vendredi 30 avril 2021

Mauvais pas, de Linwood Barclay


Comme souvent, j’ai eu ce livre entre les mains un peu par hasard, parce que les éditions J’ai Lu faisaient une promotion un jour, sur le mode « Un livre offert pour deux achetés ». Et ce jour-là, je devais être dans une fièvre acheteuse, puisque j’ai hérité de ce roman sans trop savoir pourquoi je l’avais choisi.

Eh bien… le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne regrette pas ! Autant le dire tout de suite : j’ai dévoré ce livre, d’un bout à l’autre, en me payant au passage de belles tranches de rire. Si, si, et ce n’est pas vraiment courant quand on lit un thriller, donc je prends cela avec un plus grand plaisir encore. En fait, le seul autre auteur de romans policiers qui me fasse rire, c’est Exbrayat, avec son inénarrable Imogène… Autant dire que ça date (j’ai découvert cet auteur il y a un paquet d’années, puisque je rentrais à ce moment-là tout juste dans l’adolescence…) !

Donc voilà. Zack Walker est un écrivain de science-fiction. Il est marié, père de deux enfants et habite une banlieue tranquille depuis deux ans. Il faut dire qu’il est obsédé par la sécurité, et le quartier de la ville où il habitait auparavant, en plein centre, n’était plus assez sûr pour lui : drogue, prostitution, agressions en tous genres… le pas a été franchi après l’enlèvement d’une fillette de cinq ans, que Zack connaissait (comme il connaissait tous les habitants du quartier, d’ailleurs).

Du coup, depuis deux ans, Zack et sa famille découvrent les joies de la vie de banlieue : sûre, oui, éloignée du travail, des centres commerciaux, des petits commerces du centre-ville, du métro… Mais que ne ferait-on pas pour assurer la sécurité de ceux qu’on aime ?

Voilà qu’un jour, Zack, au centre commercial avec sa femme, se rend compte que celle-ci a oublié son sac à main sur le chariot. Ni une, ni deux, comme à son habitude, il prend le sac afin de lui donner une bonne leçon : plus jamais Sarah n’oubliera son sac dans son chariot !

Sauf que… ce n’est pas le sac de Sarah, mais d’une autre femme, qui était elle aussi à la recherche d’une sauce, dans le même rayon que Zack et Sarah. Honteux de son geste et redoutant un conflit avec sa femme (conflit qu’il aura bien cherché!), Zack décide de restituer le sac à sa propriétaire. Et c’est ainsi qu’il se retrouve face à un cadavre et mêlé à un véritable imbroglio politico-financiaro-immobilier. Bref, le genre de situation qui, sous la plume de Linwood Barclay, peut devenir particulièrement drôle !

Je l’ai déjà dit : j’ai dévoré ce livre. Et j’ai beaucoup ri, encore une fois. C’est bien écrit, très rythmé, et les enchaînements de situations sont tout aussi drôles qu’improbables, comme dans la vraie vie, quoi. Parce que c’est ça qui est marrant, en fait : même s’il s’agit d’un roman, l’auteur joue ici sur des situations de la vie quotidienne, telles que celles auxquelles des parents « normaux » sont confrontés régulièrement, avec des télescopages assez improbables et pourtant véridiques. Ou comment Zack va devoir gérer un meurtre, une réunion parents-profs, les peurs de sa fille et un cambriolage qui tourne mal en une seule et même soirée. Ce qui est drôle, ici, c’est vraiment l’accumulation de situations très ordinaires et qui, déjà, dans le monde réel, ont tendance à faire se transformer en chèvre une maman tout ce qu’il y a de saine d’esprit avec des situations totalement romanesques, mais plausibles, qui constituent la trame du roman policier. C’est vraiment du grand art !

Il paraît que ce tome est le premier d’une série de quatre. J’espère pouvoir bientôt mettre la main sur les trois autres, histoire de voir si l’auteur a su confirmer l’essai !


Paru aux éditions J'ai Lu, 2013 (J'ai Lu Thriller). ISBN : 978-2-290-06873-1.


jeudi 15 avril 2021

Fratelli Tutti : Encyclique, du Pape François [Jorge Mario Bergoglio]

 


« Fratelli Tutti » est la dernière encyclique du Pape François, après Lumen Fidei (La Lumière de la Foi) en 2013 et Laudato Si’ (Loué sois-Tu) en 2015. Après la Foi et la Création, le Pape François livre donc ici une réflexion sur la Fraternité, qui, comme pour chaque Encyclique, est un document de portée universelle.

J’ai lu ce document rapidement, parce que les écrits du Pape François sont plutôt simples à aborder du point de vue littéraire : ils sont écrits (et traduits) dans une langue accessible à tous, afin d’être facilement communiqués à l’ensemble des croyants (mais pas que). Le but, bien entendu, étant d’en faire la diffusion la plus large possible, ce qui explique aussi d’une part la coédition en France par trois maisons d’éditions catholiques (mais il existe d’autres éditions) et un prix faible pour l’ouvrage (4,50€ pour l’édition que j’ai entre les mains).

Le Pape François aborde la question de la fraternité en huit chapitres, en commençant, comme il se doit, par un constat : celui de la réalité vécue dans notre monde, abordant tant la question des droits humains, celle de la globalisation, de la pandémie ou de la dignité humaine que leurs dérives (agressivité, manque de sagesse, et illusion de la communication).

Le deuxième chapitre aborde la question de la fraternité sur le plan de la Bible, avec la figure du Bon Samaritain, qui prend soin d’un homme tombé dans une embuscade et laissé pour mort sur le chemin qui relie Jéricho à Jérusalem.

Le troisième chapitre ouvre à l’amour et parle de sociétés ouvertes permettant l’intégration de tous, mais aussi de la promotion des personnes et du bien moral ainsi que de la fonction sociale de la propriété.

Le quatrième chapitre aborde la question du monde et des frontières, du lien entre local et universel.

Le cinquième chapitre s’attelle à la question politique, entre pouvoir international et repli sur soi.

Le sixième chapitre met l’accent sur le dialogue et l’amitié sociale, parlant de dialogue social, de consensus et d’une nouvelle culture, axée sur l’autre, la rencontre et la bienveillance.

Enfin, le septième chapitre donne des pistes pour se retrouver, en repartant de la vérité, de la paix, du pardon et des questions liées à la guerre et à la peine de mort, pendant que le dernier chapitre aborde la place des religions dans le monde, qui se doivent d’être au service de la fraternité.

Comme tout texte de cette nature, qui, malgré les apparences et sa brièveté, est bien plus complexe qu’on ne croit, celui-ci mérite plusieurs lectures et approfondissements, chapitre par chapitre, afin d’être digéré, ruminé et intégré. Il s’agit là autant d’un texte de réflexion autour de la question (large) de la fraternité, à portée universelle, que d’un document de travail pour mieux vivre la relation à l’autre, quelles que soient ses convictions politiques ou religieuses, son appartenance culturelle, sa nationalité… C’est donc un texte extrêmement riche, dont, on le voit avec « Laudato Si’ », la mise en application peut donner lieu à de très nombreuses déclinaisons, diverses selon les lectures que l’on en fera et les ressources culturelles, politiques et religieuses de ceux qui s’attelleront à cette immense tâche qui consiste à travailler ensemble sur cette question magnifique de la fraternité. Pour mieux vivre ensemble dans un monde marqué par l’individualisme, la pandémie de Covid-19, les crises économique, sociale et politique que nous traversons tous.

Paru aux éditions Bayard/Cerf/Mame, 2020. ISBN : 978-2-204-14297-7 (Cerf) ; 978-2-227-49944-7 (Bayard) ; 978-2-728-93036-4 (Mame)

mercredi 14 avril 2021

Blake et Mortimer, tome 2 : Le Secret de l'Espadon, tome 2 : L’Évasion de Mortimer, de Edgar P. Jacobs

 


Le deuxième tome du triptyque « Le Secret de l’Espadon » débute au moment où Blake et Mortimer sont sur le point d’être capturés. Mais « les Jaunes » constatent que les prisonniers ont disparu et comprennent que Zahan-Khan aidait les deux Anglais. S’ensuit une bataille entre les deux groupes qui favorise la fuite de Blake et Mortimer. Hélas, ils sont repérés rapidement par le Bezendjas, qui alerte les soldats « Jaunes » ainsi qu'Olrik, qui se lance à leur poursuite.

La situation de Blake et Mortimer se dégrade rapidement et Mortimer est repris, obligeant Blake à organiser un nouveau plan d’évasion.

Ce deuxième tome est donc centré sur la captivité de Mortimer. Celui-ci doit gagner du temps devant Olrik qui veut toujours les plans de « l’Espadon » et menace de passer à la torture pour y parvenir. De son côté, Blake travaille d’arrache-pied pour trouver un moyen de sortir son ami de ce très mauvais pas, avec l’aide de Nasir.

J’ai beaucoup aimé, là encore, ce second volume du « Secret de l’Espadon », tant pour sa construction que pour le dessin (décidément, je suis très classique…) et les multiples rebondissements qui occupent les 56 pages de ce volume. L’intrigue se recentre sur les trois principaux protagonistes : Olrik, Blake et Mortimer, alors qu’elle était bien plus large dans le premier tome, du moins sur certaines planches. On entre dans une lutte acharnée entre les trois hommes, qui inaugure ce que seront leurs rapports durant toute la série, puisque le Colonel Olrik est la bête noire des deux héros tout au long des albums, y compris ceux qui sont écrits après la mort du créateur.

Vous l’aurez compris, c’est de la bonne BD, classique, comme j’aime. Ces premiers tomes sont aussi moins « bavards » que ne le seront les suivants : il y a moins de textes et de longs discours, ce qui me rendait la lecture parfois longue et fastidieuse quand j’étais enfant. D’où, sans doute, mon manque d’appétit pour cette série dans mes jeunes années, alors qu’aujourd’hui, je la redécouvre avec une grande joie. Comme quoi...

Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2013. ISBN : 978-2-8709-7166-6.