vendredi 23 novembre 2012

Pour seul cortège, de Laurent Gaudé


De cet auteur, je n'avais lu qu'un seul ouvrage, Eldorado, que j'avais bien apprécié. Et puis cette année, à l'occasion des Matchs de la rentrée littéraire, j'ai eu l'occasion de lire Pour seul cortège, arrivé très tardivement dans ma boîte aux lettres (d'où cette chronique tardive elle aussi, que l'éditeur et l'organisateur m'en excusent).

Alexandre, à Babylone, danse lors d'une fête. Il est sujet à un malaise, sent que quelque chose monte en lui, c'est comme s'il en connaissait déjà l'issue, mais il refuse de le montrer et fait comme si de rien n'était. Puis il s'écroule, terrassé par un mal mystérieux qui finira par l'emporter.
Parallèlement, le lecteur suit le trajet de Dryptéis, la fille de Darius, roi des Perses vaincu par Alexandre, que l'armée de l'Empire vient chercher au fin fond de sa retraite.

Dès avant la mort d'Alexandre, les jeux de pouvoirs se mettent en place entre les héritiers potentiels, et le tumulte s'installe, la trahison devient une arme redoutable pour écarter ceux qui pourraient barrer légitimement le chemin des prétendants... jusqu'à l'atrocité la plus noire et la plus vile. La mort d'Alexandre est alors le prélude à un long périple, emmenant les protagonistes aux quatre coins de l'Empire.

Dans un premier temps, la construction du récit, à plusieurs voix, toutes à la première personne, m'a quelque peu désarçonnée, parce que j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, ne sachant pas trop qui parlait exactement. Mais au bout de quelques pages, j'ai été happée, entraînée dans l'histoire d'Alexandre le Grand et n'ai plus été capable de la lâcher. Il y a dans ce récit un souffle épique, un côté fantastique (au sens littéraire du terme) qui se mêle à l'Histoire et en donne un aspect inédit, alliant tragédie et mythologie, spiritualité, poésie et quête personnelle. Les âmes des morts parlent aux vivants, les protègent, les guident aussi, les vivants conversent avec elles, allant jusqu'à leur accorder plus de crédit ou d'importance qu'à certains vivants...
J'ai beaucoup aimé ce court roman (moins de 200 pages), où l'on suit des personnages complexes, attachants ou terrifiants, et finalement vraiment humains. L'écriture de Laurent Gaudé est belle, entraînante, presque envoûtante même...

Pour ce match de la rentrée littéraire, il faut donner une note au roman que l'on a lu, et j'attribuerai donc un bon 17/20 à celui-ci !
Un grand merci à Price Minister et aux éditions Actes Sud pour ce beau moment de lecture !

Paru aux éditions Actes Sud, 2012. ISBN : 978-2-330-01260-1



vendredi 2 novembre 2012

L'Arbre des possibles, de Bernard Werber


J'étais à la recherche d'un recueil de nouvelles sur le thème du temps, et la personne qui m'a conseillée m'a mis celui-ci entre les mains. J'avoue n'avoir pas compris pourquoi, après l'avoir lu, elle a pensé à ce livre-ci en particulier, parce que la thématique du temps n'y est pas du tout présente en tant que telle, mais je n'ai pas pour autant été déçue.

Ce recueil de vingt nouvelles emporte le lecteur dans l'univers foisonnant et, oserais-je le dire, délirant de Bernard Werber. Il y est question entre autres d'une école pour que les dieux apprennent à gouverner, ou bien d'objets remplacés par leurs noms, ou encore qui prennent vie et se mettent à parler, de mondes où les gens ne peuvent pas imaginer pouvoir compter au-delà de vingt, où l'on peut partir en voyage au XVIIe siècle (peut-être est-ce là que je devais chercher le thème du temps ?)... des récits où l'on part dans tous les sens, où l'imaginaire n'a pas de limite ou presque, et c'est assez réjouissant.
Pour moi qui écris un petit peu, je me dis que finalement, je peux laisser libre court à mon imagination : d'autres ont écrit des choses bien plus improbables... c'est plutôt rassurant !
Ce petit livre m'a donc fait du bien. Il se lit vite, et si j'ai trouvé les différentes histoires assez inégales, j'y ai retrouvé quand même ce que j'avais bien aimé dans « Le père de nos pères », lu il y a déjà plusieurs années (je me demande même si ce n'était pas il y a de cela plus de 15 ans maintenant !), cette capacité à rendre presque crédible quelque chose qui paraît absolument incroyable, en se basant sur des découvertes scientifiques proprement hallucinantes, qui n'en sont pas moins bien réelles pour autant. Ou comment la littérature peut se saisir des découvertes délirantes de la science pour mener une réflexion sur le monde qui nous entoure, voire extrapoler quelque peu pour dévoiler un peu du monde qui nous attend ?

Je ne dirais pourtant pas que j'ai aimé ce livre. Trop inégal, trop de choses tellement farfelues que je me suis demandé ce qu'avait fumé l'auteur. Je crois que j'ai besoin de réalisme, même dans le fantastique, pour y croire un peu. Ceci dit, c'est très divertissant et l'avantage des nouvelles et récits très courts comme ici, c'est que l'on peut reposer l'ouvrage et poursuivre avec autre choses, puis le reprendre par la suite sans être perturbé dans la lecture.

Paru aux éditions LGF (Le livre de poche), 2004 (Réédition 2010). ISBN : 978-2-253-11146-7.