En 2010, je
suis allée une fois de plus au château du Haut-Koenigsbourg, avec
des amis. La raison officielle était de faire une belle ballade, et
de leur faire découvrir le château, mais la vraie était que
Jacques Fortier, journaliste aux Dernières Nouvelles d'Alsace, l'un
des deux quotidiens régionaux, y était pour une séance de
dédicaces à l'occasion de la parution de son roman mettant en scène
Sherlock Holmes et le Docteur Watson en Alsace.
J'ai donc
sauté sur l'occasion et ai acheté le roman, avec la ferme intention
de le lire très, très vite (j'aime beaucoup la version originale de
Sir Arthur Conan Doyle, et j'avais hâte de voir ce que ça donnerait
sous la plume d'un auteur régional). Comme de bien entendu, j'ai mis
du temps, beaucoup de temps, à me plonger dans ce roman, mais je
dirais que ça valait le coup !
Nous sommes
en 1909. L'Allemagne a annexé l'Alsace et la Lorraine, et Guillaume
II investit dans la ruine qu'est devenu le château du
Haut-Koenigsbourg pour le restaurer et lui redonner son faste et sa
splendeur d'antan.
L'intrigue
est classique : un mystère entoure le château, un mystère qui
remonte aux Croisades, et Sherlock Holmes, aidé de ce bon Docteur
Watson, va devoir mettre tous les atouts de son côté pour le mettre
à jour.
J'ai bien
aimé ce roman, malgré quelques appréhensions au début. J'avais
peur de ne pas retrouver le personnage de Sir Arthur Conan Doyle,
peur que le récit ne soit pas à la hauteur de l'enthousiasme
communicatif de l'auteur... peur d'être déçue, quoi. Et ce ne fut
pas le cas. Certes, il ne s'agit pas ici de la plume de Conan Doyle,
mais j'aurais sans doute été déçue si ça avait été le cas : il
n'y a rien de pire à mes yeux qu'un auteur essayant de copier un
autre auteur, quitte à mettre de côté sa propre personnalité. On
entre là dans quelque chose qui devient insipide à force de ne pas
vouloir trahir le personnage originel, et heureusement, Jacques
Fortier a su éviter cet écueil en donnant à son Sherlock une
personnalité qui ne dénature pas celle que lui avait attribuée
Conan Doyle.
Passées les
premières pages, j'ai vite été happée par l'histoire, bien
montée, pleine de mystères, avec des faits étranges, des traitres,
des espions... et le grand esprit de déduction du détective
anglais. Mais bizarrement, tout cela m'a laissé un sentiment de
tiédeur, comme si justement le modus operandi de Sherlock
Holmes était quelque peu fade...
Heureusement,
l'histoire est bien ficelée. Du coup, j'ai été embarquée dans
l'intrigue et me suis retrouvée à Strasbourg, Sélestat,
Orschwiller, au château aussi... et comme c'est justement un endroit
que je connais bien, j'ai pu m'immerger dans le décor sans aucun
problème. C'est là le principal atout de ce roman bien écrit par
ailleurs que de permettre au lecteur de « voir » au-delà
du décor habituel, d'imaginer ce que les apparences pourraient bien
cacher. Pour ce qui est de l'intrigue et de la manière dont Sherlock
Holmes résout le problème, j'avoue avoir été légèrement déçue,
comme si cette enquête aurait pu être menée par un tout autre
détective que Sherlock...
Il reste que
ce livre est un bel hommage au cent-cinquantième anniversaire de la
naissance de Sir Arthur Conan Doyle, qui vaut malgré tout le
déplacement pour le cadre somptueux de l'intrigue ! Et puis l'Alsace
allemande du début du siècle est plutôt bien décrite !
Paru aux
éditions Le Verger (Enquêtes Rhénanes), 2010. ISBN :
978-2-84574-084-6
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