vendredi 19 août 2011

Vacances avec papa, de Dora Heldt



L'été approche, et Christine doit se rendre dans une île du nord de l'Allemagne pour y aider une amie afin que sa pension de famille et son café soient prêts pour l'ouverture de la saison. Quelques jours avant son départ, sa mère lui demande d'emmener son père avec elle. Mais Heinz, 73 ans, est du genre à se mêler de tout, et surtout de ce qui ne le regarde pas...

Le premier mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce roman, c'est « surprise ». Des bonnes et des mauvaises. Et pourtant, a priori, il n'y a pas de quoi. La 4e de couverture décrit bien le livre et ce qu'on va y trouver : une histoire sur les relations père-fille, de l'humour, de la légèreté, de la tendresse.
Ce qui m'a surprise, ce sont les personnages, tant par leur caractère que leur profusion. Nous avons là affaire à une femme de 45 ans, divorcée, donc en théorie déjà installée dans la vie, autonome, indépendante. Mais ce n'est pas le cas : tout, dans son comportement au cours de ce séjour, fait penser à une gamine de quatorze ans, en pleine crise d'adolescence, mais ne voulant pas aller au conflit ouvert avec son père. Petite mauvaise surprise, donc : je n'ai absolument pas trouvé le personnage principal crédible dans son rôle de femme mûre, quels que soient les rapports qu'elle peut avoir (ou a pu avoir par le passé) avec son père, et quelle que soit la personnalité du père d'ailleurs...
D'autre part, les relations entre le père de Christine et les amies de sa fille, Dorothée et Marlène (celle qui tient la pension de famille), sont assez étranges : elles le tutoient, par exemple, ce qui est assez inhabituel chez des personnes de cet âge. Le père a 73 ans, et à moins que les amies en question ne soient connues de lui de longue date, voire depuis l'enfance, une telle familiarité me semble étrange (personnellement, je n'ai jamais tutoyé les pères de mes amies, bien plus jeunes pourtant !). Une explication pourrait venir de la traduction ? Toujours est-il que ce tutoiement m'a d'abord surprise, et j'ai eu du mal à m'y faire... Là encore, un petit point qui met l'accent sur le manque de réalisme de ce roman. Mais les autres personnages (Dorothée et Marlène, les amies de Christine, Kalli, Carsten, Onno, les amis de Heinz qui donnent un coup de main également, Niels, l'architecte d'intérieur et amant de Dorothée, Théda, la tante de Marlène, Hubert, son ami, Gesa, la serveuse de la pension, GvM, le journaliste du village, Johann Thiess, la famille Berg, les « Drôles de dames », tous clients de la pension), eux, sont hauts en couleur, c'est le moins que l'on puisse dire ! Tous se greffent sur l'histoire principale, de manière plus ou moins importante, et participent à l'intrigue en la compliquant à souhait de leurs rapports plus ou moins tumultueux...
Globalement, j'ai plutôt apprécié ce roman, malgré les points négatifs mentionnés plus haut. J'ai beaucoup ri à divers moments, le comique résidant ici dans l'absurdité de certaines situations, dans l'implication à outrance de Heinz, personnage odieux mais foncièrement attachant. J'ai aussi été particulièrement énervée par Christine, l'héroïne de l'histoire, tellement j'ai eu envie de la voir devenir adulte, de la voir s'émanciper. Pour autant, elle est très touchante, elle aussi, avec ses doutes, sa tendresse sans faille pour son père, même si son comportement absurde lui tape sur les nerfs. Les autres personnages aussi sont attachants, un peu patauds, un peu nigauds, outranciers, mais aussi foncièrement généreux et altruistes, malgré une indiscutable maladresse. Globalement, aucun d'entre eux n'est réellement crédible, et ce d'un bout à l'autre du roman. En particulier le personnage de Marlène, qui laisse faire, alors que toute l'équipe risque à plusieurs reprises de ruiner totalement son projet et son outil de travail...

C'est donc pour moi un roman sympathique, drôle, aux personnages attachants, et ce malgré de grosses faiblesses tant dans le style que dans l'histoire. Point positif en revanche : il se lit très vite (deux demi-journées en ce qui me concerne), facilement, l'écriture est fluide, simple, directe, sans descriptions à outrance... Je suis donc encore une fois assez mitigée, mais ce roman me laisse une bonne impression de lecture divertissante, de vacances. En revanche, je ne comprend pas trop comment il a pu connaître un tel succès en Allemagne... (plus de 60 semaines dans le top des ventes quand même) !

Un grand merci aux éditions L'Archipel pour m'avoir envoyé ce livre et à Bibliofolie pour ce partenariat de vacances !

Paru aux éditions de l'Archipel, 2011. ISBN : 978-2-8098-0502-4

2 commentaires:

  1. Ton billet est très précis et me tente finallement, d'autant que les points négatifs que tu soulignes ne me gêneront pas, je pense, car je tutoie les pères de "toutes" mes amies d'enfance (alors, quand je dis enfance, depuis qu'on a 2-3 ans !)Et en Allemangne, ça se fait peut-être davantage ce qui expliquerait le succès du livre là-bas.(et le lieu aussi, les gens du nord sont fiers de leurs îles!)En tout cas, je note ce livre pour l'"hiver...quand on aura besoin de lectures de vacances d'été !!!

    RépondreSupprimer
  2. @ Jeneen : Je ne connais pas très bien tes goûts de lecture, mais en tout cas, si effectivement le tutoiement ne te gêne pas, ça va fonctionner chez toi ! J'ai lu d'autres avis, plus ou moins mitigés sur ce livre, mais je l'ai trouvé finalement agréable à lire, pas trop prise de tête, plutôt second degré, même, avec le recul ! Merci d'être passée !

    RépondreSupprimer