dimanche 29 septembre 2013

Mai 13 Rébellion !, de Daniel Ange


Daniel Ange est prêtre, fondateur de l'école Jeunesse Lumière, une école qui forme, pendant un an, des jeunes de 18 à 30 ans environ à la foi, au témoignage, à l'évangélisation. À ce titre, il est un grand connaisseur de la jeunesse, des jeunes adultes d'aujourd'hui, et il a suivi de très près les débats sur le « mariage » pour tous et l'engagement de ces mêmes jeunes tant dans les manifestations du début de l'année 2013 que dans le très récent mouvement des Veilleurs.
Il dénonce ici l'idéologie qui sous-tend la loi Taubira (et celles qui suivent relatives à la fin de vie, à la recherche sur l'embryon, à l'éducation, à la famille via la PMA et la GPA...), l'idéologie liée aux études de genre, plus communément appelée « idéologie du genre » ou « gender ». En bref, cette idéologie dominante actuellement dans les milieux politiques et qui modifie radicalement la perception que l'on a de l'homme, qui en fait un objet technologique (c'est-à-dire fabriqué) en lieu et place de l'homme biologique qu'il a toujours été.
Comme nombre de personnes attachées à l'humanité de l'être humain (ça paraît être redondant, comme ça, mais ce n'est plus aussi évident aujourd'hui, tant les dérives liées aux nouvelles technologies de la procréation sont grandes), Daniel Ange voit avec le gender les dégâts qu'il porte en germe sur les jeunes et les enfants d'aujourd'hui et de demain. Il apporte donc, avec ce petit livre, son regard, son expérience, son discernement et démontre que oui, tout est lié...

Le livre en lui-même est écrit dans l'urgence. Il est émaillé de fautes de frappe, de ponctuation, heureusement pas d'orthographe ! Mais ces manquements à la langue française sont comme des témoignages de l'urgence qu'il y a à avertir, à former, à informer sur cette déconstruction de l'homme, sur cette négation, même, de l'homme. Parce que, finalement, à vouloir donner les mêmes droits aux personnes homosexuelles, on en arrive, par cette loi, à nier jusqu'à leur identité et, en définitive, à nier l'homme en tant qu'être humain.
Ce livre est salutaire et important parce qu'il interroge les consciences, il réveille ceux qui veulent bien mettre leur nez dedans. Il est magnifiquement documenté, avec nombre de références au droit, aux textes tant des décideurs politiques que des chefs religieux, et basé sur ces mêmes textes de loi, relayés par la presse la plupart du temps. Mais que l'on ne s'y trompe pas : il ne s'agit en aucun cas d'un plaidoyer pour la foi, mais d'un cri d'alarme sur et pour l'humanité.
À lire d'urgence.

Paru aux éditions du Jubilé, 2013. ISBN : 978-2-86679-553-5.

vendredi 27 septembre 2013

La Mère, de Pearl Buck



Dans un hameau de la vaste campagne chinoise, La Mère et ses trois enfants partagent avec leurs cousins l'existence rude des paysans d'avant Mao. Leur vie quotidienne est faite du dur labeur des champs au rythme des saisons, de la recherche d'argent pour améliorer le quotidien, des ambitions personnelles du mari toujours déçues, de la vie après son départ et des soins à dispenser aux anciens comme aux enfants qui se succèdent.

Pearl Buck, fille de missionnaires américains, est arrivée en Chine à 3 mois et y a vécu jusqu'à la révolution qui verra son retour aux Etats-Unis, où elle avait fait une partie de ses études.
Ce roman m'a habitée pendant de longues années. Je l'avais lu alors que j'étais au collège (je me souviens même d'un exposé en Français sur ce livre), et j'avais ensuite dévoré d'autres livres de l'auteur, dont Vent d'Est, vent d'Ouest, dont je suis restée longtemps imprégnée et qui m'a profondément marquée. Outre l'attrait, à l'époque, pour ce qui venait « de loin », je pense que ce qui m'a touchée dans ce livre, c'est l'universalité de ce quotidien pauvre et rempli d'espoir. La Mère n'a pas de prénom. Une très forte personnalité, oui, mais pas d'identité. Ses enfants non plus, ni sa belle-mère, ni ses cousins et voisins les plus proches. Ni, finalement, aucun des protagonistes de cette histoire, à l'exception du mari, dont on apprend, alors qu'il n'est déjà plus là, qu'il se prénomme Li.
Cette histoire, c'est donc celle de toutes les paysannes pauvres de Chine qui luttent au quotidien pour que leurs enfants aient quelque chose à manger, pour pouvoir les vêtir convenablement malgré la pauvreté, pour leur assurer un avenir, que celui-ci passe par la possession de terre ou par le mariage. Les deux n'étant pas exclusifs l'un de l'autre d'ailleurs.
C'est aussi l'histoire d'une femme qui se bat pour son honneur, pour le respect des traditions de son pays et de son village à l'aube de l'arrivée du communisme en Chine.
Et, finalement, c'est simplement l'histoire d'une vie faite de labeur et de courage, de hontes et de joies, sorte de biographie universelle de toutes ces femmes indigentes qui n'épargnent pas leur courage et leur sueur pour vivre dignement malgré la pauvreté des moyens. Et là, ce n'est pas uniquement en Chine qu'elles se trouvent.
Un très beau roman, un peu daté aujourd'hui, certes, mais qui offre un regard acéré sur la Chine traditionnelle d'avant le Communisme.

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1988. ISBN : 2-253-00622-X.

mercredi 25 septembre 2013

La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, de Gustave Flaubert


Je poursuis mes lectures « sorties du carton » et en cherchant quelque chose à lire, je suis tombée sur ce tout petit livre que je n'avais encore jamais ouvert. À une période, lorsque j'étais étudiante et sans le sou, j'achetais régulièrement ces petits livres « à dix francs », histoire de me dire que si, j'avais lu (ou je lirai bientôt) les grands auteurs de la littérature classique. J'ai ainsi emmagasiné un certain nombre d'ouvrages que je n'ai jamais pris le temps d'ouvrir, parce que, comme chacun sait, sauf à étudier en Lettres, ce n'est pas quand on est étudiant qu'on dispose de beaucoup de temps pour se cultiver (!).

Flaubert, je ne connais pas trop. Comme tout le monde, j'ai étudié Madame Bovary au lycée, mais c'est à peu près tout. Ici, on est dans un registre totalement différent du roman. Il s'agit plutôt d'une nouvelle, en tout cas un texte très court, reprenant une vie de saint faisant partie d'un triptyque écrit par Flaubert aux alentours de 1875.
Julien est un enfant né sous une bonne étoile. Ses parents, au moment de sa naissance, ont tous les deux une vision, toutefois fort différente l'une de l'autre. À sa mère il est prédit que son fils sera un saint, et à son père « beaucoup de sang, de gloire, la famille d'un empereur ». Le jeune Julien est donc élevé dans la foi, mais aussi comme un guerrier. Il apprend à chasser et s'y plait tellement qu'il en fait une sorte de passion ou de raison de vivre. Sa vie est alors faite de chasse et d'errance, jusqu'à la rencontre avec un grand cerf qui lui prédit un destin funeste.

Une vie en trois époques, trois parties, trois périodes. Les fastes de la jeunesse, la rigueur de la vie d'homme, la misère de la rédemption.
J'ai bien aimé ce récit court, pas trop compliqué pour mon esprit quelque peu fatigué en ce moment. L'histoire de Julien est dure et cette « malédiction » m'a amenée à me poser des questions : y a-t-il des événements incontournables dans la vie ? Les choses sont-elles écrites ? Quelle est notre part de libre-arbitre, de choix, dans les événements qui jalonnent nos vies ? Avons-nous le choix, finalement ? Tout est question de foi, je dirais. Il y a ceux qui croient au Karma, à la destinée, pour qui tout est déjà écrit. Et il y a ceux qui pensent que quels que soient les événements, on peut agir sur eux, ou au moins changer le cours des choses : ce sont finalement nos choix personnels qui influent sur les événements. Pour moi, je ne vous le cache pas, la deuxième option me semble plus optimiste !
En tout cas, la fin de la vie de Julien, que celle-ci soit réelle ou imaginaire, est édifiante dans le sens premier du terme. Elle montre à quel point l'on peut aller dans le service de l'autre, de son prochain, et finalement, c'est très évangélique, tout ça... Oui, ça me plait bien !

Paru aux éditions Mille et une nuits, 1996. ISBN : 2-84205-069-X.

lundi 23 septembre 2013

Les Vins d'Alsace, les vendanges de l'histoire, de Didier Eberlé et Claude Muller



Une nouvelle BD des éditions du Signe, éditeur strasbourgeois qui fait actuellement un gros travail de vulgarisation de l'histoire de l'Alsace, au travers notamment de la série BD Cette histoire qui a fait l'Alsace, donc je vous avais parlé ici, mais aussi, sur le même mode, de l'histoire de plusieurs villes alsaciennes (voir leur site ici avec le catalogue en ligne pour plus de précisions).
Le commercial de l'éditeur est venu un jour voir mon mari, viticulteur alsacien et membre du collectif des Vignerons indépendants pour lui proposer de promouvoir la bande dessinée auprès de ses clients. Alors on pourrait penser qu'il s'agit là d'un billet sponsorisé, ben pas du tout (je préfère mettre tout de suite les choses au point ;) !).

Cette bande dessinée débute en 1849, aux Hospices civils de Strasbourg, où Gretel et Hansel visitent une cave et tombent sur des fûts renfermant des vins de différentes époques, remontant jusqu'en 1472. Sur l'un de ces fûts, un verrou représente Bacchus, le dieu du vin. Gretel est passionnée par le vin et l'oenologie, et son grand rêve est d'intégrer la confrérie Saint Etienne qui, malheureusement, ne reçoit en son sein que des hommes. Quant à son cousin Hansel, lui, il n'y connaît strictement rien. Suite à un accident de tonneau, les deux jeunes gens se retrouvent propulsés dans le temps par Bacchus, qui promet de les ramener à leur époque s'ils comprennent ce qui s'est passé ou s'ils résolvent l'énigme qu'il leur soumet.
C'est le début d'une ballade à travers les siècles où Gretel apprend à Hansel (et au lecteur) l'histoire des vins d'Alsace.

Cette bande dessinée se veut être un ouvrage de vulgarisation, et j'avoue que pour une première approche de l'histoire des vins d'Alsace, c'est plutôt bien vu. On ne retiendra sans doute pas tout : l'histoire est un domaine trop complexe et trop riche pour être réduite à un ouvrage de 56 planches, mais il donne un bon aperçu des différentes étapes de la construction du vignoble alsacien et de sa renommée. De plus, il s'enrichit de données botaniques et géographiques, indispensables pour comprendre pourquoi et comment le vignoble peut s'installer et perdurer en Alsace et pas partout...
Pour moi, il s'agit donc là d'une réussite, d'autant plus que l'histoire elle-même, l'aventure des deux jeunes gens est plutôt sympathique et non exempte de mystère.

Et pour ceux que ça intéresse, mon mari est donc viticulteur en centre Alsace, à Bergheim, où il élève un vin biologique de grande qualité. Les principes qui guident sont travail sont simples : respect de la vigne, du terroir, de la météo. Il travaille en agriculture biologique, n'ajoute aucun produit phytosanitaire dans les vignes, aucun produit chimique dans le vin, ni au moment de la récolte, ni dans les tonneaux, ni, plus tard, dans les bouteilles, à l'exception du souffre indispensable à la tenue du vin (mais dans des proportions minimales pour éviter le classique mal de tête des vins blancs et particulièrement des vins d'Alsace). Les grappes sont récoltées à la main, à maturité, et aucun sucre n'est ajouté pour faire grimper artificiellement le taux d'alcool dans le vin final.
Mais le mieux, c'est peut-être de vous rendre sur le site de l'entreprise pour plus de détails !
(ça, c'était la séquence pub de ce blog, mais, promis, je retourne très vite à des considérations plus livresques !)

Edit : Au fait, quelques exemplaires de la BD sont en vente au caveau, à Bergheim, pour les amateurs de vin et de BD. J'en connais parmi les lecteurs de ce blog qui se reconnaîtront peut-être ! :)

Paru aux éditions du Signe, 2013. ISBN : 978-2-7468-3003-5.

Harry Potter et la chambre des secrets, de J. K. Rowling


Ce deuxième tome de la saga Harry Potter prend la suite directe du premier (logique, jusque-là, me direz-vous), et l'histoire commence là où s'était arrêté le tome 1 : Harry est en vacances après sa première année à Poudlard. On retrouve Harry chez les Dursley, ses oncle et tante qui l'élèvent depuis la mort de ses parents, et Harry a hâte de les quitter pour retourner au collège, tant ses vacances sont un calvaire. Ca se gâte encore le jour de son anniversaire, bien sûr, et Harry fait bientôt la connaissance de Dobby, un elfe de maison, qui tente de le sauver d'un danger dont on ne sait rien au début de l'histoire. Mais son intervention sera à l'origine de bien des problèmes pour Harry, problèmes qui mettront toute l'année scolaire pour être résolus et vont entraîner Harry et ses amis dans une sombre enquête liée à l'histoire de son collège.

Ce tome deux est tout aussi addictif que le premier ! On en apprend davantage sur Harry, sur le directeur Dumbledore (qui tient là un rôle bien plus actif que dans le tome 1), sur Ron et Hermione aussi, qui ont une place bien plus importante que dans le premier et, surtout, sur Voldemort, le sorcier qui a tué les parents de Harry.

J'ai particulièrement aimé (mais ça, je le savais déjà), le fait que Harry et ses amis « grandissent » à chaque tome. Harry a maintenant 12 ans, il entre en plein dans l'adolescence, et s'il est toujours tourné vers le bien, il repousse encore davantage les limites qui lui sont imposées par ses professeurs pour mener son enquête au bout.
À la lecture de ce deuxième opus, je me dis que, finalement, ce collège Poudlard est sans doute une métaphore pour parler de l'éveil et de l'éducation de nos enfants, pour évoquer le fait qu'ils grandissent, qu'ils ont besoin de plus en plus d'autonomie, mais aussi d'interdits pour grandir sereinement et droits. Ils ont besoin d'une autorité contre laquelle se dresser pour l'éprouver et l'assurer... En fait, nos enfants ont besoin d'un cadre pour « pousser droits ». C'est juste le principe de base de l'éducation qui est repris ici, et c'est sans doute là qu'il faut chercher le succès immense de cette saga... Vite, la suite !!!

Paru aux éditions Gallimard-Jeunesse (Folio Junior), 1999. ISBN : 2-07-052455-8.

Harry Potter à l'école des sorciers, de J. K. Rowling


J'ai enfin ouvert Harry Potter. Oui. Depuis des années, ce livre, ainsi que le second tome de la série, trônent sur mes étagères sans que je daigne y jeter un œil. Probablement avais-je peur d'ouvrir la boîte de Pandore ? De devenir accro ? De faire comme les millions de fans à travers le monde qui faisaient un sitt-in devant la librairie à chacune des sorties des nouveaux volumes, ou qui faisaient la queue toute la nuit devant le cinéma pour assister à la première ? Bref. Je ne voulais sans doute pas faire comme tout le monde.
Ben j'aurais dû.
Ou plutôt, je suis bien contente d'avoir finalement ouvert ce livre et de m'y être plongée. Parce que, franchement, ça a beau être de la littérature jeunesse (et je ne suis pas toujours fan de la littérature dite « jeunesse »), je comprends parfaitement le succès de Harry Potter et de sa bande de copains sorciers au collège de Poudlard...

Je ne vous ferai pas l'affront de vous dire de quoi ça parle : je suis vraisemblablement la seule à ne pas avoir encore lu cette série (hem... non, je n'en ai pas honte : il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !). J'ai beaucoup aimé ce début de saga. Harry, le jour de son anniversaire, entre dans une nouvelle vie... un peu comme nos jeunes entrent dans l'adolescence. Le parallèle avec ma fille aînée me fait rire : elle est, elle aussi, entrée au collège en ce mois de septembre. Un collège bien moins étonnant, enthousiasmant, que celui de Harry, mais pas moins étrange pour elle, fraîche émoulue de l'école primaire.
Bref, vous l'aurez deviné : j'ai littéralement accroché. Ca y est, je suis bel et bien devenue accro. À tel point que j'ai dévoré le tome 2 dans la foulée, et que je vais m'empresser d'emprunter à une amie la suite de la saga, histoire de savoir ce qui arrive à Harry et à ses amis (parce que, dans le fin fond de ma petite cervelle, je n'ai jamais voulu connaître l'histoire. J'ai donc résisté aux films et à leurs rediffusions télés pour ceux qui sont déjà passé à la télé, mais aussi à toutes lectures concernant de près ou de loin Harry Potter. J'ai donc un oeil presque neuf, et pour le coup dégagé de toute actualité susceptible de parasiter ma lecture. Une bonne manière, à mon sens, de découvrir un livre (d'où, et vous m'en excuserez j'espère, le décallage actuel entre mes lectures et l'actualité littéraire... pour laquelle on repassera, ce que démontreront les prochains billets !).

Paru aux éditions Gallimard-Jeunesse (Folio Junior), 1998. ISBN : 2-07-051842-6.

samedi 14 septembre 2013

L'Ouvrier de la nuit, de Bernard Clavel


Ce livre, pioché au hasard de mes cartons, m'a littéralement happée. C'est un récit à la première personne, qui pourrait être autobiographique. Le narrateur y décrit ses premières années, son adolescence, sa jeunesse, les premières années de son mariage. Il y dépeint sa soif de création, qu'elle soit picturale ou littéraire, ses combats pour mener à bien ses rêves, pour vendre sa peinture, pour faire éditer ses romans. On y voit son courage, sa détermination, sa misère, son acceptation du quotidien difficile et épuisant... Il y a un quelque chose qui force l'admiration, devant une telle abnégation, une telle place laissée à la création littéraire et artistique.

Mais j'y ai vu autre chose aussi. J'y ai vu un homme foncièrement égoïste, prêt à sacrifier la vie de ses parents, puis celle de sa femme, pour assouvir sa passion. J'y ai vu un homme tellement sûr d'être un génie que le simple fait de travailler « comme tout le monde » pour nourrir sa famille (trois enfants quand même !) lui paraissait impossible, dégradant, humiliant. Un homme qui n'a pas hésité à demander à sa femme des sacrifices de plus en plus nombreux, simplement parce qu'il préférait aller se promener auprès du fleuve pour y trouver l'inspiration plutôt que de gagner son pain pour offrir à sa famille un logement décent en lieu et place du bouge insalubre où ils vivaient...

Est-ce à dire qu'un écrivain se doit de tout sacrifier, femme, enfants, logement, pour pouvoir écrire, créer ? La création artistique doit-elle prendre le pas sur la vie même, sur l'équilibre personnel, pour être aboutie ? Et ceux et celles qui choisissent de donner une place à leurs proches sont-ils condamnés à ne pas pouvoir créer, à ne rien pouvoir écrire de valable et de digne d'être publié ?
C'est un peu fort et exigeant, un peu « jusqu'au-boutiste »... mais peut-être est-ce le prix à payer ?
En tout cas, je me suis plongée avec un intérêt grandissant dans ce récit, dans ce Jura puis pays lyonnais des années 1950. C'est bien écrit, dans une langue belle et imagée. Et à la fin de ma lecture, je me dis que oui, peut-être, la création littéraire doit sans doute exiger qu'on s'y donne en totalité...

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1971. ISBN : 2-253-00028-0.

jeudi 12 septembre 2013

Manuel du Guerrier de la Lumière, de Paulo Coelho


J'avais acheté ce petit livre à sa sortie, en 2000, à une époque où on parlait beaucoup de Paulo Coelho à cause de l'Alchimiste. Bizarrement, je n'ai jamais lu ce dernier titre, sans doute à cause de ma propension à éviter les trop grands succès de librairie, de peur d'être déçue. Et puis celui-ci était court, me « parlait » bien sur le moment... sauf que je ne l'avais jamais ouvert. Je l'ai redécouvert lors de mes fouilles dans mes cartons à la recherche d'un peu de lecture au cours de mes nombreuses heures d'allaitement, et je me dis que j'ai bien fait de ne l'ouvrir qu'aujourd'hui. Il y a 15 ans; je n'y aurais sans doute rien compris. Comme quoi, il y a un temps pour lire certains livres.

Ce livre, plutôt qu'un texte suivi, est un recueil de très courts préceptes relatifs au « guerrier de la lumière » et à son combat, son entraînement, sa philosophie de vie. D'ailleurs, la 4e de couverture le dit bien : « On trouvera dans ce livre bref, simple et précieux, la synthèse de la philosophie humaniste de Paulo Coelho : un message de confiance et de vie [...] ».
Je me suis tout d'abord beaucoup interrogée, à la lecture de ce petit opuscule. Qu'est-ce que c'est que cette philosophie ? Que sont les « guerriers de la lumière » ? Quelle idéologie, religion, sous-tend ce texte ?
Au fil de ma lecture, j'ai trouvé de plus en plus de références à Dieu, au Christ, à la Bible. Et je m'y suis sentie mieux. Ouf, il ne s'agissait pas d'une quelconque philosophie orientale, de celles contre lesquelles je me suis battue il y a trois ans et qui ont failli me perdre. Non, là, il s'agit d'une « philosophie » humaniste, basée sur la foi chrétienne, bien identifiée.
J'y ai retrouvé beaucoup de choses qui, aujourd'hui, me font vivre. Le non-jugement, la vision positive de l'homme et de la vie, la place première de Dieu, le respect de l'autre, y compris de l'ennemi ou de l'adversaire, la certitude de la présence du Mal dans cette vie, contrairement à ce qu'on veut nous faire croire...
Ce livre a un défaut : à vouloir s'adresser à tous, peut-être pour ouvrir le lectorat aux non-croyants, sa force en est amoindrie. Il y aurait tant de choses à dire sur la vision chrétienne du combat entre le Bien et le Mal... pourquoi se contenter d'une vision édulcorée ? Pour ne pas faire fuir les lecteurs ? Le courage, n'est-ce pas aussi aller jusqu'au bout de ses idées, de ses principes, de ses convictions profondes ? Tant qu'à y aller, pourquoi ne pas y aller « vraiment » ?
C'est simplement dommage...

Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 1998. ISBN : 2-253-14772-9.

mardi 10 septembre 2013

Les Voisins d'à côté, de Linwood Barclay


Troisième ouvrage de l'offre « Deux livres achetés, un livre offert » des éditions J'ai Lu de cet été. Et troisième « polar ». Un vrai, comme je les aime. Pas trop sanglant (moins, en tout cas, que Level 26), plutôt bien écrit, prenant, souvent drôle, bref, ce qu'il faut pour passer un bon moment de lecture.

Comme dans beaucoup de romans policiers, celui-ci commence par un meurtre bien horrible. La famille Langley, le père, la mère et leur fils Adam, est sauvagement assassinée dans sa maison, alors qu'ils allaient partir en vacances pour une semaine. Derek Cutter, le fils des voisins et meilleur ami d'Adam, est le seul témoin du crime.
Ça aurait pu être une banale histoire policière. Mais le récit est à la première personne, raconté par Jim, le père de Derek, d'abord sous le choc de la découverte du triple meurtre, puis sous celui de l'arrestation de son fils, soupçonné de l'avoir commis.
On suit donc la famille Cutter à travers les péripéties de l'enquête : l'emprisonnement de Derek, les interrogatoires, l'enquête parallèle menée par le père qui, tout en continuant son travail, règle ses comptes et tente de trouver une solution au marasme dans lequel se trouve sa famille.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Le point de vue du narrateur est intéressant, drôle souvent (les déboires de Jim avec Lance, le chauffeur du maire de la petite ville, et avec le maire lui-même, sont assez truculents), et laisse quantité de pistes plausibles quant à l'assassin des Langley. Jusqu'au dénouement final, assez inattendu même si on sent à la lecture qu'il y a « anguille sous roche »... Oui, j'ai vraiment passé un bon moment en lisant ce livre !

Paru aux éditions J'ai Lu, 2012. ISBN : 978-2-290-03256-5.