mercredi 3 décembre 2014

Marple, Poirot, Pyne... et les autres, d'Agatha Christie


J'ai ce petit livre dans ma bibliothèque depuis... des années je pense. Et je ne l'avais jamais ouvert ! Ben j'aurais dû. Ces huit nouvelles permettent de retrouver les différents détectives créés par Agatha Christie et de les voir à l'oeuvre.

Miss Marple ouvre le bal avec une histoire d'héritage que le jeune couple d'héritiers ne parvient pas à retrouver. Sa sagacité va permettre aux jeunes gens d'éviter une belle erreur !
Puis c'est au tour de Mr. Parker Pyne d'exercer ses talents au profit d'un jeune homme accusé du vol d'un magnifique diamant. Grâce à sa connaissance de la nature humaine et des statistiques, Parker Pyne évite au jeune homme d'être victime d'une erreur judiciaire.
On retrouve d'ailleurs Parker Pyne à Majorque où il passe ses vacances, espère-t-il, au calme et loin des problèmes. C'est peine perdue : une femme lui demande de l'aider à régler le problème qu'elle a avec son fils, qui s'est amourraché d'une jeune fille que la mère ne trouve pas à son goût. Là encore, les apparences sont trompeuses...
La quatrième nouvelle est un peu différente. Loin des morts violentes, meurtres, empoisonnements habituels, le lecteur suit ici une jeune femme sans le sou qui cherche désespérément du travail. Mais elle a un chien dont elle ne peut se séparer. Son histoire m'a beaucoup touchée, sans que je sache vraiment pourquoi...
Retour dans la campagne anglaise. Un homme se meurt dans l'église mais il a le temps de prononcer quelques mots que Bunch, la nièce de Jane Marple, recueille avec étonnement et incompréhension. Une fois de plus, Miss Marple va brillamment trouver la solution de l'énigme.
L'histoire suivante est cette fois racontée par Miss Marple (encore elle !). C'est elle du meurtre d'unef femme, meurtre réalisé alors que tout semble prouver que c'est impossible, sauf si c'est son mari lui-même qui l'a tuée. Et avec Agatha Christie, rien n'est jamais aussi simple...
La septième nouvelle fait appel à Mr. Quinn, que je ne connais que très peu, pour résoudre un crime commis dans la résidence de Lady Dwigton. Fait désormais classique, l'amant de la femme du mort se déclare coupable... juste après que la veuve a elle-même fait des aveux ! Il faudra toute la sagacité de Mr. Quinn pour démêler le vrai du faux et trouver le véritable meurtrier.
Enfin, la dernière nouvelle met en scène le célèbre Hercule Poirot, dans une histoire de vol de bijoux dans un hôtel chic de Brighton. J'avais déjà vu cette histoire dans sa version télévisée. La nouvelle est plus simple que l'épisode de la série, mais globalement, c'est la même histoire. Un couple, les Opalsen, sont propriétaires de bijoux de grande valeur. Alors que Mme Opalsen va chercher son collier, elle découvre que celui-ci a disparu alors qu'il était sous la surveillance de la bonne et que personne, à l'exception de la femme de chambre de l'hôtel, n'est entré dans la chambre. Les deux jeunes femmes sont fouillées... sans résultat. Poirot, grâce aux détails observés dans la chambre et à ses petites cellules grises, découvre une fois de plus la vérité.

Ces nouvelles se lisent vite, très vite, et j'ai passé un très bon moment en la compagnie de tous ces détectives. J'y ai retrouvé l'ambiance so british qui émane des récits d'Agatha Christie et, franchement, ça me manquait ! Mon seul regret, c'est que ce soit trop court, finalement...


Paru aux éditions LGF, 1986 (Club des Masques). ISBN : 2-7024-1786-8.

vendredi 21 novembre 2014

Le Complexe d'Eden Bellwether, de Benjamin Wood

Chaque année, à la rentrée, c'est la saison des "Matchs de la rentrée littéraire", organisés par Price Minister depuis quelques temps. Et j'ai eu la chance, une fois de plus, de pouvoir y participer avec ce livre.



Comme dans d'autres romans, celui-ci commence par la fin : la découverte d'un double meurtre et d'un jeune homme très mal en point, qui respire à peine. La seule chose que l'on apprend dans ce prologue, c'est le nom du jeune homme en question : Eden Bellwether. Mais rien sur les deux victimes ni sur les amis qui accompagnent Eden.
Tout l'objet de ce roman sera, bien sûr, de relater les événements qui ont conduit à ce drame du mois de juin 2003.
Pour cela, il faut remonter au mois d'octobre précédent, et le lecteur fait alors la connaissance d'Oscar Lowe, aide-soignant dans une maison de retraite d'un beau quartier de Cambridge, proche des colleges. Il a 20 ans et, un soir, entre dans la chapelle de King's college, attiré par la musique de l'office en cours, jouée avec talent par l'invisible organiste. Oscar y rencontre une jeune fille blonde, Iris. Elle est fantasque, pleine de vie, imprévisible. C'est une riche étudiante, elle et ses amis appartiennent à un monde qui n'a pas grand-chose en commun avec celui d'Oscar. Et pourtant, ce dernier va faire peu à peu partie de la vie de la jeune fille... et de son frère Eden.

Le lecteur suit alors la rencontre d'Oscar et de la "petite bande", apprend à connaître ces jeunes étudiants aisés sans problème, du moins en apparence, et s'immisce petit à petit, avec Oscar, dans leurs vies et leurs secrets.

J'ai dévoré ce roman. Et cela faisait un moment que cela ne m'était plus arrivé. Le Complexe d'Eden Bellwether est, pour moi, le genre de livre qu'on ne peut pas lire d'une traite parce que 500 pages, c'est assez peu conciliable avec une vie de mère de famille nombreuse, fût-elle au foyer. Mais en dehors de ce "léger" empêchement, c'est surtout le genre de livre qu'on peut difficilement lâcher avant d'avoir tourné la dernière page. J'ai savouré chacune des soirées que j'ai passé avec ce roman, j'ai regretté chaque interruption dans ma lecture. Le récit est fin, ciselé, tel un bijou précieux. Les personnages, notamment ceux d'Iris et d'Eden, sont complexes et intéressants, attachants aussi. Quant à l'intrigue, elle peut sembler convenue (un jeune homme qui "dérape" quelque peu...), mais la manière dont elle est menée, les personnages secondaires intervenant dans sa résolution, sont à même de provoquer l'intérêt du lecteur, de soutenir son attention et de le garder scotché jusqu'à la dernière page. Et puis, pour ma part, j'ai appris pas mal de choses... et c'est tout ce que je demande à un bon roman !

Merci à Price Minister pour ce "Match de la rentrée littéraire" qui a, en ce qui me concerne, tenu toutes ses promesses ! Merci aussi à la librairie Chapitre qui m'a fait parvenir le livre et à l'éditeur. Pour un premier roman, c'est un coup de maître !


Paru aux éditions Zulma, 2014. ISBN : 978-2-84304-707-7

dimanche 3 août 2014

Les Affamés : Chroniques d'une jeunesse qui ne lâche rien, de Léa Frédeval


Je viens de terminer la lecture de ce petit livre et j'avoue que je suis assez sidérée (c'est-à-dire dans un état proche de la sidération), pour ne pas dire littéralement scotchée à ma chaise. Pas par le livre lui-même. D'un point de vue littéraire, c'est écrit correctement, sans plus. D'ailleurs, il reste pas mal de coquilles, de fautes d'orthographe, preuve que les éditeurs devraient au moins embaucher des correcteurs et ne pas faire trop confiance aux correcteurs électroniques du type de celui de Word par exemple, mais vu la conjoncture économique, je crois que je n'ai pas fini de prêcher dans le désert. Sur le plan stylistique, c'est écrit comme on parle, la langue est imagée sinon belle, facile d'accès... bref, un livre simple à lire, souvent drôle même si le fond fait plutôt froid dans le dos pour l'adulte de plus de trente ans que je suis devenue.

Léa Frédeval a 22 ans. Elle décrit ici sa vie quotidienne, celle de milliers d'autres jeunes de son âge, sans naïveté ni insouciance. De la recherche d'un stage à l'inscription à Pôle Emploi, de l'amour inconditionnel pour le smartphone à la défonce ou à la gueule de bois, de nombreux aspects de la vie estudiantine et pré-trentenaire sont abordés, mettant en lumière cette génération qui m'est quasiment étrangère et que, pourtant, je côtoie régulièrement mais que je ne comprends qu'à grand-peine. Ce livre me permet d'approcher un peu – un tout petit peu – de la réalité que vivent Léa et nombre d'autres jeunes gens de son âge, sans pour autant que le tableau brossé ici soit une image pleine et entière de la jeunesse d'aujourd'hui. Parce que non, ce n'est pas parce que j'ai passé la barre fatidique des 35 ans que je ne vois jamais de jeunes. Simplement, ceux que je côtoie ne me semblent pas vraiment vivre la même chose que Léa et ses amis. Faut-il y voir la différence de réalité qu'elle souligne entre les jeunes de la région parisienne et ceux de province ? Ou vivons-nous dans des réalités, des mondes différents parce que les moins de 30 ans ont grandi avec Internet et les téléphones portables quand nous avons découvert le réseau mondial à l'université et avons eu notre premier portable au début de notre vie active ?

En tout cas, tout ceci m'amène à une interrogation cruciale : au vu de la jeunesse décrite ici, comment seront, demain, les adultes ? Que transmettront-ils à leurs enfants (si jamais ils en ont) ? Quelle société bâtiront-ils ? Quel sort réserveront-ils à ceux qui, aujourd'hui, ne sont que des enfants ?

Paru aux éditions Bayard, 2014. ISBN : 97862-227-48700-0.

dimanche 4 mai 2014

L'Année où j'ai vécu selon la Bible, de Arnold Junior Jacobs


J'aime bien le sous-titre de ce livre : « Ou l'humble quête d'un homme qui chercha à suivre la Bible aussi littéralement que possible », parce qu'il explique parfaitement la démarche de A. J. Jacobs durant cette année « biblique ». L'auteur a simplement lu la Bible et a listé tous les commandements (depuis « Tu ne tueras pas » jusqu'à « lapider les adultères » en passant par « En tous temps, porte des habits blancs »). Il s'est entouré de conseillers spirituels (juifs, orthodoxes ou fondamentalistes, évangéliques...) et est allé jusqu'à marquer le contour de sa porte d'entrée avec le sang de l'agneau, y écrivant des versets de la Bible ou encore a chassé un pigeon de son nid pour lui prendre symboliquement un œuf...

Certains des commandements relatés peuvent paraître totalement anachroniques, voire délirants ou juste impossibles à mettre en pratique (ne pas porter de vêtements en fibres mélangées ou encore ne manger que des fruits d'arbres ayant au moins 4 ans : comment savoir quel âge a l'arbre sur lequel ont été cueillies les bananes que l'on achète au supermarché ?). Étonnemment, l'auteur se conforme à tous ces règlements et décrit sa quête de solutions (parce qu'il s'agit réellement, parfois, d'une quête quand il est face à certains dilemmes) en s'appuyant sur un nombre assez conséquent de ces fameux conseillers (qui ont parfois des visions assez éloignées les unes des autres de ce qu'il convient de faire pour suivre telle ou telle règle).
J'ai beaucoup aimé ce livre, entre témoignage et roman, j'ai beaucoup ri aussi, en le lisant, certains passages étant littéralement jouissifs (celui où il tente de lapider, à l'aide de graviers, un homme qui se dit adultère m'a particulièrement fait rire, mais c'est loin d'être le seul, les passages sur la pureté des femmes, puis sur celle des hommes, sont, entre autres, excellents aussi). J'ai surtout été bluffée par ce qu'a fait A. J. Jacobs. Parce qu'il a réellement "tenu" un an, même un peu plus. Et que, finalement, si cette année n'a peut-être pas totalement changé sa vie, elle lui a permis de lui faire comprendre un certain nombre de choses à propos de la foi et de la vie selon les prescriptions de la religion juive, puis chrétienne par la suite. Tout au long du livre, en effet, on peut voir les questionnements de l'auteur à propos de son épouse, de son fils, de son rôle de père, de son autorité... et comment son "année biblique" lui a permis de voir les choses différemment. Et puis il y a l'humour aussi. Parce qu'il en faut une sacrée dose, ainsi, sans doute, que d'auto-dérision, pour voir le regard des autres changer ou pour accepter les conséquences d'un tel choix de vie, pendant un an.

L'auteur est américain, l'histoire se passe à New York dans sa plus grande partie, et le seul regret que j'ai, c'est qu'il se soit limité aux chrétiens évangéliques, donc protestants. Parce que les catholiques ont une autre vision des choses et qu'il aurait été intéressant de les confronter. Mais on ne peut sans doute pas lui en tenir rigueur : croiser plusieurs religions, même si elles ont toutes la Bible pour base, est sans doute assez compliqué pour ne pas, en plus, vouloir en suivre toutes les déclinaisons. À part ça, cet homme est soit dingue, soit illuminé, ou encore parfaitement sain d'esprit et juste curieux de comprendre ce qui pousse certains à vivre de cette manière... mais durant toute leur vie.

Paru aux éditions Actes Sud (Babel), 2010. ISBN : 978-2-7427-8992-4.

mercredi 23 avril 2014

Elsa, tome 2 : Papillons secrets, de Pierre Makyo et Michel Faure


La petite Elsa a été enlevée à l'aube, chez elle. Aucun indice ni demande de rançon, du moins au début, ne vient indiquer à son père où elle se trouve. Alertée, la police porte très vite ses soupçons sur Lalie, la mère d'Elsa. Mais un premier déplacement dans les locaux de la secte ne donne rien.
Le commissaire Varenka, au cours de son enquête, apprend pas mal d'éléments sur le passé de Lalie et sur sa famille, et cette histoire pourrait ne pas être étrangère à l'enlèvement d'Elsa. Et on en apprend aussi bien plus sur les papillons noirs qui, depuis le début de l'histoire, semblent fasciner et effrayer la petite fille.

Dans ce deuxième volet, les masques tombent, la réalité, cachée, est peu à peu mise au jour et les équilibres et alliances se recomposent. Ce deuxième tome fait encore une large place aux dessins d'Elsa et graphiquement, c'est toujours aussi beau et aussi sensible. De leur côté, les personnages sont vraiment superbes, leur « âme » transparaissant dans leurs traits. Impossible ici de confondre les bons et les méchants !

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1997. ISBN : 2-7234-2266-6.

Elsa, de Pierre Makyo et Michel Faure


Ces deux auteurs étaient déjà réunis pour le troisième cycle de Balade au bout du monde. Ici, les thèmes ressemblent beaucoup à ceux abordés dans cette série, avec une sensibilité supplémentaire me semble-t-il.

Elsa a huit ans. Elle a déménagé récemment avec son père et intégré sa nouvelle école depuis huit jours. La petite fille montre un véritable talent en dessin, mais sa maîtresse est très inquiète : Elsa parle de moins en moins et, bientôt, elle refuse aussi d'écrire.
C'est qu'Elsa est malheureuse. Sa mère a disparu un an plus tôt, les laissant seuls, son père et elle.
On apprend très vite où se trouve Lalie, la mère d'Elsa. Elle est partie à la recherche d'elle-même, dans une sorte de secte, un groupe d' « illuminés chercheurs de source », comme le dit Frédéric, le père d'Elsa. À cette question de la disparition de Lalie s'ajoutent des cambriolages, une histoire de peinture ainsi que la belle Hélène, étudiante en psychologie et baby-sitter d'Elsa.

Dans ce premier tome, ce qui m'a frappée, c'est la beauté des images. Michel Faure excelle à retranscrire l'ambiance oppressante dans laquelle Elsa vit, mais aussi ses rêves, ses peintures, son talent. J'ai lu et relu ce volume (et les suivants !) pour me noyer dans ces images...

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1996. ISBN : 2-7234-2133-3.

Elsa, tome 3 : Le Danseur, de Pierre Makyo et Michel Faure


Troisième et dernier volume de la série, Le Danseur donne bien sûr toutes les explications aux divers mystères des deux premiers... attention, spoiler ! L'histoire se finit bien !

L'art est central dans cette série, tant du point de vue du scénario que de celui du dessin. Comme dans les autres tomes, graphiquement, c'est très beau. Une série que je n'avais pas relue depuis des années et dont la « magie » opère toujours sur moi...

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1999. ISBN : 2-7234-2741-2.

samedi 19 avril 2014

Balade au bout du monde, tome 16 : Pierres de vérité, de Pierre Makyo et Laval N.-G.


Un final assez apocalyptique d'un côté, et troublant de l'autre. Ici, deux conceptions s'affrontent : d'un côté les religions, celles qui sont « incarnées », notamment le christianisme. Les « méchants » de l'histoire tentent simplement, par des moyens odieux (crimes, mutilations, enlèvements, chantage...) de restaurer la foi.
De l'autre, les « gentils » qui défendent la thèse de la connaissance grâce à laquelle l'homme, seul, s'élève. Évidemment, dans ce récit, les « gentils » gagnent... et le monde est préservé. Je suis catholique et cette vision de la foi ne peut que heurter mes convictions... Hormis ce petit problème de conscience, je ne peux qu'admirer ce cycle, l'imaginaire des auteurs, la maestria avec laquelle ils ont mené cette histoire.


Paru aux éditions Glénat (Caractère), 2008. ISBN : 978-2-7234-5725-5

Balade au bout du monde, tome 15 : Pierres envoûtées, de Pierre Makyo et Laval N.-G.


Dans ce troisième tome, les choses se compliquent sérieusement... les ennemis d'Arthis se dévoilent un peu plus. En dire plus serait inutile : l'intrigue est trop complexe à résumer avec tous ces déplacements dans le temps, retours en arrière...
Ce qui m'a le plus frappée dans ce tome, c'est la maîtrise graphique du dessinateur. Les personnages, notamment Arthis, acquièrent progressivement une force et une profondeur qui était moins évidente auparavant. En plusieurs endroits, ce qui était graphiquement ébauché à la fin du tome 1 du cycle prend de l'ampleur, allant jusqu'à la débauche de couleurs, telle une sorte d'explosion onirique. C'est beau et effrayant à la fois.


Paru aux éditions Glénat (Caractère), 2006. ISBN : 2-7234-5013-9

Balade au bout du monde, tome 14 : Pierres invoquées, de Pierre Makyo et Laval N.-G.


Ce deuxième tome voit Arthis revenir, avec Aline, dans le « Grand Pays ». Après tout ce temps (plusieurs années en ce qui concerne Aline, puisque nous sommes en 2002 et qu'elle est arrivée en Galthédoc en 1985, en même temps qu'Arthis, la première fois), les deux jeunes gens ont besoin de reprendre une vie normale, de passer du temps ensemble, de s'aimer... Oui, mais voilà, la présence d'Hélène, la sœur d'Aline, va quelque peu compliquer les choses.
Dans le même temps, au Vatican, trois prêtres sont morts de terreur en un mois. Arthis est toujours en relation avec les Cathares, et notamment avec Gabriel et Athanase. Ce dernier presse Arthis d'accomplir la mission que lui a confiée Rabal, mais Arthis est empêtré dans son histoire avec Aline.

Ce deuxième tome précise un peu la « quête » et surtout la personnalité de l'ennemi qu'Arthis doit retrouver. Par certains côtés, cet épisode fait penser aux livres que j'ai lus dernièrement, où ile st question de complot pour sauver la religion... À ces histoires de sectes se mêlent les voyages dans le temps d'Arthis, compliquant encore un peu l'intrigue. Ce deuxième épisode est complexe mais bien monté. L'histoire est intrigante en tout cas, même si elle fait appel à des schémas déjà bien utilisés depuis le Da Vinci Code (paru à peu près à la même période que le début du cycle) !


Paru aux éditions Glénat (Caractère), 2005. ISBN : 2-7234-4369-8.

Balade au bout du monde, tome 13 : Les Pierres levées, de Pierre Makyo et Laval N.-G.


Quatrième et dernier cycle de cette Balade au bout du monde.
Rien ne va plus pour Arthis. Toujours en Galthédoc (voir tome 12), Arthis est plus que jamais amoureux d'Aline. Mais Joachim, le futur roi, ne l'entend pas de cette oreille et veut légitimer son accession au trône en épousant la jeune femme qui, comme l'ancienne reine, vient du Grand Pays. Aline ne l'aime plus et veut quitter Galthédoc avec Arthis mais ils ne peuvent s'enfuir et la situation dégénère. Se retrouvant dans une situation impossible, Arthis est sauvé in extremis par Rabal, le nain guérisseur ami de la défunte reine du royaume. Mais si Rabal aide ainsi Arthis, c'est qu'il a une mission à lui confier.

Ce nouveau cycle s'annonce très ésotérique. Arthis, après avoir été confronté à la pierre blanche, dans le premier cycle (La Pierre de folie), apprend à se servir de la poudre de pierre mauve qui lui donne le pouvoir de se déplacer dans le temps. Rabal lui fait des révélations au compte-goutte et finit par l'envoyer en mission, sans toutefois répondre aux innombrables questions que le jeune homme se pose.
Comme à chaque nouveau cycle, celui-ci voit l'arrivée d'un nouveau dessinateur, Laval N.-G.
D'un style très différent de celui de ses prédécesseurs, son dessin est tantôt foisonnant, tantôt épuré, et d'une manière générale je trouve, plus noir que les autres. Plus onirique aussi. Ce qui, pour le coup, « colle » très bien avec l'atmosphère assez étouffante de cet album. Je ne connaissais pas cet auteur auparavant et je serais curieuse de voir quelques autres productions de son cru !


Paru aux éditions Glénat (Caractère), 2003. ISBN : 2-7234-3718-3

mercredi 16 avril 2014

Balade au bout du monde, tome 12 : L'oeil du poisson, de Pierre Makyo et Michel Faure


Dernier tome du troisième cycle. Arthis et Athanase, le concierge des Cathares, sont envoyés à Galthédoc où ils découvrent Rabal, le nain guérisseur, en train de guérir lui-même d'une blessure qui aurait dû être mortelle. Après s'être échappé du camp d'Argon où Rabal était retenu, les trois hommes arrivent au château par les souterrains et mettent au point un plan qui devrait leur permettre de remporter la victoire sur Argon. Le plan fonctionne à merveille, mais Argon a disparu...

Ce dernier volet fait la part belle au personnage d'Athanase, moins insignifiant que son emploi de concierge le laissait supposer. Il est ici question de magie, de divination, d'hypnose aussi, sans doute... L'histoire se termine bien mais laisse, une fois encore, de nombreuses questions en suspens.
Un album en forme d'apocalypse, qui donne à voir certaines questions auxquelles le monde d'aujourd'hui cherche des réponses. Combats entre le bien et le mal, fin du monde, apocalypse, guerres,... ces faits ne sont pas sans rappeler les Écritures, bien sûr, mais aussi les prédictions plus ou moins fantaisistes qui fleurissent un peu partout depuis le début du vingt-et-unième siècle.

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 2000. ISBN : 2-7234-3206-9.

Balade au bout du monde, tome 11 : Rabal le guérisseur, de Pierre Makyo et Michel Faure


Dans ce troisième épisode du troisième cycle, Arthis a été enlevé par les Chevaliers du Saint-Graal qui le droguent afin de connaître son secret. Ils l'interrogent et Arthis leur parle du Royaume de Galthédoc.
Depuis qu'il l'a quitté un peu plus de cinq ans auparavant, le royaume oublié a beaucoup changé. La peste noire y a fait son apparition et tue tous les sujets de la reine Hélinor.
Alors que Joachim conduit Aline (la femme brune dont on apprend enfin le prénom) à la prison royale, le convoi est attaqué par Argon et ses hommes. Seul Joachim est épargné, mais Argon ne le laisse pas partir avant de l'avoir embrassé pour le rendre lui aussi malade de la peste. Puis Argon s'en retourne dans son fief en emmenant Aline prisonnière.

De retour dans le royaume de Galthédoc, le lecteur « rattrape » en quelque sorte son retard sur ce qui s'y est passé durant tout ce temps. C'est ainsi qu'il fait mieux la connaissance de Rabal, ce petit homme étrange rencontré pour la première fois à la fin du premier cycle. Ici, deux forces s'affrontent, le bien représenté par Rabal qui tente de sauver de la mort les enfants du royaume en les « vaccinant » à sa manière contre la peste, et le mal, personnifié par Argon, porteur à la fois de la peste et de la pierre de folie. Comment ne pas voir ici un écho biblique, une sorte d'allégorie du combat spirituel (nous sommes en ce moment en plein milieu du Carême !) où le bien lutte contre le mal, où tout est une question de confiance et d'abandon absolu en la personne du Christ, afin de lutter contre le mal qui ronge chacun de nous depuis le péché originel ?
Je ne sais si c'est aller trop loin dans l'interprétation, mais celle-ci fait écho à cette même lutte que mènent, dans le Grand Pays, les Cathares et les Chevaliers du Saint-Graal. Sauf que là, déterminer qui est le bien et qui est le mal est un tantinet plus complexe.

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1999. ISBN : 2-7234-2874-5.

Balade au bout du monde, tome 10 : Blanche, de Pierre Makyo et Michel Faure


Toujours à Paris, Arthis, après avoir refusé d'aider Gabriel, se retrouve dans un bidonville où il a rencontré un jeune garçon à qui il a prêté son appareil photo. Aidé par la sœur du garçon, il s'installe dans le bidonville et commence à travailler chez un photographe. C'est là qu'il fait la connaissance de Blanche (encore une jeune femme brune aux cheveux longs et bouclés ! Décidément...) qui se révèle plus tard être une Cathare, tout comme Gabriel.
Surveillé par les Chevaliers du Saint-Graal et pressé par les Cathares de révéler l'emplacement de Galthédoc, Arthis est à nouveau entraîné là où il ne souhaite pas aller.

Vu le peu de réflexions que ce volume m'inspire, je dirais qu'il est soit moins intéressant que les autres, soit trop dilué... En tout cas, la suite est indispensable pour savoir où on va...

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1998. ISBN : 2-7234-2610-6.

Balade au bout du monde, tome 9 : Les Véritables, de Pierre Makyo et Michel Faure


Dans ce premier épisode du troisième cycle, Makyo fait équipe avec Faure au dessin. Et ce qui frappe de prime abord, c'est l'appropriation que se fait le dessinateur du monde de Makyo, déjà décrit dans les premiers cycles de la série.
Le lecteur retrouve Arthis à Paris, environ neuf mois après son départ d'Inde. Le bébé d'Ariane est né et la jeune femme semble avoir trouvé équilibre et sérénité en Inde. Arthis, quant à lui, est seul, sans travail et il tente de se remettre en selle grâce à la photographie. Il commence alors à errer dans les rues de la capitale en photographiant notamment les démunis. Mais très vite, les événements se précipitent : le voilà mêlé malgré lui à la « guerre des sectes » qui voit les différents groupes sectaires de la capitale victimes d'attentats à l'explosif. De fil en aiguille, Arthis est approché par un de ses anciens amis, Gabriel, qui lui dit être un « véritable », sorte de nouveau chevalier cathare. Arthis apprend alors qu'une véritable guerre souterraine se joue entre deux armées : les Cathares et les Chevaliers du Saint-Graal.
Entraîné malgré lui dans ce conflit qui ne le concerne a priori en rien, Arthis se voit rappelé son passé et ses séjours à Galthédoc, où il a failli perdre la raison et où il n'est plus retourné depuis plus de cinq ans.

Après la folie et la mort, le thème central de ce nouveau cycle est donc la foi et/ou la religion. J'ai découvert cette série par le biais d'une autre, « Elsa », des mêmes auteurs, un tout petit peu postérieure à ce troisième cycle de « Balade au bout du monde ». Là encore, les thèmes sont la folie et les sectes... et la parenté entre les deux séries ne s'arrête pas là. En tout cas, ce premier tome est prometteur...

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1997. ISBN : 2-7234-2400-6.

vendredi 11 avril 2014

Meurtre au champagne, d'Agatha Christie

La couverture de l'exemplaire que j'ai, qui date de 1978, est bien plus "flippante"...

Dans ce roman policier, il n'y a au départ pas d'histoire. Juste des souvenirs. Des doutes. Des faits.
Rosemary s'est suicidée l'année précédente. Mais Georges, son mari, a reçu des lettres anonymes affirmant qu'elle a été assassinée. Iris, la sœur de Rosemary, est devenue riche par la mort de sa sœur. Stephen Farraday, habile politicien, était l'amant de Rosemary. Sandra, sa femme, était-elle au courant ? Et quel est le rôle du mystérieux Anthony Browne, autre intime de la défunte ? Et il y a aussi Ruth, la précieuse secrétaire de Georges qui semble bien être tombée amoureuse de son patron...
Tous les personnages de ce récit avaient une raison plus ou moins évidente de vouloir la mort de Rosemary. Georges essaie d'y voir clair et organise un dîner au même endroit que celui au cours duquel sa femme a bu le poison mortel. Mais le dénouement de ce dîner ne sera pas du tout celui auquel il s'attendait !

Ce roman m'avait déjà impressionnée, plus jeune, lorsque je l'avais lu pour la première fois. L'intrigue est simple, limpide même, une fois qu'on arrive au dénouement. Tout le talent d'Agatha Christie consiste à donner la réponse dès le début, en la noyant dans les nœuds de l'intrigue pour mieux bluffer le lecteur à la fin de l'histoire.
Ni Miss Marple, ni Hercule Poirot dans cet opus, et pourtant, c'est grâce à la psychologie que la solution de l'énigme est trouvée. Une fois de plus, du grand art !

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1978. ISBN : 2-253-01769-8.

mercredi 9 avril 2014

Balade au bout du monde, tome 8 : Maharani, de Pierre Makyo et Eric Herenguel


Ce quatrième tome voit le dénouement (toujours provisoire) des aventures d'Arthis et d'Ariane en Inde. Karine, la tante d'Ariane, est gagnée par l'ivresse de la pulsion de vie qui est en elle, suite à l'échange de corps qui a eu lieu dans l'épisode précédent. Sous les traits d'Arthis, elle mène la guerre contre les Thugs et s'en tire très bien puisque les combats menés conduisent les A-Ka-Tha à la victoire.
Dans le même temps, Arthis, avec le corps de Karine Evans, est introduit au palais de la Maharani, femme du défunt Maharadja qui vit désormais recluse et sans héritier. Mais la Maharani est passionnée de photographie et accueille Arthis (sous l'apparence de Karine) afin qu'il (elle ?) lui apprenne la photographie. C'est lors de l'attaque du palais par les Thugs que le corps de Karine est mortellement blessé, rendant par sa mort son vrai corps à Arthis...

Ce quatrième épisode du deuxième cycle est particulièrement riche en rebondissements et pose des questions importantes sur la vie et la mort, sur leur sens, sur le bien et le mal. Ce cycle, un peu « à part » dans la série, pousse loin les questionnements et donne une profondeur au récit qui, je l'espère, ne se démentira pas par la suite !

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1995. ISBN : 2-7234-2131-7.

Balade au bout du monde, tome 7 : La Voix des maîtres, de Pierre Makyo et Eric Herenguel


Arthis, Ariane et sa tante Karine sont arrivés en Inde pour tenter de retrouver le père d'Ariane avec qui Karine avait commencé les recherches sur l'échange des consciences. À leur arrivée, Arthis tombe malade et Karine apprend à Ariane que son père est mort et qu'en tant que grand-maître de la secte A-Ka-Tha, il a été momifié. Suite à une expérience mystique dans la crypte où se trouvent les momies, Ariane apprend par la voix de son père pourquoi leurs expériences de transfert ne fonctionnent pas.
Par ailleurs, la secte A-Ka-Tha est en conflit avec la secte Kali, qui revendique la propriété du temps. Les Thugs (membres de la secte Kali) tuent Gopal, un enfant sacré A-Ka-Tha, par la bouche de qui parlent les maîtres momifiés. C'est la déclaration de guerre, mais l'intervention de Karine et d'ARthis, qui ont réussi le transfert, peut changer le cours des choses.

Ce troisième tome voit l'expérience de transfert réussie, ouvrant la porte au mal. Car c'est bien pour cette raison que le grand-maître la refuse. On entre là dans le domaine du spiritisme et de l'occultisme, et les protagonistes jouent avec des forces qui les dépassent. D'un certain côté, ce troisième tome du second cycle parle des dangers de notre monde qui cherche à contrôler la vie, la mort, et où l'homme joue à l'apprenti-sorcier. Où cela va-t-il mener les différents protagonistes ? Folie ? Mort ?

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1994. ISBN : 2-7234-1735-2.

Balade au bout du monde, tome 6 : A-Ka-Tha, de Pierre Makyo et Eric Herenguel


Après un premier tome où l'énigme est posée, ce tome-ci dévoile la réalité sur la vie des pensionnaires de la « maison de fous » tenue par la tante d'Ariane et sur ses vrais buts. Il est question, ici, de transférer des consciences, de redonner un corps à des esprits. Ce deuxième tome se termine sur une expérience dont le résultat n'est pas du tout celui qui était attendu et qui oblige en quelque sorte Ariane, dont le vrai prénom est Nella, à partir en Inde avec Arthis.
Même si la « balade au bout du monde » ne le mène pas, ici, dans le marais du premier cycle, ce bout du monde-là n'en a pas moins un rapport important avec ce qu'Arthis a vécu auparavant. Les drogues, la musique... la folie n'est jamais loin !
J'avais déjà lu ce deuxième cycle avant aujourd'hui, mais, bizarrement, il m'avait laissé moins de souvenirs que le premier. Sans doute parce qu'il est un peu « à part » dans la série ?

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1993. ISBN : 2-7234-1687-9.

Balade au bout du monde, tome 5 : Ariane, de Pierre Makyo et Eric Herenguel


Ce cycle s'ouvre sur une date et un lieu, pour la première fois depuis le début de la série. Nous sommes donc en 1990, en région parisienne, et il s'est passé cinq années depuis le retour d'Arthis et son internement à l'hôpital psychiatrique. Arthis y est toujours, mais il a brusquement recouvré la raison, sans aucune explication. Guéri, il quitte l'hôpital et tente de reprendre une vie normale en se rattachant à des bribes de son passé, dont Anne qui, entre temps, a refait sa vie. Seul, Arthis décide de quitter Paris et échoue dans une ville dont il ignore jusqu'au nom. C'est là qu'il rencontre une jeune femme brune dont l'air mystérieux le renvoie à ses propres démons. Il n'aura alors de cesse de la retrouver et d'en apprendre plus sur elle.

Ce deuxième cycle s'ouvre sur un bel espoir, celui de la normalité pour Arthis, avant que le mystère, et surtout la folie, ne le rattrapent. Le dessinateur a changé, apportant un nouveau style, un autre mouvement et un autre rythme à la série, sans trahir pour autant les quatre premiers tomes. Dans la première partie, on retrouve bien les personnages et ce n'est qu'après le départ d'Arthis qu'on entre plus avant dans l'univers d'Herenguel.
Comme dans le premier cycle, on ignore ici le prénom de la jeune femme brune qui fait battre le cœur d'Arthis. Et le mystère s'épaissit jusqu'à la dernière page !

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1992. ISBN : 2-7234-1543-0

lundi 7 avril 2014

L'Homosexualité en vérité, de Philippe Arino


Lors des débats sur le projet de loi permettant l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe, je suis tombée plusieurs fois sur le site de Philippe Ariño et son propos m'avait beaucoup intéressée dans la mesure où il apportait des éléments importants pour moi, qui ne connais pas grand-chose à l'homosexualité (il faut bien avouer ses lacunes !).
J'ai donc ouvert cet ouvrage avec une grande curiosité. C'est un livre très court (95 pages), construit en trois parties sous forme de questions-réponses.
Dans la première partie, l'auteur s'attache à définir l'homosexualité ("L'homosexualité, qu'est-ce que c'est et que dit-elle de moi ?"), dans la seconde partie, il aborde plus particulièrement la question du désir homosexuel ("Que faire du désir homosexuel si je le ressens en moi de manière persistante ?"). Enfin, dans la troisième partie ("Si je suis croyant et homo, comment je fais ?"), il replace l'homosexualité dans la perspective catholique et montre que, malgré ce que l'on en dit en général, l'Église a un chemin de sainteté à proposer à chacun, y compris aux personnes homosexuelles (que donc, elle ne voue pas à l'enfer et qu'elle ne rejette pas, loin de là).

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage, même si, parfois, il est quelque peu ardu pour quelqu'un qui ne connaît rien à l'homosexualité. Il aborde de manière assez pointue ce qu'est l'homosexualité, mais ce qu e j'ai vraiment apprécié, c'est que l'auteur, bien qu'homosexuel lui-même, ne rentre pas dans le politiquement correct en cachant la réalité du vécu chez les personnes homosexuelles. Il parle aussi bien des tabous que des difficultés rencontrées, en se basant non seulement sur sa propre expérience, mais aussi sur les rencontres et les connaissances qu'il a dans le "milieu homosexuel"; Il s'agit donc d'observations de l'intérieur sur une longue période, et non pas d'une enquête d'opinion à un instant "t" dans le contexte du vote de la loi sur le mariage.

Si les observation de Philippe Ariño dans les deux premières parties ne semblent pas très réjouissantes, la dernière partie, elle, est très positive et optimiste. Elle ouvre un autre chemin que celui que montre la société dans son ensemble qui, en autorisant les homosexuels à être "comme tout le monde", finit par les enfermer dans leur différence alors qu'une personne ne peut pas se limiter à son orientation sexuelle. Le chemin mis en lumière par l'auteur, et proposé par l'Église, celui de la continence, sublime en quelque sorte le désir homosexuel et rend à la personne sa dignité d'être humain, fils ou fille de Dieu. C'est finalement un chemin de vie, fécond lui aussi, mais d'une tout autre manière que ce que l'on entend habituellement par "fécondité" (le fait de pouvoir avoir des enfants).
L'auteur ne mâche pas ses mots, il écrit comme il parle et le propos est fort, dérangeant, sans concessions ni états d'âme. Et il est courageux dans la société d'aujourd'hui qui n'hésite pas à taxer d'homophobie toute personne dont le discours n'est pas conforme au "diktat" égalitariste des lobbys LGBTI. Rien que pour entendre un autre son de cloche, ce livre est à lire absolument.

Paru aux éditions Frédéric Aimard Editeur, 2012. ISBN : 978-2-9536078-8-8.

samedi 5 avril 2014

Balade au bout du monde, tome 4 : La Pierre de folie, de Pierre Makyo et Laurent Vicomte


Le dernier tome de ce premier cycle est celui d'un dénouement... tout provisoire. Dans le royaume de Galthédoc, rien ne va plus. Argon, le fils bâtard du roi, épouse la jeune femme brune... juste avant que celle-ci ne soit délivrée par Arthis, Anne et Joachim. Ds lors, les luttes de pouvoir et de légitimité se mettent en place.
Argon a mis au point un plan pour s'emparer du pouvoir, le jour de la fête du renouvellement, qui doit voir le roi en place lutter symboliquement contre ses dix meilleurs chevaliers afin de prouver au peuple qu'il est toujours le plus fort. C'est également ce jour-là que Joachim et ses alliés choisissent pour faire évader "Grand Pays", leur reine, de la prison des femmes où elle est enfermée depuis des années. La royauté finit par être restaurée, au prix de la mort de l'ancien roi devenu fou.
Mais ce tome est aussi celui qui voit Arthis perdre la raison, à cause de la pierre de folie avec laquelle il a été mis en contact par erreur. On le retrouve donc au Grand Pays, à Paris, dans une cellule d'un hôpital psychiatrie, et c'est par son récit au médecin qui tente de le soigner qu'on apprend ce qui lui est arrivé. C'est dans ce tome aussi qu'apparaît Rabal, petit homme étrange que l'on verra dans les cycles suivants prendre une part plus importante à l'intrigue.

Ce cycle est bien clos... et pourtant, il ouvre la voie au suivant, puisqu'Arthis est fou, et que la jeune femme brune, après avoir été mariée contre son gré à Argon, est maintenant considérée comme l'épouse de Joachim alors qu'elle ne souhaite que rentrer dans son monde à elle, le Grand Pays... Sans user de machines à voyager dans le temps, Makyo et Vicomte ont su créer, avec ce premier cycle, les bases d'un monde parallèle avec ses lois et règles propres, ses mythes et ses croyances, ses malédictions... Du grand art !

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1988. ISBN : 2-7234-0982-1.

Balade au bout du monde, tome 3 : Le Bâtard, de Pierre Makyo et Laurent Vicomte


Dans ce troisième tome, Arthis et Anne sont en route pour Galthédoc, petit royaume médiéval coupé du monde extérieur depuis des siècles, caché au cœur du marais du « bout du monde ». Cette fois-ci, l'histoire est de narration double avec d'un côté Arthis cherchant l'entrée du royaume et, de l'autre, Argon, le fils bâtard du roi et les trois princes alliés qui tentent de prendre le pouvoir. On en apprend ainsi beaucoup plus sur ce petit royaume, en particulier l'histoire de son actuel roi, mais aussi sur la place et le rôle des femmes.
Arthis, aidé de Joachim, l'un des villageois, finit par entrer dans le royaume. Il y retrouve la jeune femme brune dont il avait parlé à Argon. Le piège se referme, le mystère s'épaissit...

Le dessin de Vicomte évolue à chaque tome. Plus précis, plus beau que dans le premier volet du cycle, il donne une grande épaisseur au récit. Ce tome est moins noir que les deux précédents, mais la violence y est plus présente, plus sournoise aussi. Comme si la pire des violences n'était pas celle que l'on voit.

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1985. ISBN : 2-7234-0738-1.

Balade au bout du monde, tome 2 : Le Grand pays, de Pierre Makyo et Laurent Vicomte


Dans ce deuxième tome, l'histoire reprend là où elle s'était arrêtée, ou presque. Arthis et ses compagnons d'infortune creusent un tunnel pour s'échapper. Ils finissent par voir la lumière et débouchent... dans une autre prison, presque identique à la leur, si ce n'est qu'elle est habitée par des femmes.
Les scènes suivantes sont violentes, dures. Et Arthis retrouve la jeune femme qui avait disparu en même temps que lui. Il apprend aussi l'existence de "Grand Pays", une vieille femme qui semble en savoir assez long sur les raisons de leur emprisonnement. Depuis la prison des femmes, Arthis parvient à s'échapper. Il arrive dans un château médiéval et découvre avec stupeur un monde qui vit au Moyen-Age.
Aidé du fils du souverain, à qui il raconte son épopée, il finit par réussir à quitter le petit royaume de Galthédoc et rentre à Paris.

Dans ce deuxième tome, Laurent Vicomte excelle dans les ambiances. Morbide dans les prisons (les personnages ont l'air plus morts que vivants), vivante en surface et rassurante à Paris, cette atmosphère donne à ce tome un goût de cauchemar qui permet de se poser la question : Et si Arthis n'avait fait que rêver ?

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1984. ISBN : 2-7234-0740-3.

Balade au bout du monde, tome 1 : La Prison, de Pierre Makyo et Laurent Vicomte


Arthis est photographe. Il ère dans les rues de la grande ville, sous la pluie, comme hanté par ce qu'il vient de vivre. Line, qu'il n'a plus vue depuis une semaine, le croise par hasard et tente de comprendre ce qu'il a fait tout ce temps. C'est là qu'il lui parle du marais "au bout du monde" et qu'il la laisse là, une nouvelle fois, seule, sur le trottoir.
Hanté par les brumes du marais, Arthis reprend sa voiture et y retourne aussi vite que possible. À son arrivée, il croise une jeune femme, photographe elle aussi, ainsi qu'un vieux médecin à la recherche de son fils, disparu dans le marais dix ans auparavant.
Le lendemain, Arthis se rend dans le marais, où il entrevoit la jeune femme aperçue la veille, juste avant que tout ne bascule. La jeune femme est attaquée par des hommes en armure, semble-t-il. Il tente de se porter à son secours mais est attaqué à son tour. À son réveil, il est en prison, entouré d'une multitude d'autres hommes, comme lui prisonniers et, comme lui, ignorant totalement par qui et pour quelle raison.
Pour survivre, ces hommes se sont organisés. Ils ont mis en place des rites, une religion, une hiérarchie... et des clans qui s'affrontent régulièrement. Arthis, lui, ne veut qu'une chose : s'évader et retrouver la jeune femme disparue dans le marais.

J'ai découvert cette "Balade" il y a des années. Promue au rang de best-seller de la bande dessinée, ce tome est en réalité le premier du premier cycle de la série qui en compte quatre aujourd'hui. Ce premier cycle est dessiné par Laurent Vicomte, l'auteur et le dessinateur de Sasmira (tome 1). Cet album a plus de trente ans, et pourtant l'atmosphère qu'il dégage est toujours aussi forte. C'est sans doute là que l'on reconnaît le talent du dessinateur et du scénariste...

Paru aux éditions Glénat (Caractère), 1983. ISBN : 2-7234-0741-1.

jeudi 20 mars 2014

Princesse Sara, tome 6 : Bas les masques ! de Audrey Alwett et Nora Moretti


Dans ce nouvel opus, Sara a réussi à se faire embaucher à l'usine Delatour comme ingénieur, sous le nom d’Émilie Saint-John. Elle y côtoie Léopold, le petit-fils du propriétaire de l'usine, qui ne tarde pas à tomber amoureux d'elle. La maladresse de Léopold amuse Sara, qui se plie à une bonne part des caprices du jeune homme au point de se mettre parfois dans l'embarras.
Mais Léopold n'est pas le seul à lui compliquer la vie. En effet, plusieurs femmes de la haute société de Pondichéry voient d'un mauvais œil les relations entre Émilie et Léopold, le meilleur parti de la ville. De plus, James et son frère Donald, amis d'enfance de Sara, sont eux aussi arrivés en ville, compliquant encore un peu le tableau. Enfin, un tigre est aperçu en ville, ce qui ne simplifie pas les choses...

Ce tome m'a un peu laissée sur ma faim. La part laissée aux intrigues et aux mesquineries des femmes qui veulent mettre le grappin sur Léopold m'a semblé un peu trop importante. Par ailleurs, le style graphique, tout en étant le même que dans les volumes précédents, m'a semblé plus "manga"... C'est assez difficile à expliquer parce que cet aspect ne m'a absolument pas gênée dans les volumes précédents. Ici, j'ai eu l'impression que Nora Moretti "bâclait" quelque peu le travail, notamment dans les expressions des personnages (c'est un peu trop stéréotypé à mon goût, quoi). Du coup, j'ai été un peu déçue par l'aspect graphique, alors que c'est précisément ce point qui me semblait très beau dans les autres volumes. Allez comprendre...
Toujours est-il que cet album, tout en faisant avancer l'intrigue, m'a un peu moins convaincue que les précédents. J'attends toutefois la parution du tome suivant avec une certaine impatience : le lecteur y retrouvera une vieille ennemie de Sara : Lavinia !

En bonus : il y a un détail que j'aime beaucoup dans cette série : les pages de garde sont constituées de crayonnés faisant partie intégrante de l'histoire ! C'est le genre de "détail" que j'apprécie grandement.

Paru aux éditions Soleil (Blackberry), 2013. ISBN : 978-2-302-03628-4.

mercredi 19 mars 2014

Princesse Sara, tome 5 : Retour aux Indes, de Audrey Alwett et Nora Moretti


Dix ans après la fin du premier cycle, nous retrouvons Sara Crewe et Becky sur le paquebot les conduisant en Inde, à Pondichéry. Sara espère y rencontrer Ernest Delatour, l'homme qui avait acheté l'usine d'automates de son père. Mais celui-ci ne l'entend pas de cette oreille et refuse de lui revendre l'usine, même si Sara, héritière de son père et de monsieur Carrisford (voir tome 4), pourrait la lui racheter quatre fois sa valeur.

Ce premier tome du second cycle n'a plus rien à voir (hormis les personnages) avec l'oeuvre originale de Frances Hodgson Burnett. Mais ce n'est pas plus mal, parce qu'on sent ici que l'imaginaire des auteurs se débride. On y retrouve Sara adulte aux prises non seulement avec Léopold Delatour (le petit-fils bon à rien du propriétaire de l'usine), mais aussi avec toutes les jeunes femmes de la haute société qui ne veulent qu'une chose : découvrir qui est Sara. Il faut dire que la jeune femme garde l'anonymat afin de pouvoir s'employer incognito comme ingénieur à l'usine Delatour.

Ce nouveau cycle s'ouvre de manière prometteuse. On y retrouve les dessins de Nora Moretti qui dévoile une Inde aux paysages magnifiques et enchanteurs. Mais, plus que cela, j'ai beaucoup apprécié l'accent mis sur les automates. Cet élément avait été introduit dans les quatre premiers tomes sans être beaucoup plus exploité qu'à travers le personnage d'Amélia, la soeur de Miss Minchin dans le roman, transformée en automate dans la bande dessinée. Ici, cet apport à l'oeuvre originale trouve son développement et son intérêt, faisant de cette histoire une aventure bien plus intéressante que le seul retour en Inde d'une petite fille riche. Une bande dessinée à lire, belle graphiquement et inventive !

Paru aux éditions Soleil (Blackberry), 2012. ISBN : 978-2-302-02412-0.

lundi 17 mars 2014

La Malédiction des Templiers, de Raymond Khoury



La Malédiction des Templiers est la suite du Dernier Templier. On y retrouve Tess Chaykin et Sean Reilly aux prises avec un dangereux terroriste Iranien, sur les traces d'un trésor templier vieux de plusieurs siècles. Leur quête les conduit de Rome à la Turquie et, tout comme dans le premier volume, elle sera plus que mouvementée.
Le récit est toujours aussi prenant, rythmé et efficace. Aucun temps mort ne vient ralentir l'action et le méchant est toujours un bon, un vrai méchant.
Il y a cependant dans ce livre un élément qui, tout comme dans le premier tome (où il était présent aussi, mais moins gênant à mon avis) a quelque peu parasité ma lecture. Il s'agit du discours convenu sur la véracité des textes bibliques. Alors bien sûr, toute l'intrigue est construite sur ce point. Mais l'auteur, par l'intermédiaire du personnage de Tess, a un discours à propos de la foi qui m'a dérangée. En gros, Tess met tous les croyants dans le même sac et soutient qu'ils ne veulent pas voir la vérité en face, à cause de leur foi. Le contenu du trésor des Templiers ne changera donc rien, pour eux. Mais pour les autres, "pour tous ceux qui, comme nous, cherchent une meilleure compréhension des racines de la foi, ceux d'entre nous qui sont curieux de leur histoire et de la façon dont nous sommes devenus ce que nous sommes... Il y a là amplement matière à réflexion." (p. 635).
Ce qui me gêne, là, c'est l'opposition binaire ("ceux qui" vs "ceux qui, comme nous"), renvoyant les premiers à l'obscurantisme religieux dont a priori ils ne veulent pas sortir (ce qui met d'entrée de jeu les croyants dans l'obscurantisme alors que, pour la croyante que je suis, il n'y a pas d'obscurantisme de ce point de vue là) et les seuls seconds à la recherche de la vérité. Ce n'est pas tant la thèse elle-même qui me gêne (les croyants seraient des suiveurs aveugles de la doctrine édictée depuis des siècles par la méchante Eglise qui a tout intérêt à garder ses ouailles dans l'ignorance de l'histoire de la foi) que la méconnaissance de la foi que cela suppose de la part de l'auteur. Sous des dehors de tolérance et de respect, l'impression qui me reste à la fin de ma lecture est celle d'un grand mépris pour les croyants. Mais, finalement, ce livre est à l'image de celle qu'a la foi dans notre monde sécularisé. Il est juste dommage, à mon avis, que l'auteur, qui fait preuve par ailleurs d'une très grande culture et d'une richesse impressionnante dans la recherche et la documentation n'ait, finalement, que la basique vision du monde à propos de la foi catholique, alors qu'en cherchant un peu, en creusant davantage, il aurait peut-être pu en montrer la beauté et la complexité, les nuances qui, loin d'enfermer l'homme dans la doctrine, le libèrent. Au moins évite-t-il quand même la réécriture de l'histoire...
Ceci dit, malgré ce bémol, j'ai passé un très bon moment de lecture.

Paru aux éditions Pocket, 2011. ISBN : 78-2-266-21395-0.

samedi 22 février 2014

Le Dernier Templier, de Raymond Khoury


Les trésors du Vatican sont exposés au Metropolitan Museum de New York. Le soir de l'inauguration en grande pompe et devant tout le gratin new-yorkais, quatre chevaliers, tels les quatre cavaliers de l'Apocalypse, entrent dans le musée (à cheval), y saccageant les vitrines et dérobant nombre d'objets précieux et sèment la mort autour d'eux. L'agent spécial Sean Reilly, du FBI, est chargé de l'enquête durant laquelle il rencontre Tess Chaykin, une archéologue qui se trouvait aux premières loges au moment de l'assaut. Les équipes d'enquêteurs sont également aidées par un prêtre dépêché par le Vatican, afin d'assurer aux deux parties toute la transparence et l'accès aux informations nécessaires à l'enquête. Celle-ci va s'avérer bien plus complexe qu'un simple cambriolage qui aurait mal tourné. Reilly et son coéquipier suivent en effet une piste jonchée de cadavres qui va les emmener bien au-delà du New-York du XXIe siècle.

Je suis tombée sur ce roman chez une amie, un peu par hasard. Et si le « hasard » m'a attirée vers lui, c'est parce que mon cher mari m'avait déjà offert le tome 1 de la bande dessinée qui a été tirée de ce roman. Sauf que qui dit « tome 1 » dit aussi « tome 2 », et celui-là, je ne l'avais pas lu. J'ai donc bénéficié d'une sorte de « virginité » à la lecture de ce roman, et j'avoue avoir marché à fond.

En effet, ce livre rassemble nombre d'ingrédients efficaces en ce qui me concerne : aventure, intrigue policière, de vrais méchants bien méchants, juste assez de complexité dans l'intrigue pour intéresser et attiser la curiosité du lecteur sans pour autant lui donner l'impression d'être trop bête pour ne rien y comprendre ou trop intelligent pour tout comprendre avant la fin. En plus, c'est plutôt bien documenté, donc réaliste et plausible, même si le déroulement de l'intrigue m'a souvent titillée (dans le genre « bon sang... ils ne peuvent pas sortir de la théorie du complot en ce qui concerne l'Eglise et le Vatican, là ? »). Finalement, le personnage de Sean Reilly est plutôt convainquant avec ses questions et ses convictions qui ressemblent à celles de tout croyant honnête. Du coup, je l'aime bien, l'agent du FBI !

Sur la forme, maintenant, le rythme de l'écriture et du récit est conforme aussi à l'exigence d'efficacité du genre : des chapitres courts, descriptifs sans excès, une écriture très accessible... On n'est pas dans de la grande littérature, mais ce type d'ouvrage, finalement, ne s'y prête pas non plus : ce n'est pas ce qu'on attend d'un bon roman policier ! Pour ma part, j'attends juste qu'il soit bien écrit, prenant, qu'il me permette de m'évader et de passer un bon moment. Pari réussi pour celui-ci en tout cas !

Paru aux éditions Pocket, 2008. ISBN : 978-2-266-17154-0.

mercredi 5 février 2014

Knock, de Jules Romains


« Une des pièces de théâtre les plus célèbres de Jules Romains » dit la 4e de couverture.
Diantre. Rien que ça.
Alors voilà, le théâtre, d'habitude, ce n'est pas trop mon « truc ». À part Molière, peut-être. Une amie m'a prêté celui-ci, et franchement, j'ai beaucoup aimé !

Knock arrive dans la ville de Saint-Maurice où le Docteur Parpalaid lui a vendu sa clientèle (aujourd'hui, on dit plutôt « patientèle », mais bon) avant de partir s'installer à Lyon.
Saint Maurice, c'est une ville où les gens se portent bien, vivent sainement et ont rarement besoin d'un médecin, si ce n'est en cas d'épidémie. Knock arrive donc dans un endroit sinistré du point de vue médical, mais il a décidé de ne pas s'en laisser compter et de déployer de grands moyens pour y développer son activité. Il s'assure les concours du pharmacien et de l'instituteur pour apporter aux bonnes gens de la ville les bienfaits de l'hygiène et de la médecine.
C'est très, très drôle. Knock, en moins de trois mois, à l'aide de consultations gratuites le lundi matin, réussit le tour de force de mettre toute la ville au lit, ou presque. À tel point qu'il doit transformer l'hôtel de la ville en hôpital.
Dans cette pièce, Jules Romains dénonce la médecine-industrie, Knock allant jusqu'à provoquer lui-même les faiblesses et les maladies de ses patients, se rendant ainsi indispensable à tous et ne gardant sur pieds que ceux qui sont chargés de la bonne marche de son entreprise : le pharmacien, l'instituteur et la propriétaire de l'hôtel avec sa bonne transformée en infirmière pour l'occasion. Le changement est radical dans la ville et prouve que, quand on cherche, on finit par trouver. C'est juste... jouissif !
Il est question ici de l'intérêt du patient, mais aussi et surtout de l'intérêt du médecin et de son portefeuille. Mais Knock travaille, lui, pour une tout autre cause : l'intérêt de la médecine ! Selon ses dires, il s'agit donc là d'une entreprise désintéressée de sa part, ayant pour but de faire avancer la médecine jusque dans les coins reculés.
Euh... Pourquoi n'ai-je pas lu cette pièce de théâtre auparavant ?

Paru aux éditions Gallimard (Folio), 2006. ISBN : 2-07-036060-1.

samedi 1 février 2014

Fioretti de la Vierge Marie, de Frère Albert Pflerger



Ce livre est un recueil de témoignages (encore un !) où l'on observe l'intervention incessante de Marie tout au long du XXe siècle. Alors, bien sûr, au 19e, il y a eu Lourdes, Paris ; en 1917, Fatima. Les grandes apparitions, les guérisons, les miracles. Ici, rien de spectaculaire. Juste des petites choses au quotidien, des interventions discrètes de Marie auprès de ceux et celles qui sollicitent son aide et son secours.
Marie, mère attentive et aimante, veille sur ses enfants et leur apporte son aide à chaque fois qu'elle lui est demandée. Il y a une histoire qui m'a fait beaucoup rire, que je retranscris ici, tant elle me paraît à la fois incroyable et simple, tant elle me parle aussi de la relation qui existe entre une mère et son Fils et l'obéissance que le Fils doit à sa mère. Ce qui me fait aussi penser que pour être sûr de voir Jésus répondre aux prières, le mieux est peut-être de demander à Marie de lui déposer nos demandes. Tel un fils obéissant, Jésus ne peut rien refuser à sa mère !

À Lourdes, un prêtre signe avec l'ostensoir les petits handicapés. Il vient de bénir l'un d'eux et s'apprête à passer au suivant ; il entend alors l'enfant qui regarde fixement l'Eucharistie :
- Tu ne m'as pas guéri, je le dirai à ta mère !
Le prêtre reste coi un instant et revient vers l'enfant pour le bénir à nouveau. À la fin de la bénédiction, l'enfant guérit.
p. 50.

Paru aux éditions Ephèse Diffusion, 1997 (réédité en 2013). ISBN : 2-9511592-1-8.

mercredi 29 janvier 2014

Le Clan des Otori, I : Le Silence du Rossignol, de Lian Hearn


Au XIVe siècle, dans un Japon médiéval mythique, divers clans et communautés vivent plus ou moins paisiblement. Le Clan des Tohan, entraîné par son chef Iida, a décidé de s'emparer du pouvoir et des terres de ses voisins et ue pour cela de toutes les ruses, bassesses et machinations possibles.
Takeo vit paisiblement dans une communauté qui condamne la violence. Mais ses parents et toute la communauté sont massacrés par les hommes d'Iida. Sauvé par Shigeru, Seigneur du Clan des Otori, il n'a d'autre choix que de le suivre.

Plusieurs tomes suivent celui-ci, et je ne les ai pas encore lus. Mais je tenais à écrire ce billet avant de lire la suite, pour garder intacts les sentiments et ressentis à la lecture, sans les voir parasités par la suite de l'histoire.
Tout d'abord, l'intrigue est prenante, bien montée et bien écrite. Pas de temps morts inutiles dans le récit : toutes les « pauses » dans la quête de Takeo, du point de vue de l'action,s ont utilisées pour entrer plus avant dans les personnages et leurs relations. On en apprend ainsi beaucoup (mais pas tout non plus) sur les origines de Takeo, sur les liens entre les clans, sur les luttes de pouvoir, les guerres du passé.
Un roman d'aventures sans temps morts, donc, épique et dramatique, héroïque sans mièvrerie ou sentimentalisme déplacé : même les femmes sont des personnages clés du récit, quasiment des guerrières elles aussi, par choix ou par obligation. Il est ici question d'honneur, de courage, d'abnégation. On est loin de l'individualisme à tout crin qui a envahi nos sociétés : ici, une vie de Seigneur se conçoit a minima dans le sens de l'honneur et de la pérennité du Clan.
Ce n'est donc que le début de l'histoire, et je ne veux pas trop en dire pour ne rien dévoiler de l'intrigue à ceux qui n'auraient pas encore lu ce roman. En tout cas, il fait partie de ceux que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher en cours de lecture, ne serait-ce que pour aller dormir...
Vite, où ai-je mis le tome 2 ?

Paru aux éditions Gallimard (Folio), 2002. ISBN : 978-2-07-030258-1

mardi 21 janvier 2014

Stupeur et tremblements, d'Amélie Nothomb


Vous le savez maintenant, je suis très sensible aux livres bien présentés, en coffrets, ou alors avec un joli marque-page... Celui-ci ne fait pas exception. J'ai "craqué" à cause du coffret uniquement. J'avais déjà lu ce livre, mais, que voulez-vous, quand un roman se présente comme un cadeau...
On ne présente plus Amélie Nothomb, bien sûr. Stupeur et tremblements, c'est le récit de son expérience dans une grande entreprise japonaise, un contrat de travail d'un an où elle passe du statut de stagiaire en bas de l'échelle au poste dégradant de "dame pipi" à son étage.
J'ai littéralement dévoré ce livre. C'est court, bien écrit, dynamique sans aucun temps mort. On y rencontre une Amélie-San qui fait de son mieux pour répondre aux demandes de son employeur et met tout son cœur à l'ouvrage.
Amélie parle Japonais, elle a vécu dans le pays durant son enfance et connaît plutôt bien la mentalité des japonais. Mais il y a visiblement des choses qu'elle ne connaît pas encore, ou pas assez, parce qu'elle arrive assez vite à se mettre dans des situations totalement ubuesques, cocasses, ridicules, humiliantes, même, à tel point que je me suis demandé comment elle avait pu "tenir" un an sans devenir folle. A moins bien sûr qu'elle ne le soit déjà, ce qui expliquerait bien des choses (notamment cette scène d'anthologie où elle passe la nuit seule au bureau et finit sous la poubelle... qu'est-ce que j'ai pu rire !). Parce que ce récit, en plus, est à la première personne. Alors on a droit à tout : à ses réflexions personnelles et intérieures, à ses questionnements, à ses doutes, mais, surtout, à ses raisonnements et au pourquoi de ses réactions. Et c'est simplement hilarant !

Pour ma part, j'ai donc beaucoup ri, mais j'ai surtout admiré la capacité de l'auteur à rire d'elle-même. Et c'est peut-être là ce qui l'a "sauvée" ?
Vous l'aurez compris, j'ai vraiment dégusté ce livre, un peu comme une friandise que l'on goûte et re-goûte, juste pour le plaisir.

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 2007. ISBN : 978-2-253-12374-3.

samedi 18 janvier 2014

La Porte des enfers, de Laurent Gaudé



A Naples, en 1980, Matteo et son fils Filippo sont en retard pour l'école. Sur le chemin, ils sont pris dans une fusillade. Matteo est indemne, mais Pippo ne se relève pas.
En 2002, Pippo, adulte, retrouve son meurtrier et accomplit le désir de vengeance de Giuliana, sa mère, qui a un jour demandé à Matteo de lui ramener son fils ou, au moins, la tête du meurtrier.

De Laurent Gaudé, j'avais déjà lu Eldorado et Pour seul cortège. J'avais beaucoup entendu parler de La Porte des enfers mais le titre m'avait arrêtée. Après cette lecture, je reste mitigée. On n'est pas là dans la mythologie, dans l'Egypte ancienne. On est à Naples, au XXIe siècle. J'ai été quelque peu gênée, heurtée même, par le fonds du récit. Il est écrit comme une épopée, une quête, presque identitaire et qui se veut sans doute mythique. Matteo tente de venger son fils puisq'il ne peut pas le ramener à la vie. Mias il n'arrive pas non plus à tuer de sang froid. Après le départ de sa femme, il se perd dans l'errance nocturne à Naples. Il y rencontre un vieux curé, un professeur raillé de tous, un transsexuel et un patron de café. Le Professeur Povolone tient d'étranges discours sur l'Au-delà, prétendant savoir où se trouve l'une des Portes pour entrer en Enfer. Matteo décide d'aller y chercher son fils puisqu'il n'a pas pu tuer le meurtrier.

J'ai été interpellée par cette vision très glauque de la mort, qui va totalement à l'encontre de toutes mes convictions. Ici, point de salut. Les morts vont en Enfer, quels qu'aient été leurs actes de leur vivant. Ici, pas de Dieu, pas de purgatoire ou de paradis. Pas d'espérance ni d'échappatoire. La mort n'est qu'éternité de souffrances et de désespoir.
Je n'ai lu ce roman jusqu'à la fin que parce que je voulais savoir ce qui arrivait à Pippo, à Matteo et à Giuliana. Mais ce roman est noir, très noir, et ne laisse aucun espoir. La mort, la destruction, la folie... tout est désespérant. Heureusement que le récit est bien construit et que l'auteur écrit très bien. Mais ce n'est certainement pas un livre à lire quand on a le moral en berne !

Paru aux éditions Actes Sud (Babel), 2010. ISBN : 978-2-7427-9114-9.

mardi 14 janvier 2014

Avec Dieu rien d'impossible, de Kathryn Kulhman



Dix neuf chapitres, autant de témoignages de guérisons miraculeuses. Kathryn Kulhman semble avoir été très connue, aux USA en particulier, dans les années 60 et 70. J'avoue que c'est la première fois que j'entends parler d'elle. Mais finalement, peu importe parce que, comme elle le dit elle-même, elle n'a aucun pouvoir de guérison. C'est l'Esprit-Saint qui guérit. Donc Dieu.

Je suis d'autant plus intéressée par ce livre que j'ai moi-même bénéficié de ce type de guérison. On est là dans ce que certains appelleront peut-être le "surnaturel" ou la "magie", mais pour moi, il n'y a rien ici de magique. Simplement la main de Dieu qui touche celui ou celle qui Le cherche sincèrement et Lui fait totalement confiance. En fait, le "secret" semble simple. Il "suffit" de Lui confier sa vie, de la Lui abandonner sans arrière-pensée et de Le laisser nous guider.
Ca a l'air simple, mais encore faut-il y parvenir. Parce que, pour l'avoir expérimenté, je peux dire qu'il faut avoir tout essayé, avoir épuisé toutes les autres solutions et être au trente-sixième dessous pour laisser Dieu aux commandes de sa vie. C'est ça la foi : faire confiance. Croire que Dieu peut tout et qu'Il a déjà guéri et exaucé les prières. Alors Il peut agir. Et Il donne alors sans compter.

Ce livre est un livre de témoignages. Ils semblent extraordinaires. Et pourtant, si on voulait bien Le laisser agir, combien d'autres pourrait-Il en faire ?

Paru aux éditions Omega International, 1994. ISBN : 2-84154-015-4