samedi 13 octobre 2018

Le Garçon, de Marcus Malte




Conseillée par mon libraire préféré, j'ai mis beaucoup de temps à lire ce roman. Non pas par manque d'intérêt, mais par manque de temps essentiellement : trop de choses à faire, de lectures en retard... C'est que ce roman est un fourmillement, une plongée dans l'histoire qui nécessite un peu plus que trois minutes consécutives d'attention. J'ai donc pris le temps.

Le récit s'ouvre sur la vie quotidienne d'un enfant dont on ne sait ni le nom, ni celui du pays où il habite. On découvre peu à peu que ce garçon ne parle pas, que personne ne le connaît, qu'il vit totalement isolé depuis la mort de sa mère et qu'il n'a donc aucun nom, aucune histoire connue et aucune société, communauté à laquelle il peut se rattacher. Entièrement libre de ses mouvements, il se débrouille très vite seul et avance dans la vie au gré des rencontres plus ou moins bienveillantes qu'il va faire durant sa vie de pérégrinations. Marginal, c'est souvent parmi les marginaux, les exclus, qu'il va trouver la chaleur humaine dont il a besoin, comme tout être humain, pour vivre. Et ces expériences lui permettent de survivre, puis de s'adapter au monde dans lequel il vit et qui change très vite autour de lui.

La qualité d'écriture est au rendez-vous, le récit est prenant, haletant, intrigant, aussi. Le lecteur se laisse mener sur les routes en compagnie de cet étrange garçon, à la fois hors de la société, coupé du monde, et totalement acteur de ce monde qui lui est étranger et dans lequel, pourtant, il semble évoluer avec ce qui ressemble presque à de l'aisance. Le mystère qui l'entoure ne sera jamais réellement levé, mais, finalement, cela importe peu. Ce garçon, c'est un peu tous ces hommes anonymes qui, parce qu'ils étaient là, à cet endroit précis et à ce moment particulier, ont fait l'histoire, celle qui porte un grand « H » et celle, plus modeste, qui fut la leur.
Un roman exigeant, parfois cru, dérangeant, mais magnifique.

Paru aux éditions Zulma, 2016. ISBN : 978-2-84304-760-2.

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