lundi 26 septembre 2011

Jours sans faim, de Delphine de Vigan


Ce court roman (125 pages seulement) a d'abord été publié, en 2001, par Delphine de Vigan, sous le pseudonyme de Lou Delvig. Il s'agit ici du premier roman de cette auteur dont j'ai déjà lu plusieurs romans, postérieurs à celui-ci. Et j'avoue que je suis une fois de plus conquise. Il est ici question d'un sujet douloureux, l'anorexie, mais là, l'histoire commence au moment où Laure, l'héroïne, est au point de non-retour, celui où elle doit prendre la décision de vivre ou de mourir. Soit elle fait quelque chose et elle se donne une chance de continuer à vivre, soit elle se laisse aller et tout est fini. Elle est aidée en cela par le médecin qu'elle rencontre in extremis, et qui la tient d'abord à bout de bras, sans jamais la forcer, mais en lui laissant entendre qu'il sera toujours là. Le fil qui relie la jeune fille à la vie est ténu, tout comme l'est celui qu'elle maintient avec la maladie, comme un filet de sécurité, un élément de sa vie d'avant qui lui permet de garder l'illusion du contrôle.
Parce que l'histoire est là : il s'agit de contrôler. Son poids, son image, sa volonté, sa vie même.
Et pourtant, malgré cette volonté farouche de tout contrôler, voire de mourir, Laure accepte d'entrer dans le "jeu", en faisant siennes les exigences et conditions du médecin qui la suit. C'est donc son histoire qui est racontée ici, où le lecteur suit petit à petit l'évolution de la santé de la jeune fille. Sa santé, bien sûr, mais aussi son histoire, les problèmes avec sa famille, la folie de sa mère...

L'histoire de Laure est celle de nombreuses jeunes femmes, et le lecteur croise ici plusieurs d'entre elles, à divers stades de la maladie. Ce qui est intéressant aussi, c'est que l'on suit ici le traitement administré à ces jeunes femmes en danger de mort. Tout y est décrit, depuis l'hospitalisation volontaire jusqu'à la sortie, en passant par les différentes phases du traitement (sonde, suppléments, alimentation, prise de poids, doutes, sortie... et rechutes éventuelles). Est-ce ainsi que cela se passe en réalité ? Je n'en ai pas la moindre idée. Mais ce que j'ai apprécié particulièrement dans ce roman, c'est le ton, juste, qui ne verse jamais dans le pathos ou le déchirant. Les éléments de la vie de Laure sont distillés au fur et à mesure de l'évolution de sa santé, sans pour autant mener à l'explication de la maladie. Il s'agit ici non pas d'une histoire où l'on cherche à savoir pourquoi cette jeune fille a décidé un jour d'arrêter de manger, et comment elle va être sauvée, mais simplement comment elle s'en sort, temporairement du moins. Elle n'a semble-t-il pas une conscience bien précise de ce qui l'a conduite ici, sinon un faisceau de présomptions...

J'ai donc beaucoup aimé ce roman, avec un seul regret : il est bien trop court. J'aurais aimé en savoir plus sur ce qui se passe après sa sortie de l'hôpital. Mais finalement, j'y retrouve bien là la "patte" de Delphine de Vigan : elle a l'art de laisser ses héros en plan, comme si ce qu'elle raconte n'était qu'une tranche de leur vie, un moment M avec quelque chose qui se passe avant, que nous ignorons, et quelque chose qui se passe après, que nous ne connaîtrons jamais...

Paru aux éditions J'ai Lu, 2008. ISBN : 978-2-290-01338-0

4 commentaires:

  1. Non non non, plus de Delphine de Vigan ! :-)

    RépondreSupprimer
  2. Ben c'est vrai que je ne suis pas à jour, là... Mais je n'ai pas le dernier. :)

    RépondreSupprimer
  3. L'anorexie, maladie moderne? Je note ce petit livre mais pas pour tout de suite...

    RépondreSupprimer
  4. Maladie moderne, je ne sais pas. Maladie de pays riches, certainement !

    RépondreSupprimer