dimanche 31 décembre 2023

Jargonnier catholique de poche, de Edmond Prochain


Le livre n’est pas récent. Huit ans… j’aurais vraiment dû l’ouvrir avant, celui-là ! Une pépite, je ne vous dis que ça !

Alors pour les catholiques, c’est une bonne entrée en matière pour mieux comprendre (ou pas!) le langage ecclésial, et pour les autres, certaines définitions seront claires comme de l’eau de roche et les autres permettront une sympathique entrée en dialogue avec des cathos qui pourront leur expliquer la signification de la définition (les sous-entendus, les sous-titres, quoi!).

L’ouvrage regroupe de nombreux mots plus ou moins connus et usités, c’est comme un dictionnaire, mais en vraiment très drôle. Bravo à l’auteur, Edmond Prochain1 (oui, c’est un pseudonyme, ne cherchez pas). Ce livre instructif, mordant et drôle, pas méchant pour un sou (les catholiques en prennent pour leur grade, vous pouvez me croire, mais toujours gentiment et avec beaucoup de tendresse de la part de l’auteur) donne des définitions décalées (mais justes) des mots utilisés par les croyants et devenus incompréhensibles des non-croyants, compte-tenu de l’incroyable perte de culture religieuse dans notre société aujourd’hui. J’ai particulièrement ri à « Gloria » et « dicastère », mais j’aime bien aussi la définition de « démon » ou de « dimanche ». C’est aussi plus profond qu’il n’y paraît. Par exemple, la définition du mot « disciple » vient de me faire comprendre la différence entre « disciple » et « apôtre »… car il y en a une ! Si, si !

Bref. Un ouvrage à lire (et ça se lit vraiment très vite) pour rire un bon coup, se moquer gentiment des cathos (et un peu des autres aussi, mais jamais méchamment encore une fois). Le potentiel d’autodérision est très bon et permettra peut-être aux chrétiens d’obéir enfin au Pape : « Le chrétien doit offrir un visage joyeux, pas une face de piment au vinaigre. » (François)


Paru aux éditions de l'Emmanuel, 2015. ISBN : 978-2-35389-501-4.

1Edmond Prochain (pseud.) : Journaliste et auteur contemporain. Comme son nom l'indique, il essaie de suivre le Christ et de partager sa foi catholique, ce qui n'est probablement pas l'idée la plus brillante pour faire carrière, mais a l'avantage de suffire à son bonheur. Voilà. (Note de l'éditeur, 4e de couverture)

mercredi 6 décembre 2023

Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier


C’est un beau cadeau que mes parents m’ont fait là, à l’occasion de mon anniversaire et de ma réussite au Diplôme Universitaire d’aumônier. Je n’en suis pas peu fière, d’ailleurs ! (de mon DU, j’entends).

Cet ouvrage conséquent (253 p. quand même!) raconte l’histoire de la Ville Sainte, Jérusalem, depuis ses origines, il y a 4000 ans, à travers les yeux d’un olivier millénaire qui en a vu toute l’évolution, le développement, les conflits, les arrivées de populations…

L’histoire est divisée en chapitres selon un plan chronologique et racontée à travers des documents provenant d’auteurs et d’acteurs divers qui, tous, ont marché dans les rues de Jérusalem au fil de son histoire et des siècles. On sent là un grand travail de recherches historiques pour trouver les témoignages précis qui ont servi à décrire cette histoire.

J’ai mis du temps à lire cette bande dessinée. D’abord parce qu’elle est longue, et aussi parce qu’il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction, mais d’un ouvrage qui se veut basé sur des documents historiques. Je connaissais quelques éléments, à cause de mes études depuis deux ans, mais j’ai découvert énormément de choses sur la ville, en particulier qu’elle n’a pas toujours été le lieu de conflits religieux comme on le voit aujourd’hui. Il fut un temps pas si éloigné de nous où les différentes communautés religieuses (juifs, chrétiens et musulmans) vivaient à peu près en bonne entente et sans s’entre-tuer ou se menacer continuellement de le faire, comme c’est le cas depuis quelques décennies.

L’histoire de Jérusalem n’est pas linéaire, loin de là. Les différentes communautés qui y vivent se remplacent, reviennent, repartent, se font la guerre et créent des alliances qu’elles vont ensuite remettre en question. On découvre à cette occasion que les uns et les autres, quelles que soient les confessions religieuses, sont tour à tour victimes et bourreaux, en fonction de la période historique, des enjeux de puissance et de pouvoir. La situation à Jérusalem n’a donc quasiment jamais été tranquille ni simple et l’histoire de la ville est extrêmement riche, ce qui n’a rien d’étonnant compte-tenu de sa longévité malgré de nombreuses destructions au fil des siècles.

Du point de vue visuel, la BD m’a plu aussi, grâce à un dessin efficace et beau, réaliste et précis sans faire carte postale ou tableau. Les auteurs ont pris soin d’insérer des plans afin que le lecteur puisse visualiser l’évolution de la ville dans le temps et de mieux situer les différents quartiers dont il est question. Cet aspect-là me parle particulièrement, à moi qui ai une formation de géographe à la base… L’utilisation des personnages pour raconter l’histoire en lieu et place de longs développements rédigés rend également le déroulement digeste et le découpage par périodes historiques permet des pauses dans la lecture et de s’y retrouver dans le temps. Résumer 4000 ans d’histoire en 250 pages était un pari un peu fou, qui a été relevé avec les honneurs. Et le récit étant basé sur des faits historiques, il est une très bonne entrée en matière pour qui veut tenter de comprendre ce qui se passe dans cette région du monde malmenée, comme on le voit encore aujourd’hui avec la guerre qui oppose depuis quelques semaines le Hamas et Israël.

Puissent de tels ouvrages élargir un peu la vision des hommes et leur rappeler qu’il n’en a pas toujours été ainsi et qu’à certains moments, les différents groupes religieux arrivaient à vivre relativement en paix dans la ville Sainte. Même si cette paix a toujours été très instable...


Paru aux éditions Les Arènes BD, 2022. ISBN : 979-10-375-0715-0.