mardi 3 février 2015

La Patrouille des Castors, l'intégrale tome 5, 1968-1975, de Michel Tacq et Jean-Michel Charlier



Mes enfants ont découvert cette série il y a deux ans, totalement par hasard. Suite au décès de l'une de mes grand-tantes, nous avions récupéré chez elle, à la demande ses enfants, un carton de livres qui auraient, au mieux, fini chez Emmaüs. Dans ce carton, une bande dessinée très abîmée : un exemplaire d'une édition originale du tome 2 de la série La Patrouille des Castors, intitulé Le Disparu de Ker-Aven. Suite à cette découverte, mon second a farfouillé dans les bacs de la bibliothèque de l'école et y a découvert d'autres volumes de la série : La Bouteille à la mer, Le Trophée de Rochecombe, Le Hameau englouti, Le Traître sans visage, La Couronne cachée, et, enfin, Le Fantôme.
Pour Noël, mon second a donc, fort logiquement, demandé un album de la série, qu'apparemment on ne trouve plus qu'en version intégrale. Son parrain a eu du mal, mais il a finalement pu trouver le seul volume où les quatre aventures racontées ici étaient inconnues de mes trois aînés.
En réalité, l'intégrale 5 regroupe bien quatre albums, mais ce sont en fait deux diptyques : Le Pays de la mort et Les Démons de la nuit, qui raconte une aventure se déroulant en Afrique, où un pays se trouve étrangement condamné à la famine suite à la mort subite de sa flore et de sa faune ; d'autre part, Vingt milliards sous la terre et El Demonio, une aventure se déroulant dans les Pyrénées, à la frontière espagnole, où les scouts ont décidé de faire de la spéléologie durant leur camp d'été.
Ces quatre albums sont les derniers de la série. Ils sont parus, pour le premier d'entre eux, plus de 4 ans après le précédent, à cause du planning très chargé de Jean-Michel Charlier, le scénariste, sollicité de toute part pour des projets éditoriaux et télévisuels. Il est entre autres l'auteur de la série Tanguy et Laverdure, adaptée à la télévision sous le titre Les Chevaliers du ciel, adaptation qui lui demande beaucoup de temps et le rend peu disponible pour ses autres travaux de bande dessinée, dont La Patrouille des Castors.
Du coup, entre Le Fantôme et Le Pays de la mort, qui le suit, les scouts ont grandi et ils sont désormais de jeunes gens qui forment une troupe de Pionniers, la branche aînée des scouts, où les jeunes gens portent des chemises rouges au lieu des bleues que portent les plus jeunes.

Dans le premier diptyque, les jeunes gens partent au Moanda, où le père de Faucon, l'un des cinq scouts, a été appelé en tant que biologiste, par le souverain du pays pour y enquêter sur une mystérieuse maladie qui décime les plantations et la flore en général de la plus riche du pays, véritable grenier à blé pour la population. Touché par cette mystérieuse maladie, le pays risque la famine et le roi craint d'être évincé du trône sous la pression des trusts industriels qui s'accapareraient bien les richesses du pays. Entre magie et technologie, maladie et mauvais sort, les scouts auront fort à faire pour démêler l'écheveau.

Le second diptyque voit les scouts débarquer dans le sud des Pyrénées pour un camp « explo » spéléo au gouffre connu comme le « Trou d'enfer ». Le lieu a été choisi pour la légende qui y est attachée : au 16e siècle, un bandit surnommé « El Demonio » aurait écumé la région et se serait caché dans ces grottes dont on dit qu'elles abritent un passage reliant la France à l'Espagne. Mais personne n'a jamais pu trouver ledit passage ni explorer le gouffre. Aucun de ceux qui s'y sont essayé n'en est revenu vivant.
A peine arrivés, les jeunes gens apprennent qu'un corps a été retrouvé à proximité du gouffre et une suite de rencontres étranges et d'incidents inexplicables se produit, les enjoignant à quitter leur campement. Il faut toute la persuasion de Poulain, le chef de patrouille, pour que les scouts décident de mener leur exploration à bien, ce qui ne se fera pas très simplement tant les difficultés et contre-temps sont nombreux…

Si les aventures sont difficilement crédibles (les scouts ne partent pas en camp à une seule patrouille, par exemple), il n'en demeure pas moins vrai que le scénario est efficace, à rebondissement, et qu'il a tout pour plaire. Les héros sont attachants, bien identifiables par leurs caractères et leurs personnalités et les auteurs ont respecté la philosophie scoute : cet aspect-là de leurs aventures est donc tout à fait crédible. En fait, cette série fait partie, sans doute, des ouvrages capables d'exalter certaines qualités chez les jeunes et de leur donner matière à rêver. Tout comme la série de romans pour enfants Signes de pistes, sur le monde scout également, cette série véhicule les valeurs chrétiennes et scouts sans pour autant faire de ces lectures des ouvrages de catéchisme. Il faut sans doute y voir l'origine du succès de ces séries, capables de faire rêver des générations d'enfants. D'excellentes lectures, encore aujourd'hui, pour les filles comme pour les garçons, d'ailleurs.

À noter dans cet album, comme dans les autres de la série et des intégrales Dupuis : un excellent cahier racontant l'histoire de la bande dessinée et apportant un vrai « plus » par rapport aux albums classiques avec les carnets de croquis et les esquisses diverses, les essais du dessinateur pour les couvertures… en plus de rappeler le contexte de l'écriture de chacun des albums. Une vraie mine d'informations.


Paru aux éditions Dupuis, 2014. ISBN : 978-2-8001-6115-0.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire