J'ai une
affection particulière, vous le savez maintenant, pour Agatha
Christie... et pour son héros Hercule Poirot. Et ici, j'ai eu de la
chance, si l'on peut dire, parce que cette histoire est celle où
l'on voit Hercule Poirot pour la première fois. On en apprend donc
un peu sur lui, sur son histoire, son passé dans la police belge,
son physique et son caractère (même si, pour ces deux dernières
points, il n'est pas besoin de lire ce roman en particulier,
puisqu'Agatha Christie le décrit plus ou moins régulièrement dans
les romans où elle le fait apparaître). Le lecteur le découvre à
travers le regard du Capitaine Hastings, à la fois ami de Poirot et
témoin du meurtre... et tellement naïf qu'il est le parfait
narrateur des faits. Et c'est là, je trouve, ce qui fait le génie
d'Agatha Christie : trouver un narrateur crédible pour son récit,
participant à l'enquête sans rien ou presque y comprendre et lui
permettant de mener le lecteur par le bout du nez de A à Z. Il
accompagne Poirot du début à la fin, voit donc les mêmes choses
que lui (et le lecteur avec lui), et a donc toutes les clés en main
pour en tirer les mêmes conclusions. Sans toutefois parvenir à
trouver la bonne solution...
On apprend
donc ici qu'Hercule Poirot est arrivé en Angleterre comme réfugié,
son pays ayant été envahi par l'ennemi allemand, et qu'il doit son
logement dans le comté d'Essex à la bienveillance de Madame
Ingelthorp, riche propriétaire du château de Styles Court et
héroïne bien malgré elle de la tragédie qui s'y déroule quelques
heures après l'arrivée au château du Capitaine Hastings, en
permission chez son ami John Cavendish, beau-fils de Madame
Ingelthorp (je ne sais pas si j'ai été bien claire, là !).
Toujours est-il que l'histoire elle-même est assez classique :
Madame Ingelthorp s'est récemment remariée et elle meurt
brutalement, empoisonnée. Or le meurtre semble impossible : la
strychnine employée est un poison à effet rapide, mais ses effets
ne se font sentir que plusieurs heures après l'ingestion. Par
ailleurs, le meurtrier tout désigné, le jeune marié, est bien sûr
absent de la maison le soir et la nuit de la mort de sa femme. De
plus, la victime était enfermée dans sa chambre, de l'intérieur,
rendant peu probable une intrusion nocturne qui aurait permis de
l'empoisonner durant la nuit. Mais comme toujours chez Agatha
Christie, les apparences sont trompeuses et le travail d'Hercule
Poirot, appelé en renfort à Styles Court par Hastings, va être de
démêler le vrai du faux afin d'envoyer la bonne personne derrière
les barreaux. Le meurtrier est malin, prudent et rusé, et Hercule
Poirot aura fort à faire pour le confondre.
Comme
d'habitude, j'ai beaucoup aimé...et même si je l'avais déjà lu
(et vu dans l'excellente série Poirot, de la BBC), je me suis
régalée et ai été dans l'incapacité de trouver le bon coupable.
Preuve qu'Agatha Christie sait merveilleusement bien distiller les
indices sans que le lecteur soit à même de leur donner la bonne
signification. Du grand art, quoi. Ou alors j'ai une si piètre
mémoire que je pourrais le lire 10 fois sans m'en souvenir ?
J'espère que ce n'est pas là que réside l'explication !
Donc, pour
moi, les romans d'Agatha Christie restent une valeur sûre dont je ne
me lasse jamais. D'ailleurs, pendant les vacances de Noël, j'ai
commencé... Dix petits nègres !
Paru aux
éditions Librairie des Champs Elysées, 1991 (Le Masque). ISBN :
978-2-7024-3318-8.
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