samedi 14 mars 2015

Au travers des yeux de Jésus, tomes 2 et 3, de Carver Alan Ames




Carver Alan Ames est australien et il a vécu, semble-t-il, ce que l’Église Catholique appelle des "Révélations privées". La particularité de ces révélations est qu'elles consistent en des visions où Alan Ames assiste à la vie de Jésus et de ses disciples, comme s'il était à l'intérieur du corps de Jésus. [À certains égards, cela m'a fait penser à une autre « voyante », Anne-Catherine Emmerich, qui, au 18e siècle, a eu aussi des visions de l’Évangile. Plus qu'une simple « voyante », Anne-Catherine est une mystique qui a été déclarée bienheureuse en 2004. Je crois que je vais d'ailleurs activer la lecture du livre que j'ai commencé !]

Le récit d'Alan Ames est à la première personne du singulier. Et si c'est bien lui qui écrit, ce n'est pas lui qui parle, mais Jésus. Tous les événements qui sont décrits dans ces pages le sont du point de vue du Christ. Sachant que le Christ est Dieu, c'est à la fois une narration à la première personne et un point de vue omniscient dans la mesure où le Christ sonde les cœurs et les pensées et qu'Il connaît tout de la vie de ses disciples mais aussi des personnes qu'Il rencontre. Il connaît aussi l'avenir...
D'abord un peu sceptique, je me suis plongée dans le tome 2, puis le tome 3, parce que ces récits me donnent l'impression de mieux connaître Jésus. Ces écrits ne sont pas indispensables à la foi. Le seul vraiment indispensable au croyant, c'est la Bible. La Parole de Dieu. Mais si ce livre n'apporte rien sur le fond (tout ce qui concerne la vie du Christ est déjà dans les Évangiles), il éclaire d'un jour nouveau cette vie du Fils de Dieu en nous la faisant partager dans ce qu'elle a de plus banal et de plus quotidien.

En fait, pour moi, le Christ était vrai Dieu, mais j'avais un peu de mal à percevoir en quoi il pouvait être aussi vrai homme. Ce récit a changé ma façon de voir en me montrant Jésus sur les routes, avec ses disciples, vivant avec eux la fatigue, la faim, la mémoire de son enfance, sa relation avec Marie et Joseph, les parents que Dieu Lui a donnés sur cette terre.
Si j'ai compris une chose à la lecture de ces deux livres, c'est bien cela, ce qu'énonce le Credo comme une vérité : Jésus-Christ est Vrai Dieu et Vrai homme. Il a partagé notre condition humaine, notre vie, notre humanité, en tout, sauf le péché. Ces deux livres, en fait, rendent concrète cette réalité et en font pour moi une personne plus proche, remplie d'amour pour chaque homme. Les rencontres et les guérisons décrites dans ces pages montrent aussi la soif de l'homme d'être aimé et les miracles que peut faire l'Amour dans la vie d'un homme. J'y trouve aussi un chemin pour mieux suivre le Christ au quotidien à travers ceux qui m'entourent : mon mari, mes enfants, mes frère et sœurs, mes amis…
Un autre élément important dans ce livre : la présence de Satan et des démons et la facilité avec laquelle l'homme tombe dans le péché malgré tous les efforts qu'il fait pour vivre saintement. Le personnage de Judas, disciple du Christ qui, plus tard, trahira Jésus pour de l'argent, est très important à cet égard. Très présent, il est une sorte de contre-exemple permanent : avarice, orgueil, égoïsme… Et pourtant, dans tout le récit, Jésus ne cesse de lui parler comme à un ami très cher, en sachant très bien ce qui l'habite : ses parts d'ombre et ses parts de lumière. Avec toujours un immense amour et un grand respect pour les choix qu'il fait et qu'il fera. Jamais de reproche, sachant pourtant ce qui se passera plus tard, à Jérusalem. En fait, la place de Judas au sein des disciples m'éclaire sur la liberté qui nous est laissée, à nous, être humains, de suivre ou non le Christ et Dieu. Avec un amour infini, immense, une douceur et une tendresse incroyable, Dieu et le Christ nous guident, si et seulement si nous sommes d'accord pour les suivre, avec la grâce de l'Esprit Saint.


Paru aux éditions du Parvis, 2013 (t.2) et 2001 (t.3). ISBN : tome 2 : 978-2-88022-151-5. tome 3 : 978-2-88022-171-3.

jeudi 12 mars 2015

De Lumière en Lumière : Vie de la Bienheureuse Chiara Badano, de Mariagrazia Magrini



Chiara Badano est née à Savone, dans le Nord de l'Italie, le 29 octobre 1971. Elle est morte dans son village, à Sassello, où elle a passé la majeure partie de sa vie, le 7 octobre 1990. Une vie très courte (pas tout à fait 19 ans), et pourtant Chiara a vécu dans la foi et la sagesse de Dieu depuis sa plus tendre enfance. Elle est la quatrième jeune non martyre béatifiée par l'Eglise, le 25 septembre 2010.
Une de mes amies m'a prêté ce livre parce qu'elle est particulièrement touchée par ces jeunes, ces enfants qui mènent des vies saintes, dans la foi. Mais j'ai attendu pas mal de temps avant de le lire, parce que je n'avais pas envie d'avoir sous les yeux la description de la souffrance incroyable de cette jeune fille, morte d'un des pires cancer des os qui existent après deux ans de douleurs intenables. Je pensais devoir faire face à la mort, à la souffrance... mais c'était sans compter la bonté de Dieu. En même temps que Chiara a eu à subir la douleur, Dieu lui a donné la grâce de la vivre dans la joie, dans l'abandon et le don total d'elle-même pour son "Premier Époux", son bien-aimé, Jésus, en s'unissant à ses souffrances sur la Croix. Aimée de Dieu, elle a eu la force de tout vivre et accepter pour Lui.

Le récit de la vie de Chiara Luce, du surnom qui lui a été donné par Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari dont Chiara Badano a fait partie très jeune, est illuminé par cette joie profonde, sincère, qui l'habite dès l'enfance. La joie et aussi la volonté d'aimer l'autre, c'est-à-dire d'aimer Jésus à travers l'autre ou encore d'aimer l'autre comme s'il était Jésus. De mettre toujours Jésus "au milieu", de toujours chercher à le reconnaître dans la personne en face d'elle. C'est à travers les Mouvement des Focolari que Chiara approfondit sa foi et la vit au quotidien. Ce mouvement est vraisemblablement un élément essentiel de sa formation spirituelle et sera déterminant dans la manière de vivre l'épreuve et l'offrande.
Autre caractéristique de cette jeune fille : elle a toujours offert à Jésus ses peines, ses souffrances, ses difficultés, qu'elles soient d'ordre relationnel, scolaire ou personnel.
Une des choses qui m'a le plus frappée, c'est la manière dont elle a accepté le diagnostic final, la réaction qu'elle a eue face à sa mère, au retour de l'hôpital où le médecin lui a appris qu'elle ne guérirait pas, que tout était perdu. Elle a demandé à sa mère de se taire, de ne pas lui parler maintenant et est restée assise dans le canapé et y est restée prostrée pendant... 25 minutes. Vingt cinq minutes au bout desquelles elle a dit à sa mère : "Tu peux parler". Entre-temps, on ne peut que supposer ce qui s'est passé. Sans doute a-t-elle confié sa vie au Christ, sans doute est-ce le temps qu'il lui a fallu pour accepter le verdict et ce qu'il voulait dire, avec la grâce de Dieu et dans l'abandon, la confiance totale et l'amour pour le Christ dont elle fait preuve depuis sa petite enfance : "Si tu le veux, Jésus, je le veux, moi aussi".

En dehors de la manière dont elle a vécu la maladie, ce qui est frappant, chez Chiara Luce, c'est sa manière de vivre avec les autres. Bien que réservée, cette jolie jeune fille a toujours été entourée d'amis, elle était aimée de tous. Et vivait tout dans la paix et la sérénité, qu'elle savait communiquer à tous ceux qui venaient la voir, les soutenant et les réconfortant.

J'ai été littéralement scotchée par cette biographie. J'y ai vu l'histoire d'une sorte de comète ou d'étoile filante. Une vie de foi dont la fulgurance est incroyable : Si l'Eglise a béatifié Chiara, c'est qu'elle est un exemple de confiance et de foi dans notre monde qui a mis Dieu aux oubliettes depuis bien longtemps. Nous avons besoin de ces vies de Saints, de ces exemples de vies tout entières données au Christ et, par ricochet, données aux autres, puisque l'un ne va pas sans l'autre. Ce que j'ai appris, avec cette lecture, c'est qu'il ne peut y avoir de sainteté seule. L'amour pour le Christ est forcément fécond et ne peut qu'être tourné vers les autres. Et puis, l'exemple de Chiara Luce donne des "pistes" pour vivre une vie sainte, tournée vers le Christ et les autres. L'offrande et la prière en particulier. L'offrande de tout ce qui fait la vie quotidienne, des bonnes comme des mauvaises choses. Des joies de la journée comme des souffrances, physiques ou morales, des humiliations, des vexations ou des réussites, offrande aussi des renoncements, abandon à la volonté de Dieu.

Et puis, Chiara est un exemple d'humilité. Se faire petite fait partie de cette offrande, puisqu'elle semble en être un peu la conséquence. Si j'offre tout à Dieu, c'est que je reconnais aussi que rien ne vient de moi, que tout vient de Lui. Je n'ai donc aucune gloire à retirer de mes réussites : tout vient de Dieu. Je peux donc aussi tout lui offrir... et la boucle est bouclée.
C'est étonnant comme les choses se font bien. Le Seigneur pense à nous dans les moindres détails. Cette lecture, que j'ai terminée le week-end dernier, vient confirmer ce que m'a dit un prêtre samedi soir et me donner concrètement les moyens de faire ce qu'il m'a demandé de faire : offrir et me faire "petite"... J'ai maintenant des moyens concrets pour avancer sur ce chemin de la sainteté, auquel tous les baptisés sont appelés. Ben... y'a plus qu'à ! Et c'est là le plus difficile, mais quel défi, avec la grâce de Dieu !

Paru aux éditions du Jubilé, 2011. ISBN : 978-2-86679-530-6.