lundi 22 novembre 2010

Microbes, de Diego Vecchio

Cet ouvrage est étrange. Il s’agit d’une série de 9 textes, présentés comme une anthologie de maux corporels, de maladies, de tares… On y voit par exemple une femme atteinte de tuberculose, deux sœurs siamoises, un écrivain fumeur, une jeune femme anorexique, un homme atteint d’hallucinations… C’est donc à première vue une série de textes sur diverses maladies.
Mais pas uniquement. Parce que tous ces textes ont un rapport plus ou moins évident avec la littérature, avec l’écriture en particulier : la tuberculeuse guérit les maladies infantiles en écrivant des contes ; le jeune homme halluciné traduit un texte d’Hippocrate sous la dictée d’outre-tombe de ce dernier ; les deux siamoises se voient devenir serveuses dans le transsibérien parce que l’une d’elles est condamnée à cause de ses pièces de théâtre… L’auteur mêle ici le réalisme des descriptions des maladies à la fantasmagorie et au fantastique des situations dans lesquelles il met ses personnages.
Et c’est bien ça qui m’a le plus dérangée dans la lecture de ces nouvelles. Chacune d’elle commence plus ou moins par une situation tout à fait crédible, historiquement située au début du 20e siècle ou à la fin du 19e. Et assez rapidement, le récit part dans une direction inattendue, un peu dingue, voire totalement fantasque. Le réalisme du début, allié à l’humour de l’auteur, pourraient faire mouche s’ils n’étaient décrédibilisés par le dénouement parfois abrupt, voire incompréhensible, de ces textes. Ce n’est pas le côté fantastique des récits qui m’a le plus posé problème, mais bien leur côté totalement absurde, ou plutôt aberrant. Rien n’est crédible, et, pire, ces procédés narratifs sabotent le début des textes, pourtant très réalistes et basés, semble-t-il, sur de véritables connaissances médicales et scientifiques.
Les critiques que j’avais lues de ce recueil étaient élogieuses, parlant de textes drôles, hilarants, même. Personnellement, si j’ai beaucoup souri lors de la lecture de la première nouvelle, cela n’a pas été le cas par la suite, sans doute parce que l’effet de surprise est absent des textes suivants, qui obéissent tous aux mêmes ressorts narratifs et « humoristiques ».
A la lecture de ce recueil, je me dis que manier, dans l’écriture, l’absurde, le fantastique, et une bonne intrigue n’est pas à la portée de tout le monde.
Une lecture à mon sens décevante, donc, que je vais tâcher de vite oublier en passant à autre chose.

Traduit de l’espagnol par Denis Amutio.
Paru aux éditions L’Arbre Vengeur, 2010 (Forêt invisible). ISBN : 978-2-916-1414-8-0

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