jeudi 12 février 2015

Arraché à l'enfer : la résurrection d'un toxico, de Laurent Gay



Ce livre m'a été prêté par une amie et sur le coup, je n'ai pas eu tellement envie de le lire. Trop « toxico » à mon goût. Témoignage sur la drogue et la sortie de la drogue (oui, ça existe !), encore un... non, vraiment, je n'avais pas envie de le lire. Et puis, sans trop savoir pourquoi, finalement, je l'ai ouvert et n'ai plus été capable de le lâcher. L'histoire de Laurent Gay commence on ne peut plus banalement. Un enfant de 8 ans, victime, comme tant d'autres, de harcèlement à l'école. Un « grand » qui lui pique d'abord son goûter, puis le rackette franchement... jusqu'à ce que Laurent décide un jour que ça n'irait pas plus loin. Un coup de boule dans la tête du « grand » qui le terrorisait et s'en fut fini du racket. Mais ce ne fut que le début de la descente aux enfers du « petit » Laurent qui se tailla bien vite une réputation de caïd dans sa banlieue. Avec sa bande de copains, plus rien ne l'arrête (cambriolages, vols, agressions...) à l'exception de deux choses : on ne s'attaque pas aux femmes et aux enfants.

L'enfant qu'il était grandit, rencontre assez vite le cannabis et se fait renvoyer de plusieurs établissements scolaires. Petit à petit, il plonge dans la délinquance ordinaire. Sa rencontre avec le cannabis, véritable « porte d'entrée » vers la drogue dure et le grand banditisme, l'amènera à voler de plus en plus souvent pour obtenir sa dose quotidienne, puis à tuer. Il se constitue prisonnier, est incarcéré... et tout change à ce moment-là. Non pas parce que la prison l'a changé (ce serait plutôt le contraire qui se passe la plupart du temps et qui aurait pu se passer là aussi), mais parce que du fond de sa cellule et de son désespoir, Laurent « rencontre » Dieu, qui le sauve. Il lui demande tout, sachant que seul, il ne peut rien.
Après sa sortie de prison, malgré cette rencontre, il replonge dans la drogue et cumule les ennuis de santé (sida, hépatite...) qui vont l'amener à entamer une cure de désintoxication et à accepter une hospitalisation. Durant laquelle une autre rencontre va compléter la première et le mener sur un chemin de lumière.

Ce témoignage peut paraître incroyable. Pour beaucoup, ces « rencontres » ne seront que le fruit du hasard, de la chance ou autres (mais Dieu se sert des hommes, de nos propres mains, pour agir), et certains verront dans sa « résurrection » comme il l'appelle lui-même le fruit de sa propre volonté ou de la force de son psychisme. Et pourtant ce serait méconnaître ce témoignage, car Laurent le dit lui-même : seul, il n'aurait rien pu faire. Le piège de la drogue est tellement puissant qu'il faut bien plus que la volonté (inexistante d'ailleurs chez un toxico) pour s'en sortir. Pour moi, ce témoignage corrobore ce que j'ai déjà vécu : Dieu prend soin de ses enfants, si tant est que ses enfants Lui demandent de veiller sur eux. Il suffit de demander, parfois, il est vrai, avec insistance, pour être exaucé. Faire confiance. Confiance en Dieu, en la Vie, qui est plus forte que la mort et que le Malin.

Ce petit livre se lit très vite et il est édifiant. Il m'a permis de comprendre diverses choses, comme par exemple le fait que l'orgueil humain fait toujours croire qu'on est capable de s'en sortir seul, par sa propre volonté. Ou qu'on est plus fort que l'adversité. Alors qu'en fait, il faut bien admettre que, seul, face au Mal, il peut être difficile d'en sortir vivant. Seul Dieu sauve. Pour peu qu'on veuille être sauvé et qu'on fasse appel à Lui... Un livre à lire d'urgence quand on voit l'état du monde aujourd'hui...


Éditions des Béatitudes, 2007. ISBN : 978-2-84024-284-0.

mardi 3 février 2015

La Patrouille des Castors, l'intégrale tome 5, 1968-1975, de Michel Tacq et Jean-Michel Charlier



Mes enfants ont découvert cette série il y a deux ans, totalement par hasard. Suite au décès de l'une de mes grand-tantes, nous avions récupéré chez elle, à la demande ses enfants, un carton de livres qui auraient, au mieux, fini chez Emmaüs. Dans ce carton, une bande dessinée très abîmée : un exemplaire d'une édition originale du tome 2 de la série La Patrouille des Castors, intitulé Le Disparu de Ker-Aven. Suite à cette découverte, mon second a farfouillé dans les bacs de la bibliothèque de l'école et y a découvert d'autres volumes de la série : La Bouteille à la mer, Le Trophée de Rochecombe, Le Hameau englouti, Le Traître sans visage, La Couronne cachée, et, enfin, Le Fantôme.
Pour Noël, mon second a donc, fort logiquement, demandé un album de la série, qu'apparemment on ne trouve plus qu'en version intégrale. Son parrain a eu du mal, mais il a finalement pu trouver le seul volume où les quatre aventures racontées ici étaient inconnues de mes trois aînés.
En réalité, l'intégrale 5 regroupe bien quatre albums, mais ce sont en fait deux diptyques : Le Pays de la mort et Les Démons de la nuit, qui raconte une aventure se déroulant en Afrique, où un pays se trouve étrangement condamné à la famine suite à la mort subite de sa flore et de sa faune ; d'autre part, Vingt milliards sous la terre et El Demonio, une aventure se déroulant dans les Pyrénées, à la frontière espagnole, où les scouts ont décidé de faire de la spéléologie durant leur camp d'été.
Ces quatre albums sont les derniers de la série. Ils sont parus, pour le premier d'entre eux, plus de 4 ans après le précédent, à cause du planning très chargé de Jean-Michel Charlier, le scénariste, sollicité de toute part pour des projets éditoriaux et télévisuels. Il est entre autres l'auteur de la série Tanguy et Laverdure, adaptée à la télévision sous le titre Les Chevaliers du ciel, adaptation qui lui demande beaucoup de temps et le rend peu disponible pour ses autres travaux de bande dessinée, dont La Patrouille des Castors.
Du coup, entre Le Fantôme et Le Pays de la mort, qui le suit, les scouts ont grandi et ils sont désormais de jeunes gens qui forment une troupe de Pionniers, la branche aînée des scouts, où les jeunes gens portent des chemises rouges au lieu des bleues que portent les plus jeunes.

Dans le premier diptyque, les jeunes gens partent au Moanda, où le père de Faucon, l'un des cinq scouts, a été appelé en tant que biologiste, par le souverain du pays pour y enquêter sur une mystérieuse maladie qui décime les plantations et la flore en général de la plus riche du pays, véritable grenier à blé pour la population. Touché par cette mystérieuse maladie, le pays risque la famine et le roi craint d'être évincé du trône sous la pression des trusts industriels qui s'accapareraient bien les richesses du pays. Entre magie et technologie, maladie et mauvais sort, les scouts auront fort à faire pour démêler l'écheveau.

Le second diptyque voit les scouts débarquer dans le sud des Pyrénées pour un camp « explo » spéléo au gouffre connu comme le « Trou d'enfer ». Le lieu a été choisi pour la légende qui y est attachée : au 16e siècle, un bandit surnommé « El Demonio » aurait écumé la région et se serait caché dans ces grottes dont on dit qu'elles abritent un passage reliant la France à l'Espagne. Mais personne n'a jamais pu trouver ledit passage ni explorer le gouffre. Aucun de ceux qui s'y sont essayé n'en est revenu vivant.
A peine arrivés, les jeunes gens apprennent qu'un corps a été retrouvé à proximité du gouffre et une suite de rencontres étranges et d'incidents inexplicables se produit, les enjoignant à quitter leur campement. Il faut toute la persuasion de Poulain, le chef de patrouille, pour que les scouts décident de mener leur exploration à bien, ce qui ne se fera pas très simplement tant les difficultés et contre-temps sont nombreux…

Si les aventures sont difficilement crédibles (les scouts ne partent pas en camp à une seule patrouille, par exemple), il n'en demeure pas moins vrai que le scénario est efficace, à rebondissement, et qu'il a tout pour plaire. Les héros sont attachants, bien identifiables par leurs caractères et leurs personnalités et les auteurs ont respecté la philosophie scoute : cet aspect-là de leurs aventures est donc tout à fait crédible. En fait, cette série fait partie, sans doute, des ouvrages capables d'exalter certaines qualités chez les jeunes et de leur donner matière à rêver. Tout comme la série de romans pour enfants Signes de pistes, sur le monde scout également, cette série véhicule les valeurs chrétiennes et scouts sans pour autant faire de ces lectures des ouvrages de catéchisme. Il faut sans doute y voir l'origine du succès de ces séries, capables de faire rêver des générations d'enfants. D'excellentes lectures, encore aujourd'hui, pour les filles comme pour les garçons, d'ailleurs.

À noter dans cet album, comme dans les autres de la série et des intégrales Dupuis : un excellent cahier racontant l'histoire de la bande dessinée et apportant un vrai « plus » par rapport aux albums classiques avec les carnets de croquis et les esquisses diverses, les essais du dessinateur pour les couvertures… en plus de rappeler le contexte de l'écriture de chacun des albums. Une vraie mine d'informations.


Paru aux éditions Dupuis, 2014. ISBN : 978-2-8001-6115-0.

lundi 2 février 2015

Bonnes nouvelles sur le sexe et le mariage, de Christopher West



Le Seigneur fait bien les choses. Lors de la sortie de ce livre, en mars ou en avril 2014, j'avais lu un article dans la presse catholique à son propos. Il y était dit, en gros, que cet ouvrage permettait au lecteur de débuter dans la connaissance de la Théologie du Corps de Saint Jean-Paul II (pas encore canonisé à ce moment-là), que l'article décrivait comme étant une "bombe théologique à retardement" (des mots mêmes de l'auteur du livre). Soucieuse de vivre au mieux, dans mon couple et dans ma famille, l'enseignement de l'Eglise sur la question de la sexualité, je pensais commander le livre, sans pour autant passer à l'acte et remettant à plus tard.
Et puis, à la fin du mois de juillet 2014, avec mon mari, nous avons participé à une retraite d'une semaine dont le thème était justement la Théologie du Corps. La conférencière était une religieuse américaine, en France depuis quelques années, formée à l'Institut Jean-Paul II, aux Etats-Unis, et condisciple de Christopher West, l'auteur du livre. C'est à cette occasion que je me suis procuré le livre, curieuse de savoir ce qu'il pourrait m'apporter après la riche retraite sur ce thème universel du corps, de l'amour et de la sexualité.
Je n'ai pas pu lire le livre tout de suite. La retraite et ses enseignements étaient encore trop frais, trop présents, trop proches dans le temps. Et ce n'est que six mois après que j'ai enfin pu m'y mettre sérieusement.

Le livre est composé de neuf chapitres, tous (à l'exception du premier) construits de la même façon : une suite de questions et de réponses. Des questions très concrètes, d'ailleurs, du style "Je trouve assez ironique que de vieux célibataires cherchent à imposer une morale sexuelle aux autres" (chapitre 2, "Qui le dit ?") ou "Pourquoi l'Eglise ne vit-elle pas avec son temps en admettant que certains mariages ne marchent pas, tout simplement ?" (Chapitre 3 : "À quoi disons-nous "oui" ?") ou encore "Mais enfin, que peut-il bien y avoir de mal à recourir à la contraception ?!" (Chapitre 6 : "Oui... mais non").
Le premier chapitre, lui, est consacré au "grand mystère", c'est-à-dire à la théologie du corps elle-même, l'enseignement de l'Eglise sur la sexualité et le mariage. C'est une présentation rapide et pourtant assez détaillée de la place de la sexualité dans l'amour de Dieu et dans son plan pour l'humanité.

Ce qui m'a frappée dans ce livre et, surtout, dans l'enseignement de l'Eglise sur le corps et la sexualité, c'est sa très grande cohérence. De fait, ce que ce livre pointe, ce sont nos incohérences à nous, êtres humains, face à la sexualité et au mariage.
Par exemple, dans le mariage chrétien, catholique, ce à quoi nous disons "oui", c'est bien la participation de Dieu dans la vie du couple : on lui demande, par le sacrement du mariage, d'être partie prenante dans le mariage, c'est-à-dire d'accompagner et d'aider les époux à vivre le mariage et, de préférence, à "bien" le vivre. De fait, Dieu étant Trinité, l'Esprit Saint est présent dans la chambre à coucher. Il est même l'Amour, à l'image de ce qu'Il est dans la Trinité Sainte. C'est par ailleurs cet Amour qui est créateur, féconde et rend le couple fécond, lui donnant la joie d'accueillir des enfants (dans la plupart des cas, ce qui ne veut pas dire que les couples qui connaissent la stérilité ne sont pas féconds d'une autre manière). Du coup, l'enseignement de l'Eglise se comprend mieux, notamment au regard de la contraception. Utiliser la pilule dans le mariage catholique revient à mettre l'Esprit Saint dehors, hors de la relation et de la chambre à coucher alors même que, par le sacrement, les époux lui ont demandé d'être présent. C'est incohérent, pas de la part de l'Eglise mais de la part des hommes et des femmes agissant ainsi à l'encontre de ce qu'ils ont pris comme engagement.

L'enseignement de l'Eglise est universel. Il s'adresse à tous et peut être reçu par tous, si tant est que l'on cherche à vivre l'amour en vérité. En suivant les enseignements de l'Eglise sur le corps, le mariage et la sexualité, il est possible de vivre une sexualité ouverte à l'autre, au don de soi, dans le respect de l'autre. Cela suppose de renoncer à certaines choses, en particulier à ce qui semble être l'un des moteurs essentiels de la sexualité aujourd'hui : la recherche du plaisir pour soi, du plaisir pour le plaisir. Vécue de cette manière, la sexualité conduit à toutes les dérives que l'on constate aujourd'hui. Mais vécue dans le don gratuit de soi à l'autre, c'est-à-dire selon ce qu'enseigne l'Eglise, la sexualité est bonne et rend pleinement heureux, telle un avant-goût de paradis.
C'est un chemin exigeant, difficile peut-être, car il exige de la personne qu'elle reconsidère parfois toute sa manière d'être. Mais quelle récompense, quelle joie, quels fruits pour le couple et la famille quand ce qui en fait le cœur, l'essence même, est vécu dans le don de soi !


Paru aux éditions de l'Emmanuel, 2014. ISBN : 978-2-35389-286-0.