mercredi 17 août 2011

Dans un jour ou deux, de Tony Vigorito


Ce partenariat m'avait beaucoup enthousiasmée par son sujet : une ambiance fin du monde, des personnages délirants, et en particulier Blip, le meilleur ami du narrateur, cobaye malgré lui d'une expérience génétique...
Mais commençons par le commencement. L'intrigue débute par un jeu de graffitis sous un pont, qui retient l'attention et le souffle de toute une ville :
« HO HO »
« Quand ? »
« Dans un jour ou deux. »

Et c'est tout. L'attente. Puis, sans lien apparent, une manifestation sur le campus universitaire où travaillent le narrateur, le Dr Fountain et son ami Blip Korterly. Le meneur est arrêté, Blip aussi, son ami tente de le faire sortir de prison, le président de l'université s'en mêle, il y a une histoire d'enveloppes violettes, sortes de sésames, de lettres de mission pour un projet top secret financé par une femme fantasque et fumeuse invétérée et mené par l'armée en la personne du général Kiljoy... (j'aime bien l'humour, d'ailleurs, qui se dégage de ce nom en particulier... Kiljoy, kill joy, ça lui va très bien, à cet homme !).
Bref, un sacré sac de noeuds, si on y ajoute un camionneur qui dégomme des panneaux d'affichage, deux chiens, puis un troisième, Sophia, la femme de Blip, Dandy, leur fille qui n'apparaît que dans les souvenirs du narrateur mais qui semble détenir les solutions et les réponses à diverses questions existentielles, dont « Pourquoi on n'appelle pas les pommes des rouges ? »
Ce roman est foisonnant, et malgré le bazar qui semble y régner (beaucoup d'allers-retours du présent au passé, des tas de conversations qui ne semblent avoir ni queue ni tête...), j'ai quand même eu l'agréable surprise (et la satisfaction, je ne le cache pas !) d'y comprendre quelque chose. Un bon point, donc, parce qu'il n'y a rien qui m'énerve plus que de lire un livre et de m'y perdre, comme si l'auteur voulait me montrer que je suis une imbécile... (c'est que j'ai ma fierté, quand même !).

Alors on pourrait se demander quel est le lien entre les graffitis du début et l'arrestation, et en quoi consiste l'intrigue du roman ? C'est là que les choses se corsent un peu. Parce que l'intrigue, c'est en fait une histoire de complot, de fin du monde plus exactement, de mise au point d'un virus censé priver ceux qui en sont atteints de toute capacité à communiquer. Et le Dr Fountain est embauché pour trouver un vaccin à ce virus, ou au moins un traitement, parce qu'une puissance ne possède pas d'arme biologique si elle ne sait pas la contrer. C'est le fait de détenir l'antidote qui lui donne le pouvoir sur les autres nations, et non pas le fait de pouvoir transmettre une maladie, quelle qu'elle soit.
Seulement, vous vous en doutez, cela ne se passe pas tout à fait comme prévu, sinon il n'y aurait pas d'histoire ici...

Et on pourrait reprocher des tas de choses à ce roman : son côté fantasque, décalé, assez incroyable, trop tordu pour être crédible en particulier. Eh bien c'est en partie pour ces « défauts » que j'ai aimé ce livre. Effectivement, pour un roman de ce genre, son côté démentiel et satirique lui enlève de la crédibilité : on n'a pas trop peur pour la populations, ni pour les cobayes ou le héros. D'autant plus que c'est plutôt un anti-héros : tout le long de l'histoire, il ne fait rien ou presque. Mais c'est justement ça qui est drôle ! Il est censé pouvoir sauver tout le monde grâce à ses connaissances, et justement, il ne fait rien, parce qu'il est trop couard pour faire quoi que ce soit...
Malgré tout, même si ce livre a de sérieux atouts et si j'ai trouvé drôles un certain nombre de processus narratifs, leur répétition et quelques longueurs m'ont quelque peu énervée, arrivée à la fin de la première moitié du livre. Sans casser le livre pour autant, j'ai trouvé l'utilisation de certains mots et expressions assez surfaite et la propension de l'auteur à compliquer un peu artificiellement les choses m'a aussi posé problème. Et pourtant, ce livre a du potentiel, justement parce qu'on est ici dans la surprise permanente, avec un héros qui est plutôt énervant, qu'on a envie de secouer pour qu'il s'y mette enfin, mais qui pour autant, parvient à régler la question à sa manière. Autre point positif (car il y en a, et pas qu'un seul !), son anti-activisme donne un côté comique à la situation qui pourtant pourrait être catastrophique et assez angoissante. On parle ni plus ni moins de la fin du monde ! Reste à savoir de quel monde on parle... J'ai l'impression, à la fin de ma lecture et « à chaud », d'avoir lu une sorte d'allégorie de notre monde, comme un rêve éveillé de quelqu'un qui voudrait voir le monde changer, les relations humaines évoluer vers plus de sincérité, moins de complexes et de complexité. Et ça, cette utopie, cette sorte de naïveté, a su me toucher et me plaire.

C'est donc, vous l'aurez compris, un avis assez mitigé que j'ai vis-à-vis de ce roman, qui peut être énervant par certains procédés narratifs, mais qui m'a permis aussi, pendant quelques jours, de tenter de voir le monde avec d'autres lunettes que celles, toutes grises, que l'on chausse habituellement pour voir les autres et entrer en relation avec eux.

Un grand, grand merci à Newsbook et aux éditions Gallmeister pour ce surprenant partenariat !


Paru aux éditions Gallmeister, 2011, ISBN : 978-2-35178-044-2

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