture, ce qui est quand même un signe !

Alors, ce roman ?

Il raconte une histoire comme je les aime, avec un événement bizarre, improbable, même, à savoir ici l’atterrissage d’un avion pour la seconde fois. Même vol, même équipage, mêmes passagers… mais trois mois après son arrivée, la première. Et le narrateur nous invite alors à suivre certaines personnes présentes sur ce vol, ainsi que leur proches. Il y a donc une intrigue principale (l’atterrissage de l’avion en « double ») et plusieurs autres intrigues plus ou moins imbriquées les unes dans les autres, avec que deviennent ces personnages « dédoublés » (le « double » qui a atterri en juin et « l’original » qui a atterri, lui, en mars 2021). C’est complexe, et heureusement, l’auteur met en place des artifices pour ne pas perdre ses lecteurs, notamment en ce qui concerne les personnages en double.

A la fin de ma lecture, j’ai eu l’impression d’avoir comme « raté un épisode ». Comme si je n’avais pas tout compris, ou qu’il me manquait des informations. Et puis, le lendemain, les choses se sont éclaircies, comme s’il m’avait fallu quelques heures de sommeil après avoir refermé ce livre pour mieux saisir certaines choses. Je ne vais bien sûr rien dévoiler de l’histoire, parce que ce livre est très récent et je veux laisser la surprise à ceux qui ne l’ont pas encore lu. Mais j’ai trouvé beaucoup de bonnes choses et de belles idées dans ce roman, même si je suis, par certains côtés, restée quelque peu sur ma faim.

Pourtant, le livre fait déjà 325 pages. Il raconte les histoires d’une dizaine de personnes (et de leurs doubles)… ce qui donne un roman où j’ai eu l’impression qu’il était très fourni, tout en ayant l’impression de ne faire qu’effleurer les vies des différents protagonistes… assez contradictoire, non ?

En tout cas, si vous aimez l’étrange, le fantastique, mais aussi les rapports humains, ce livre est fait pour vous ! C’est bien écrit et on n’a pas envie de le refermer avant d’être arrivé à la fin. Qui réserve d’ailleurs quelques surprises !

Bonne lecture !

Paru aux éditions Gallimard, 2020. ISBN : 978-2-07-0289509-8.

samedi 6 février 2021

Quarante mots pour la neige, de Giles Blunt


J'ai retrouvé ce livre dans mes étagères, avec d'autres hérités d'une grand-tante. Elle était à la page, avait des goûts éclectiques et aimait beaucoup la lecture, si j'en juge par la qualité de ce qu'elle m'a laissé.

Ce livre-ci est un roman policier dont l'intrigue se passe au Canada, dans la baie d'Algonquin. John Cardinal, policier de son état, vit seul avec sa fille Kelly, quand celle-ci n'est pas aux États-Unis pour ses études, depuis l'internement de sa femme dans un hôpital psychiatrique. Il a enquêté plusieurs mois durant sur la disparition d'une fillette d'un peu plus de douze ans, Katie Pine, et avait du se rendre à l'évidence : Elle ne réapparaîtrait sans doute jamais.

Au moment où l’histoire commence, Cardinal est appelé sur une scène de crime avec Lise Delorme, ex-enquêtrice aux Enquêtes Internes et chargée de le seconder sur cette enquête en même temps qu’elle recherche une « taupe » à la brigade criminelle. Et Cardinal, bien entendu, en tant qu’ex-officier de la Criminelle, fait partie des suspects potentiels. Arrivés sur les lieux, ils ne peuvent que constater l’horreur du crime qui a été commis : un adolescent (ou une adolescente?), atrocement mutilé(e), est emprisonné(e) sous la glace, sans doute depuis plusieurs semaines. Il est possible qu’il s’agisse de la jeune Katie Pine, mais seule l’autopsie permettra de confirmer son identité.

Une double enquête commence donc : pour Cardinal, il s’agit de retrouver le ou les meurtriers de l’adolescente (et peut-être d’un autre adolescent disparu, lui aussi, à Algonquin), ce qui l’oblige à réintégrer la Criminelle. Et pour Lise Delorme, de confondre la fameuse « taupe » qui renseigne un gros bonnet de la drogue reconverti dans la contrefaçon et les cartes de crédit. Pour elle, Cardinal est autant un partenaire dans l’enquête sur la mort de Katie Pine qu’un suspect dans l’affaire Corbett…

Les recherches vont conduire Cardinal et ses collègues sur la piste d’un tueur en série que l’on pourrait sans problème qualifier de monstrueux, tant les mutilations qu’il inflige à ses victimes sont atroces. Et les enquêteurs vont avoir bien du fil à retordre avec lui : il est précautionneux, professionnel, et ne laisse rien au hasard.

J’ai beaucoup aimé ce livre, dont la narration est efficace et enlevée. J’ai parfois eu du mal avec la multiplication des policiers, en particulier au début, qui sont sur l’enquête, mais le tableau s’éclaircit rapidement pour devenir plus simple à suivre. En fait, je me rends compte que cela me fait cet effet à chaque fois que je découvre un nouveau roman policier : il me faut toujours quelques pages pour « entrer » dans l’univers de l’auteur…

Un bon polar, donc, qui m’a tenue éveillée plusieurs soirs de suite !

Paru aux éditions France Loisirs, 2003. ISBN : 2-7441-6118-7.

samedi 30 janvier 2021

Surface, d'Olivier Norek

 


Noémie Chastain, capitaine de police à la brigade des stupéfiants, à Paris, est victime d’un tir qui lui démolit la moitié du visage. Après un mois à l’hôpital, elle tente de réintégrer les Stups, mais sa hiérarchie la met sur la touche pour épargner aux policiers de la brigade le souvenir de l’attaque et le rappel constant, via le visage défiguré de Noémie, de la dangerosité de leur métier.

Envoyée au commissariat de Decazeville, dans l’Aveyron, avec pour mission de faire un rapport permettant de fermer le commissariat et de mettre les six villages dont il a la charge en zone gendarmerie, Noémie se trouve mêlée à une enquête, un « cold case », vieux de vingt-cinq ans. À cette époque, trois enfants d’une dizaine d’années avaient disparu du village d’Avalone. L’enquête avait conclu à un enlèvement et la fuite de Fortin, un ex-taulard soupçonné du rapt, n’avait fait que corroborer cette conclusion. Mais la réapparition de l’un des enfants, un corps enfermé dans un fut métallique, dans le lac, relance l’enquête le jour où Noémie devait rendre son rapport à Paris, prolongeant à son corps défendant son séjour en Aveyron. La vérité, qu’elle finira par découvrir, est bien plus complexe que la fable qui lui avait été racontée au début de l’enquête !

J’ai passé la dernière journée et une partie de la dernière nuit de 2020 les yeux rivés sur ce roman passionnant. Bien écrit, plein d’humour – souvent grinçant et noir d’ailleurs –, sans aucun temps mort et avec une intrigue fouillée et complexe sans pour autant que le lecteur ne soit perdu, ce livre fait partie des romans policiers français et contemporains à avoir lus !

Paru aux éditions Pocket, 2020. ISBN : 978-2-266-28799-0.