Le héros de
cette fresque, c'est Josip Lasta, né en 1933 dans les Balkans. Au
moment où débute le récit, nous sommes en pleine Seconde Guerre
Mondiale et les montagnes yougoslaves voient s'affronter les armées
d'occupation (allemandes et italiennes) et les diverses factions
rebelles. Josip habite un village des montagnes, préservé parce que
minuscule, enclavé et sans aucun intérêt stratégique. Le nom de
ce village, Rajska Polja, signifie "Les Champs Célestes"...
Mais un
jour, Josip voit son monde s'effondrer et basculer dans l'horreur. Le
jeune garçon va d'abord connaître la peur, la fuite, l'exil, puis
l'emprisonnement, la maladie, l'exil à nouveau et, enfin, la
renaissance. L'enfant, puis le jeune homme, doit faire face à des
conditions de vie déshumanisantes, à une souffrance sans nom. Et
pourtant, malgré la prison, les mauvais traitements, la faim, la
perte de ceux qu'il aime, la haine dont il est l'objet, il parviendra
à survivre et à garder son identité et son humanité.
J'ai été
profondément bouleversée par ce roman. Plus de 820 pages pour
raconter une vie, la vie de cet homme, traversée par la guerre,
mondiale, civile, qui lui fera tout perdre. Mais sur la route de
Josip se trouvent aussi des personnes qui l'aideront à "tenir"
dans certains moments difficiles, puis à se reconstruire et à
revivre. Un roman où l'on suit un homme très simple, habité
simplement par la foi et l'envie de vivre, malgré la haine, la
guerre, la souffrance physique et morale. Jamais il ne perd son
humanité, même si les aléas de sa vie l'emmènent bien souvent au
bord du gouffre. À chaque fois, une personne ou une autre, sortes
d'anges gardiens dans ce monde hostile, lui permettent d'avancer et
l'aident à préserver ce qui fait de lui un homme et non pas un
animal...
On voyage
beaucoup, aussi, depuis la Yougoslavie jusqu'à New York en passant
l'Italie... Josip y fait de très belles rencontres, des gens humains
qui font passer leur prochain avant leur profit et sont prêts à
donner un peu, voire beaucoup de ce qu'ils ont pour l'aider.
Plus tard,
une fois sorti de l'enfer que sont devenus les Balkans, en exil,
Josip aidera d'autres, parfois plus jeunes, moins chanceux peut-être,
à avancer eux aussi en restant dignes, à leurs yeux et à ceux des
membres de leurs familles. En particulier, la rencontre avec le jeune
Caleb est touchante parce qu'elle permet de voir Josip faire pour ce
jeune garçon ce que d'autres ont fait pour lui auparavant et qui lui
a permis de ne pas sombrer.
Ce
magnifique roman, souvent difficile pour les images qu'il véhicule,
est rempli d'espérance, de cette espérance chrétienne qui me dit
que quoi qu'il arrive, je ne suis jamais seule, que Dieu m'accompagne
sur le chemin de vie qui est le mien. Quelles que soient les
souffrances que l'on doit traverser, c'est la Vie qui est au bout du
chemin.
Paru aux
éditions Salvator, 2011. ISBN : 978-2-7067-0800-8.
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