lundi 8 novembre 2010

Le Bruit des trousseaux, de Philippe Claudel


J’avais déjà lu, du même auteur, « La Petite fille de monsieur Linh », que j’avais beaucoup, beaucoup aimé. Ici, j’ai retrouvé le style de Claudel, à la fois poétique et sensible, même si le récit est totalement différent. Parler de « récit », d’ailleurs, semble inapproprié, puisqu’il s’agit plutôt là d’une sorte de liste, de catalogue sans classement, sans ordre apparent. L’auteur témoigne ici de ses onze années en tant que professeur en prison. Onze années durant lesquelles il a dispensé ses cours aux détenus, mineurs comme majeurs. Il y parle des cours, ou plus exactement des conditions dans lesquelles il donnait ses cours, des détenus, de la prison, des gardiens, de la vie quotidienne, des mots de la prison… il la décrit de l’intérieur, avec un œil extérieur. D’ailleurs, il le dit lui-même, il s’agit ici d’un « faux témoignage » : « Il me manque quelque chose d’essentiel pour parler de la prison, c’est d’y avoir passé une nuit. » Comme si son témoignage était incomplet, qu’il n’avait pas pu, malgré onze années passées à y donner des cours, à y rencontrer les détenus et à échanger avec eux, saisir l’essence même de ce qu’est la prison, l’incarcération ; comme si son témoignage n’était pas, et ne serait jamais assez complet pour décrire la réalité de la prison.

Un beau récit malgré tout : si effectivement le lecteur ne peut percevoir à travers ces lignes qu’un pâle reflet de la vie derrière les barreaux, le texte a au moins l’immense mérite de tracer une sorte de portrait très nuancé, peut-être un peu flou mais malgré tout sans doute ressemblant de cette vie enfermée. Et en tout cas, Claudel y raconte son expérience, et uniquement celle-ci, sans prétendre à autre chose. Et ce n’est déjà pas si mal.

Paru aux éditions LGF, 2008 (Le Livre de Poche). ISBN : 978-2-253-07297-3

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