samedi 26 octobre 2024

Libre réponse à Michel Onfray : non, le Christ n'est pas un mythe, de Matthieu Lavagna


 

Michel Onfray a publié ces dernières années plusieurs ouvrages où il prétend démontrer que le Christ est une invention, un mythe construit de toutes pièces : Traité d’athéologie (2005), Décadence, vie et mort du judéo-christianisme (2017), Anima (2023) et Théorie de Jésus, biographie d’une idée (2023). Pour lui, Jésus n’a jamais existé… Dans ses livres, il dit aussi un nombre assez dingue de choses absurdes : le christianisme serait à l’origine du nazisme, Pie XII, bien sûr, aurait été favorable à Hitler, d’ailleurs, Hitler aurait été chrétien, Saint Paul serait misogyne et névrosé, l’Église serait à l’origine de l’ethnocide et serait aussi contre la science, le christianisme serait quant à lui favorable à l’esclavage, Jean-Paul II aurait défendu le génocide rwandais, les Évangiles seraient antisémites, sans parler bien sûr, des tartes à la crème habituelles que sont l’Inquisition, les Croisades et Galilée…

En gros, selon Michel Onfray, l’Église, le Christ, Saint Paul et le christianisme seraient responsables des pires maux de notre monde.

Sauf que… tout cela est factuellement faux. Et pas qu’un peu d’ailleurs. La démonstration de Matthieu Lavagna, apologète catholique, philosophe et théologien, est éclairante. L’auteur reprend, un à un, chacun des « arguments » (et je mets des guillemets parce que certains de ces « arguments » n’en sont vraiment pas, tant ils sont peu étayés) et il démontre en quoi ces « arguments » sont faux, biaisés, voire absurdes. Et même pétris de mauvaise foi.

En réalité, Michel Onfray est fondamentalement athée, et surtout anti-chrétien (et il en a tout à fait le droit, là n’est pas le problème). Pour justifier sa hargne contre le catholicisme en particulier, il assène des arguments absurdes qui prouvent uniquement qu’il n’a pas lu les textes évangéliques, d’une part, mais aussi qu’il ignore totalement une bonne partie des faits historiques qui concernent le christianisme et il utilise les faits et les sources (quand il les mentionne) uniquement dans le sens qui confirme sa thèse, en omettant volontairement tout ce qui pourrait l’infirmer… Pour l’honnêteté financière, on repassera.

Alors « non, le Christ n’est pas un mythe » , pour ne parler que de ce fait, sans entrer dans le détail de toutes les contre-vérités assénées par Michel Onfray, oui, Jésus a bel et bien existé. D’ailleurs, aucun historien sérieux, qu’il soit croyant ou non, ne remet aujourd’hui son existence historique en question. Un chiffre m’a marquée : il existe pas moins de 42 sources scripturaires indépendantes, chrétiennes ou non chrétiennes, attestant de l’existence de Jésus et datant des premiers siècles du christianisme. Pour Jules César, on dispose de 5 sources uniquement, dont « La Guerre des Gaules ». Et pourtant, personne ne remet en question l’existence de Jules César…

Cet ouvrage de Matthieu Lavagna est d’autant plus nécessaire que Michel Onfray écume les plateaux de télévision pour répandre la bonne parole de l’idéologie mythiste. Il est temps de remettre les pendules à l’heure. Le Christ a bel et bien existé, c’est un fait démontré historiquement sur lequel il n’y a pas lieu de revenir. Dire le contraire relève de l’ignorance et de la mauvaise foi. Quant à savoir si Jésus était ou est le fils de Dieu, et Dieu lui-même, ça c’est, justement, du domaine de la foi. Et là, on n’est pas du tout oblité d’y croire.


Paru aux éditions Artège et 1000 raisons de croire, 2024. ISBN : 979-10-336-1495-1.

samedi 19 octobre 2024

Harry Potter, tome 7 : Harry Potter et les Reliques de la Mort, de J. K. Rowling


Harry vient d'avoir 17 ans. Ou plutôt, au moment où le dernier tome de la saga commence, il est sur le point d'avoir 17 ans. 17 ans, chez les sorciers, c'est l'âge de la majorité. C'est aussi la dernière année de formation à Poudlard et le moment où Harry devient un sorcier à part entière, où il peut faire de la magie sans avoir le Ministère de la Magie sur le dos... Sauf que les choses ont changé depuis la mort de Dumbledore.

Cette année, Harry ne retourne pas à l'école : Dumbledore, avant de mourir, lui a confié une mission qu'il doit mener en secret avec Ron et Hermione pour seule aide. Il s’agit pour eux de trouver et détruire les Horcruxes dans lesquels Voldemort a caché des morceaux de son âme.

Par ailleurs, Voldemort et les Mangemorts à sa solde ont pris le pouvoir dans le monde des sorciers. Ils se sont rendus maîtres du Ministère de la magie et c’est Severus Rogue qui a pris la direction de Pudlard. Dans le nouveau monde tel que voulu par Voldemort, les « Sangs-Purs ne sont pas inquiétés, mais les autres, en particulier les « Nés Moldus », comme Hermione, sont impitoyablement pourchassés et emprisonnés, s’ils ne sont pas tués avant. Mais les « Sang-Mêlés » et les « Sangs-Purs » comme les Weasley qui viendraient en aide aux « Nés Moldus » sont, bien sûr, considérés comme des traîtres à leur sang et subissent le même sort. Les trois jeunes sorciers sont donc contraints à la clandestinités, pour pouvoir mener à bien leur quête.

Plus qu’une simple collecte d’objets – et le moyen de les détruire -, cette dernière mission est aussi, et surtout, une sorte de rite de passage vers l’âge adulte pour Harry et ses deux amis. Au fil des pages, le lecteur les suit et les voit affronter de multiples épreuves qui, toutes, leur permettent de grandir. Grandir en intelligence, en courage et en sagesse, bien sûr, mais aussi apprendre et renforcer leur confiance mutuelle. Plus que tout, cette dernière mission permet à Harry de vivre et de comprendre le sens du mot « sacrifice ».

Si ce dernier tome est aussi le plus noir de la saga, il recèle des moments lumineux où Harry se révèle être, pour qui parvient un tant soit peu à lire entre les ligues, une magistrale figure christique. J. K. Rowling est de confession chrétienne, et cela se sent, c’est même particulièrement évident ici.

Je n’irai pas plus loin : je dois être l’une des dernière qui n’avait pas encore lu cette saga en entier avant ce jour. Entre les livres et les films qui en ont été tirés, l’histoire elle-même est bien connue. Au sujet des films, d’ailleurs, ils suivent, eux aussi, la progression de plus en plus noire des romans. Et, comme toute adaptation, prennent des libertés certaines avec l’œuvre originale. C’est le cas en particulier du 8e opus, qui relate la seconde moitié du tome 7, avec le combat de Poudlard. Le parti-pris du film est quelque peu différent de celui du livre, et fonctionne très bien aussi à l’écran. Le livre, tout en étant moins spectaculaire (forcément ! ), me semble malgré tout avoir une force symbolique plus grande. C’est sans doute une question d’interprétation…

En tout as, cette saga peut se lire à tout âge, même si elle est estampillée « Jeunesse ». Le jeune lecteur sera emballé par le souffle épique qui se dégage des sept volumes tandis que le lecteur plus mâture y trouvera matière à réflexion sur le don de soi, l’amour inconditionnel, la confiance et le pardon...


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2008 (Folio Junior). ISBN : 978-2-07-061537-7

samedi 21 septembre 2024

En mon corps meurtri : Chemins de résilience, de Jérôme Guillement

 


Jérôme Guillement fait partie de ces innombrables enfants qui ont été abusés sexuellement durant leur enfance. Et circonstances aggravantes pour l’auteur des abus : il était prêtre. Il n’était pas seul, car Jérôme a aussi été abusé par des camarades de classes, mais ceux=ci étaient mineurs. Cela n’excuse rien, mais le problème ne se pose pas dans les mêmes termes dans ce second cas d’abus.

Pour ce qui est du prêtre, la responsabilité est énorme : il fait partie, normalement, de ces figures de confiance auxquelles les parents confient leurs enfants sans problème, en toute confiance, justement. Et là, cette confiance a été trahie. Mais les parents de Guillaume n’en sauront rien avant que ce dernier ne décide de lever le secret, suite à une retraite dans une abbaye où sa rencontre avec un moine sera décisive dans son cheminement vers la lumière.

Ce livre aurait pu être un énième témoignage à charge contre ces prêtres abuseurs. Ces témoignages sont essentiels, tant pour permettre la levée du secret que pour qu’une reconstruction soit possible pour l’enfant abusé, la plupart du temps devenu adulte. Je pensais trouver dans ce livre la rage, la colère, le désespoir face aux actes dont l’auteur a été victime.

Mais non. Pas de règlement de comptes, ici, mais la description – tortueuse, comme l’a été le cheminement de l’auteur – des démarches et recherches qui lui ont permis de sortir du déni, du secret et de la honte. Ce livre décrit non seulement les abus, mais aussi les effets sur la santé, sur le corps de Jérôme. Ce corps qui a gardé en mémoire la moindre trace de ce que l’enfant avait subi et mis volontairement de côté. Quand le mal subi est caché, quand il est volontairement mis sous le tapis, quand il n’est pas révélé, exprimé verbalement, alors il faut au corps trouver un autre moyen de l’exprimer. C’est exactement ce qui est arrivé à Jérôme et qui le conduira à consulter d’innombrables thérapeutes pour « aller mieux ».

Le « mieux » passe par la révélation des abus, mais aussi par la confrontation avec l’évêque de son diocèse qui, enfin, parce que la CIASE est passée par là, écoute cette jeune victime d’un prêtre diocésain, mort depuis quelques années au moment où Jérôme révèle son secret.

J’ai été frappée par le ton employé par l’auteur de l’ouvrage. Le récit est sobre, dur dans la description des faits comme dans les conséquences physiologiques et psychologiques des abus, mais il n’y a pas de déferlement de colère ou de haine. Simplement un cheminement, durant lequel le lecteur peut sentir l’apaisement progressif qui va de pair avec l’avancement dans le processus de guérison. Car il s’agit bien de ça : Jérôme s’est construit avec cette blessure profonde, son corps a manifesté des dysfonctionnements importants suite à ces abus, mais le jeune homme s’en « sort » malgré tout, moyennant des recherches multiples dans des directions non moins nombreuses : psychanalyse, psychothérapie, aromathérapie et autres font partie de son arsenal thérapeutique qui lui ont permis d’aller mieux.

Aujourd’hui, il a changé de métier. Après avoir travaillé dans le monde de l’imprimerie, il exerce comme psycho-praticien d’orientation Jungienne. Il est toujours engagé dans la vie chrétienne, en tant qu’organiste et choriste, preuve qu’il est possible, même quand on a subi l’innommable, de parvenir à faire la part des choses et de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Jérôme a été victime du vice d’un homme, et a ensuite pu être soutenu tant par sa famille que par l’Église qui a permis – tardivement, certes, mais a permis tout de même – un chemin de résilience et de réparation.

Puisse ce livre en aider d’autres : qu’ils puissent y apprendre que le chemin, s’il est long, tortueux et délicat, n’en est pas moins possible et peut les guider vers la lumière.


Paru aux éditions Nouvelle Cité, 2023. ISBN : 978-2-37582-540-2.

mardi 10 septembre 2024

Le Crépuscule et l'aube, de Ken Follett


 

Dans le sud de l’Angleterre, au tournant du premier millénaire de notre ère, le jeune Edgar, fils surdoué du charpentier de marine de la ville de Combe, voit sa vie, ses projets, sa famille voler en éclats au moment de l’attaque de la petite ville par une horde de Vikings. Contraints de quitter Combe dévastée, Edgar, ses deux frères et leur mère arrivent sans rien à Dreng’s Ferry où, très vite, ils vont être confrontés à Dreng, le tavernier et chef du hameau, cousin de l’ealdorman – c’est-à-dire le seigneur – du comté.

Aldred, jeune moine de la ville de Shiring, chef-lieu du comté, arrive quant à lui à Cherbourg où il est venu chercher des livres pour la bibliothèque du monastère. Intelligent et érudit, il ne plaît pas à tous ses frères moines, en particulier à cause de ses prises de position envers l’évêque du lieu, Wynstan, frère de l’ealdorman. Il rencontre à Cherbourg la jeune Ragna, fille du Comte Hubert. Belle et intelligente, fine stratège et diplomate, cette dernière tombe amoureuse de l’ealdorman Wilwulf, venu négocier avec Hubert une alliance afin d’empêcher les vikings de s’en prendre aux anglais.

Ces trois personnages sont au cœur d’un récit de mille pages, situé au milieu du Moyen-Âge. La couverture du livre indique « Avant les Piliers de la Terre », en référence à un autre roman de Ken Follett, écrit en 1989 et situé, lui, au temps des bâtisseurs de cathédrales, c’est-à-dire plutôt aux XIIe – XIIIe siècles, au tournant de l’art roman et de l’art gothique. Le trio est très rapidement aux prises avec la famille de Wilwulf, sa mère et ses deux demi-frères en particulier, pris dans des luttes de pouvoir, d’influence et de richesses. Corruption, violence, agressions, trahisons… tout est bon pour maintenir les prérogatives des puissants, y compris s’il le faut, pour cela, faire fi de la justice, dont l’ealdorman est pourtant le garant sur ses terres.

Du point de vue historique, je ne sais pas vraiment ce que vaut ce roman. Les sources architecturales et textuelles manquent pour cette période de l’An Mil, des deux côtés de la Manche, et on ne peut que faire des suppositions sur bon nombre d’aspects de la vie à ce moment-là. Il semble que la période était moins noire que ce qu’en a retenu l’imaginaire collectif. Loin d’être une ère marquée par l’obscurantisme, on sait aujourd’hui, au contraire, que le Moyen-Âge était une période riche dans les domaines de l’art, des échanges culturels et linguistiques ; c’est la période de la naissance et du développement des universités, des échanges commerciaux, des premières grandes découvertes, de l’art roman, puis gothique…

Mais le Moyen-Âge couvre mille ans de l’histoire de l’Europe et c’est aussi une période qui a connu invastions, épidémies, pauvreté, reculs civilisationnels périodiques, guerres pour le contrôle et l’extension des territoires… On laissera donc le bénéfice du doute à l’auteur pour ce qui est des aspects historiques du roman.

Du point de vue littéraire et romanesque, maintenant, c’est du Ken Follett. Et, tout comme dans « Les Piliers de la Terre », ce que l’auteur décrit est souvent cru, sale, violent. Mais, hormis ce petit bémol (qui n’est pas gratuit et sert l’histoire), l’intrigue est bien construite, haletante et pleine de rebondissements. J’ai eu du mal, le soir, durant cette lecture, à lâcher le livre et à éteindre la lumière. On s’attache très vite aux personnages principaux et, sur un tel nombre de pages, on apprend à les connaître, eux et ceux qui les entourent : amis, serviteurs, esclaves, enfants, ennemis, traîtres, simples « idiots utiles »… Ce roman, tout comme d’autres du même auteur, est construit comme une fresque avec de multiples personnages qui redonnent vie à une époque (réelle ou fantasmée) disparue.

Vous l’aurez compris, j’ai été captivée par ce roman, même si je lui ai préféré la trilogie « Le Siècle », plus proche de nous d’un point de vue historique. C’est donc un bon cru, mais, compte-tenu de la violence qu’il décrit, il est à mettre exclusivement entre des mains adultes.


Paru aux éditions LGF, 2021 (Le Livre de Poche). - ISBN : 978-2-253-07155-6.

lundi 29 juillet 2024

Harry Potter, tome 6 : Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, de J. K. Rowling

Ça n'aura pas échappé aux lecteurs de ce blog, je poursuis ma lecture de la saga de J. K. Rowling (enfin, me direz-vous ! Et vous aurez raison). Dans ce sixième tome des aventure de Harry, Ron et Hermione, on retrouve les trois jeunes gens, juste avant leur rentée en sixième année à l'école des sorciers de Poudlard. Mais, contrairement à ce qui se passe d'habitude, cette année, c'est Dumbledore lui-même, directeur de Poudlard, qui vient chercher Harry chez les Dursley. Il a une mission à lui confier, mission que Harry réussit sans vraiment s'en rendre compte, et sans réellement comprendre ni comment, ni pourquoi d'ailleurs.

Par la suite, Dumbledore décide de lui donner des cours particuliers dans son bureau, cours qui se répèteront à intervalles plus ou moins réguliers, au gré des absences et des retours du directeur dans l'enceinte du château. Il faut dire que la situation à Poudlard s'est sérieusement détériorée à l'école des sorciers depuis la fin de l'année scolaire précédente et le combat qui a eu lieu au Ministère de la Magie entre Dumbledore et Lord Voldemort, en présence de Harry. Bref, la situation est compliquée, les élèves sont susceptibles d'être en danger, au point que certains parents prennent la décision de retirer leurs enfants de l'école...

Harry et ses amis Hermione et Ron commencent donc leur avant-dernière année à Poudlard avec certaines menaces pesant sur eux et sur les autres élèves. Menace diffuse mais bien réelle, quand une élève est victime d'un sortilège qui la mènera à passer le plus clair de l'année à l'hôpital Ste Mangouste, un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies et atteintes magiques. Dumbledore, bien qu'absent assez régulièrement de l'école, n'est pas en reste concernant les mystères qui émaillent la vie à Poudlard et, pour la première fois depuis son entrée à l'école, il commence à transmettre Harry son savoir et lui donne d'étranges cours qui ont tous pour objet de le plonger dans le passé de Tom Jedusor, ancien élève de l'école lui aussi, plus connu sous le nom qu'il s'est choisi, celui de Voldemort.

Mais le danger ne vient pas que de lui : un ennemi intérieur, installé dans le château, prépare en secret une action dont le lecteur n’apprendra que dans les dernières pages quel en est l’objet. Harry a tôt fait de démasquer le coupable et soupçonne certaines complicités…

Ce sixième tome s’inscrit bien plus dans la suite du précédent que ne le faisaient les premiers. On pouvait presque les lire indépendamment, mais là, il s’agit d’une suite qui monte crescendo dans la noirceur. L’intrigue se « corse », les plans des « amis » (ou plutôt des alliés) de Voldemort se précisent et le filet se resserre autour des sorciers du « camp du bien ».

J’ai été captivée par la lecture de ce volume. La lecture est facile, malgré les mots inventés par l’auteur pour désigner certaines réalités du monde des sorciers. C’est vrai qu’au bout de 6 tomes, il faudrait être idiot pour ne pas comprendre ce langage ! Certaines longueurs sont toutefois un peu pénibles mais avec le recul, elles servent le récit plutôt bien. On aimerait juste en savoir un peu plus plus rapidement : la personnalité du « Prince de Sang-Mêlé », par exemple, arrive vraiment très tardivement dans le récit, au point de m’avoir donné l’impression d’être tombée comme un cheveu sur la soupe, une révélation faite en passant, comme ça, l’air de rien…

Un bon « cru » malgré tout, qui a le mérite de mettre en place tous les éléments de l’intrigue du dernier volume de la saga, que je vais m’empresser de lire (mais pas tout de suite : un autre roman, pour adultes, cette fois, est en cours et semble prometteur!)


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse (Folio Junior), 2007. ISBN : 978-2-07-061241-3.

samedi 13 juillet 2024

Père Elijah, une Apocalypse, de Michael D. O'Brien

 


De Michael D. O'Brien, j'avais déjà lu un autre ouvrage, « Une île au cœur du monde », que j’avais trouvé magnifique. Dans un tout autre style, celui du thriller religieux, ce roman m’a tout simplement scotchée. Impossible de le laisser tomber. C’est d’ailleurs avec ce roman que je me suis remise à lire très régulièrement, ce que je ne faisais plus depuis quelques temps (et aussi avec Harry Potter, il faut bien le dire).

Le Père Elijah, moine carme et ancien homme politique israélien converti au catholicisme et rescapé de la Shoah, est appelé à Rome où le Pape lui confie une mission délicate et périlleuse. Il s’agit d’entrer en contact avec le Président, un homme extrêmement influent, perçu par le monde entier comme bienveillant, mais à l’égard duquel l’Église, non sans raisons, émet de sérieuses réserves. Le récit montre à quel point elles étaient fondées… Le déchainement des forces mauvaises illustre extrêmement bien le combat qui oppose, dans le monde invisible, les forces du bien et celles du mal. Ce combat, dans la spiritualité chrétienne, s’appelle le « combat spirituel », et il est tout à fait réel.

Le roman est foisonnant. Extrêmement bien construit, complexe, il lance le lecteur à la suite du Père Elijah dans ses pérégrinations, ses rencontres, ses doutes et ses tourments, ses questionnements aussi…

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, parce qu’il donne une vision très juste du christianisme et des exigences de la vie chrétienne. Les Écritures sont respectées, il n’y a pas d’arrangements avec elles parce que ça conviendrait mieux à l’intrigue. Le Père Elijah est une sorte de prototype du chrétien qui a bien compris sa foi et les exigences qu’elle implique dans sa vie personnelle et sa vie de foi. Le livre n’épargne pas le lecteur et le met face à la question du mal, du péché, du doute, mais aussi de la lumière du Christ, de l’importance de la hiérarchie catholique. On y entrevoit son fonctionnement, mais aussi les erreurs humaines qui gangrènent l’institution. C’est du très, très bon roman.

L’intrigue se déroule en deux parties, et je n’ai pas encore lu la seconde, où l’on retrouve le Père Elijah à Jérusalem. A suivre, donc !


Paru aux éditions Salvator, 2022. ISBN : 978-2-7067-2274-5.

samedi 6 juillet 2024

Choisis la vie !, de Timothy Radcliffe


Dominicain, Timothy Radcliffe est connu dans le petit monde catho pour ses écrits spirituels, sa profondeur et son humour. Je n’avais jamais rien lu de lui, aussi ai-je décidé de m’y atteler. En commençant par cet ouvrage, parce que le titre me plaisait bien : « Choisis la vie », c’est une des exhortations du Nouveau Testament, une des promesses de Jésus à ceux qui croient en lui également : la vie dont il est question ici n’est rien d’autre que la Vie éternelle. Beau programme pour un croyant.

J’ai eu beaucoup de mal avec cet ouvrage, plus difficile d’accès que je n’aurais cru en l’ouvrant. Pourtant, le concept est plutôt bien trouvé : « Le défi majeur d’aujourd’hui n’est pas la sécularisation, mais sa banalité. Comment, dès lors, le christianisme peut-il toucher l’imagination de nos contemporains ? Romanciers, poètes, cinéastes savent dire à la fois la grandeur et la confusion de nos existences. Ils sont nos alliés pour ressaisir autrement l’Évangile », annonce la 4e de couverture. Et de fait, cet ouvrage regorge de citations, d’extraits de poèmes ou de romans, de récits de scènes de films qui illustrent très bien les différents aspects du christianisme.

Construit en quatre parties (« Imaginaire », « En route », « Enseigner » et « La vie ressuscitée »), cet essai part de la vie de Jésus et des récits des Évangiles pour, après des incursions diverses dans le monde littéraire, cinématographique, poétique… le monde de l’art et de la culture en général, actualiser ces textes vieux de 2000 ans et pour nous redire combien ils sont adaptés encore à nos vies d’aujourd’hui.

Si j’ai eu du mal, c’est parce qu’il s’agit malgré tout d’une lecture érudite et exigeante, qui nécessite donc de la concentration, et non pas une lecture du soir, avant de se coucher, quand on a l’esprit brumeux après une journée de travail.

J’en retire, aujourd’hui, plusieurs semaines après l’avoir terminé, l’idée générale que Dieu, à travers la foi, nous accompagne au quotidien, dans tous les aspects de nos vies. Loin d’être un Dieu lointain, sourd à nos prières, il est présent au quotidien, au plus près de ce que nous vivons. La Parole de Dieu est vivante en ce sens qu’elle nous « parle » chaque jour. En ce sens, St Jean a raison, dans son prologue, de dire « Le Verbe s’est fait chair ». Le Verbe, c’est la Parole de Dieu, cette parole vivante qui s’abaisse jusqu’à devenir l’un de nous, vrai homme tout en étant vrai Dieu. Parce que Dieu a voulu se faire proche de nous, il a pris notre condition humaine et s’est fait l’un de nous. Il a donc vécu ce que nous vivons. Sa Parole, transmise à travers les Évangiles, mais vécue encore aujourd’hui, a donc quelque chose à nous dire. A nous d’ouvrir le livre.


Paru aux éditions du Cerf, 2020. ISBN : 978-2-204-13472-9.

mercredi 3 juillet 2024

Yoko Tsuno, tome 31 : L'Aigle des Highlands, de Roger Leloup



 Dernier album sorti, « L’Aigle des Highlands » nous ramène en Ecosse, bien sûr, où Yoko et son petit monde s’est installée depuis quelques albums (depuis « La Servante de Lucifer », la 25e aventure).

Fidèle à la tradition qu’il a lui-même créée, Roger emmène cette fois-ci son héroïne non pas dans l’espace, mais « ailleurs », sur Terre - et pas mal sous terre aussi, d’ailleurs. Mais pas que. L’histoire commence dans le banal quotidien de la vie normale. C’est le soir, le soleil se couche, et il est l’heure pour les enfants d’aller au lit. De son aventure précédente dans la banlieue de Saturne, Yoko a ramené la petite Pia, résultat « vinéen » de manipulations génétiques, qu’elle élève comme sa fille adoptive Rosée, avec l’aide de Bonnie et d’Emilia, sans oublier les amis de toujours Vic et Pol. Il commence à y avoir du monde au cottage et des travaux sont nécessaires pour remettre l’habitation aux normes.

C’est d’ailleurs un problème électrique qui lance l’aventure. En allant nourrir un renard dans les ruines de l’abbaye qui jouxte Loch Castle, la demeure de Cécilia près de laquelle se trouve le cottage, Emilia et Bonnie tombent sur deux moines à la recherche de « quelque chose » dans les ruines. Yoko se renseigne auprès de Cécilia, qui lui remet une étrange patte d’aigle, ce qui va lancer Yoko dans une aventure temporelle et souterraine à la fois.

Par certains côtés, cet album est la suite du précédent, malgré l’indépendance des deux récits. Yoko est marquée par les risques qu’elle a pris durant sa précédente aventure. Là encore, Roger Leloup prend le temps d’installer le récit, encore plus longuement que dans le 30e album. Du coup, le récit se déroule en plusieurs parties, une dans le « quotidien » (c’est une sorte d’introduction), la seconde dans le passé et la fin se termine sous terre. Ce qui est étonnant, dans cet album, c’est que Roger Leloup ait réussi à y réunir plusieurs univers, ainsi que les personnages qui en sont les « marqueurs » habituellement. Khany pour l’univers souterrain, et Monya, pour le voyage temporel. Les thèmes de prédilection de Roger Leloup sont bien présents, et notamment un aspect qui est plus une question de fond, relative au mode de vie des Vinéens sous terre. Dans un ancien album, « Les 3 Soleils de Vinéa », ainsi que dans le tout premier (« Le Trio de l’Etrange »), Yoko et Khany se retrouvaient face à une sorte de pouvoir suprême, une intelligence « humaine » (biologique en tout cas), secondée par la technologie vinéenne et placée en léthargie magnétique. Cette intelligence finissait par se laisser déborder par la technologie, et par se retourner d’une manière ou d’une autre, contre ceux qu’elle était sensée protéger ou « guider ». Ici, on retrouve fugitivement cette thématique, mais dans le monde vinéen souterrain « nouvelle version », c’est-à-dire celui que Yoko et ses amis ont découvert dans « Le Temple des Immortels » (28e album).

A la lecture de ce dernier opus, j’ai été quelque peu déstabilisée par les choix de Roger Leloup de « mixer » tant d’univers différents. Les personnages et l’intrigue sont toujours bien amenés et interviennent logiquement dans l’intrigue, mais leur accumulation rend à certains moment l’histoire plus complexe à lire et donc à comprendre. L’impression que me laisse ma lecture, c’est que Roger Leloup a encore beaucoup, beaucoup de choses à faire vivre à son héroïne et qu’il sait maintenant que chaque album peut être le dernier de la série, compte-tenu de son âge. Yoko est sa « fille de papier » et il est évident qu’il veut lui faire vivre encore de nombreuses aventures. Mais la multiplication des personnages (qui évoluent, d’ailleurs, toujours par binômes : Yoko-Khany, Rosée-Poky ou Rosée-Pia voire comme ici Rosée-Poky-Pia, Yoko-Emilia, Emilia-Bonnie, Pol-Mieke, Yoko-Monya, Yoko-Cécilia), a tendance à « perdre » un peu les personnages « principaux » du Trio de l’Etrange : Pol et Vic n’ont plus qu’un rôle très subalterne, Pol comme « clown » de service, et Vic comme caution sage et protecteur (de loin) de Yoko. Cette évolution de la série me laisse quelque peu sur ma faim. Si j’aime beaucoup Yoko, je suis presque déçue de l’éviction de Pol et Vic au profit des « rôles secondaires » que sont Emilia, Bonnie, Monya ou Cécilia, sans parler de Mieke qui, finalement, a un rôle très peu important (et peut-être n’est-ce pas plus mal : lui donner une place plus grande ne ferait sans doute qu’ajouter de la confusion au récit). Malgré ce petit désagrément, je dois reconnaître que Roger Leloup s’y entend pour construire des histoires cohérentes – si tant est qu’on entre dans l’univers qu’il a créé et dans sa cohérence interne – et toujours interpellantes.

Les grands formats (que ce soit celui qui reprend « Les Gémeaux de Saturne » ou le présent album) sont toujours passionnants. Ils sont d’une très grande qualité pour ce type d’ouvrage. L’éditeur, comme toujours depuis « Le Septième Code », ne se moque pas des lecteurs. Toutefois, le prix du dernier volume est très supérieur à celui des précédents… Prix du papier ? Effets de l’inflation ? Je l’ignore… En tout cas, cest grands formats s’adressent plutôt à des collectionneurs ou à des mordus de la série (voire les deux, l’un n’empêchant pas l’autre, bien sûr). Le cahier graphique et les textes qui accompagnent la bd en grand format sont bien fournis : pas moins de 32 pages d’esquisses, de crayonnés, de cases avec les indications de couleurs de l’auteur. Et les textes, précieux, pour mieux comprendre l’intention de Roger Leloup. C’est d’autant plus important dans les derniers albums, compte-tenu de la complexité des dernières intrigues. On entre ainsi plus profondément dans les récits, avec les questions qui sous-tendent les histoires racontées. Roger Leloup n’écrit pas pour ne rien dire… On peut même dire qu’à travers son art, il porte une vision du monde et de l’humanité, les Vinéens étant un peu, par certains côtés, une version « noire » de l’humanité, ou plutôt « grise », d’ailleurs. C’est-à-dire à l’image de notre propre être : ni tout blancs, ni tout noirs, mais quelque part entre les deux, avec nos bons et nos mauvais côtés. C’est aussi un des éléments qui traverse la série depuis quelques albums : ce n’est plus tellement la technologie qui est interrogée dans ce qu’elle a de bon ou de mauvais, dans l’usage qui en est fait, mais plutôt les choix posés par les êtres humains qui l’utilisent. Une interrogation qu’il est important, pour nous, aujourd’hui, de se poser également, tant les possibilités apportées par notre technologie sont immenses et n’ont pas terminé de se développer. Jusqu’où doit-on aller, ou plutôt, jusqu’où peut-on aller, sans y laisser notre humanité ?

 

Paru aux éditions Dupuis, 2024. Format classique : ISBN : 978-2-8085-0494-2. Grand format : ISBN : 978-2-8085-0674-8.

mercredi 26 juin 2024

Le Rayon "U", de Edgar P. Jacobs

 


J’ai quasiment tous les albums de la série « Blake et Mortimer », depuis que mon cher mari a décidé de me les offrir les uns après les autres. Il ne me manque que les derniers. Et il me manquait aussi celui-là. Mais pardon. « Le Rayon ‘U’ » n’est pas un album de la série. Il s’agit d’une bande dessinée de 1943, publiée d’abord en feuilleton dans « Bravo ! » en 1944 puis sous forme d’album en 1974 aux éditions Le Lombard. Trente ans avant de paraître sous forme d’album, c’est dire que cette bande dessinée n’avait pas vraiment retenu l’attention des lecteurs au moment de la guerre. C’est peut-être pour ça, d’ailleurs. L’histoire est parue en pleine guerre et n’a sans doute été redécouverte que plus tard, l’Europe ayant été inondée de littérature, cinéma et culture américains immédiatement après la fin de la Seconde Guerre Mondiale…

Ici, on sent très bien les prémisses de ce qui deviendra la série phare de Jacobs : c’est un peu comme un galop d’essai avant la création de Francis Blake, du Professeur Mortimer, d’Olrik et de Septimus, entre autres.

La première page de l’album que j’ai sous les yeux est à cet égard éloquente : elle présente les personnages principaux : le Major Walton, officier blond du camp du « bien » (sans doute le personnage à l’origine de celui de Blake plus tard), le Sergent Mac Duff, son supérieur, l’explorateur Lord Calder et le Professeur Marduk (sans doute deux personnages qui sont à l’origine du Professeur Mortimer) et l’indien Adji, (qui fait vraiment penser à Nasir!), mais aussi le capitaine Dagon, véritable traitre et précurseur d’Olrik…

Tout ce petit monde est en prise avec une situation difficile : un agent austradien, infiltré en Norlandie, doit empêcher une expédition norlande de rapporter sur son territoire l’uradium nécessaire à l’utilisation du « Rayon U ». Voilà le point de départ de cette histoire « un poil » tirée par les cheveux et qui prête pas mal à sourire aujourd’hui, quand elle est lue 80 après avoir été écrite. Ceci dit, on se prend au jeu, ou plutôt à l’histoire, parce que c’est du Jacobs, et que Jacobs écrit bien. Les ingrédients de la série qui le fera connaître par la suite sont bien présents, même s’ils ne vont faire que s’étoffer et se développer par la suite : le mystère, l’aventure, y compris dans des territoires étranges et lointains, les recherches scientifiques, les services secrets, l’entraide, la rencontre avec d’autres peuples, d’autres cultures, les engins volants…

J’ai très vite « accroché », contrairement à ce que je m’étais imaginé en ouvrant le livre et en lisant le texte de Greg qui ouvre le livre. Du « space opera », ça n’a jamais été mon « truc ». Et pourtant, je me suis laissée emporter. Ce n’est, de loin, pas la meilleure bande dessinée de Jacobs, mais elle augurait déjà ce que l’auteur allait devenir : un maître du genre !


Paru aux éditions Blake et Mortimer, 2024 (Première édition : Le Lombard, 1974). ISBN : 978-2-8709-7302-8.

samedi 22 juin 2024

Harry Potter, tome 5 : Harry Potter et l'Ordre du Phénix, de J. K. Rowling



Harry Potter va commencer, avec Ron et Hermione, sa cinquième année à Poudlard. La rentrée s’annonce compliquée : Voldemort est de retour, Harry est en danger (et surveillé de très près pour cette raison, tant par ceux qui veulent son bien que par ceux qui lui veulent du mal d’ailleurs). Ron et Hermione ont appris qu’ils se verraient confier la mission de préfet de leur maison de Gryffondor. Mais dès avant d’arriver à l’école, les choses se gâtent : durant les vacances d’été, Harry et Dudley, son cousin, sont attaqués par des détraqueurs et Harry est contraint d’utiliser la magie pour les faire reculer et ainsi sauver la vie de son cousin. Cet acte de bravoure a des conséquences importantes pour Harry, qui connaît les règles concernant l’utilisation de la magie dans le monde des Moldus : un rappel à la loi pour la première utilisation et ensuite, l’expulsion pure et simple de Poudlard…

J’ai poursuivi avec beaucoup de plaisir la lecture de cette saga qui a déjà plus de vingt ans ! J’avoue qu’avoir vu les films, il y a quelques mois maintenant, m’a incitée à lire les romans : je m’étais arrêtée aux deux premiers volumes. D’habitude, c’est plutôt l’inverse qui se produit : je découvre au cinéma l’adaptation d’un livre que j’ai bien aimé… C’était déjà le cas pour « Le Seigneur des Anneaux », par exemple, ou pour les séries et films dérivés des écrits d’Agatha Christie ou de Sir Arthur Conan Doyle.

Globalement, ce livre-ci est plus long que les précédents, plus « noir » aussi, tant dans son intrigue que dans l’ambiance qui règne à Poudlard. L’auteur développe les relations entre les personnages, et l’on en apprend davantage en particulier sur Rogue et ses relations avec les parents d’Harry, James Potter et Lily Evans. On ignore toujours le rôle exact que joue Rogue dans la lutte entre le camp du bien (celui de Dumbledore, en fait) et celui du mal (Voldemort, Lucius Malefoy et la « petite nouvelle » de cette nouvelle année : Dolores Ombrage, professeur de lutte contre les forces du mal et Grande Inquisitrice, une nouvelle fonction à Poudlard, créée spécialement pour elle d’ailleurs). D’autres personnages se révèlent être plus drôles et caustiques que ce qu’ils laissaient paraître dans les précédents volumes, et à ce titre, on retrouve avec joie les professeurs McGonagall et Flitwick.

En définitive, ce roman jeunesse est fidèle à sa réputation : bien écrit, avec une intrigue très bien construite et différents niveaux de lecture qui en font un livre – comme les autres de la série d’ailleurs – que l’on peut lire à tout âge.


Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2003. ISBN : 2-07-055685-9.

mercredi 12 juin 2024

Yoko Tsuno, tome 30 : Les Gémeaux de Saturne, de Roger Leloup

 




J’ai découvert cet album il y a quelques jours seulement : contrairement à d’habitude, j’étais totalement passée à côté. C’est mon fils qui m’a signalé la parution du suivant (« L’Aigle des Highlands ») et c’est en le recherchant que j’ai découvert celui-ci. J’ai donc immédiatement investi et n’ai pas pu m’empêcher de me « jeter dessu ». Un nouveau « Yoko », ça n’attend pas…

Nous retrouvons les héros de la saga (parce qu'au bout de 30 épisodes, on peut parler de saga, je pense), au large de l'Écosse, devenue maintenant le lieu de vie de Yoko et de ses amis. Plus précisément dans une navette vinéenne qui sort de l'eau, au moment où le récit débute. Khany, l'amie vinéenne de Yoko depuis le début de la série, est en effet venue les chercher afin de les emmener dans la « banlieue » de Saturne afin d’y effectuer des vérifications techniques. C’est en tout cas la raison donnée par Khany, mais Yoko découvre vite que son amie lui cache quelque chose. Le véritable but du voyage est rapidement dévoilé : aller vérifier une comète morte qui, pourtant, a émis un message de détresse.

Sauver un être en danger, qu’il soit humain, « biologique », dans le langage yokotsunien, ou artificiel (robot, androïde), a toujours été un moteur suffisamment puissant pour lancer Yoko dans ses aventures terrestres ou extra-terrestres. Celle-ci ne fait pas exception, et voilà notre héroïne repartie dans l’espace pour en apprendre plus sur celui – ou celle – qui a besoin d’aide. Je n’en dirai pas plus sur l’intrigue, pour ne pas spoiler...

L’histoire prend du temps à s’installer. Comme si Roger Leloup avait eu besoin de temps, de place pour contextualiser l’aventure, en dévoiler davantage sur le monde Vinéen et sur les relations entre les deux amies. Depuis quelques épisodes (et en particulier depuis le tome 27, « Le Secret de Khany »), Roger Leloup développe bien davantage qu’avant l’histoire des Vinéens sous le sol terrien. Et notamment ce qui s’est passé « avant », en particulier depuis l’arrivée du vaisseau qui transportait, à l’origine, Khany et sa sœur Poky, alors enfants, sur Terre pour les sauver de la destruction imminente de Vinéa (voir pour cela les albums 1, 3 et 6 de la série).

Ici, la situation entre Yoko et Khany est plutôt tendue, parce que Khany est porteuse d’un secret (encore, mais il est en partie lié à celui qui a été révélé dans le 27e opus) qu’elle peine à dévoiler à Yoko. Elle a, en effet, des raisons de ne pas être très fière de ce qu’elle et ses congénères ont fait par le passé.

Si j’ai plus de mal à « accrocher » dans les derniers albums, je dois reconnaître qu’il y a quelque chose qui me plaît toujours énormément dans cette série : la complexité et la cohérence de l’univers créé par Roger. Il semble tirer les conséquences, jusqu’au bout, de ce que les récits successifs l’ont amené à créer – et à raconter. Je ne sais pas trop si cette série est toujours pour enfants, compte-tenu de la complexité des questions qui y sont abordées. Reste que l’aventure a toujours de quoi faire rêver les plus jeunes. Les personnages sont attachants, et plusieurs tranches d’âge sont représentées, en particulier avec Poky et Rosée, qui apportent une touche enfantine et naïve au récit. Pour autant, la série n’a rien de naïf ou d’enfantin, et ce depuis le début. Roger Leloup ne se moque pas de ses lecteurs, petits ou grands, et continue de leur donner des lectures plutôt exigeantes et bien en prise avec les réalités et possibilités technologiques actuelles. Par la bande dessinée, il continue de poser des questions pertinentes sur les technologies à notre disposition et, surtout, aux usages que nous en faisons. Et ça donne à réfléchir...

 

Paru aux éditions Dupuis, 2022. Format classique : ISBN : 979-1-0347-5428-1. Grand format : ISBN : 979-1-0347-5728-2.

lundi 8 avril 2024

Harry Potter, tome 4 : Harry Potter et la coupe de feu, de J. K. Rowling


Harry Potter entame sa quatrième année à Poudlard, mais le déroulement de celle-ci sera bien particulier : Tout commence par la coupe du monde de Quidditch, à laquelle Harry peut assister grâce à la bienveillance de la famille Weasley. Il y rencontre nombre de personnes qui auront une grande importance durant cette année scolaire un peu particulière : le Ministre de la Magie, M. Croupton, Krum, l’elfe Winky… Tout ce petit monde se retrouve peu ou prou mêlé à la vie de Pourdlard, par la « magie » (sans mauvais jeu de mots) du Tournoi des Trois Sorciers, qui voit s’affronter un élève de chacune des écoles de sorcellerie. Seulement voilà, ce ne sont pas trois, mais bien quatre sorciers qui devront s’affronter : le nom de Harry a été déposé dans la Coupe de Feu… et pas par Harry lui-même !

Ce roman se trouve pile au milieu de la saga écrite par J. K. Rowling. C’est toujours aussi bien écrit (et aussi bien traduit d’ailleurs), avec un nombre plus conséquent de pages. On sent que la saga gagne en intensité, en force aussi, même si cela reste de la littérature jeunesse (et c’est très bien comme ça!). Globalement, l’intrigue est fort bien menée, bourrée de rebondissements, de fausses pistes, et les ressorts mis en place durant les trois premiers volumes commencent à faire sens. L’intrigue avance et gagne en tension dramatique. En noirceur également. Il y aurait des milliers de choses à dire sur les symboles utilisés, les rappels et renvois à la fois du côté des mythologies et des religions, en particulier chrétienne. Mais d’autres l’ont fait bien mieux que moi, alors je m’abstiendrai, d’autant plus que tout est très facilement accessible sur Internet. Il suffit de chercher un peu.

Reste le plaisir de la lecture : un des critères en ce qui me concerne, c’est la capacité d’un livre à me « scotcher », c’est-à-dire à captiver mon attention pendant la lecture. J’ai longtemps été très dubitative concernant la saga Harry Potter : je ne voulais pas rentrer dans la déferlante pour ne pas subir l’effet de mode. Mais je dois avouer que je me prends au jeu : l’une de mes prochaines lectures (mais j’en ai d’autres plus urgentes sur le feu) sera bien sûr le tome 5 de la saga...

Paru aux éditions Gallimard Jeunesse, 2001 (Folio Junior). - ISBN : 2-07-054351-X

lundi 12 février 2024

Croix de cendre, d'Antoine Sénanque

1367 : deux jeunes dominicains sont envoyés à Toulouse par le prieur Guillaume, afin d'y acheter du vélin, un précieux parchemin, ainsi que les encres qui lui permettront, par la main d'Antonin, d'écrire ses mémoires. Il se trouve que Guillaume, disciple de Maître Eckhart, a beaucoup à raconter : il a survécu à l'épidémie de peste noire qui a déferlé sur l'Europe à partir de 1348, au départ de Kaffa.

Robert et Antonin arrivent à Toulouse et y trouvent les parchemins tant convoités, mais rien ne se passe comme prévu, et Robert se retrouve emprisonné par l’inquisiteur, ancien condisciple de Guillaume, et accusé (faussement bien sûr) d’hérésie. Le tout pour obliger Antonin à fournir à l’inquisiteur une copie du livre de Guillaume, livre qui lui servira pour assouvir ses ambitions…

Voici le point de départ de ce très beau roman, qui raconte une histoire dans l’histoire : celle, racontée dans le vélin, des pérégrinations de Guillaume, alors jeune dominicain, avec son mentor, Maître Eckhart. Et en parallèle, celle d’Antonin et Robert qui vont devoir mettre leur courage et leur inventivité au service de Guillaume et de son sacristain, un étrange moine qui n’a pas fini de faire découvrir aux deux jeunes religieux ses talents divers et variés.

Un livre en forme d’enquête, qui n’est pas sans rappeler, par certains côtés, « Le Nom de la Rose » d’Umberto Eco, en plus court et plus simple toutefois.

J’ai dévoré ce roman, qui m’a fait beaucoup de bien, le soir, cet hiver. Un livre à rebondissements, plein de surprises, à lire sans modération !


Paru aux éditions Grasset, 2023. ISBN : 978-2-246-83266-9.