jeudi 12 mars 2015

De Lumière en Lumière : Vie de la Bienheureuse Chiara Badano, de Mariagrazia Magrini



Chiara Badano est née à Savone, dans le Nord de l'Italie, le 29 octobre 1971. Elle est morte dans son village, à Sassello, où elle a passé la majeure partie de sa vie, le 7 octobre 1990. Une vie très courte (pas tout à fait 19 ans), et pourtant Chiara a vécu dans la foi et la sagesse de Dieu depuis sa plus tendre enfance. Elle est la quatrième jeune non martyre béatifiée par l'Eglise, le 25 septembre 2010.
Une de mes amies m'a prêté ce livre parce qu'elle est particulièrement touchée par ces jeunes, ces enfants qui mènent des vies saintes, dans la foi. Mais j'ai attendu pas mal de temps avant de le lire, parce que je n'avais pas envie d'avoir sous les yeux la description de la souffrance incroyable de cette jeune fille, morte d'un des pires cancer des os qui existent après deux ans de douleurs intenables. Je pensais devoir faire face à la mort, à la souffrance... mais c'était sans compter la bonté de Dieu. En même temps que Chiara a eu à subir la douleur, Dieu lui a donné la grâce de la vivre dans la joie, dans l'abandon et le don total d'elle-même pour son "Premier Époux", son bien-aimé, Jésus, en s'unissant à ses souffrances sur la Croix. Aimée de Dieu, elle a eu la force de tout vivre et accepter pour Lui.

Le récit de la vie de Chiara Luce, du surnom qui lui a été donné par Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari dont Chiara Badano a fait partie très jeune, est illuminé par cette joie profonde, sincère, qui l'habite dès l'enfance. La joie et aussi la volonté d'aimer l'autre, c'est-à-dire d'aimer Jésus à travers l'autre ou encore d'aimer l'autre comme s'il était Jésus. De mettre toujours Jésus "au milieu", de toujours chercher à le reconnaître dans la personne en face d'elle. C'est à travers les Mouvement des Focolari que Chiara approfondit sa foi et la vit au quotidien. Ce mouvement est vraisemblablement un élément essentiel de sa formation spirituelle et sera déterminant dans la manière de vivre l'épreuve et l'offrande.
Autre caractéristique de cette jeune fille : elle a toujours offert à Jésus ses peines, ses souffrances, ses difficultés, qu'elles soient d'ordre relationnel, scolaire ou personnel.
Une des choses qui m'a le plus frappée, c'est la manière dont elle a accepté le diagnostic final, la réaction qu'elle a eue face à sa mère, au retour de l'hôpital où le médecin lui a appris qu'elle ne guérirait pas, que tout était perdu. Elle a demandé à sa mère de se taire, de ne pas lui parler maintenant et est restée assise dans le canapé et y est restée prostrée pendant... 25 minutes. Vingt cinq minutes au bout desquelles elle a dit à sa mère : "Tu peux parler". Entre-temps, on ne peut que supposer ce qui s'est passé. Sans doute a-t-elle confié sa vie au Christ, sans doute est-ce le temps qu'il lui a fallu pour accepter le verdict et ce qu'il voulait dire, avec la grâce de Dieu et dans l'abandon, la confiance totale et l'amour pour le Christ dont elle fait preuve depuis sa petite enfance : "Si tu le veux, Jésus, je le veux, moi aussi".

En dehors de la manière dont elle a vécu la maladie, ce qui est frappant, chez Chiara Luce, c'est sa manière de vivre avec les autres. Bien que réservée, cette jolie jeune fille a toujours été entourée d'amis, elle était aimée de tous. Et vivait tout dans la paix et la sérénité, qu'elle savait communiquer à tous ceux qui venaient la voir, les soutenant et les réconfortant.

J'ai été littéralement scotchée par cette biographie. J'y ai vu l'histoire d'une sorte de comète ou d'étoile filante. Une vie de foi dont la fulgurance est incroyable : Si l'Eglise a béatifié Chiara, c'est qu'elle est un exemple de confiance et de foi dans notre monde qui a mis Dieu aux oubliettes depuis bien longtemps. Nous avons besoin de ces vies de Saints, de ces exemples de vies tout entières données au Christ et, par ricochet, données aux autres, puisque l'un ne va pas sans l'autre. Ce que j'ai appris, avec cette lecture, c'est qu'il ne peut y avoir de sainteté seule. L'amour pour le Christ est forcément fécond et ne peut qu'être tourné vers les autres. Et puis, l'exemple de Chiara Luce donne des "pistes" pour vivre une vie sainte, tournée vers le Christ et les autres. L'offrande et la prière en particulier. L'offrande de tout ce qui fait la vie quotidienne, des bonnes comme des mauvaises choses. Des joies de la journée comme des souffrances, physiques ou morales, des humiliations, des vexations ou des réussites, offrande aussi des renoncements, abandon à la volonté de Dieu.

Et puis, Chiara est un exemple d'humilité. Se faire petite fait partie de cette offrande, puisqu'elle semble en être un peu la conséquence. Si j'offre tout à Dieu, c'est que je reconnais aussi que rien ne vient de moi, que tout vient de Lui. Je n'ai donc aucune gloire à retirer de mes réussites : tout vient de Dieu. Je peux donc aussi tout lui offrir... et la boucle est bouclée.
C'est étonnant comme les choses se font bien. Le Seigneur pense à nous dans les moindres détails. Cette lecture, que j'ai terminée le week-end dernier, vient confirmer ce que m'a dit un prêtre samedi soir et me donner concrètement les moyens de faire ce qu'il m'a demandé de faire : offrir et me faire "petite"... J'ai maintenant des moyens concrets pour avancer sur ce chemin de la sainteté, auquel tous les baptisés sont appelés. Ben... y'a plus qu'à ! Et c'est là le plus difficile, mais quel défi, avec la grâce de Dieu !

Paru aux éditions du Jubilé, 2011. ISBN : 978-2-86679-530-6.

2 commentaires:

  1. Magnifique ce que tu écris, mon Amélie, et quel témoignage de Foi!( de la tienne et de celle de Clara LUCE)...qui veut dire Lumière.
    Ce que j'admire le plus dans toutes ces figures que Dieu nous donne à connaître,c'est qu'elles sont toujours des créatrices , des accoucheuses de mouvements ou d'associations qui vont façonner le jugement de ceux qui viendront après elles: Marthe Robin et ses foyers de charité,qui vient en notre temps, après toutes ces saintes qui ont fondé des Ordres, tout au long des siècles, ce qui est la "preuve" que l'Esprit est toujours à l'oeuvre, même en 2015

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    1. Apparemment, l'Eglise ne béatifie personne par hasard. Chiara "Luce" Badano n'a rien créé elle-même, elle n'a été que membre des Focolari, mouvement créé par une autre Chiara, Chiara Lubich (je crois que son procès de béatification est aussi en cours). Mais quelle fécondité dans la vie si courte de Chiara Badano, et après sa mort ! Des conversions à la pelle, des retournements spectaculaires de personnes qui s'étaient éloignées de l'Eglise... Et ces jours derniers, le Pape François a justement rencontré les Focolari... Ce mouvement me semble être d'une grande fécondité au niveau de la foi !

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