mardi 16 septembre 2025

Thorgal, tome 10 : Le Pays Qâ, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Arghun et Tjall sont sur l'île, avec Thorgal, Aaricia et Jolan. En plein hiver, ils aident leurs hôtes à réparer la maison détruite par Alinoë (voir ici), et les réparations arrivent à leur terme. Arghun apprend à Jolan l'art du tir à l'arc quand ils sont attaqués par des hommes mystérieux qui les emmènent rapidement à bord d'un voilier. Tjall assiste de loin à la scène, mais il ne peut rien empêcher et retourne, blessé, jusqu'à la maison où Aaricia et Thorgal les attendent. Il leur raconte toute l'histoire et ils partent à la poursuite des ravisseurs. Sans succès. Mais à leur retour, ils ont la surprise de trouver Kriss de Valnor dans la maison. C'est elle qui a fait enlever Jolan et Pied-d'Arbre, afin de s'assurer de la coopération de Thorgal et Tjall dans la mission dont elle a été chargée. Sa récompense sera de l'or, mais elle savait bien que cela ne suffirait pas à les contraindre à l'aider, aussi a-t-elle employé ce moyen déloyal pour les y forcer.
Ainsi commence un nouveau cycle des aventures de Thorgal, qui va amener les héros de cette saga à l'autre bout du monde, dans un pays nommé le Pays Qâ. La mission de Kriss n'est rien d'autre que de prendre à un « dieu », Ogotaï, son casque qui lui confère le pouvoir absolu sur les hommes du pays. Une ethnie, les Xinjins, aidée par le « dieu » Tanatloc, résiste à Ogotaï et à ses troupes, mais Tanatloc se meurt et les Xinjins risquent de ne pas survivre à la mort de leur « dieu ».

Thorgal et ses compagnons sont donc emmenés jusqu'à la frontière du territoire des Chaams, et vont devoir faire preuve de courage pour mener à bien leur mission.

Cet épisode est une sorte d'introduction du cycle qui va suivre. Le décor est posé, les enjeux sont énoncés et la mission est au moins esquissée, même si des zones d'ombre restent.

Les auteurs ont puisé à de nombreuses références, qu'il est amusant de relever. L'arrivée du « dieu » Ogotaï, par exemple, fait référence à l'arrivée des Espagnols sur les côtes américaines au XVe siècle. Le désert traversé par Jolan et Arghun rappelle étrangement les déserts latino-américains, ainsi que le nom de la ville Chaam, Mayaxatl, qui fait penser aux noms des villes mayas par exemple. Mais d'autres références, comme le nom même de la tribu des Chaams ou celui des Xinjins rappelle plutôt les noms d'ethnies de Thaïlande ou de Chine. Il est donc difficile de situer le Pays Qâ... Mais c'est un pays loin des froidures du Northland !

Un bon album, qui introduit bien la suite.


Paru aux éditions Le Lombard, 1986. ISBN : 2-8036-0549-X


lundi 15 septembre 2025

La Tresse, de Laetitia Colombani


Je crois que je n'ai aucun besoin de présenter l'auteur de ce magnifique roman (ni le roman d'ailleurs, mais bon, je vais le faire quand même, puisque c'est le but de ce blog:) ), tant ce livre a été encensé, et avec raison.

Smita est une jeune maman, en Inde, qui appartient à la caste des Dalits, les Intouchables. Pour vivre – on pourrait plutôt dire « survivre » compte-tenu de ses conditions d'existence et de celles de son mari et de sa fille – elle exerce un « métier » qu'on ne pourrait même pas imaginer sous nos latitudes : elle vide les latrines des autres. Son travail consiste à retirer la m***e chez les Jatts, contre quelques roupies si elle a de la chance, ou quelques restes alimentaires pour se nourrir et nourrir sa famille. Un travail repoussant, sale, nauséabond et nauséeux, dangereux aussi pour sa santé, qu'elle exerce comme l'a fait sa mère avant elle, et qui le lui a appris. Smita est une femme digne, malgré sa condition de (quasi) esclave. Elle a une fille, Lalita, qui est âgée de six ans, pour laquelle elle rêve d'autre chose : Lalita ira à l'école, apprendra à lire et à écrire et sortira de sa condition misérable. Elle n'apprendra pas à vider les latrines, non. Elle aura, un jour, une chance de vivre autre chose. Sa mère se l'est promis et elle met tout en œuvre pour cela.

Sauf que, bien sûr, tout ne va pas se passer exactement aussi facilement que Smita l'espère. Elles vont toutes les deux devoir lutter pour que les choses changent.

Giulia, de son côté, vit en Sicile, à Palerme. Elle travaille dans l'atelier de cheveux de son père, que son grand-père avant lui avait créé. Elle en est fière, car l'atelier, non seulement fait vivre sa famille, mais fait aussi vivre plusieurs femmes, les ouvrières que son père emploie, et qu'elle connaît bien, qui font presque partie de la famille.

Le 14 juillet, son père est en tournée pour récolter les cheveux dans les environs de Palerme, mais il ne rentre pas, ce jour-là, de sa tournée : il a eu un accident et se retrouve dans le coma.

Pour Giulia, cet événement signe un changement radical dans sa vie, puisqu'elle va découvrir à l'atelier ce que son père n'a jamais dit, pas même à sa famille. La situation est grave et il faut toute la ténacité, l'inventivité et la foi de Giulia pour redresser la barre et donner un nouveau souffle à sa vie. Elle est aidée en cela par un mystérieux homme qu'elle a rencontrée complètement par hasard, un Sikh arrivé illégalement en Sicile, qui travaille de nuit dans les plantations d'oliviers.

Sarah, elle, vit à Montréal, où elle exerce le métier d'avocate. Elle est brillante, ambitieuse. Elle a la quarantaine et est promise à un brillant avenir d'associée dans un prestigieux cabinet d'avocat. Tout lui réussit, et elle est indispensable. Sauf qu'un jour, en pleine plaidoirie, elle s'écroule. Elle aussi voit sa vie changer du tout au tout en cet instant précis, où sa vie a basculé.

J'ai lu ce livre en quelques heures seulement, incapable d'abandonner les trois héroïnes à leur sort sans en connaître la fin. Toutes les trois sont des prisonnières, d'une certaine manière. Smita est emprisonnée dans sa caste, dont le régime est atroce : sans aucun droit, aucun espoir de sortir un jour de sa condition. En tant que femme, elle est en plus inexistante : ses maigres biens appartiennent à son mari et, en cas de décès de celui-ci, elle en est tenue pour responsable et donc mise au ban de la société. Le système des castes, en Inde, est cruel et parfaitement injuste, mais Smita ne le remet pas en question en tant que tel : pour en sortir, il faudrait – il suffirait ? - qu'elle se convertisse au bouddhisme. Mais Smita a une grande foi en Vishnou, le dieu protecteur en lequel elle croit et qui lui donne la force d'avancer. Quitter sa religion pour devenir bouddhiste lui est viscéralement impossible.

Giulia est elle aussi prisonnière, de sa famille cette fois. Les choses, en Sicile, se décident en clan. Elle n'est pas seule : en l'absence de son père, les décisions se prennent collégialement avec sa mère et ses sœurs, et ces dernières verraient bien Giulia épouser un coiffeur de la ville qui est amoureux d'elle depuis des lustres et... riche. Giulia, sans surprise, se rebelle et va trouver sa propre voie, envers et contre tout.

Sarah, elle aussi, est prisonnière, mais sans s'en rendre compte. Prisonnière de sa carrière, de l'image qu'elle doit donner d'elle-même. Elle doit prouver à chaque instant qu'elle est capable de travailler « comme un homme », ou plutôt d'être un homme comme les autres. Elle a tout compartimenté dans sa vie : d'un côté son travail, de l'autre sa famille (elle a trois enfants), et les deux mondes sont totalement étanches, car rien ne doit entraver sa carrière professionnelle. Alors quand elle tombe à terre en pleine audience, ce n'est pas un tout petit problème qui vient d'avoir lieu, c'est un véritable tsunami qui va tout dévaster dans sa vie. Et qui lui demandera de changer du tout au tout sa manière de voir, de vivre.

« La Tresse » est un magnifique roman sur la femme, sur les forces de vie qui habitent les femmes. Dans l'adversité, dans les difficultés rencontrées, et quelles que soient leurs conditions de vie, ces trois héroïnes du quotidien avancent et défient les obstacles qui se présentent devant elles.

Je suis très circonspecte en ce qui concerne le discours féministe d'aujourd'hui. Celui porté par Sandrine Rousseau, par exemple, qui parle de « déconstruction » de l'homme en particulier. Il me semble qu'en Occident, on a tellement peu de problèmes qu'on est obligé de s'en chercher, voire de s'en inventer. Ou bien alors on a tellement peur de regarder les vrais problèmes en face qu'on en crée de toutes pièces pour se donner une certaine importance. En tout cas, il y a des combats qui me semblent totalement stupides aujourd'hui. Mais pas ceux qui sont dénoncés dans ce roman. Sortir d'une situation injuste, inhumaine comme celle que vit Smita, ou pouvoir décider soi-même de qui on va aimer, de son métier, comme Giulia, ou encore de pouvoir affronter la maladie sans être laminée professionnellement au passage, juste parce qu'on est une femme, comme Sarah, tous ces combats sont réels et importants.

Ce livre est rapide et facile à lire, profond, important. Il raconte aussi la foi que ces femmes ont en la vie, en leur Dieu, qu'il s'appelle Vishnou, ou Jésus, ou qu'il n'ait pas de nom d'ailleurs. Ces trois femmes sont portées par une foi qui les dépasse, qui les transporte, qui les meut et les entraîne vers la vie. C'est un livre que j'ai trouvé très dur dans ce qu'il décrit de ce qu'elles vivent. Et c'est magnifique.


Paru aux éditions LGF (Le Livre de Poche), 2018. ISBN : 978-2-253-90656-8.


samedi 13 septembre 2025

Thorgal, tome 9 : Les Archers, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme



Ce neuvième tome commence par une scène nocturne, où l'on voit deux personnes, un homme et une femme, dérober un joyau dans une tour. Sigwald-le-Brûlé et Kriss de Valnor sont bien entendu les protagonistes principaux de cette histoire, avec Thorgal évidemment. Thorgal, d'ailleurs, et en mer et il tente de rejoindre son île où Aaricia et Jolan l'attendent. Mais il est pris dans une tempête et une barque lui fonce dessus en pleine nuit. Elle est dirigée par Tjall-le-Fougueux, un jeune homme qui porte bien son nom et se révélera être autant un poids qu'un allier pour Thorgal.

Tjall, coupable d'avoir fait couler l'embarcation de Thorgal, réussit à le tirer de l'eau et à le ramener à terre. Il le conduit chez son oncle, Arghun-pied-d'arbre, qui comme son nom l'indique, a perdu une jambe. Il est armurier et son neveu est parvenu à le convaincre de participer au tournoi des Archers qui doit se dérouler dans quelques jours en Umbria. Le prix est suffisamment élevé pour convaincre Thorgal de l'intérêt d'y participer, puisqu'il n'a plus les moyens de rentrer chez lui, depuis que tous ses biens ont coulé. C'est au moment où Arghun lui montre son armurerie que les chemins de Thorgal et de Kriss de Valnor se croisent pour la première fois.

Sigwald aurait dû être le partenaire de Kriss, dans ce tournoi, mais les routes étant peu sûres jusqu'en Umbria, il a dû se battre en chemin et n'est plus en mesure d'assurer sa part. C'est donc Thorgal, seul également, qui va s'engager aux côtés de la jeune femme. Je vous laisse imaginer l'issue du tournoi...

Un album plutôt « calme » en matière d'aventures : on est là dans une histoire bien terrienne, sans l'intervention des dieux d'Asgard ou d'extra-terrestres comme ce pourrait être le cas compte-tenu des origines lointaines du héros principal. Quand je dis « calme », bien sûr, c'est tout relatif : le nombre de morts et de blessés est impressionnant, et se révèle être le fait de Kriss et de son compagnon, essentiellement, Thorgal ayant horreur de tuer pour tuer. Ici, s'il le fait, c'est uniquement pour défendre sa vie. Un « extra-terrestre » dans le monde dur et cruel décrit dans cet univers où seule le plus fort et le plus cruel a la vie sauve... Thorgal sait manier les armes (cet album le montre suffisamment), mais ne le fait jamais gratuitement ou dans le but de tuer uniquement. Il défend sa vie et celles des siens et, pour le reste, il tente de ne pas s'en mêler. Et c'est bien là tout le problème : à certains moment, il y est contraint et forcé...


Paru aux éditions Le Lombard, 1985. ISBN : 2-8036-0515-5


vendredi 12 septembre 2025

Thorgal, tome 8 : Alinoë, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme

 


Nous retrouvons Thorgal, Aaricia et Jolan, leur fils, sur l'île où ils ont décidé d'habiter. Loin des Vikings du nord qui les ont chassés, la petite famille semble avoir trouvé, comme le laissait présager la fin du tome 6, un lieu pour vivre en paix, loin de la folie des hommes.

Jolan a grandi. Il a environ quatre ou cinq ans, il parle et écrit d'étranges signes sur le sable. Des signes qui viennent dans sa tête sans qu'il comprenne ce qu'ils veulent dire. Son père ne comprend pas plus et trouve son fils étrange, mais il n'est pas inquiet pour autant : l'île est déserte et tout danger semble très loin d'eux.

Thorgal doit partir deux jours sur le continent pour y acheter des biens de première nécessité en prévision de l'hiver qui approche. Il prend donc la mer en laissant sur l'île sa femme et son fils, l'esprit tranquille. Jolan pose des questions à sa mère et lui exprime sa douleur de vivre dans la solitude. Il aimerait avoir un ami. Et c'est là que les choses vont se compliquer quelque peu.

J'ai une tendresse particulière pour cet album, parce que c'est le premier que j'ai lu, par épisodes, lors de sas parution dans la revue « Fripounet », à laquelle ma sœur était abonnée. Je n'avais lu, à ce moment-là, que quelques pages, mais ce garçon aux cheveux verts, Alinoë, m'avait fortement intéressée. A cette période-là, j'étais surtout fan de Yoko Tsuno, mais je lisais en fait à peu près tout ce qui me tombait sous la main. La revue de ma sœur ne faisait donc pas exception, et c'est grâce à ces quelques pages que j'ai découvert Thorgal. Sauf qu'à l'époque, je ne savais pas qu'il s'agissait de cette série, les pages que j'avais lues ne montrant pas le héros principal de la série, mais simplement Jolan et son étrange ami. Il m'a fallu, bien des années plus tard, lire par hasard cet album (en entier cette fois) pour faire le lien avec le petit garçon aux cheveux verts de mon enfance et, enfin, le rattacher à la série qui allait devenir l'une de mes préférées.

Cet album est important dans la saga, parce qu'il introduit réellement le personnage de Jolan et lui donne ses premières lettres de noblesse. Dans le tome 6, on avait vu que Shardar l'utilisait à des fins magiques, sans qu'il y ait une seule explication sur l'origine de ses pouvoirs. On peut en apprendre davantage dans le tome 7, puisqu'on en sait plus sur Thorgal, sans que cela n'explique réellement ce dont Jolan est capable. Cet opus en dit plus sur l'étendue des dons de Jolan hérités du Peuple des Étoiles. Le cheminement se poursuit !


Paru aux éditions Le Lombard, 1985. ISBN : 2-8036-0482-5


jeudi 11 septembre 2025

Thorgal, tome 7 : L'Enfant des étoiles, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans ce tome 7 de la série « Thorgal », nous faisons un retour en arrière pour en apprendre plus sur Thorgal lui-même, sur ses origines, ses pouvoirs, sa vaillance.

En trois courts récits, les auteurs nous racontent la découverte de Thorgal, bébé (« Le Drakkar perdu »), puis sa première aventure dans le monde des nains (« Le métal qui n'existait pas ») et enfin les origines lointaines de l'enfant (« Le Talisman »).

Ces récits sont bien connus, je suppose, des lecteurs de cette saga, je ne m'y étendrai donc pas trop, mais je voulais quand même revenir un peu dessus, pour en souligner la cohérence interne, tant dans cet album en particulier qu'au sein de la série en entier. Dans cet album, en effet, de nombreuses choses se mettent en place : le caractère de Thorgal et son origine lointaine, l'explication de ses pouvoirs particuliers et de l'ignorance qu'il en a, le rapport complexe de cet enfant avec le monde des Dieux, en particulier l'affection particulière de la déesse Frigg à son endroit, la naissance d'Aaricia et son lien particulier avec Thorgal, même si ce dernier n'en sait rien pour le moment, le malaise de Thorgal dans le monde des Vikings... De nombreux éléments du décor sont ainsi plantés et n'attendent que les albums suivants pour se déployer pleinement.

Dans la première histoire, le chef viking Leif Haraldson et ce qui reste de son équipage affrontent une tempête qui a déjà décimé une bonne partie des hommes qui se trouvaient à bord. Gandalf-le-Fou, le futur chef (comme on le voit dans le tome 1 de la saga), a des comptes à régler avec Leif et ne se prive pas d'utiliser les circonstances pour tenter de tuer ce dernier. Mais une étrange lumière, proche d'eux, troue soudain les ténèbres de la tempête et sauve la vie de Leif et de ses compagnons, en les ramenant en sécurité dans leur pays. C'est là qu'ils découvrent un étrange radeau, contenant le bébé que Leif prendra sous sa protection.

La seconde histoire raconte la première incursion de Thorgal, alors âgé de quelques années, dans le monde des Dieux, ou plutôt dans celui des nains. La déesse Frigg semble le connaître parfaitement et lui permet de revenir du séjour des morts.

Enfin, dans la troisième histoire, Thorgal est à la recherche de ses origines et part en quête d'un « dieux » présent dans la forêt brûlée. Ce « dieu » lui révèle alors d'où il vient, qui sont ses parents... mais efface aussitôt tout souvenir de sa mémoire, afin de permettre à Thorgal, maintenant âgé de dix ans, de vivre le plus normalement possible au milieu de son peuple d'adoption.

Bien entendu, comme on l'a déjà vu dans les albums précédents, ce vœu restera pieux et la vie de Thorgal n'a rien de « normal » ! (sinon, il n'y aurait pas d'histoire:) )


Paru aux éditions Le Lombard, 1984. ISBN : 2-8036-0460-4


mercredi 10 septembre 2025

Thorgal, tome 6 : La Chute de Brek Zarith, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Sixième tome de la saga, et quatrième et dernier de ce premier « cycle » d'aventures qui a amené Thorgal et Aaricia à être séparés pendant plus d'un an et à vivre des aventures éprouvantes, comme on a pu le voir dans les trois derniers billets (ici, ici et ).

Cette histoire commence à Brek Zarith, le royaume de Shardar le Puissant, qui a « accueilli » Aaricia et usurpé le trône de Galathorn, l'homme mystérieux qui a aidé Thorgal à retrouver le chemin de la vie dans l'histoire précédente. C'est que Galathorn avait besoin de Thorgal pour reconquérir son trône. Ou plutôt, il avait besoin d'un allié, et la force viking semblait être celle qui lui permettrait, moyennant finances – et le trésor de Brek Zarith est bien fourni – de vaincre son adversaire, un véritable tyran qui n'hésite pas à massacrer ceux qui se dressent sur sa route.

Shardar a besoin d'Aaricia, mais surtout de Jolan, son fils (et le fils de Thorgal, que ce dernier n'a jamais vu), à cause des mystérieux pouvoirs de l'enfant. Averti des trahisons de ses vassaux et des manœuvres de ses ennemis, Shardar a toujours un coup d'avance sur eux... Sauf que Thorgal ne suit pas la même logique que les hommes qu'il combat. Et c'est cela qui fait, chez lui, toute la différence.

La fin de ce cycle de 4 tomes est impressionnante. Après tous les dangers affrontés auparavant, on pourrait s'attendre à un peu de « calme ». Et c'est tout ce à quoi aspirent les héros de cette saga. Sauf que, bien sûr, si c'était si simple, il n'y aurait tout simplement pas de tome 7...

Ce qui me plaît vraiment, dans cette série, ce sont les évolutions des personnages. Contrairement aux autres séries de bandes dessinées, dont les héros semblent évoluer hors du temps, ici, le temps passe et joue même un rôle particulièrement important. Il s'est passé au moins un an depuis « La Galère noire ». Jolan est né, il n'est plus un nourrisson, mais un tout jeune enfant, qui sait marcher. Son père ne l'a pas vu naître, n'a pas assisté à ses premiers pas. Et il va encore grandir. J'avoue qu'il me semble que c'est assez unique dans le monde de la bande dessinée, même si je suppose que, depuis, d'autres « univers » comme celui créé ici par Rosinski et Van Hamme existent maintenant. On peut penser, par exemple, à la série « La Complainte des Landes Perdues », par exemple. Mais je ne sais pas vraiment si ce concept existait dès les années 1980 pour d'autres séries...

En tout cas, en relisant ces albums, je retrouve la joie que j'ai ressentie à leur découverte, il y a de cela plus de trente ans... Et ça fait du bien !


Paru aux éditions Le Lombard, 1984. ISBN : 2-8036-0451-5.


mardi 9 septembre 2025

Thorgal, tome 5 : Au-delà des Ombres, de Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme


Dans un village, sous la pluie, un homme en noir est à la recherche de Thorgal. C'est un messager, qui a une mission à lui confier. Il finit par le retrouver. Il est accompagné de Shaniah, il n'est plus que l'ombre de lui-même. Une loque, protégé par une jeune fille. Voilà ce que le héros est devenu depuis la disparition d'Aaricia. Le messager insiste, finit par briser la résistance de Shaniah et les voilà embarqués tous les deux pour une mission à haut risque : pénétrer, grâce à la clé du Deuxième monde que la Gardienne lui a laissé (voir tome 3) pour sauver Aaricia, que Thorgal a crue morte depuis un an. Aaricia est à la cour de Brek Zarith, mais elle ne s'est jamais remise de ce qu'elle a vécu l'année précédente. Seul Thorgal, en pénétrant au-delà du Deuxième monde, peut espérer l'arracher au pouvoir de la mort elle-même. Shaniah refuse de le laisser seul et suit Thorgal dans sa quête.

Dans ce cinquième tome, plus noir que les précédents, Thorgal va devoir affronter des ennemis bien plus dangereux encore que ceux auxquels il a déjà fait face.

La saga continue, construisant peu à peu l'univers de Thorgal. Les mondes s'interpénètrent...


Paru aux éditions Le Lombard, 1983. - ISBN : 2-8036-0407-8